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laborieux et utile. Ils ne pourront jamais citer aucune mesure concernant son département qui n'ait été convenablement exécutée. Ils ne l'ont jamais trouvé impatient, intrigant, autain, ni cherchant à miner sourdement et à supplanter ses collegues. Nous croyons aussi qu'ils regrettent tous d'avoir cédé un moment aux suggestions d'un intrigant contre lui.

Si les conseils de S. M. ont été embarrassés ou jetés en confusion, ce n'a pas été par lord Castlereagh; il a été sérieusement et constamment pénétré des principes d'après lesquels il est entré dans le Cabinet, et jamais il ne s'en est écarté, ni en action, ni en sentiment.

Lord Castlereagh se retire maintenant, avec la conviction intime que si quelques mesures ont échoué, il n'a jamais manqué de diligence ni d'activité; avec l'intime conviction qu'il a fait un bien essentiel et permanent à son pays; il se retire avec la conscience d'un désintéressement pur, d'une véracité sans atteinte, et d'un honneur sans tache.

M. CANNING.

Il est très-vrai que, dès Pâques, M. Canning avait fait des représentations au duc de Portland sur l'insuffisance (selon lui) du gouvernement, tel qu'il était alors constitué, pour administrer les af faires de la nation, vu toutes les difficultés des temps; et qu'il avait demandé la permission, à moins qu'il n'y fût fait quelque changement, de résigner sa place. Il est également vrai que dans le cours de la discussion à laquelle ces représentations donnerent lieu, la proposition d'un changement dans le département de la guerre fut faite à M. Canning, et il l'accepta comme une condition de son consentement à garder les sceaux du département des affaires étrangeres.

Mais il n'est pas vrai que l'époque à laquelle ce changement fut proposé définitivement, ait été choisie par M. Canning; et il n'est pas vrai qu'il ait eu part ou consenti au mystere qu'on a fait à lord Castlereagh de ce changement projeté.

A l'égard de ce mystere, M. Canning, très-peu de temps avant l'époque de la lettre de Sa Seigneurie, n'ayant pas le moin he soupçon que lord Castlereagh fùt dans l'intention de lui faire l'appel qu'elle contient, mais étant informé qu'il existait quelque

malentendu à l'égard de la concurrence supposée de M. Canning à la réserve qui avait été observée envers lord Castlereagh, il transmit à un des plus intimes amis de lord Castlereagh, pour qu'il la lui communiquât lorsqu'il le jugerait à propos, la copie d'une lettre écrite par M. Canning au duc de Portland, dans le mois de Juillet, dans laquelle M. Canning demande, “comme un acte de justice envers lui,---que l'on se rappelle, lorsque par la suite cette dissimulation sera alléguée contre lui (et il ne doute pas qu'elle ne le soit), comme un acte d'injustice envers lord Castlereagh, que ce n'est pas lui qui l'a suggérée; que loin de la désirer, il pensait, quoique ce pût être à tort, que l'entremise de lord Camden était Je plus sûr moyen de communication avec lord Castlereagh; et que jusqu'à une époque très-récente, il croyait que cette communication avait réellement eu lieu."

La copie de cette lettre, et la réponse du duc de Portland, par laquelle il" reconnaît que M. Canning a fait des remontrances répétées sur ce secret," sont encore en la possession de l'ami de lord Castlereagh.

La communication à lord Camden, dont il est question dans cette lettre, fut faite le 28 Avril, à la connaissance de M. Canning, et à sa demande particuliere. Lord Camden étant le plus proche parent et l'ami de confiance de lord Castlereagh, M. Canning n'a jamais imaginé, et il ne devait pas croire, jusqu'à ce qu'il eût reçu les assurances les plus positives du fait, que lord Camden avait fait mystere à lord Castlereagh d'une telle communication.

Quant à l'époque à laquelle le changement dans le département de la guerre devait avoir lieu, M. Canning fut induit en premier lieu à consentir à ce qu'il fût différé jusqu'à la prorogation du parlement, en partie par les représentations qui lui furent faites sur les inconvénients de tout changement au milieu d'une session, mais principalement par la considération des circonstances particulieres dans lesquelles lord Castlereagh se trouva dans la Chambre des Communes après Pâques : circonstances qui auraient donné à sa destitution à cette époque de la session, un caractere que M. Canning ne désirait aucunement qu'elle eût.

M. Canning toutefois reçut la promesse la plus positive qu'un changement dans le département de la guerre aurait lieu immédiatement après la clôture de la session. Lorsque le temps arriva, la plupart des amis de lord Castlereagh dans le Cabinet firent des

instances pressantes et réitérées pour obtenir de M. Canning qu'il consentit à ce que l'arrangement fût différé.

A la fin, et avec la plus grande répugnance, il consentit à ce qu'il fût remis jusqu'à l'époque proposée par les amis de lord Castlereagh, c'est-à-dire, jusqu'à l'issue de l'expédition qui se préparait alors; mais il le fit d'après les assurances les plus positives et les plus solennelles, que quelle que pût être l'issue de l'expédition, le changement aurait lieu alors; que les sceaux du département de la guerre seraient alors offerts à lord Wellesley (dont on savait que M. Canning désirait très-ardemment l'accession au Cabinet): et que l'intervalle soit employé d ligemment par les amis de lord Castlereagh à le disposer à acquiescer à cet arrangement.

M. Canning fut donc étonné, lorsqu'à l'issue de l'expédition il rappela au duc de Portland que le temps était alors venu où Sa Grace devait écrire à lord Wellesley, d'apprendre que, bien loin que l'intervalle cût été employé par les amis de lord Castlereagh à disposer lord Castlereagh à ce changement, on avait continué d'observer envers lui la même réserve contre laquelle M. Canning avait fait auparavant de si vives remontrances. Le duc de Portland l'ayant informé de cette circonstance, et lui ayant appris en même temps que l'arrangement promis éprouvait d'autres difficultés, que M. Canning ne connaissait pas précédemment ; et que le duc de Portland avait lui-même pris la résolution de se retirer du ministere, M. Canning sur-le-champ, et avant qu'aucune dé. marche eût été faite pour mettre à effet l'arrangement promis, retira sa demande, et pria le duc de Portland d'offrir au Roi la démission de M. Canning en même temps que la sienne propre. Cela se passa le Mercredi 6 Septembre, avant le lever de ce jour.

Il parait que lorsqu'il n'a plus été ainsi question de remplir la promesse faite à M. Canning, la réserve que les amis de lord Castlereagh avaient si constamment observée envers lui, a été mise de côté. Lord Castlereagh a été alors informé de la nature de l'arrangement qu'on avait eu l'intention de lui proposer.

Quelles ont pu être les raisons qui ont empêché les amis de lord Castlereagh de le préparer par leurs communications à l'arrangement projeté, suivant les assurances données à M. Canning; et quels ont été leurs motifs pour lui révéler ce qui s'était passé, après que cet arrangement a cessé d'être en vue, c'est ce qu'il n'appartient pas à M. Canning d'expliquer.

LORD CAMDEN.

Comme il serait possible que l'on l'inférât, d'après un Exposé qui a paru dans les papiers publics, que lord Camden ait caché à lord Castlereagh une communication qu'il avait été prié de lui faire, il est nécessaire que l'on sache, que quoique M. Canning eût pu concevoir que la communication en question eût été faite à lord Camden, il ne fut jamais dit à lord Camden que cette communication lui était faite à la priere de M. Canning; et que bien loin que lord Camden eût été autorisé à faire ladite communication à lord Castlereagh, il fut absolument restraint de la lui faire.

Et comme on pourrait aussi inférer qu'on l'attendait que lord Camden devait préparer l'esprit de lord Castlereagh à un change-' ment proposé, il doit être entendu que lord Camden ne s'est jamais engagé à rien communiquer à cet égard à lord Castlereagh, avant la fin de l'expédition.

Message de Buonaparté au Sénat, lu à la Séance du 3 Octobre, par le Comte de Sémonville, Secrétaire du Sénat.

En usurpant le trône des Bourbons, Buonaparté avait prêté en face de la nation dont il se déclarait le maître, le serment de ne jamais rétablir en France, le systême de la féodalité, ni les titres qui en rappellent l'existence; mais ce corse parjure a procédé dans cette circonstance avec la même perfidie que dans celles qui l'ont conduit au pouvoir suprême. Il a créé d'abord des titres qu'il a attachés à des villes ou à des domaines situés hors du territoire français; ensuite il en a rendu quelques-uns héréditaires; enfin, aujourd'hui, il crée en France des principautés, qu'il compose de domaines affectés autrefois à la Légion-d'Honneur. Si la France ne voit pas dans cette derniere mesure le rétablissement d'un systême féodal qui sera d'autant plus meVOL. XXVII. U

naçant pour elle qu'il se lie à un gouvernement purement militaire, il faut désespérer des destinées de ce pays aussi long-temps que le monstre qui en dispose maintenant aura en même temps le pouvoir de l'opprimer et l'art dangereux de le tromper et de l'avilir.

"Sénateurs,

"Nous avons jugé utile de reconnaître par des récompenses éclatantes, les services qui nous ont été spécialement rendus dauş cette derniere campagne par nos cousins, le Prince de Neufchâtel, et les maréchaux Ducs d'Auerstaedt et de Rivoli, Nous avons pensé d'ailleurs qu'il convenait de conserver le souvenir honorable pour nos peuples, de ces grandes circonstances où nos armées nous ont donné des preuves signalées de leur bravoure et de leur dévouement, et que tout ce qui tendait à en perpétuer la mémoire dans la postérité, était conforme à la gloire et aux intérêts de notre couronne.

"Nous avons en conséquence érigé en principauté, sous le titre de Principauté de Wagram, le château de Chambord, que nous avons acquis de la Légion-d'Honneur, avec les parcs et forêts qui en dépendent, pour être possédée par notre cousin le Prince de Neufchâtel et ses descendants, aux clauses et conditions portées aux lettres-patentes que nous avons ordonné à notre cousin le prince archichancelier de l'empire, de faire expédier par le conseil du sceau des titres.

"Nous avons érigé en principauté, sous le titre de Principautê d'Eckmulh, le château de Brulh, que nous avons acquis de la Lé, gion-d'Honneur, avec les domaines qui en dépendent, pour être possédée par notre cousin le Maréchal Dục d'Auerstaedt et ses descendants, aux clauses et conditions portées aux lettres-patentes qui lui seront également délivrées.

"Nous avons en même temps érigé en principauté, sous le titre de Principauté d'Essling, le château de Thouars, que nous avons également acquis de la Légion-d'Honneur, avec ses dépendances actuelles, pour être possédée par notre cousin le Maréchal Duc de Rivoli et ses descendants, aux clauses et conditions portées aux lettres-patentes qui lui seront délivrées.

Nous avons pris des mesures pour que les domaines des

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