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Comment?

D. JUAN.

LA RAMÉE.

Douze hommes à cheval vous cherchent, qui doivent arriver ici dans un moment. Je ne sais par quel moyen ils peuvent vous avoir suivi; mais j'ai appris cette nouvelle d'un paysan qu'ils ont interrogé, et auquel ils vous ont dépeint. L'affaire presse; et le plus tôt que vous pourrez sortir d'ici sera le meilleur.

SCÈNE IX.

D. JUAN, CHARLOTTE, MATHURINE, SGANARELLE.

D. JUAN, à Charlotte et à Mathurine.

UNE affaire pressante m'oblige de partir d'ici; mais je vous prie de vous ressouvenir de la parole que je vous ai donnée, et de croire que vous aurez de mes nouvelles avant qu'il soit demain au soir.

SCÈNE X.

D. JUAN, SGANARELLE.

D. JUAN.

COMME la partie n'est pas égale, il faut user de stratagème, et éluder adroitement le malheur qui me cherche. Je veux que Sganarelle se revête de mes habits; et moi...

SGANARELLE.

Monsieur, vous vous moquez. M'exposer à être tué sous

vos habits, et...

D. JUAN.

Allons vite, c'est trop d'honneur que je vous fais; et bienheureux est le valet qui peut avoir la gloire de moupour son maître.

rir

SGANARELLE.

(seul.)

Je vous remercie d'un tel honneur. O ciel, puisqu'il s'agit de mort, fais-moi la grâce de n'être point pris pour un autre!

FIN DU SECOND ACTE.

ACTE TROISIÈME.

SCÈNE I.

D. JUAN, EN HABIT DE CAMPAGNE; SGANARELLE, EN MÉDECIN.

SGANARELLE.

MA foi, monsieur, avouez que j'ai eu raison, et que nous voilà l'un et l'autre déguisés à merveille. Votre premier dessein n'étoit point du tout à propos, et ceci nous cache bien mieux que tout ce que vous vouliez faire.

D. JUAN.

Il est vrai que te voilà bien; et je ne sais où tu as été déterrer cet attirail ridicule.

SGANARELLE.

Oui. C'est l'habit d'un vieux médecin, qui a été laissé en gage au lieu où je l'ai pris, et il m'en a coûté de l'argent pour l'avoir. Mais savez-vous, monsieur, que cet habit me met déjà en considération, que je suis salué des gens que je rencontre, et que l'on me vient consulter ainsi qu'un habile homme?

Comment donc?

D. JUAN.

SGANARELLE.

Cinq ou six paysans et paysannes, en me voyant pas

ser, me sont venus demander mon avis sur différentes

maladies.

D. JUAN.

Tu leur as répondu que tu n'y entendois rien?

SGANARELLE.

Moi? point du tout. J'ai voulu soutenir l'honneur de mon habit; j'ai raisonné sur le mal, et leur ai fait des ordonnances à chacun.

D. JUAN.

Et quels remèdes encore leur as-tu ordonnés?

SGANARELLE.

Ma foi, monsieur, j'en ai pris par où j'en ai pu attraper; j'ai fait mes ordonnances à l'aventure; et ce seroit une chose plaisante, si les malades guérissoient, et qu'on m'en vint remercier.

D. JUAN.

Et pourquoi non? Par quelle raison n'aurois-tu pas les mèmes priviléges qu'ont tous les autres médecins? Ils n'ont pas plus de part que toi aux guérisons des malades, et tout leur art est pure grimace. Ils ne font rien que recevoir la gloire des heureux succès : et tu peux profiter comme eux du bonheur du malade, et voir attribuer à tes remèdes tout ce qui peut venir des faveurs du hasard et des forces de la nature.

SGANARELLE.

Comment! monsieur, vous êtes aussi impie en méde

cine?

D. JUAN.

C'est une des grandes erreurs qui soient parmi les hommes.

SGANARELLE.

Quoi! vous ne croyez pas au séné, ni à la casse, ni au vin émétique?

D. JUAN.

Et pourquoi veux-tu que j'y croie?

SGANARELLE.

Vous avez l'âme bien mécréante. Cependant vous voyez depuis un temps que le vin émétique fait bruire ses fuseaux ses miracles ont converti les plus incrédules esprits; et il n'y a pas trois semaines qui vous parle, un effet merveilleux.

que j'en ai vu, moi

Et quel?

D. JUAN.

SGANARELLE.

Il y avoit un homme qui, depuis six jours, étoit à l'agonie: on ne savoit plus que lui ordonner, et tous les remèdes ne faisoient rien: on s'avisa à la fin de lui donner de l'émétique.

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