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laquelle les Ouvrages des Grecs & des Latins nous ont été tranfmis?

Il eft vrai que nous n'avons pas eu la reffource des premiéres Editions, pour toutes les Piéces qui compofent ce recueil. Moliere n'en a fait imprimer que vingt-trois; les autres, favoir, Dom Garcie de Navarre, l'Impromptu de Versailles, le Feftin de Pierre, Mélicerte, les Amans Magnifiques, la Comteffe d'Efcarbagnas, & le Malade Imaginaire, ne parurent qu'en 1682. Denis Thierry en obtint le Privilége le 26 Août de cette année, fous le nom d'Oeuvres Pofthumes. On trouve pourtant dans le Regître de là Chambre Syndicale des Libraires de Paris, la dare de deux Priviléges accordés à Moliere, l'un du 31 Mai 1660 pour l'impreffion de Dom Garcie, & l'autre du 11 Mars 1665 pour celle du Feftin de Pierre. Ni l'un ni l'autre de ces Priviléges n'ont eu lieu; du moins on n'a pu découvrir que ces Comédies euffent été imprimées avant 1682.

Il faut encore convenir que fi les premiéres Editions ont fervi à rétablir le vrai texte de l'Auteur, on ne s'eft pas tellement affujetti à ces E

ditions, qu'on n'ait pris quelquefois la liberté de changer, d'augmenter, & de diminuer, fans croire mériter aucuns reproches, puifque ç'a été fans toucher au texte, & feulement dans les chofes qui ne font que rélatives aux Comédies, comme on va le faire voir.

Les Piéces qui font avec des Bal. lets, ou des Intermédes, ont paru devoir être mises dans un meilleur ordre qu'elles n'étoient *. On a ajouté aux noms des Acteurs de la Comédie, ceux des autres personnages, au-lieu de les laiffer au commencement de chaque divertiffement; &, par-là, tous les perfonnages de chaque Piéce font raffemblés fous un même point de vue. On a auffi diftribué en Scénes tous les Prologues, & tous les Intermédes, fuivant les régles établies par rapport à tout Ouvrage Dramatique; & on a débrouillé, par ce moyen, ce qui ne pouvoit être que très-confus fans ce nouvel arrangement. Enfin on a changé, & même retranché plufieurs explications diffufes & inu

*Confultex fur-tout, à ce sujet, l'Avertissement qui précéde la Princeffe d'Elide.

tiles, dont quelques-unes ne faifoient que rendre en profe ce qui étoit exprimé par les vers qui fuivoient. Quelques-unes de ces Comédies étoient compofées pour fervir de liaifon à des Spectacles, & à des Fêtes magnifiques que Louis XIV. encore jeune donnoit à fa Cour; on en imprimoit les Ballets & les Intermédes féparément, avec les noms de ceux qui y étoient employés pour le chant & pour la danfe. On y joignoit quelquefois un argument de la Comédie, Acte par Acte, ou Scéne par Scéne, pour donner une idée de l'Action, & pour montrer la liaison qu'il pouvoit y a voir entre cette Action, & les Intermédes qui y étoient joints. Ces explications & ces argumens font devenus totalement inutiles quand on a imprimé ces Piéces en leur entier; & les Editeurs y ont inféré mal-àpropos ce qui ne fervoit qu'à fuppléer au texte qui, manquoit alors.

Il falloit encore porter fon attention plus loin; & ceci regarde en général toutes les Comédies contenues dans ce recueil.

L'objet principal

dans l'impref

fion des Piéces de Théatre, doit ê

tre de mettre fous les yeux du Lecteur tout ce qui fe paffe dans la repréfentation. Un regard, un gefte d'un Acteur, rend quelquefois fenfible, ce que l'Auteur n'a peut-être qu'imparfaitement exprimé dans fon Dialogue. On a donc crû devoir diftinguer jufqu'aux moindres mouvemens & développer avec foin tout ce qui pouvoit contribuer à rendre plus parfaite l'imitation que la Comédie fe propofe: car comment reconnoître cette imitation, fi toutes les actions ne font pas fidélement indiquées, puifqu'elle dépend du concours de toutes ces actions. On a fuivi, dans cette vue, les repréfentations des Piéces de Moliere qui fe jouent actuellement fur notre Théatre; on a encore confulté les Comédiens fur ce qui auroit pû échaper.

Si ce travail eft inutile pour ceux qui fréquentent les Spectacles, il ne l'eft pas pour les Etrangers, ni pour ceux qui fe contentent de lire ces fortes d'Ouvrages; il pourra même être utile pour les fiécles à venir. Il feroit à fouhaiter que les Comédies de Plaute, & de Térence, nous euffent été tranfinifes avec le même

foin il y auroit fans doute moins d'obscurité en beaucoup d'endroits; & nous y découvririons des beautés que nous ne connoiffons pas *.

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Par le même principe, on a marqué avec précaution & exactitude l'inftant où les Acteurs entrent sur le Théatre, & celui où ils en fortent le nombre des Scénes a été confidérablement augmenté dans plufieurs Comédies; difons mieux on n'en a point augmenté le nombre, on n'a fait que diftinguer celles qui y étoient.

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Peut-être dira-t-on qu'il y a de la témérité à vouloir, en cela, mieux faire que Moliere lui-même n'a fait. On pourroit, par la même raison défapprouver auffi les indications qui ont été ajoutées, puifque l'Auteur les avoit omifes dans les Editions qui ont été faites, pour ainfi dire fous fes yeux. Il ne feroit pas difficile de prouver, par ces Editions mêmes, que Moliere ne fe donnoit pas le foin de les revoir; mais ce détail méneroit trop loin; contentonsnous de dire que le tems que de

Ces réflexions font grand Corneille dans fon Tragédie.

autorisées par celles du troifiéme Difcours fur la

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