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avoir en vue le bien du prochain; et dans le bien du prochain, le véritable service que Dieu exige de lui.

Par tout cela, il paroît qu'un prince appliqué, autant qu'est le Roi, aux affaires de la royauté, n'a besoin, pour se faire saint, que de faire, pour l'amour de Dieu, ce qu'on fait ordinairement par un motif plus bas et moins agréable.

Le bien public se trouve même dans les divertisse mens honnêtes qu'il prend; puisqu'ils sont souvent nécessaires pour relâcher un esprit qui seroit accablé par le poids des affaires, s'il n'avoit quelques momens pour se soulager.

Que fera donc le Roi en se donnant à Dieu, et que changera-t-il dans sa vie? Il n'y changera que le péché; et faisant pour Dieu toutes ses actions, il sera saint sans rien affecter d'extraordinaire.

L'amour de Dieu lui apprendra à faire toutes choses avec mesure, et à régler tous ses desseins par le bien public, auquel est joint nécessairement sa satisfaction et sa gloire.

Cet amour du bien public lui fera avoir tous les égards possibles et nécessaires à chaque particulier ; parce que c'est de ces particuliers que le public est composé.

Il n'est ici question ni de longues oraisons, ni de lectures souvent fatigantes à qui n'y est pas accoutumé, ni d'autres choses semblables. On prie Dieu, allant et venant, quand on se tourne à lui au dedans de soi. Que le Roi mette son cœur à faire bien les prières qu'il fait ordinairement; c'en sera assez. Du reste, tout ira à l'ordinaire pour l'extérieur, excepté BOSSUET. xxxvii.

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le seul péché, qui dérègle la vie, la déshonore, trouble, et attire des châtimens rigoureux de Dieu et en ce monde et en l'autre. Qu'on est heureux d'ôter de sa vie un si grand' mal! Au surplus, le grand changement doit être au dedans; et la véritable prière du Roi, c'est de se faire peu à peu une douce et sainte habitude de tourner un regard secret du côté de Dieu, qui, de sa part, veille sur nous et nous regarde sans cesse pour nous protéger, sans quoi à chaque moment nous péririons.

LETTRE XXXV.

A M. DIROIS, DOCTEUR DE SORBONNE. Sur la traduction italienne de l'Exposition.

Je suis très-aise, Monsieur, de recevoir des marques de votre cher souvenir. Les soins que vous prenez pour notre version sont bien obligeans. Je me repose sur vous de toute la suite; et je m'attends que vous me direz de quelle manière, et par quelle sorte de présent, je pourrai reconnoître les soins de M. l'abbé Nazzari (1), quand son ouvrage sera achevé. La lettre du révérendissime Père Maître du sacré Palais est très-obligeante. Je vous supplie, dans l'occasion, de m'entretenir dans ses bonnes grâces, et de l'assurer, de ma part, d'une estime extraordinaire. Je vous suis très-obligé des bons sentimens que vous

(1) François Nazzari, très-distingué par son savoir et ses écrits. Il est le premier auteur du Journal des Savans, qui fut entrepris en Italie, à l'imitation de celui qui s'imprimoit en France.

avez de moi; j'ai aussi pour vous, Monsieur, toute l'estime possible, et suis très-sincèrement, etc.

A Versailles, ce 23 août 1675.

EXTRAIT D'UNE LETTRE

DE M. DE PONTCHATEAU (1) A M. DE CASTORIE (2),

Sur le livre de l'Exposition de la Foi catholique.

AVEZ-VOUS lu le livre de M. de Condom? le trouvez-vous bon? ne seroit-il pas propre à être traduit en latin? Si vous le jugez ainsi, on pourroit le faire dire à M. de Condom, et lui demander s'il ne voudroit point en prendre lui-même le soin; car assurément il se trouvera honoré de ce dessein, si vous l'avez. Mais avant toutes choses, il faudroit regarder si vous le trouvez bien, s'il n'y auroit rien à changer; car on lui en pourroit parler. J'attends de vos nouvelles sur cela.

Ce 9 octobre 1675.

(1) Sébastien-Joseph du Cambout de Pontchateau, parent du cardinal de Richelieu, fut pourvu de plusieurs bénéfices, auxquels il renonça pour vivre dans la retraite et la pratique de la pénitence. Il mourut en 1690.

(2) Jean de Neercassel, Hollandais, fut sacré évêque de Castorie in partibus infidelium, et exerça avec beaucoup de zèle, dans les Provinces-unies, les fonctions de vicaire apostolique. Il mourut en 1686.

EX EPISTOLA

CASTORIENSIS AD ABBATEM DE PONTCHATEAU.

De libello Expositionis Fidei.

Exegesim Fidei Catholicæ, quam composuit illustrissimus Episcopus Condomensis, cum magnâ voluptate legi: unde etiam uni domesticorum meorum, qui est vir magni ingenii, et tum Gallicæ tum Batavicæ linguæ valde peritus, eam dedi in nostrum idioma vertendam, quod populo mihi credito non inutile futurum spero. Converteremus hic eumdem librum in linguam latinam, nisi forsan illustrissimus Episcopus istam versionem ipse vellet adornare ; quod tantò elegantiùs ipse perficeret, quantò latinum ejus eloquium puritati gallici sermonis propiùs accedit. Crastinâ die denuo legam istam Exegesim, et videbo si quid sit quod mutatum vellem tibi istud proximo cursore indicabo.

30 Octob. 1675.

:

EPISTOLA XXXVIII.

CASTORIENSIS AD ABBATEM DE PONTCHATEAU.

De locis quibusdam Expositionis, quæ correctione vel explicatione quâdam indigere Castoriensis existimabat.

RELEGI Expositionem Fidei Catholicæ, quam composuit illustrissimus Episcopus Condomensis. Ut

mihi valde placuit cùm eam ante annos legerem, ita nunc repetita ejus lectio me singulari affecit voluptate, spemque præbuit, quòd ista Expositio tum Catholicis tum Acatholicis nostri Belgii foret utilissima, si verteretur in linguam latinam, nostramque vernaculam. Hæc versio jam inchoata est et brevi absolvetur. Illam aggrediemur, si eruditissimus Episcopus non decrevit ipse eam adornare; quod ex te scire desidero. Vellem etiam illum consuleres num paginâ 27 et 28 non sint aliqua mutanda aut illustranda. Etenim videtur illic primò supponi inutiles fore quas ad Sanctos preces dirigimus, si ipsi eas ignorarent: secundò esse ab Ecclesiâ definitum nostras à Sanctis sciri orationes. Hæc duo existimo egere nonnullâ castigatione,

Pagina 58 verba Expositionis videntur insinuare quòd remissionem criminum post Baptismum commissorum, lege ordinariâ, satisfactio subsequatur; cùm tamen sit magis conforme instituto Christi et moribus antiquæ Ecclesiæ, ut satisfactio præcedat absolutionem. Optarem itaque ut ea quæ paragrapho vIII continentur ita scriberentur, ut nihil officerent praxi saluberrimæ, quâ, in sacramento Pœnitentiæ, non relaxatur pœna æterna, nisi postquam pœnæ temporales istam indulgentiam aliquatenus promeruerint. Dignaberis hæc illustrissimo Episcopo insinuare, et unà meam ipsi testari observantiam. 28 Novemb. 1675..

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