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lu, avoit été défendu par une ordonnance du conseil d'Espagne : si vous en savez davantage, vous me ferez plaisir de me l'écrire.

Je me prépare à aller saluer le Roi à Versailles, où il arrivera demain. Je vous supplie d'assurer Son Eminence de mes respects, et de la reconnoissance que j'ai de la part qu'elle prend aux affaires de mes amis que je recommande. Je suis à vous, etc.

A Meaux, ce 14 novembre 1684.

LETTRE CXII.

A M. DE RANCÉ, ABBÉ DE LA TRAPPE.

Il lui annonce la permission qu'il a obtenue des supérieurs de la congrégation de Saint-Maur, pour que dom Muguet, religieux de cette congrégation, prenne des engagemens à la Trappe.

J'AI enfin obtenu le congé du P. Muguet. J'ai fait de nouvelles instances, depuis la lettre où vous m'assurez que, pour obvier aux conséquences, Vous vous engagiez à n'écouter dorénavant aucun des religieux qui voudroient aller chez vous, pourvu qu'on accordât la liberté à celui-ci. Je fis d'abord parler par le P. Mabillon, qui me rapporta une négative dont il me paroissoit un peu étonné. Dieu m'inspira de faire parler plus fortement par dom Bretaigne, prieur de Saint-Germain-des-Prés, qui me vint dire hier positivement de la part du P. Général, que vous pouviez en toute assurance recevoir dom Muguet, sans que ni vous ni lui en fussiez jamais inquiétés par la congrégation. Je demeure

dépositaire des paroles que vous vous donnez mutuellement. Ces Pères demandent que l'affaire se fasse sans bruit, et sans qu'il paroisse rien de leur part. Vous y consentirez aisément; et ainsi je ne vois plus de difficulté, ni autre chose à faire que de recevoir dom Muguet.

Je me réjouis avec vous, Monsieur, de vous voir tiré de l'inquiétude que vous donnoit son salut; et avec lui, de ce que, par une singulière grâce de Dieu, il va être au comble de ses désirs. Vous recevrez par la poste une lettre que je vous écrivis dès hier: mais comme j'ai appris de M. Muguet que la lettre ne pourroit partir que mercredi, je lui ai conseillé de vous envoyer un homme exprès. Il m'a mis en main quelques cahiers que je verrai au premier loisir. Je suis à vous, Monsieur, très-sincèrement.

A Paris, ce 8 décembre 1684.

EPISTOLA CXIII.

CASTORIENSIS MELDENSI.

De libello maledicè scripto, quem nebulones Meldensi affingere minabantur.

SIMUL atque mihi redditæ fuerunt tuæ ad me litteræ, illustrissime Domine, unum è domesticis meis admodum fidelem è vestigio Amsterodamum direxi, inquisiturum num illic reperiretur quidam Cornelius Zirol. Comperit morari prope Dammum, in domo cui appensum signum Mercurii, virum cui nomen

Cornelius Zwol, non verò Zirol, eumque virum esse Bibliopolam. Verùm nec ille, nec filius ejus conscius est istius epistolæ (1), quæ ad te, Antistes illustrissime, procul dubio à nebulone aliquo scripta fuit. Plena est Hollandia Calvinistis ex Galliâ profugis, quorum fortè aliquis, ut suam sectam, quam tantò validiùs, quantò modestiùs doctissimis et ingeniosissimis tuis lucubrationibus, Antistes reverendissime, oppugnasti, ulcisceretur, tibi voluerit sycophantici libelli timorem incutere, dum armis honestate et veritate fulgentibus tibi Calvinista nequeunt resistere.

Velim autem, Præsul illustrissime et colendissime, me credas futurum semper studiosissimum eorum, quæ ad nominis tui claritatem spectare cognoscam: sum etenim observanti amantique stu

(1) Le lecteur sera sans doute bien aise que nous rapportions ici la lettre qui avoit été écrite à Bossuet, pour lui donner avis de l'écrit qu'on vouloit imprimer sous son nom. Voici cette lettre.

« Corneille Zwol, imprimeur et marchand libraire, demeurant à » Amsterdam en Hollande, sur le Dam, à l'enseigne du Mercure, » fait savoir à M. Bossuet, Evêque de Meaux, qu'on lui a mis entre » les mains, moyennant cent pistoles, un manuscrit composé avec » grand esprit, lequel a pour titre : Histoire, etc. » (Le reste du titre a été effacé dans la lettre, et si fortement, qu'il est impossible d'y rien découvrir ). « Il ne l'a achetée qu'afin de la remettre à » l'ordre dudit sieur Evêque, à cause du respect qu'il a pour » sur quoi il attendra sa volonté.

» CORNEILLE ZWOL.

» A Amsterdam, ce 28 octobre 1684 ».

lui:

Bossuet a écrit de sa main, au bas de la lettre, ces mots : « Mé>> moire d'une histoire qu'on imprimoit sous mon nom. L'impor>>tance de la matière me fit informer de la vérité par M. de Caş»torie, qui me fit réponse que chez ce libraire on n'avoit point ouï >> parler de cette lettre »>.

dio, illustrissime Domine, Antistes reverendissi

me,

etc.

4 Januarii 1685.

LETTRE CXIV.

A M. DE RANCÉ, ABBÉ DE LA TRAPPE.

Il l'entretient des difficultés qui s'opposoient au dessein qu'avoit dom Muguet, religieux bénédictin de la congrégation de SaintMaur, de se fixer à la Trappe, et lui propose d'excellentes vues pour instruire et consoler ce religieux.

LES lettres que je reçois de vous, Monsieur, me donnent tant de consolation, qu'elles ne sauroient jamais être trop fréquentes. Celle que vous écrivez au Père Général le doit disposer favorablement pour le pauvre P. Muguet, dont l'accident est étrange. Dieu donne souvent des mouvemens dont il ne veut pas l'exécution: il faut adorer ses conseils impénétrables. Ce bon Père a consommé son sacrifice, quand il a fait tant d'efforts pour accomplir ce qu'il croyoit venir de Dieu. Il a maintenant un autre sacrifice à accomplir, qui est d'une profonde humiliation; et s'il sait bien avaler ce calice, il n'aura pas peu de part à celui du Fils de Dieu.

Qui sait si tout ceci ne se fait pas pour l'enfoncer davantage dans l'humilité? Quelquefois il se mêle un orgueil secret, et je ne sais quel dédain pour les autres; dans les pas que l'on fait pour embrasser une vie plus austère et plus parfaite. Jésus-Christ est venu pour révéler les secrets des cœurs; et peut

être fera-t-il sentir à ce bon Père, qu'il doit apprendre dorénavant à s'anéantir d'une autre sorte que celle qu'il avoit cherchée. En tout cas, le voilà désabusé par sa propre expérience, comme vous le remarquez; et libre d'une tentation si délicate, il n'a plus à songer qu'à se sanctifier dans l'état où il est. Vous ne devez pas vous repentir des pas que vous avez faits; vous avez assurément accompli la volonté de Dieu et pour moi j'ai beaucoup de consolation du peu que j'y avois contribué.

Je retournerai à Paris à la fin du mois pour quelques affaires, si Dieu le permet, et nous tâcherons là de mettre en train l'impression des nouvelles Réflexions (1). Je suis à vous de tout mon cœur. A Meaux, ce 6 janvier 1685.

LETTRE CXV.

RÉPONSE DE BOSSUET,

A LA QUESTION ENVOYÉE PAR M. L'ÉVÊQUE D'ANGERS (1)

Sur les expressions de la profession de foi de Pie IV, qui concernent l'invocation des Saints.

Il n'est pas permis de changer les termes de la Profession de Foi de Pie IV, qui est reçue et jurée

(1) Elles parurent cette année, sous ce titre : Eclaircissemens sur quelques difficultés que l'on a formées sur le livre de la Sainteté et des Devoirs de la Vie monastique.

(2) Henri Arnauld, frère du célèbre docteur de ce nom. Il mourut à Angers le 8 juin 1692, âgé de quatre-vingt-quinze ans. Nous n'a

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