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Souscription d'évê

ques par

fois par autorité, quelquefois par consentement et par obéissance. J'appelle souscrire par autorité, lorsqu'ayant été juges îls souscrivoient le jugement; et ce n'est point cette manière de souscription que je vous propose pour exemple. Mais il est certain que même n'ayant point été juges, ils souscrivoient souvent sur l'autorité des jugemens canoniques qui avoient été rendus par l'Eglise.

C'est ainsi que vous avez vu que les deux patriarches Jean d'Antioche et Jean de Constantiobéissance. nople souscrivirent avec un grand nombre d'évêques; le premier à la déposition de Nestorius, faite sans lui et malgré lui au concile d'Ephèse; et le second, par l'autorité du pape saint Hormisdas, à la condamnation d'Acace son prédécesseur. Et il n'y a personne qui ne sache quelle grande quantité d'évêques, qui n'avoient point été juges au concile de Sardique, souscrivirent, sur l'autorité de son décret, non-seulement le rétablissement de saint Athanase, mais encore la condamnation des évêques ses persécuteurs. Vous voyez donc, mes Sœurs, que si les évêques souscrivoient par autorité, ils souscrivoient aussi souvent par obéissance ou si vous voulez que nous l'expliquions, et peut-être mieux, d'une autre manière; quelquefois ils souscrivoient en définissant, et quelquefois en obéissant.

:

Cette distinction est si importante, que nous voyons même que quelques évêques l'ont marquée expressément dans leur signature. Dans l'action du concile de Chalcédoine, après

que tous les évêques, qui avoient assisté au jugement et à la déposition de Dioscore, eurent souscrit en cette manière : « Anatolius, évêque » de Constantinople, j'ai souscrit en définis>> sant », et ainsi des autres; Juvénal, patriarche de Jérusalem, et avec lui quelques évêques qui n'avoient pas assisté, ou qui avoient même été exclus de ce jugement, souscrivirent en cette sorte: «< Juvénal, évêque de Jérusalem, obéis» sant à la sentence des saints évêques, et y con» sentant, j'ai souscrit ». Et un autre souscrit ainsi : « Thalassius, évêque de Césarée en Cap>> padoce, j'ai souscrit en suivant la forme des » saints évêques ». Et un autre en cette façon : « Sozon, évêque de Philippes, sachant l'examen » des saints évêques, et devant obéir à leur juge» ment, j'ai souscrit (1) ».

que

Que si l'autorité de ces jugemens est telle les évêques mêmes, qui ont caractère de juges, y trouvent un fondement suffisant pour les souscrire par obéissance, en se reposant sur la discussion qui a été faite selon l'ordre des canons : combien plus des religieuses, qui sont si fort dans la dépendance et sous la discipline de l'Eglise, doivent-elles se reposer sur la connoissance que leurs supérieurs ont prise des choses, et ensuite souscrire par obéissance, lorsqu'on leur commande de le faire, ou pour le bien de leur ame, ou pour l'édification publique ?

Ainsi pour recueillir mon raisonnement, je soutiens que vous n'avez aucune raison qui vous

(1) Conc. Chalc. act. ; tom. IV Conc. col. 448, 457, 458, 459.

XVIII. Conclusion. Il n'y a donc

aucune rai- empêche de souscrire purement et simplement son qui em- la profession de foi que l'on vous propose. Vous pêche les religieuses de ne pouvez pas en être empêchées à raison du P. R. de sous- dogme condamné, puisque vous le réprouvez ;

crire.

ΧΙΧ.

Réponse

ni parce qu'on en a désigné l'auteur dans le formulaire de foi, puisque c'est la coutume de l'Eglise, dès les premiers siècles, d'en user ainsi; ni à cause que vous ne savez pas par vous-mêmes si cet auteur a enseigné de tels dogmes, puisqu'il vous doit suffire que l'Eglise l'ait jugé, et qu'on ne vous demande pas que vous souscriviez en définissant, ce qui ne convient pas à votre état, mais seulement en obéissant; ni enfin sous prétexte que tous ne conviennent pas que le sens de cet auteur ait été bien entendu, puisque c'est sur ce doute-là que le jugement de l'Eglise est intervenu, et qu'il n'y a aucune justice de faire dépendre l'autorité de cette décision de l'acquiescement des parties.

Certainement, si vous prenez soin de vous aux difficul- dégager de toute préoccupation pour peser ces tés portées choses, vous découvrirez bientôt que les raisons que vous alléguez pour votre défense, vous ses de P. R. pressent plutôt d'obéir, qu'elles ne vous en ex

par les actes

des religieu

cusent.

Vous croyez vous être excusées de la signature par une raison invincible, quand vous avez dit, que vous n'avez nulle connoissance de ces matières, et nulle obligation de vous en instruire. Et c'est là justement le cas que l'on peut, sans aucune apparence de difficulté, s'en rapporter à ceux qui ont obligation de connoître,

ét autorité de juger, c'est-à-dire, aux supérieurs ecclésiastiques. Vous croyez avoir satisfait à tout, quand vous déclarez que vous soumettez votre jugement à toutes les décisions de foi de l'Eglise romaine et elle vous répond par la bouche du pape saint Hormisdas: « Si vous embrassez ma >> foi, suivez aussi mes jugemens (1)». Vous croyez qu'il n'y a plus rien à vous demander, quand vous avez dit que vous ne prenez point de part aux contestations. A la bonne heure, mes Sœurs, ne prenez jamais de part aux contestations. Mais n'est-ce pas trop d'indifférence, de n'en vouloir point prendre aux décisions! Et si vous persistez, ne donnerez-vous pas sujet de penser que le motif qui vous y oblige, c'est que vous en avez trop pris aux contestations? Cédez donc enfin au commandement de M. l'archevêque, et cessez de trouver étrange qu'il ne se contente pas de votre silence; puisqu'il a raison d'espérer, et du temps, et de votre docilité, une soumission plus effective.

témoignage qu'on de

religieuses

de P. R. par

leur sous

Quant à ce que vous ajoutez, et ce qui semble Quel est le être le fort de votre défense, que vous ne pouvez rendre témoignage de ce que vous ne connoissez mande aux point: premièrement, qui de nous a jamais ouï dire qu'on ne puisse rien croire ni rien assurer, même dans des choses de fait, que sur sa propre cription. science? Que si l'on peut, et si l'on doit souvent s'en rapporter à l'autorité d'autrui, y en at-il au monde une plus grande, sur les esprits des fidèles, que celle de la sainte Eglise? Ainsi, (1) Epist. xxix, déjà citée.

quoique tous ceux qui n'entendent pas
de quoi il
s'agit, soient touchés de cette raison, j'ose assu-
rer que vous ne vous en servirez jamais, si vous
concevez nettement quel témoignage on vous de-
mande. Certainement si l'on demandoit votre
témoignage pour faire le procès au livre de Jan-
sénius, et pour appuyer la sentence sur votre
déposition, il n'y a personne qui ne vous accorde
qu'alors vous seriez tenues de déposer sur ce fait
avec connoissance de cause. Mais le jugement est
rendu, les papes l'ont prononcé, tous les évê-
ques l'ont reçu sans contradiction; et le témoi-
gnage qu'on attend de vous, ne regarde plus que
vous-mêmes et vos propres dispositions, c'est-à-
dire, la chose du monde que vous connoissez le
mieux. Et si vous nous répondez que c'est là
aussi ce qui vous arrête, parce que doutant que
le Pape et les évêques aient bien jugé en ce qui
touche le fait, vous ne pouvez pas l'assurer; c'est
ici que vous vous trouverez convaincues de man-
quer de déférence pour l'Eglise. Car si son au-
torité étoit telle dans votre esprit qu'elle y doit
être, il n'y a personne qui ne voie qu'elle pour-
roit facilement emporter un doute, et encore
un doute comme le vôtre, lequel, de votre aveu
même, ne peut pas être appuyé sur aucune raison
essentielle, tirée du fond de la chose; puisque
vous confessez hautement que vous n'en avez
nulle connoissance.

Le témoiIl n'est donc plus question d'appeler ici votre gnage qu'on demande est intelligence; c'est une affaire de soumission et un témoigna d'humilité. Il s'agit de déclarer nettement si vous

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