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Ecclesiæ disciplinam et ad profligandam hæresim doctè sapienterque tradideris. Ego sanè pro comperto habeo nullâ in re magis posse me Sanctitatis suæ animum demereri, quàm occasiones illi suppeditando, tibi, tuique similibus viris gratificandi : qui interim illustrissimæ Dominationi tuæ de humanissimâ ad me scriptâ Epistolâ gratias agens, omne studium, omnia officia mea ex animo offero, ac sospitatem diuturnam atque florentem à Deo auguror. Illustrissimæ Dominationis tuæ servitor,

ALDERANUS, Cardinalis CIBO.

Romæ, die 4 januarii 1679.

LETTRE LXII.

AU MARECHAL DE BELLEFONDS.

Sur l'extrême douceur dont Jérémie, et surtout Jésus-Christ, nous ont donné l'exemple.

Je vous prie, Monsieur, de me mander de vos nouvelles, sans oublier celles de votre santé. Pour nous, nous allons toujours expliquant les saints prophètes. Nous sommes bien avant dans Jérémie; et nous ne cessons d'admirer sa manière forte et douce. La douceur avec laquelle il plaide sa cause devant les grands assemblés en conseil, et devant le peuple, est admirable. Il n'est pas moins merveilleux quand il répond au faux prophète Ananias. Le bel exemple! Comme il souhaite de bon cœur que les promesses favorables de ce faux prophète soient accomplies! Avec quelle modestie lui parle

t-il! De lui-même il ne lui dit rien de fâcheux,

et

n'ose pas le reprendre: s'il le fait à la fin, c'est que Dieu l'y oblige. Dieu nous fasse la grâce, quand nous serons attaqués, d'agir dans le même esprit; quoique nous ayons encore un plus grand exemple, qui est celui du Sauveur même qui ne se défend que par son silence. Quelle dignité et quelle autorité dans ce silence de notre Seigneur! Quelle pu nition à ceux à qui il ne daigne pas faire voir son innocence! et qu'ils méritoient bien que l'instruction de la parole leur fût refusée, eux qui n'avoient pas cru à celle des œuvres!

Voilà, Monsieur, un petit sermon que je vous fais; afin que vous soyez toujours de la communion du concile (1) de Saint-Germain. Nous vous regardons toujours comme un des pères laïques.

La lettre de notre saint ami (2) a fait grand bruit; n'importe car elle ne fait pas ce bruit pour être partiale, mais parce qu'elle est simple, et que les partis veulent qu'on entre dans leur chaleur. Au fond, malgré les contradictions, je crois qu'elle édifiera; et je ne me repens point que nous l'ayons divulguée. Je vous prie, quand vous le verrez, de

(1) C'est ainsi qu'on appeloit en Cour l'assemblée de plusieurs savans, qui se rendoient à certains jours auprès de Bossuet pour conférer sur l'Ecriture, la théologie, et d'autres matières ecclésiastiques ou philosophiques.

(2) Tout porte à croire qu'il s'agit ici de la lettre de l'abbé de Rancé, au sujet des humiliations qu'on faisoit subir à des religieux, en leur imputant des fautes ou des défauts dont ils n'étoient pas coupables, et telles qu'elles se pratiquoient à la Trappe. La lettre L, ci-dessus, adressée à M. le Roi, abbé de Haute-Fontaine, fait connoître le sujet de cette contestation.

le prier de redoubler ses prières pour moi, et de demander à Dieu ma conversion. C'est une étrange chose d'estimer tant la vertu, et de n'en avoir point. Prions les uns pour les autres: Dieu soit avec vous. A Saint-Germain, ce 22 janvier 1679.

LETTRE LXIII.

A M. NICAISE,

CHANOINE DE LA SAINTE CHAPELLE DE DIJON.

Le prélat lui fait connoître le jugement qu'il porte des différens écrits de M. Spon.

Vous pouvez assurer M. Spon (1), Monsieur, que ses Miscellanea (2) seront bien reçus de monseigneur le Dauphin, et qu'il peut les lui dédier, aussi bien que sa Réponse à la Guilletière (3). Nous avons estimé son Dictionnaire. Pour son In te, Domine, speravi, il nous a paru ce qu'il étoit, c'est-à-dire, ridicule et profane. Au surplus, j'ai ouï dire qu'il y avoit quelques bonnes remarques dans son livre: car pour moi je n'en ai rien lu; mais j'ai lu avec grand plaisir tout le Voyage de M. Spon, plein de belles observations et de recherches curieuses de l'anti

(1) Médecin de Lyon, qui professoit la religion protestante. Il s'est rendu célèbre, dans la république des lettres, par un grand nombre d'ouvrages.

(2) Miscellanea eruditæ: Antiquitatis, in-fol. imprimés plusieurs

fois.

(3) A M. Guillet, qui avoit écrit contre son Voyage de Grèce et du Levant, publié en trois volumes in-12.

quité. Il a donné au public une bonne opinion de son érudition, qui prépare bien les voies à ses Miscel lanea. L'inscription (1) est du goût antique : il me semble qu'il pourroit ôter le futuro, et laisser le deliciis tout seul. Je ne sais ce que peut signifier parmi nous le Principi juventutis, ni le Tutelari genio pacis. Pour le à divis concesso, l'allusion en est ingénieuse, mais il est païen; et s'il faut imiter les anciens, c'est principalement en ce qu'ils ont fait leurs inscriptions selon leurs mœurs et leur religion, sans y rien mêler d'étranger. Les auteurs exacts n'approuvent pas qu'on se serve du mot de divi pour les Saints, quoique les Catholiques s'en soient servis aussi bien que les Protestans. Dans l'inscription pour le Roi, il y a trois adverbes de suite, celeriter, fortiter, audacter; ce qui est du style affecté, plutôt que de la grandeur qui convient aux inscriptions je les ôterois tous trois. Je doute aussi un peu du conculcatis, et je ne sais si ce mot se trouve en ce genre : il paroît un peu trop figuré et trop éloigné de la simplicité. Je ne sais si pace data ne seroit pas mieux qu'oblatá: le reste est excellent.

:

Voilà, Monsieur, ce que vous avez souhaité de moi; c'est-à-dire, mon avis très-simplement. Conseillez à M. Spon d'éviter les railleries excessives dans sa Réponse aux turlupinades: elles tombent bientôt dans le froid; et il sait bien sait bien que les plaisan

(1) Il s'agit de l'inscription que M. Spon devoit mettre à la tête de ses Miscellanea, pour les dédier à M. le Dauphin; et il paroît, en examinant celle qui s'y trouve, que cet auteur a exactement suivi les observations de Bossuet.

teries ne sont guère du goût des honnêtes gens : ils veulent du sel et rien de plus. S'il faut railler, ce doit du moins être avec mesure. Assurez-le de mon estime. Comme je le vois né pour le bon goût, je serois fâché qu'il donnât dans le mauvais. Je suis, Monsieur, comme vous savez, très-sincèrement à vous, et ravi de voir l'amitié.qui est entre vous et M. Drouas.

A Saint-Germain, ce 9 février 1679.

EPISTOLA LXIV.

AD CARDINALEM CIBO.

Epistolam ei mandat quâ Pontifici maximc serenissimi Delphini studiorum rationem exponit.

Cùm in eo essem, ut acceptis apostolicis tuæque Eminentiæ litteris (1), ad agendas gratias totâ mente conversus, eas in sinum tuum lætus effunderem, nova scribendi ad te, eaque mihi jucundissima, occasio supervenit. Petiit à me qui Sedis apostolicæ negotia tractat, vir amplissimus atque humanissimus, Dominus Joannes-Baptista Laurius (2), uti perscriberem ad serenissimi Delphini animum informandum quam viam secuti simus: scriptum ad te mitterem, non modò perlegendum; sed etiam ipsi Pontifici meo nomine offerendum : id Eminentiæ tuæ, id Sanctitati suæ gratissimum futurum. Rem

(1) Hic agitur de Brevi pontificio, 4 januarii 1679, deque epistola Cardinalis ei adjunctâ. Vide suprà Epist. LX, LXI.

(2) Protonotarius apostolicus, ac nuntiaturæ Auditor in Gallià.

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