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TABLE DU TOME XLI.

NOTICE SUR LE MANUSCRIT FRANÇAIS 11594 DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE : LA CROISADE PROJETÉE par Philippe le Bon contre les TURCS, par M. Georges Doutrepont.

...

NOTICE SUR LE Manuscrit latin 4788 du Vatican coNTENANT UNE TRADUCTION FRANÇAISE,
AVEC COMMENTAIRE PAR MAÎTRE PIERRE DE PARIS, DE LA CONSOLATIO PHILOSOPHIAE
DE BOÈCE, par M. Antoine Thomas..

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NOTICES SUR LES MANUSCRITS PERSANS ET ARABES DE LA COLLECTION Marteau, à la
BIBLIOTHÈQUE NATIONALE, par M. E. Blochet...

67

DES

MANUSCRITS

DE LA BIBLIOTHEQUERARY

ET AUTRES BIBliothèques.

NOTICE

SUR

LE MANUSCRIT FRANÇAIS 11594

DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE :

LA CROISADE PROJETÉE PAR PHILIPPE LE BON

CONTRE LES TURCS,

PAR M. GEORGES DOUTREPONT.

Pour peu que l'on soit familier avec l'histoire du xve siècle, l'on sait que l'un des grands projets politiques de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, fut, suivant une expression répandue alors, le « saint voyage de Turquie », autrement dit la guerre à l'Infidèle, la croisade contre l'Islam qui menaçait la chrétienté. Celle-ci se sentit particulièrement en danger le jour où Constantinople tomba au pouvoir des Turcs (29 mai 1453). Le «grand duc d'Occident », Philippe de Bourgogne, dut en être surtout ému, et c'est ce que prouve la solennelle déclaration de guerre qu'il fit, le 17 février 1454, dans son splendide hôtel de Lille, au cours du fastueux banquet resté célèbre sous le nom de Banquet des vœux du Faisan. L'on connaît l'ordonnance et l'éclat de ce festin gargantuesque et féerique qui fut en même temps une imposante démonstration politique. Ainsi que déjà nous l'avons noté ailleurs, « lorsqu'on en lit la description chez les mémorialistes de l'époque, Olivier de la Marche et

NOT. ET EXTR. - T. XLI.

1

IMPRIMERIE NATIONALE.

»

Mathieu d'Escouchy, on dirait d'un récit inventé par quelque habile faiseur de romans chevaleresques, ou l'on se croirait transporté en un pays de rêve, chez quelque fabuleux monarque d'Orient. Ce fut, en effet, un déploiement de pompes et de magnificences que nos imaginations modernes ne se représentent pas sans un certain effort et qui, d'ailleurs, éblouit les assistants euxmemes, dont les regards étaient pourtant habitués aux joyeusetés les plus luxueuses (2). Des détails seraient peut-être nécessaires ici pour montrer l'intérêt du document qui forme l'objet de la présente notice; mais le lecteur voudra bien sans doute se reporter aux narrations mêmes des chroniqueurs précités. Toutefois, nous croyons devoir lui rappeler qu'à un moment donné de la cérémonie de Lille, Jean Le Fèvre de Saint-Remy, roi d'armes de la Toison d'or, pénétra dans la salle, portant un faisan vivant et orné de pierreries et que, sur ce faisan, Philippe le Bon et environ cent dignitaires de ses États et familiers de sa cour vouèrent ou jurèrent d'aller guerroyer contre les mécréants. Tels de ces vœux offrent tout à fait l'allure des défis lancés par de téméraires coureurs d'aventure dans les romans de chevalerie. Leur ton osé, provocateur, apparaît surtout lorsqu'on les met en regard d'autres engagements de croisade qui sont encore inédits et que nous voudrions faire connaître : ils ont été demandés à des sujets du duc, par son ordre, à Arras, Mons et Bruges (pendant les mois de mars et d'avril 1454) et en Hollande (mais ici à une date et dans une ville que notre manuscrit n'indique pas). Ces engagements, notons-le dès maintenant, ne furent pas prononcés devant des tables plantureusement servies ou bien rédigés soit en vue d'un banquet à grand spectacle, soit quelques jours après. Nous disons : « rédigés en vue de ce banquet ou dans les jours suivants »; c'est que tous les vœux cités par le

(1) Mémoires d'Olivier de la Marche, P. P. H. Beaune et J. d'Arbaumont (Société de l'Histoire de France, París, 1884), t. II, p. 340394; Chronique de Mathieu d'Escouchy, par G. Du Fresne de Beaucourt (ibid., 1863), t. II, p. 116-237.

(2) La Littérature française à la cour des ducs de Bourgogne, Philippe le Hardi, Jean sans Peur, Philippe le Bon, Charles le Téméraire,

Paris, Champion, 1909, p. 106-107. Voir ibid.,

p. 116-117 et p. 356-360, sur le caractère scénique du banquet. Pour la bibliographie relative à cette même fête, je me permets de renvoyer à mon étude : Les Historiens du Banquet des vœux du Faisan, dans les Mélanges d'Histoire offerts à Charles Moeller, I, p. 654-670 (Recueil des travaux p. p. les... Conférences d'histoire et de philologie de l'Université de Louvain, Louvain, Bureaux du Recueil; Paris, Picard, 1914).

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