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Charité et condescendance de M. l'archevê

que.

IV.

Etat de la

apparence; et on ne devoit pas vous engager à cette distinction de fait et de droit, entièrement inouie dans ces sortes de souscriptions; étant trèsindubitable que parmi un si grand nombre de professions de foi, dans lesquelles il y a eu des faits insérés par l'autorité de l'Eglise, il ne se trouvera pas que cette distinction ait jamais été jugée nécessaire, ni que personne ait eu un pareil scrupule.

Néanmoins quoique ce scrupule fût vain, et cette distinction inutile en cette rencontre, pour ne pas dire dangereuse, monseigneur votre archevêque, par une charitable condescendance aux infirmes de l'Eglise, a voulu éclaircir ce doute, et faire voir à tout le monde qu'il est bien éloigné d'exiger, en ce qui touche les faits, un certitude de foi divine.

Vous voilà donc déchargées de cette appréhension par la déclaration de votre prélat; et il reste seulement à examiner si vous lui pouvez donner cette foi humaine et ecclésiastique qu'il vous demande.

Ne prenez point encore ici de vaines terreurs question: sa- de cette foi ecclésiastique: votre prélat, égalevoir si les re- ment sage et charitable, voulant, autant qu'il a ligieuses de P. R. peu- pu, aller au-devant de tous vos scrupules et de vent, sans of toutes vos tentations, vous a expliqué qu'il entend par-là une soumission sincère de votre juleur juge- gement à celui de vos supérieurs légitimes; c'està-dire, que c'est ici une affaire d'humilité, et mandement non pas d'intelligence, qui demande par conséde M. l'ar- quent une bonne disposition dans la volonté, et

fenser Dieu,

soumettre

ment, selon

les termes du

chevêque.

non une connoissance exacte dans l'entendement. Enfin, toute la question est de savoir si vous pouvez accorder à monseigneur l'archevêque cette soumission, qu'il attend de vous, au jugement de vos supérieurs.

Je ne vois que deux raisons qui soient capables de vous faire croire que vous ne le pouvez pas. La première, si vous estimez que ce jugement n'est pas canonique: la seconde, si vous soutenez que vous ne pouvez pas, sans offenser Dieu, rendre à un jugement même canonique, en une matière de fait, cette soumission que l'on vous demande. Je vous prie, examinons ces deux choses.

V.

Deux dif

ficultés : la première, sur

la validité du jugement : la seconde, sar

l'autorité des jugemens ecclésiastiques.

VI. Résolution

de la premicre difficulté.

Que les juge

mens dont il

s'agit sont canoniques,

Premièrement, je ne pense pas qu'il soit beaucoup nécessaire de s'étendre ici sur la validité de ce jugement. Il est rendu sur une matière qui appartient au tribunal de l'Eglise; il est rendu par le saint Siége; il est rendu avec connoissance; et le pape Alexandre VII a déclaré à toute l'Eglise l'examen exact qu'a fait son pré- fait que sur décesseur, non-seulement du droit, mais du fait. le droit. Enfin il a reçu sa dernière forme, par l'acceptation unanime de tous ceux qui ont caractère et autorité de juges dans l'Eglise, c'est-à-dire, de tous les évêques.

tant

sur le

Consentement unani

me de tous

C'est, mes Sœurs, ce consentement unanime qui doit mettre en repos votre conscience: car, en ce qui touche le point essentiel, c'est-à-dire, les évêques. la réception des constitutions, vous ne voyez parmi les évêques aucune diversité. Ainsi, quand on vous dira que la brigue l'a emporté, jusqu'au

Le livre de Jansénius est lui-même son

point de faire passer par-dessus toutes les formes canoniques; alors vous devez penser que si l'injustice étoit si visible que vos directeurs le publient, elle ne seroit pas autorisée par le consentement exprès de tous les évêques, sans qu'il y en ait un seul qui réclame; et si l'on ne vous propose que des soupçons et des doutes, ils doivent être levés par l'autorité d'un consentement si universel.

que le

pape

Je ne m'arrêterai point à ce qu'on objecte, n'a entendu qu'une des parties: car, accusateur. quoi qu'il en soit de cette remarque, il suffit de dire en un mot, que quand le livre de Jansénius n'eût jamais eu ni d'adversaires ni de sectateurs, il n'eût pas moins été sujet à l'examen de l'Eglise; et dans un tel examen, un livre est lui-même son accusateur et lui-même son défenseur : si bien qu'on peut prendre des éclaircissemens de qui on le juge à propos; mais, à parler proprement, il n'y a point d'autre partie à entendre que le livre même.

Le fait de

Il ne faut pas écouter ici ceux qui pensent af Jansénius ju- foiblir l'autorité de ce jugement ecclésiastique, gé canonien disant que le pape Innocent X n'étoit pas quement comme le théologien. Car ne tremblez-vous pas, en voyant droit. les malheureuses ouvertures que donne cette induction injurieuse, qui va également à détruire la force de la décision en ce qui touche le fait et le droit, pour lequel la théologie est peutêtre plus nécessaire que pour examiner le sens d'un auteur? Mais enfin voici ce qui résout la difficulté. Aucun ne révoque en doute que la

condamnation des cinq propositions ne soit canonique. Or est-il qu'on ne peut douter que ce qui touche le livre de Jansénius ne le soit également; puisque l'on y voit concourir la même puissance, les mêmes formes, le même examen, la même acceptation, et consentement unanime de tous les évêques. Et voilà ce jugement ecclésiastique, sous l'autorité duquel votre prélat vous ordonne d'abaisser le vôtre.

Il n'est donc plus question de chicaner, ni sur l'autorité des assemblées du clergé, ni même sur le Formulaire. Car encore que quelques évêques ne soient pas d'accord de le publier, il suffit qu'il vous soit proposé par l'autorité du vôtre, et qu'au fond il n'ajoute rien du tout aux constitutions, que tous ont reçues unanimement, et sans aucune restriction ni répugnance.

Ainsi, laissant à part les autres débats, qui ne font rien à notre propos, il est certain qu'il y a

Aucune difvalidité du ficulté sur la

un jugement ecclésiastique, même sur le fait con- jugement. testé; il est certain qu'il est souverain et univer sel, puisqu'il est du saint Siége, et accepté una nimement par tous les évêques; il est certain que M. l'archevêque ne fait que procéder en exécution; il est certain qu'il le peut, et par l'autorité de son caractère et de sa puissance ordinaire, et par la commission d'Alexandre VII (1), qui s'est remis à tous les prélats, de faire, en exécution de ces bulles, ce qu'ils trouveroient le mieux. Il est donc aussi très-certain qu'il n'y a rien ici à dé

(1) Bref du pape Alexandre VII aux évêques de France, du 29 juillet 1663.

VII.

Résolution

de la secon

battre touchant la validité du jugement, et les pouvoirs des personnes.

Il faut se réduire nécessairement à la question générale; savoir si vous pouvez, sans offenser de difficulté. Dieu, soumettre votre jugement à un jugement Surl'autorité canonique de toute l'Eglise, dans un fait qui est du jugement. de sa connoissance, et duquel vous déclarez que vous n'avez nulle intelligence, ni aucune obligation de vous en éclaircir davantage.

Que ces ju

gemens étant canoniques,

Voyez, mes très-chères Sœurs, et considérez attentivement où vous êtes réduites, si vous conon ne peut tinuez à dire que vous ne pouvez, sans pécher, penser que accorder à M. de Paris la soumission qu'il vous ce soit péché d'y consendemande de votre propre jugement au jugement tir. de l'Eglise.

Il faut donc aussi que vous souteniez que l'Eglise ayant rendu un jugement canonique sur un fait qui la regarde, il n'est pas même permis à aucun de ses enfans de s'en rapporter à elle sur la seule autorité de sa sentence: car s'il y en a quelques-uns qui puissent avoir pour elle cette déférence, ce sont principalement ceux qui n'ont nulle connoissance du fait, et nulle obligation de s'en enquérir.

Or, mes Sœurs, si ceux-là le peuvent, puisque vous vous confessez être de ce nombre, vous n'avez plus aucun moyen de vous excuser. Pensez donc, encore une fois, à quoi vous vous engagez, et à quoi vous voulez engager l'Eglise. Eh quoi, de tels jugemens ecclésiastiques sont-ils donc de si peu de poids? Et l'Eglise peut-elle où doit-elle en rendre jamais aucun, si après

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