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laquelle sont les salines. Lorsque la roue moins fort; mais ceux qui ont examiné la dans les grandes gelées, ne peut tourner chose avec plus de soin. n'y ont pas repar le mouvement de l'eau de la rivière, marqué de différence sensible. J'ai donné on emploie les chevaux, qui par le moyen à la fin de ma dissertation sur les salines d'une grande roue, font jouer la pompe de Lorraine, une description assez amet monter l'eau par des seaux, qui se ple, de cette graduation, qui a 3,500 pieds déchargent dans un grand réservoir, com- de longueur. posé de bons madriers en chêne.

Je n'ai vu aucune ordonnance des ducs La source d'eau salée est fugitive, dif- de Lorraine, qui oblige leurs sujets à ficile à extraire et à séparer de quelques prendre du sel dans leurs salines, et à un sources d'eau douce qui se trouvent dans certain prix. Mais ces princes ayant acquis le même endroit, ce qui demande une la propriété de toutes les salines de Rogrande attention et un travail continuel.sières, et s'étant associés avec les évêques Elle n'est au plus qu'à quatre degrés dans de Metz, pour la régie commune des salison état naturel: mais on y supplée par nes de l'évêché de Metz et du duché de un bâtiment de graduation, ordonné par Lorraine, leurs sujets se sont vus forcés lettres-patentes de sa majesté polonaise du insensiblement, de se pourvoir de sel dans 13 novembre 1738, et commencé au les greniers du duc, n'y ayant pas moyen printemps suivant. La longueur de ce bà-d'en avoir d'ailleurs; surtout depuis la timent est de plus d'un cinquième d'une suppression des salines de Vic, où la plulieue française; il est fort haut, couvert part des anciens monastères avaient leurs de tuiles, et rempli d'épines, entre les- poëles à faire leurs sel. quelles, l'eau de la source élevée par des Les officiers de la saline de Rosières, pompes se distribue par une infinité de sont chargés de fournir chaque année, chéneaux, retombe dans un bassin aussi 6,500 muids de sel. Le muid de sel est long que le bâtiment, et perd dans sa composé de 16 vaxels, levaxel de 16 pots: chute, par la seule action de l'air, une le pot étant supposé peser deux livres, grande partie de l'eau douce qui s'y trou- le poids du muid serait de 512 livres : ce vait mêlée en sorte que l'eau à saliner, poids varie de peu au-dessus ou au-desprise dans ce bassin, se trouve ordinai- sous. Comme la quantité de sel qui se tire rement à onze degrés, et par conséquent des salines du pays, excède de beaucoup de la même force que la source de Château- la consommation qui s'y en fait, on vend Salins, que l'on ne gradue pas. On pré- l'excédant pour l'Alsace, le Palatinat, le pare, dans la saline de Rosières les sels pays de Trèves, Mayence, Spire, Vorms d'epsum et ammoniac, dont le privi- et autres terres situées en deçà du Rhin; et lége exclusif fut accordé par arrêt du 5 quelquefois même au-delà de ce fleuve dans octobre 1741. M. le dauphin visita ces le Brisgau, etc. salines au mois de septembre 1744. Par Rosières ci-devant avait titre de prévôté. le moyen de cette graduation, on a di-Depuis la création des nouveux bailliages minué considérablement la dépense pour la en 1751, il a été érigé en bailliage, qui cuisson du sel, on a supprimé grand nom- est borné au midi par celui de Châté, à bre de poêles, et on a épargné une très-l'orient, au nord, par les bailliages de grande quantité de bois ; ce qui augmente Lunéville et de Nancy, du côté de Vézelid'autant le revenu des salines, le nom-ze, il s'étend jusqu'à la Moselle. Le bailbre des ouvriers n'étant plus si grand, et liage est composé de 32 communautés. La le sel s'y faisant en égale qualité.

On a voulu dire que le sel de Rosières, depuis cette invention, ne salait plus comme autrefois, qu'il était moins cuit et

nouvelle église paroissiale dédiée à saint Pierre, est bien batie, à gauche de la rivière sur la place publique, au milieu de laquelle il y a une fontaine.

Il n'est point parlé de Rosières dans les anciens géographes, et ce lieu n'est devenu célèbre que par les salines; et encore ces salines sont-elles beaucoup plus modernes que celles de Vic, de Marsal, de Moyenvic et de Salone. Dans les chartres de ce paysci et de l'Alsace, on remarque que les anciennes abbayes avaient des poëles à faire du sel dans les salines de Vic, de Marsal, de Salone et de Moyenvic; mais on ne parle des salines de Rosières, que vers le XII siècle.

gné en Lorraine depuis l'an 1250 jusqu'en 1503, et les acquit des seigneurs de la maison de Rosières et d'autres seigneurs, en leur donnant de l'argent ou d'autres terres en échange.

Dans la guerre que la duchesse Marie de Blois, régente de Lorraine (1), fit à la ville de Metz en 1350, les Messins firent irruption dans la Lorrainé, pillèrent et brûlèrent Frouart, Rosières-aux-Salines ruinèrent les deux maisons fortes, qui y étaient, et abattirent le parc d'Einvilleau-Jard.

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Dans les commencemens, et avant que les souverains eussent mis les sels en par- Quelques années après, c'est-à-dire en tie, chaque seigneur, chaque abbaye, cha-1571, les mêmes Messins étant entrés en que particulier, pouvait avoir ses poëles à guerre contre le duc Jean (2), et aidés de faire le sel, et le distribuer à sa maison, à quelques troupes d'aventuriers, qu'ils ses sujets et à ses domestiques, ou le ven- avaient pris à leur service, coururent une dre à des étrangers, comme on vend les grande partie de la Lorrraine, ruinèrent autres marchandises. Cela paraît par toute la moitié de Rosières-aux-Salines, et n'en l'histoire, et nous en avons donné des preu- sortirent qu'après y avoir demeuré douze ves dans notre dissertation sur les salines jours. de Lorraine.

Pendant la guerre de Charles-le-Hardi On croit que le duc Mathieu I, qui duc de Bourgogne (3), contre René II, commença à régner en 1139, donna Ro- duc de Lorraine, Malhortie, qui comsières et Lenoncourt à Drogon de Nancy, mandait à Rosières, et d'Onenstein, qui chef de la maison de Lenoncourt en échan- commandait à Lunéville pour le duc René, ge de Nancy, qui appartenait à Drogon; se jetèrent au milieu de la nuit dans le mais alors, Rosières était peu de chose, bourg de Saint-Nicolas, au mois de déil ne consistait que dans une maison cembre 1476, et y égorgèrent tous les forte et un bourg assez peu considérable. soldats Bourguignons qu'ils y trouvèrent. Ce lieu n'est devenu célèbre que depuis la Le duc Charles-le-Hardi, qui était au découverte de la source d'eau salée, siége devant Nancy, résolut d'en tircr On ignore le temps précis de temps précis de cette vengeance, et marcha avec une bonne par. découverte, mais je ne la crois pas tie de ses troupes vers Rosières, qu'on lui plus ancienne que l'an 1209. Au mois de avait décrit comme un lieu de peu de réfévrier 1231, Aubry, sire de Rosières, sistance. Il envoya une partie de ses gens convient avec le duc Mathieu II, que le duc contre la ville, mais Malhortie les repousne peut tenir à Rosières, entre le grand sa vigoureusement, et le duc, qui de la Pont et le Chatel, que trois ménages de hauteur, considérait la situation de la Metz; et le même Aubry de Rosières re-place, qu'il voyait toute environnée d'eau prend dudit duc, tout ce qu'il tient à Ro- répandue dans la prairie, crut que c'était sières et au ban, excepté La Motte, qu'il une ville considérable, et que ces eaux tient du comte des Deux-Ponts. étaient celles des fossés et des environs de la ville. 11 jugea à propos de retourner (1) Histoire de Lorraine, tome 3, page

Il est certain que la maison de Rosières, une des principales branches de celle de Nancy-Lenoncourt, posséda la ville, le chateau et la plupart des salines de Rosières jusqu'au temps du duc Ferri III, qui a ré

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au siége devant Nancy, et de ne pas fati- de Mitry est collateur. L'ermitage de saint inutilement son armée devant Rosiè-Sigismond.

guer res, dont la prise lui était d'une bien moin- Prieuré des SS. Innocens de Rozières. dre importance.

Le prieuré des SS. Innocens de RoLes Salines de Rosières furent ruinées zières fut fondé en 1621, par messire vers l'an 1487, ou du moins on cessa Bonaventure Renel, grand-doyen de Saintalors d'y travailler. Quelques-uns croyent Dié, qui le donna aux pères bénédictins que cela arriva par le défaut de bois, ce réformés de la congrégation de Saintqui me parait peu vraisemblable, vu la Vanne et de Saint-Hydulphe. Il leur céda quantité infinie de bois qui se trouve dans sa chapelle des SS. Innocens, située enles montagnes de Vôge, d'où il descend tre le château et la saline, le logement par la rivière de Meurthe, qui passe à joignant avec un jardin, les ornemens de Rosières. Ce qui est certain, c'est qu'en l'église, quelques biens-fonds et quelques 1563 elles furent rétablies par la duchesse rentes constituées. Son testament, par leChristine de Dannemarck, après 79 ans quel il fait ces donations, est du 30 déd'interruption, comme il se voit par l'ins-cembre 1621. cription suivante, qui se lit sur la grande porte de la saline.

la

Hópital de Rosières.

Lès Pères Cordeliers de Rozières, Les pères cordeliers ont aussi une maison à Rozières, où ils furent établis par la SED NUMQUAM CADIMUS (1) piété des ducs de Lorraine au commenceTrès-haute, très-excellente et très-ment du seizième siècle; c'était autrefois puissante Princesse Christine, par une maison de recollets. Le couvent des grace de Dieu, Royne née de Danne- cordeliers fut reconstruit en 1671. marc, Suede, Norvegue, des Gois, Vandales, Sclavons, duchesse de Slesvich, Holstein, Storman, Dietmurse, Lorraine, Bar et Milan, comtesse de Oldenbourg, Delmenhorst, Blámont, et dame de Dorthone et Caltra, l'an 1563, le premier jour de Février, a fait ériger de fond en comble cette présente saline, à l'avancement du bien public de Lorraine, laquelle avait été désertée 79 ans

auparavant.

L'hôpital de Rosières est dans le faubourg, d'un revenu assez modique. On a uni à cet hôpital, le 17 février 1613, la chapelle de Saint-Michel avec son revenu. M. Thirion, procureur-général de Lorraine, y fonda, en 1447, une chapelle en l'honneur de saint Jacques.

La ville de Rosières avait deux bourses au collège de La Marche à Paris, dont le fondateur, Guillaume de la Marche, avait été curé de Rosières.

Rosières-aux-Salines porte d'azur, à une épée d'argent, émanchée d'or, mise en pal la pointe en haut, et côtoyée de deux roses d'argent.

Il y a dans la dépendance de Rosières, plusieurs censes et fiefs, tels que CuiteFéve, ou Cute-Féves, Cultura fabarum, commanderie de l'ordre de Malte; la Crayère, cense-fief, où se voit une chapelle. Le Rayeul, Xoudailles, château et Antiquités trouvées à Rosières. cense, haute-justice; la Grange, la Au commencement de juillet de l'année Petite-Rosières, Portesseux, ou Por-1729, quelques-uns de ces ouvriers, qui

cieux, maison franche, avec de belles dépendances, à droite de la Meurthe; c'était autrefois une jumenterie, ou espèce de

baras.

sont occupés à ramasser et piquer les bois des salines de Rosières, pour les amener à bord, trouvèrent, au bord de la Meurthe, au-dessus d'une métairie nommée Morteau, à une demi-lieue de Rosières

L'ermitage de la Belle-Croix, dont M. (1) C'était la devise de Christine de Danne-aux-Salines, et à un quart de lieue de

marck.

Dame-levière, trouvèrent, dis-je, dans

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Arma antiqua manus.

.....

Et prior erat æris, quam ferri cognitus usus.

un pré, à huit pieds de profondeur en quelle ayant été oubliée, on fut obligé de terre, les antiquailles dont nous allons se servir de fer, Tzetzez, autre commentaparler. Ce pré se trouvait ci-devant à plus teur d'Hésiođe, témoigne la même chose, de 20 toises de la rivière; mais comme, de même que le scoliaste d'Apollonius de depuis quelques années, la Meurthe a Rhodes. Lucrèce, dans son ouvrage de la pris son cours de ce côté-là, elle a dé-nature des choses, dit (1): couvert des bouts de flèches de bronze, longs d'environ deux pouces, y compris le manche, ou la queue qui s'emboitait dans le bois de la flèche. Il y en avait environ un millier de cette sorte. Il s'y trouva aussi des bouts de dards ou de piques, aussi de cuivre, dont le manche où la queue était ronde et creuse, pour recevoir les bouts du bois de la pique qui s'y emboitait. Ces bouts de piques sont longs d'environ un pouce. On découvrit, aussi au même lieu, des manières d'espontons, une petite enclume, et d'autres petites machines de même métal. Le tout fut apporté Dans la sainte écriture, les autels, les à son altesse royale madame la duchesse pêles à feu, les autres instrumens du tade Lorraine, et à monseigneur le prince bernacle de Moïse et du temple de SaloCharles son fils, qui ordonnèrent de fouil-mon, de même que les armes de Goliath, ler incessamment au même endroit; mais sont presque toutes d'airain. Quelques je ne sache pas qu'on y ait trouvé autre grammairiens ont même avancé, que, chez chose. On conserve dans le cabinet de no- les anciens, l'airain se mettait pour toutes tre abbaye de Senones, quatre de ces bouts de flèches et un bout de pique.

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Homère, dans une infinité d'endroits, parle des armes d'airain, dont se servaient les héros du siége de Troie (2). Il parle aussi des roues de charriot armées de bandes d'airain, et des branches ou des rais de cuivre autour de l'essieu. Xénophon, beaucoup plus récent qu'Homère, fait souvent mention d'armes de cuivre, et d'autres instrumens du labourage, de la même matière (3).

sortes de métaux, mais ce sentiment est insoutenable. Les textes des auteurs que Ces pièces sont d'airain jetées en fonte. nous avons cités, sont trop formels pour On sait qu'anciennement on employait l'ai- le cuivre; et les mêmes auteurs sacrés et rain pour une infinité de choses, où nous profanes, savent fort bien marquer le employons aujourd'hui le fer et l'acier; fer, comme différent de l'airain, quand il nous avons vu des clous, des stilets, des en est question. L'usage du fer était invenaiguilles à coudre, des charnières ou gonds té dès avant le déluge, puisqu'il est dit que de portes, des armes de toutes sortes, des (4), Tubalcain fuit malleator et faber in instrumens de sacrifice, de labourage, de cuncta opera æris et ferri, et que Moïse, cuisine, le tout de cuivre. Hésiode (1) plus ancien que les auteurs dont nous dit même que les anciens se servaient avons parlés, fait mention du fer, comme d'airain au lieu de fer, parce qu'alors le différent de l'airain en plus d'un endroit. fer n'était pas encore découvert : leurs ar- ' Levit. 1.17. Numer xxx1 22. Deuteron. mes étaient d'airain, de méme que leurs vIII. 9. xix. 9. xxvii. 5. xxvii. 5. On instrumens de labourage, parce que le fer voit le même dans Josué, les Juges, Job n'était pas encore inventé. Proclus, ex- les livres des Rois. pliquant ce passage d'Hésiode, dit que les anciens se servaient d'airain dans la fa-, brique de leurs armes, et qu'ils avaient, pour cela, une trempe particulière, la

(1) Hesiod. opus et dics.

Nous avons même des preuves que les anciens Celtes ou Gaulois se servaient de

(1) Lucret. de rerum naturâ.
(2) Homer. Iliad. H. E. A.
(3) Xenoph. Cyroped.
(4) Genes. IV. 22.

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