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et de soumis

sion.

pouvez croire que le Pape et les évêques, et enfin ged'humilité tous ceux qui ont dans l'Eglise la puissance de juger, ont assez de lumière et d'autorité pour vous obliger d'y faire céder, je ne dis pas un jugement arrêté, puisque vous ne pouvez pas en avoir aucun sur une matière que vous ne connoissez pas; mais des doutes et des scrupules, et une autorité étrangère. Voilà de quoi il s'agit, voilà la déclaration qu'on vous demande; et vous m'avouerez, mes Sœurs, que pour rendre un tel témoignage, il ne faut point d'autre connoissance que celle qu'on ne perd jamais, quand on est humble et docile.

a

Que si après cela vous nous répartez, comme pour dernière réponse, que les sentences de l'Eglise, en ce qui touche les faits, ne sont pas tenues infaillibles, et que vous vous laissiez encore troubler par ceux qui ramassent avec tant de soin les jugemens de cette nature, dont il y eu quelque plainte ou quelque soupçon; trouvez bon que sans vous, engager à une longue discussion de ces faits, par laquelle vous verriez peutêtre qu'on ne peut en tirer aucun avantage, je vous demande si vous pouvez dire ou penser, et si quelqu'un est capable de vous persuader que vous ne pouvez rien croire sur l'autorité de l'Eglise et de vos supérieurs, que lorsqu'ils vous parlent avec une autorité infaillible : et si vous ne demeurez pas d'accord, au contraire, sans que je me mette en peine de vous le prouver, que c'est une vertu chrétienne et religieuse de soumettre et d'anéantir son jugement propre, même hors des

XX. Qu'il ne sert de rien

d'objecter, que l'Eglise n'est

pas in

faillible dans les faits,

autres, par

cas des vérités révélées, surtout dans les choses qu'on ne sait pas, et desquelles on n'a nulle obligation de prendre aucune connoissance: enfin s'il n'est pas certain et indubitable qu'au-dessous de la foi théologale il y a un second degré de soumission et de créance pieuse, laquelle peut être souvent appuyée sur une si grande autorité, qu'on ne peut la refuser sans une rebellion manifeste. Je suis assuré, mes Sœurs, que pour peu que vous y pensiez, vous ne pourrez jamais disconvenir de ces maximes. Or, si elles sont véritables, il faut que vous accordiez qu'encore que les décisions de l'Eglise, en ce qui touche les faits, ne soient pas crues infaillibles comme celles qui touchent la foi catholique, il ne s'ensuit pas pour cela qu'elles ne méritent aucune croyance; et que quand on aura fait voir qu'il y aura eu quelque surprise dans quelques-uns de ces jugemens de l'Eglise, ce n'est pas une conséquence, qu'on ne puisse plus, sans offenser Dieu, la croire dans des matières semblables.

que

Ce qui ré- Ainsi, au lieu de perdre le temps à vous allésulte de cerfain des faits quer si souvent les faits d'Honorius et des trois d'Honorius, Chapitres, il valoit bien mieux vous apprendre, destrois Cha- premièrement, qu'on ne convient pas qu'il y ait pitres, et des de l'erreur de fait dans ces jugemens, mais rapport aux tout le monde convient qu'on y a souscrit et en religieuses Orient et en Occident, sans aucune crainte et sans aucun péril de péché; ce qui doit mettre en repos votre conscience: secondement, que l'Eglise ayant reçu tant de grâces pour juger sainement de ceux dont la doctrine n'a pas été droite; et

de P. R.

même ces deux ou trois jugemens tant de fois produits en cette affaire, étant appuyés de sorte qu'il est beaucoup plus aisé de les soutenir que de les combattre; le sentiment qu'en ont eu quelques auteurs catholiques, ni même l'erreur de fait, quand il y en auroit eu par quelque surprise, ne doit diminuer en rien l'autorité des jugemens de l'Eglise, ni par conséquent l'obligation qu'ont toujours eue ses enfans d'y prendre entière créance; vu même que Dieu a pourvu d'ailleurs à leur sûreté, tous les docteurs étant d'accord que si nous ne sommes pas autant assurés que des articles de foi que l'Eglise ne se trompe point dans ces faits, nous ne laissons pas de l'être toujours qu'on ne péche point en la croyant; surtout ceux qui, confessant comme vous qu'ils n'ont nulle connoissance du fond de l'affaire, et nulle obligation de s'en éclaircir davantage, ne peuvent prendre de meilleur parti que celui de s'en rapporter aux supérieurs, qui ont grâce et autorité, et qui sont préposés par le Saint-Esprit pour connoître de ces matières.

Coutume

hérétiques,

Et ne vous laissez pas émouvoir aux histoires que l'on vous fait pour vous décrier la conduite ordinaire des du saint Père et des évêques : reconnoissez au de décrier la contraire à quelles tentations les fidèles seroient conduite de exposés, s'il falloit écouter tous ces narrés au l'Eglise. préjudice des décrets publics. Nous entendons tous les jours ce que disent nos adversaires du saint Concile de Trente et des papes qui les ont jugés. Et si vous voulez des exemples de l'antiquité, que ne disoit pas un Nestorius de saint

La sûreté

liers est de

s'attacher

Cyrille, archevêque d'Alexandrie, le principal auteur de ses maux; des inimitiés qui étoient entre eux, que les historiens de ce temps-là

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n'ont pas dissimulées; de la jalousie de leurs siéges; de la précipitation de ce patriarche à prononcer à Ephèse le jugement contre lui en l'absence de Jean d'Antioche, lequel arriva deux jours après, et qui avoit donné avis à saint Cyrille de son arrivée prochaine? Et s'il falloit s'amuser à discuter tous ces faits, et tout ce qu'entassent contre leurs juges ceux qui ont été condamnés, ne seroit-ce pas s'engager à des recherches sans fin, à des disputes folles et sans discipline, contre le précepte de l'apôtre (1)?

Mes Sœurs, ne vous jetez pas dans ce labydes particu- rinthe car ne vous apercevez-vous pas quelle illusion ce seroit si vous étiez détournées de vous aux décrets soumettre dans un fait si authentiquement jugé, duite publi- par une attache à des faits particuliers, desquels que de l'E- la discussion peut être très-dangereuse, et ne glise.

et à la con

XXI. Conclusion

peut jamais être que très-inutile? Laissez donc à part ces narrés d'intrigues et de cabales, que des hommes ne cesseront jamais de se reprocher mutuellement, peut-être de part et d'autre avec vérité, et du moins presque toujours avec vraisemblance; et croyez que parmi ces troubles, et dans ce mélange de choses, la sûreté des particuliers c'est de s'attacher aux décrets et à la conduite publique de la sainte Eglise.

Suivez, mes Sœurs, cette voie, et cessez de de ce dis- vous égarer plus long-temps dans un chemin si

(1) II. Timot. 11. 23.

facile.

unique repos

pasteurs.

facile. Vous trouverez votre sûreté dans celui de cours. Unil'obéissance, en mettant en repos votre conscience que asile, sur l'autorité de l'Eglise. Si vous quittez ce sen- dans l'obéistier unique, outre que vous chargerez votre sance à l'Econscience d'une désobéissance scandaleuse, sa- glise et à ses chez que de part et d'autre vous ne trouverez que des précipices. Car, ou vous serez contraintes de dire qu'il n'est pas permis en conscience de croire respectueusement que l'Eglise ait bien jugé dans un fait qui est de sa connoissance, et, sur lequel elle a donné une définition canonique; ou, si vous êtes touchées d'une juste appréhension des suites épouvantables de cette doctrine inouie, il faut que vous vous rejetiez dans un autre abîme, en croyant que les décrets de deux pa pes, reçus, approuvés, publiés unanimement par tous les évêques, lesquels plusieurs d'eux, à ce que j'ai appris, et nommément M. d'Angers (1), que je nomme par honneur et avec respect, ont souscrit à deux genoux, ne peuvent être censés canoniques. Et considérez où vous jeteroit cette malheureuse pensée, s'il falloit que, croyant, comme on vous le dit, que les formes canoniques ont été méprisées dans les jugemens des papes, et qu'on y a tout donné à la brigue et à la cabale; vous les vissiez néanmoins reçus et approuvés avec une vénération universelle, sans qu'il y ait dans toute l'Eglise un seul évêque qui s'oppose à une injustice que l'on publie si visible. Dieu vous préserve, mes Sœurs, de ce sentiment: il vous jeteroit peu à peu dans un état

(1) Henri Arnauld.

BOSSUET. XXXVII.

II

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