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PORTRAIT DE LOUIS XVI,

Tiré du Second Volume du Voyage Pittoresque de la Grece, par M. le Comte de Choiseul-Gouffier.

Ma passion pour l'antiquité m'avait conduit une fois dans la Grece: plusieurs années après, le devoir m'y ramena. En 1784, le Roi me nomma à l'ambassade de Constantinople. Je reçus de sa bonté les encouragements, les conseils et toutes les lumieres qui pouvaient m'être le plus utiles et combien n'eus-je pas lieu d'être frappé de son zele éclairé pour les sciences, de la rectitude de son jugement, et de cette instruction solide et variée qui eût été remarquable dans un particulier! Mais tel était déjà F'égarement public, qu'on se faisait un mérite de lui tout refuser. Sur le premier trône du monde, seul de tous les rois, il n'eut jamais un flatteur; seul il n'obtint pas la plus stricte justice: on l'avait réduit à ne pas se la rendre lui-même, et l'empire de l'opinion semblait aussi l'avoir subjugué. Quel présage n'était point cette disposition des esprits, premiere époque d'erreur et de vertige, où le trône ayant perdu l'utile et magique pouvoir qui releve avec éclat jusqu'aux simples intentions du bien, on en était déjà venu à méconnaître des qualités réelles, précieuses et bienfaisantes, qui eussent été vénérées et chéries sous le toit le plus vulgaire !

Mémoires de MARIE-ANTOINETTE, Reine de France, par M. J.Weber, Frere-de-lait de cette Princesse; Trois volumes in 8vo. A Londres, chez l'Auteur, No. 26, Hay-Market.

M. J. Weber vient de publier le troisieme et dernier volume de ses intéressants Mémoires sur la Reine de France, Marie-Antoinette. Nous avons eu plusieurs fois occasion de parler, dans ce Journal, du sentiment aussi profond que respectable, qui a fait entreprendre cet ouvrage à M. Weber, et qui lui a fait trouver les moyens de le terminer d'une maniere aussi heureuse qu'il l'avait commencé. I a prouvé que rien n'est impossible à la reconnaissance, au respect, à la douleur qui l'attachent à la mémoire de son auguste bienfaitrice. Quand celleci vivait, il a exposé ses jours pour lui prouver son dévouement; depuis qu'elle n'est plus, il les a consacrés à célébrer ses vertus, à honorer sa mémoire et à faire connaître ce grand et énergique caractere, qui n'a été bien apprécié que quand la haine et l'envie ont été désarmées par ses malheurs ou confondues par son courage.

M. Weber a déjà trouvé en partie la récompense due à un attachement, à une fidélité qui composent toute son existence, et l'accueil qu'il a reçu à Londres des personnages les plus distingués, les marques de bienveillance que des souverains ont daigné lui prodiguer, lui ont prouvé les regrets que les plus illustres personnages accordent à la grande Reine dont il a publié les mémoires, et l'intérêt avec lequel ils ont vu ce monument élevé par lui à cet être auguste, dont le nom rappellera toujours la VOL. XXVII. Q

grâce unie à la majesté, et la plus grande énergie déployée au milieu des plus grandes catastrophes.

Le volume que nous annonçons renferme sur la journée du 20 Juin, sur celle du 10 Août, sur les affreux massacres des 2 et 3 Septembre 1792, des détails qui sont encore neufs et intéressants, après tout ce qu'on a lu sur ces époques désastreuses. Placé au poste du péril, M. Weber a tout vu, et 'c'est le résultat de ses observations comme celui de ses sensations qu'il offre dans son ouvrage. Ces récits, présentés avec une simplicité touchante, forment la premiere partie de son troisieme volume; 'dans la seconde, on trouve le tableau des dernieres infortunes du Roi, de la Reine, de Madame Elisabeth, du Dauphin, et celui des douleurs de la Princesse échappée comme par miracle à ces catastrophes, pour venir sur une terre étrangere remplir les derniers vœux du juste. Ces grandes infortunes sont fortement tracées dans l'ouvrage de M. Weber, parce qu'il les a profondément senties. Nous nous proposons dans l'extrait que nous donnerons de ce volume, de citer quelques morceaux qui ne paraîtront pas au dessous de ces scenes douloureuses et solennelles, premiers symptômes de la décomposition de l'ordre social, et cause premiere des malheurs qui ont affligé d'autres souverains de l'Europe.

M. Weber a en l'honneur de présenter à Sa Majesté Britannique, à la Reine et aux Princesses, son troisieme volume, qui a été accueilli avec bonté. Quelques jours auparavantil en avait fait hommage AS. M. Louis XVIII, à la Reine de France, à Madame la Duchesse d'Angoulême et à son auguste époux.

THEATRE ROYAL DE COVENT-GARDEN.

Nous ne continuerons pas d'offrir à nos lecteurs le tableau des scenes repoussantes et scandaleuses qui ont lieu chaque soirée dans ce théâtre. Le compte publié par le comité respectable, plutôt choisi par la voix publique que par les Directeurspropriétaires, a donné plus de violence et de malignité à leurs ennemis, parce qu'il leur a ôté tout prétexte pour s'y livrer. La police a fait disparaître les instruments auxiliaires qui ajoutaient au bruit affreux des sifflets et des hurlements, mais elle n'a pu imposer de même silence à ces voix discordantes qui imitent avec une hideuse vérité l'aboyement des chiens, le miaulement des chats, le rugissement des lions, celui du tigre, &c. &c. Ce n'est plus qu'au demi-prix, que commence cet effroyable tumulte. Jusques-là, l'audience attentive semble vouloir, par ses applaudissements, dédommager les acteurs des cris, des insultes dont va les assaillir cette foule qui s'annonce comme la tempête, et qui, en un instant, fait de toute la salle un théâtre de désordre et de confusion. Alors se font entendre dés orateurs qui s'annoncent par leurs manieres et leur langage comme des marins, et qui se trouvent, quand ils sont examinés par la justice, être des garçons apothicaires. Les applaudissements de la multitude qu'ils trompent en l'enivrant, les encourage; une garde composée de leurs partisans les protége contre la police; ce sont les héros de la nuit. Comment se terminera cette lutte entre un acharnement qui n'est point épuisé par sa violence et une résistance qui n'est point découragée par ses revers? C'est à ceux qui connaissent mieux que nous jusqu'où la loi peut exercer son autorité dans une circonstance semblable, à résoudre cette question.

POLITIQUE.

Buonaparté a employé les loisirs que lui donne l'armistice à composer des notes sur un article inséré à Londres dans un journal peu répandu et sur une dépêche de Lord Wellington, Les écrits et les discours de cet homme portent, ainsi que ses forfaits, un caractere particulier, mais qui n'a point cette empreinte de force, et presque de grandeur qu'on a remarquée presque toujours dans la conduite des conquérants fameux, de ces hommes que le Ciel envoye pour châtier le monde. Ce que dit, ce qu'écrit Buonaparté est insolent, brusque et trivial, et les actes qui n'appartiennent qu'à lui, les crimes qui sont le résultat de son seul instinct, sont marqués au coin de la trahison et de l'atrocité. Il n'y a quelque chose d'extraordinaire et d'imposant que dans les choses auxquelles concourt la nation qu'il subjugue ou qui sont préparées par les hommes qui ont fait avec lui un pacte honteux, et qui ne célebrent son génie que pour ennoblir leur soumission à ses volontés.

Il n'a point eu, dit-il, dans la premiere de ses notes, d'entrevue avec l'Empereur d'Autriche parce que lui Napoléon ne l'a pas voulu. Si réellement cette entrevue avait été proposée, il y a long-temps qu'il aurait eu la puérile vanité d'annoncer à l'Europe qu'il l'avait refusée. Aujourd'hui, pour répondre à un journal, il provoque le pouvoir avec lequel il traite, il l'insulte par un mensonge évident, par une supposition qui montre en lui autant d'insolence, que de découragement dans l'Empereur d'Autriche, au moment où l'armistice fut conclu, Mais nous croyons, d'après la contexture même de

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