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Au mois de février 1674, le roi envoya Cour Souveraine de Nancy'. ordre de faire fermer de palissades la ville J'ai parlé dans la dissertation sur la juneuve de Nancy aux frais de la ville. Il y risprudence de Lorraine, des assises, de eut assemblée pour ce sujet, des trois états leur origine, de leur grande autorité, et en la chambre de ville; sur quoi on choisit de leur entière suppression sous le duc le St Georges, président (1), François Ser- Charles IV. Dès l'an 1628 le même duc re, conseiller d'état, et Malcuit, Lieutenant Charles IV en diminua beaucoup l'autocivil et criminel pour la noblesse, les RR. rité, en créant des officiers dans les bailPP. prieurs des bénédictins et des prémon- liages de Nancy. En 1655 le même prince trés pour les ecclésiastiques, et Jean Char- étant à Sierk, établit un président à la les, procureur, avec M. Georges, pour le cour de St.-Mihiel, pour exercer la justiers état; pour aller faire leurs remontran- tice souveraine dans tous ses états. Par son ces à M. le marquis de Rochefort, lors édit d'Épinal du 7 mai 1644, il créa enfin commandant, et Charuël, intendant, pour la cour souveraine, divisée d'abord en obtenir une décharge pour la ville de la deux chambres, l'une à Nancy pour la somme qu'on leur faisait monter à quatre-Lorraine, l'autre à St.-Mihiel pour le vingt mille francs, ou en tout cas, d'en rejeter une partie sur le pays.

Barrois non-mouvant. Il créa de nouveau cette cour par un autre édit daté de Paris M. de Louvois ayant envoyé l'entretien le 26 mars 1661. Deux procureurs-génédes portes de Nancy, sur la charge de la raux avaient été créés en même temps que ville, il y eut encore une députation de la cour souveraine; la charge d'avocatmessieurs Georges président, Rolin con- général ne fut établie qu'en 1668. Le duc seiller au baillage, et Germini avocat, Léopold par édit du seize novembre 1733, pour faire leurs remontrances à ce sujet. la divisa en grande chambre, et en chamAu mois de mars 1678, il y eut une dé-bre des enquêtes.

putation de la chambre de ville de Nancy, La juridiction de la cour souveraine pour faire des remontrances à M. Charüel, s'étend sur toute la Lorraine et une grande intendant de Lorraine, touchant l'exemp-partie du Barrois. Des trente-cinq bailtion dont il voulait que les ecclésiastiques liages créés par l'édit du roi de Pologne, et les nobles jouissent, comme ils en jouis-du mois de juin 1751, il y en a trente-trois saient, en l'an 1611; ce marché fut fait qui y ressortissent. pour la somme de trente-six mille livres, pour la fortification et la ville.

Chambres des comptes.

La chambres des comptes, et la cour des Le roi Louis XIV fit démolir les for- aides et des monnaies de Lorraine et Bartifications de Nancy, à la réserve de la rois, est le plus ancien tribunal souverain citadelle et des bastions de la ville-vieille, de la province. Elle est composée d'un et des portes de la ville neuve; le tout en premier président, d'un second président, exécution de l'article xxx du traité de Ris- et quatorze conseillers; d'un procureurwick. Dès lors on commença l'ouvrage de général, d'un avocat-général et de deux la démolition, et les troupes Françaises substituts; les deux conseillers étaient ansortirent de Nancy le seize avril 1698. La ciennement appelés maîtres rationaux, qui ville neuve demeura sans aucune muraille signifie la même chose que maître des jusqu'au mois d'août 1701, que le duc comptes, ensuite on les appelle conseillersLéopold la fit fermer de simples murailles, auditeurs. Le duc Léopold régla qu'ils sea quoi on employa la somme de cent cin-raient à l'avenir qualifiés maîtres des compquante mille livres. Tel a été le sort de la ville de Nancy jusqu'aujourd'hui. (1) Mem. mss. de M. Georges, président à la

Cour.

tes, par déclaration du 9 mars 1708.

On dit qu'il y a au trésor des chartres de Lorraine quelques mémoires portant que le grand cardinal Charles de Lorraine

étant au concile de Trente (1), avait obtenu l'érection de trois nouveaux évêchés dans les états du duc de Lorraine; savoir: un évéché à Nancy, un second à Bar-leDuc, et un troisième à St.-Diey; mais la chose n'est pas bien constatée. On sait certainement que le duc Charles III, dès l'an 1598, sollicita en cour de Rome l'érection d'un évêché dans la ville de Nancy; mais le cardinal d'Ossat, qui était alors à Rome envoyé de la France, y forma tant d'oppositions, que le projet d'un évêché à Nancy échoua.

Le dessein du duc Charles III était d'y faire nommer pour premier évêque, le cardinal de Lorraine son fils (2).

On assure que la maison qui servait cidevant d'hôtel-de-ville à Nancy, et qui fut båtie par un nommé Jean Vincent, trésorier-général de Lorraine en 1595, 1594 et 1595, aujourd'hui extrêmement démolie, fut destinée pour servir de palais au premier évêque de Nancy, et que la paroisse de St.-Sébastien devait servir de cathédrale ; d'où vient que la rue sur la quelle elle était bâtie, se nomme encore à présent la rue de l'Eglise. Cette grande maison, car c'est ainsi qu'on la nommait, n'étant pas encore achevée, fut vendue par ordre de justice, environ l'an 1600, pour la somme de 40,000 francs barrois.

Le projet d'ériger un évêché à Nancy, n'ayant pu réussir, le duc Charles III,

résolut d'y établir une collégiale insigne, sous le nom de primatiale. La France n'ayant aucun intérêt de s'y opposer, la chose passa à Rome sans difficulté; on y unit les mêmes bénéfices qu'on avait destinés pour la cathédrale; la bulle du Pape Clément VIII qui en permet l'érection est du 15 mars 1602. L'église est dédiée à la sainte Vierge; le primat n'a aucune juridiction sinon dans son église: il officie avec les ornemens pontificaux, et le chapitre est composé de quatre dignitaires, savoir le Primat, le doyen, le chantre et l'écolâtre ; treize chanoines, treize prébendés, huit chapelains ou vicaires.

Les fondemens de l'église primatiale furent commencés en 1605, mais ils ne furent pas achevés. Les malheurs des guerres firent interrompre cet ouvrage. Le siége du primat et du chapitre de la primatiale demeura dans l'ancienne église, qu'on voit encore aujourd'hui. Ce ne fut qu'en 1703 que le duc Léopold, du consentement du prince Charles, primat de Lorraine, son frère, fit recommencer l'ouvrage de la primatiale; le plan en fut dressé sur celui de l'église de St.-André du Val de Rome, et on en mit le première pierre le 3 de septembre 1703. M. l'abbé de Nay, grand doyen du chapitre, bénit la première pierre, qui fut posée par S. A. S. monseigneur le prince François, au nom de ses augustes frères Léopold-Clément, et du prince Charles, primat de Lorraine; on n'oublia rien pour rendre cette cérémonie éclatante.

(2) Lettres du Cardinal d'Ossat, 160, 162, Cette pierre qui est creuse, renferme une

(1) Hist. de Lor., t. 2, p. 1376.

R. p. 338.

inscription qui porte ces mots :

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Au mois de février 1674, le roi envoya

Cour Souveraine de Nancy.

ordre de faire fermer de palissades la ville J'ai parlé dans la dissertation sur la juneuve de Nancy aux frais de la ville. It yrisprudence de Lorraine, des assises, de eut assemblée pour ce sujet, des trois états leur origine, de leur grande autorité, et en la chambre de ville; sur quoi on choisit de leur entière suppression sous le duc le St Georges, président (1), François Ser- Charles IV. Dès l'an 1628 le même duc re, conseiller d'état, et Malcuit, Lieutenant Charles IV en diminua beaucoup l'autocivil et criminel pour la noblesse, les RR. rité, en créant des officiers dans les bailPP. prieurs des bénédictins et des prémon- liages de Nancy. En 1635 le même prince trés pour les ecclésiastiques, et Jean Char- étant à Sierk, établit un président à la les, procureur, avec M. Georges, pour le cour de St.-Mihiel, pour exercer la justiers état; pour aller faire leurs remontran- tice souveraine dans tous ses états. Par son ces à M. le marquis de Rochefort, lors édit d'Épinal du 7 mai 1644, il créa enfin commandant, et Charuël, intendant, pour la cour souveraine, divisée d'abord en obtenir une décharge pour la ville de la deux chambres, l'une à Nancy pour la somme qu'on leur faisait monter à quatre- Lorraine, l'autre à St.-Mihiel pour le vingt mille francs, ou en tout cas, d'en re- Barrois non-mouvant. Il créa de nouveau jeter une partie sur le pays. cette cour par un autre édit daté de Paris le 26 mars 1661. Deux procureurs-généraux avaient été créés en même temps que la cour souveraine; la charge d'avocatgénéral ne fut établie qu'en 1668. Le duc Léopold par édit du seize novembre 1733, la divisa en grande chambre, et en chambre des enquêtes.

M. de Louvois ayant envoyé l'entretien des portes de Nancy, sur la charge de la ville, il y eut encore une députation de messieurs Georges président, Rolin conseiller au baillage, et Germini avocat, pour faire leurs remontrances à ce sujet. ·

Au mois de mars 1678, il y eut une députation de la chambre de ville de Nancy, La juridiction de la cour souveraine pour faire des remontrances à M. Charüel, s'étend sur toute la Lorraine et une grande intendant de Lorraine, touchant l'exemp-partie du Barrois. Des trente-cinq bailtion dont il voulait que les ecclésiastiques liages créés par l'édit du roi de Pologne, et les nobles jouissent, comme ils en jouis-du mois de juin 1751, il y en a trente-trois saient, en l'an 1611; ce marché fut fait qui y ressortissent. pour la somme de trente-six mille livres, pour la fortification et la ville.

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Chambres des comptes.

La chambres des comptes, et la cour des Le roi Louis XIV fit démolir les for- aides et des monnaies de Lorraine et Bartifications de Nancy, à la réserve de la rois, est le plus ancien tribunal souverain citadelle et des bastions de la ville-vieille, de la province. Elle est composée d'un et des portes de la ville neuve; le tout en premier président, d'un second président, exécution de l'article xxix du traité de Ris- et quatorze conseillers; d'un procureurwick. Dès lors on commença l'ouvrage de général, d'un avocat-général et de deux la démolition, et les troupes Françaises substituts; les deux conseillers étaient ansortirent de Nancy le seize avril 1698. La ciennement appelés maîtres rationaux, qui ville neuve demeura sans aucune muraille signifie la même chose que maitre des jusqu'au mois d'août 1701, que le duc comptes, ensuite on les appelle conseillersLéopold la fit fermer de simples murailles, auditeurs. Le duc Léopold régla qu'ils sea quoi on employa la somme de cent cin-raient à l'avenir qualifiés maîtres des compquante mille livres. Tel a été le sort de la tes, par déclaration du 9 mars 1708. ville de Nancy jusqu'aujourd'hui. (1) Mem. mss. de M. Georges, président à la

Cour.

On dit qu'il y a au trésor des chartres de Lorraine quelques mémoires_portant que le grand cardinal Charles de Lorraine

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étant au concile de Trente (1), avait ob- résolut d'y établir une collégiale insigne, tenu l'érection de trois nouveaux évêchés sous le nom de primatiale. La France n'ayant dans les états du duc de Lorraine ; savoir: aucun intérêt de s'y opposer, la chose un évéché à Nancy, un second à Bar-le- passa à Rome sans difficulté; on y unit les Duc, et un troisième à St.-Diey; mais mêmes bénéfices qu'on avait destinés pour la chose n'est pas bien constatée. On sait la cathédrale; la bulle du Pape Clément certainement que le duc Charles III, dès VIII qui en permet l'érection est du 15 l'an 1598, sollicita en cour de Rome l'é- mars 1602. L'église est dédiée à la sainte rection d'un évêché dans la ville de Nancy; Vierge; le primat n'a aucune juridiction mais le cardinal d'Ossat, qui était alors à sipon dans son église : il officie avec les orRome envoyé de la France, y forma tant nemens pontificaux, et le chapitre est comd'oppositions, que le projet d'un évêché à posé de quatre dignitaires, savoir le Nancy échoua. Primat, le doyen, le chantre et l'écolâtre; treize chanoines, treize prébendés, huit chapelains ou vicaires.

Le dessein du duc Charles III était d'y faire nommer pour premier évêque, le cardinal de Lorraine son fils (2). Les fondemens de l'église primatiale fuOn assure que la maison qui servait ci-rent commencés en 1605, mais ils ne devant d'hôtel-de-ville à Nancy, et qui furent pas achevés. Les malheurs des fut bâtie par un nommé Jean Vincent, guerres firent interrompre cet ouvrage. Le trésorier-général de Lorraine en 1593, siége du primat et du chapitre de la prima1594 et 1595, aujourd'hui extrêmement tiale demeura dans l'ancienne église, qu'on démolie, fut destinée pour servir de palais voit encore aujourd'hui. Ce ne fut qu'en au premier évêque de Nancy, et que la 1703 que le duc Léopold, du consentement paroisse de St.-Sébastien devait servir de du prince Charles, primat de Lorraine, cathédrale; d'où vient que la rue sur la son frère, fit recommencer l'ouvrage de la quelle elle était bâtie, se nomme encore à primatiale; le plan en fut dressé sur celui présent la rue de l'Eglise. Cette grande de l'église de St.-André du Val de Rome, maison, car c'est ainsi qu'on la nommait, et on en mit le première pierre le 3 de n'étant pas encore achevée, fut vendue par septembre 1703. M. l'abbé de Nay, grand ordre de justice, environ l'an 1600, pour doyen du chapitre, bénit la première pierre, la somme de 40,000 francs barrois. qui fut posée par S. A. S. monseigneur le prince François, au nom de ses augustes frères Léopold-Clément, et du prince Charles, primat de Lorraine; on n'oublia rien pour rendre cette cérémonie éclatante.

Le projet d'ériger un évêché à Nancy, n'ayant pu réussir, le duc Charles III,

(1) Hist. de Lor., t. 2, p. 1376.

(2) Lettres du Cardinal d'Ossat, 160, 162, Cette pierre qui est creuse, renferme une

R.

p. 338.

inscription qui porte ces mots :

D. O. M.

Aræ Christianæ м. ьccm. die ш. mensis Septembris.
Léopoldus primus,

Lotharingia et Barri dux, Jerosolimorum Rex,
Caroli V. Principis invietissimi sapientissimus filius,
Cum Elisabetha Carolá,
Francorum Regis nepte inclitá
Amantissima ejus Uxore,

Et Serenissimus ac Piissimus Princeps
Carolus à Lotharingia

Osnaburgensis et Olmucensis Episcopus, Archi- Prior
Castillæ et Lotharingiæ Primas,

Insigne hoc Templum à Carolo III. votis præconceptum,
Duobus post sæculum annis
Opus expetitum diu
Magnificentissimo apparatu
Pietati Proavorum obsequentes
Religiosi nepotes

Suis extruunt Sumptibus
Serenissimus Franciscus à Lotharingia
Stabulensis Princeps, et Bosonis-Villæ Abbas.
Leopoldi Alter Germanus Frater
Primum lapidem tanto opere dignus posuit,
Atque in hujus Beneficii Anathema
Aggratulante Clero,

Spectante numeroso populorum cœtu
Perenne hoc Monumentum

Inter festivos concentus æternitati consecrandum
Posuerunt Reverendissimi Domini.

mars, et portèrent le St.-Sacrement en l'église des pères Tiercelins, où ils firent leur office, en attendant que la nouvelle église fut en état.

On mit sur la pierre fondamentale l'ins- sortir, et en effet, en sortirent le cinq cription qu'on vient de voir, avec les armes de Lorraine et celles de France-Orléans, au haut de la lame; celles du prince Charles à droite, celles du prince François à gauche, celles du chapitre sont en bas. Cependant le roi Stanislas de Pologne, Il y a à chacun des quatre angles, une mé- ayant uni le chapitre de Saint-Georges à daille proprement enchassée : la première celui de la primatiale, le dix septembre est celle du duc Léopold, la seconde de 1742; à condition que les deux chapitres S. A. Madame, la troisième du prince à l'avenir n'en feraient qu'un seul, comCharles, la quatrième du prince François. posé du primat, du grand doyen, du L'on en continua l'ouvrage avec beaucoup chantre, de l'écolâtre, de vingt-un chad'ardeur jusque vers l'année 1707, ou noines, de deux sous-chantres, de huit 1708, qu'il fut interrompu jusqu'à 1716; chapelains, ou vicaires perpétuels, et d'un c'est-à-dire, jusqu'à la mort du prince sacristain. Le 31 octobre la nouvelle église Charles, primat de Nancy. Alors le duc fut bénie par le grand doyen, à onze heuLéopold demanda au pape que la dignité res on y porta solemnellement le St.-Sade primat demeurat vacante pendant quel- crement, et à deux heures après midi les ques années, et que les revenus de la pri-chanoines de Saint-Georges s'y rendirent matiale fussent employés à achever le bà- sans cérémonie. Le lendemain premier notiment de l'église, ce qui fut accordé. vembre on y célébra la messe pour la preOn reprit donc en 1716, ou 1717,mière fois ; le vingt décembre on bénit les l'ouvrage commencé en 1703, et le se- nouvelles cloches qu'on avait fondues pour cond ordre se trouva finit en 1719; la toi- cette église. ture fut posée en 1721, les tours furent L'église paroissiale de Saint-Sébastien achevées en 1723, les flèches en 1726, et de la Ville-Neuve de Nancy, avait été desla dernière pierre de l'obélisque, qui est tinée pour être l'église cathédrale, dans entre les deux tours, fut posée en 1736. l'espérance d'y ériger un évéché, mais en Les choses en demeurèrent encore là jus- attendant, le peuple de la Ville-Neuve, fit qu'en 1742, que le bruit s'étant répandu ses assemblées en l'église de l'hôpital Saintque la toiture de l'ancienne primatiale me-Julien, jusqu'en l'an 1609. naçait ruine, les chanoines résolurent d'en Cette église de Saint-Sébastien avait été

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