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bertinage, le mépris de toute discipline ecclésiastique et des saints canons, la promulgation d'un code et d'autres lois contraires non-seulement aux saints canons, mais même aux préceptes de l'Evangile et au droit divin, l'abaissement et l'oppression continuelle du clergé, l'assujetissement de la puissance sacrée des évêques au pouvoir laïc, les violences de tous les genres faites à leurs consciences, et finalement leur expulsion de leurs propres siéges, leur déportation, et d'autres attentats sacriléges de ce genre contre la liberté, les immunités et la doctrine de l'Eglise, commis sur-le-champ dans nos états, ainsi que dans les autres pays qui étaient tombés antérieurement au pouvoir de ce même gouvernement... Voilà, voilà les brillants gages, les monuments illustres de cet attachement merveilleux à la religion Catholique, qu'il ne cesse pas même encore aujourd'hui de vanter et de promettre!

Pour nous, depuis long-temps abreuvés de tant d'amertumes par ceux mêmes dont nous devions moins les attendre, et tourmentés de toute maniere, nous nous affligeons moins de notre sort présent que du sort futur de nos persécuteurs. Cependant si la colere du Seigneur s'est légerement allumée contre nous, il se reconciliera de nouveau avec ses serviteurs*. Mais celui qui a cherché à nuire à l'Eglise, comment pourra-t-il éviter la main de Dieu ? Dieu ne pardonnera à personne, et il ne respectera la grandeur de qui que ce soit; car c'est lui qui a fait le petit et le grand, et c'est au plus fort qu'est réservé le plus fort châtiment. Et plût à Dieu que nous puissions à quelque prix que ce fût, même à celui de notre vie, détourner la perdition éternelle et opérer le salut de nos persécuteurs que nous avons toujours chéris, et que nous ne cesserons jamais d'aimer de tout notre cœur! Plût à Dieu qu'il nous fût permis de ne jamais nous départir de cet esprit de charité et de douceur que la nature nous a donné, et que notre volonté a mis en pratique, et que nous puissions à l'avenir, comme nous l'avons fait jusqu'ici, nous abstenir d'employer la verge qui nous a été donnée en méme temps que la garde de tout le troupeau de Jésus-Christ, dans

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la personne du bienheureux St.-Pierre, par le. Prince des Pasteurs, pour la correction des brebis égarées et obstinées, et pour l'exemple et la terreur salutaire des autres.

Mais le moment de l'indulgence est passé. Certes il n'y a que ceux qui veulent être aveugles qui puissent ne pas voir où tendent des attentats aussi nombreux, et quel en sera le résultat, si on n'y met opposition à temps de la maniero qu'il est possible de le faire. D'un autre côté, il n'est personne qui ne voie qu'il ne reste absolument plus d'espérance que leurs auteurs puissent être fléchis par les représentations, les conseils, les prieres, ni les supplications de l'Eglise. Ils. ne laissent plus d'accès à ces moyens; ils y sont sourds; ils n'y répondent qu'en accumulant injures sur injures. Il ne peut plus se faire qu'ils prêtent l'oreille et qu'ils obéissent à l'Eglise comme des enfants à une tendre mere, et comme des disciples à leur maîtresse, ces mêmes hommes qui ne méditent rien, qui ne font rien, qui n'entreprennent rien si ce n'est pour se l'asservir comme une servante à son maître, et pour la renverser ensuite de fond en comble.

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Que nous reste-t-il donc maintenant à faire, si nous voulons ne pas encourir le reproche de négligence et d'inertie, et peut-être même celui d'avoir déserté honteusement la cause de Dieu! Que nous reste-t-il à faire, disons-nous, si ce n'est, d'écarter tout respect des choses terrestres, d'abjurer toute prudence de la chair, et de mettre à exécution ce précepte de l'Evangile: "Que celui qui n'écoute pas l'Eglise, "soit pour toi comme le Payen et le Publicain." (Matth. XVIII). Qu'ils apprennent encore une fois qu'ils sont soumis` par la loi de Jésus-Christ à notre trône et à notre commandement. "Car nous exerçons aussi nous une souveraineté; et une souverainté bien plus noble, à moins qu'il ne faille "que l'esprit cede à la chair et les choses du Ciel à cel"les de la terre." (St. Greg. de Naz. Or. XVII ad Maur.). Tant de grands Pontifes, illustrés par leur doctrine et leur sainteté, en sont venus autrefois à ces extrémités pour défendre ainsi la cause de l'Eglise, contre des rois et des princes endurcis, tantôt pour l'un tantôt pour l'autre de ces crimes que les saints Canons frappent d'anatheme! Craindróns-nous donc de suivre leur exemple, après des forfaits si nombreux, si énormes, si atroces, si sacriléges, si connus partout, si manifestes aux yeux de l'univers! N'avons-nous pas bien plus à redouter d'être accusés avec raison de l'avoir fait trop tard, au lieu de l'avoir fait témé VOL. XXVII. 2 C

rairement et avec précipitation: Surtout lorsque par ce dermer attentat, le plus grave de tous ceux qu'on ait commis jusqu'ici contre notre souveraineté temporelle, nous sommes avertis qu'il ne nous sera plus libre désormais de remplir les devoirs si importants et si nécessaires de notre ministere!

C'est pourquoi, de par l'autorité de Dieu tout-puissant, et des saints Apôtres St. Pierre et Saint Paul, et de par la Nôtre, Nous déclarons que tous ceux qui, après l'invasion de cette ville et des états ecclésiastiques, et la violation sacrilége du patrimoine du bienheureux St. Pierre, prince des apôtres, par les troupes françaises, (attentats dont nous ious sommes plaints dans les deux allocutions consistoriales déjà mentionnées, ainsi que dans plusieurs protestations et réclamations qui ont été publiées par notre ordre dans la dite ville et dans les provinces de l'état de l'Eglise) au mépris des immunités ecclésiastiques et des droits temporels de l'Eglise et du St.-Siége,-Nous déclarons, disonstions, que ceux qui ont commis quelques-uns de ces attentats, ou qui les ont ordonnés, favorisés, conseillés, ou y ont adhéré, ainsi que ceux qui les ont fait exécuter ou qui ont servi eux-mêmes à les exécuter,-ont encouru l'Excommunication Majeure, et les autres censures et peines ecclésiastiques fulminées par les canons sacrés, par les constitutions apostoliques, et les décrets des conciles généraux, notamment par celui de Trente (Sess. XXII, cap. xi, de Reform.); Et si besoin est, nous les excommunions et les anathematisons de nouveau, et déclarons qu'ils ont également encouru la perte de tous priviléges quelconques, grâces et indults. qui leur ont été accordés, de quelque maniere que ce soit, tant par Nous que par les Pontifes Romains nos prédécesseurs; et qu'ils ne pourront être absous et libérés des censtres ainsi encourues par qui que ce soit, sinon par Nous, ou par le Pontife Romain dans le temps existant (excepté l'article de la mort, et alors en retombant sous le poids des mêmes censures aussitôt qu'ils seront hors de danger). Et de plus, les déclarons inhabiles et incapables d'obtenir le bénéfice de l'absolution, jusqu'à ce qu'ils n'aient rétracté publiquement, révoqué, cassé et aboli tous les effets quelconques de leurs attentats, et jusqu'à ce qu'ils n'aient rétabli pleinement et efficacement toutes choses dans leur ancien état, ou qu'ils n'aient d'ailleurs fait à l'Eglise, à Nous, et au Saint Siége, la juste satisfaction qu'ils nous doivent sur les chefs ci-dessus énoncés. C'est pourquoi, par les présentes, nous ordonnons pareillement que tous ceux déjà mentionnés,

même ceux qui méritent une mention spéciale, et leurs successeurs en office, ne pourront jamais, sous aucun prétexte quelconque, être libérés et excmptés de la rétractation, révocation, abolition, de tous les attentats ci-dessus, à faire par eux, ainsi que de la juste et légitime satisfaction due à l'Eglise, à Nous et au Saint-Siége, à faire réellement et efficacement; mais qu'ils seront toujours tenus et obli gés à ces actes pour obtenir le bénéfice de l'absolution.

Cependant lorsque nous sommes obligés de tirer ainsi dú fourreau le glaive de la sévérité de l'Eglise, nous n'oublions pas que Nous tenous sur la terre, quelqu'indignes que Nous en soyons, la place de celui qui, même lorsqu'il exerce sa justice, n'oublie pas de pardonner; c'est pourquoi, Nous commandons et ordonnous, d'abord à nos sujets, puis à tous les peuples chrétiens, en vertu de la sainte obéissancc, que personne, à l'occasion ou sous le prétexte de nós présentes Lettres apostoliques, ne présume apporter dommage, injure, préjudice, ou tort quelconque aux biens, aux droits, aux prérogatives, et encore moins aux personnes de ceux contre qui les présentes Lettres sont dirigées, car en les punissant du genre de peine que Dieu a mis en notre pou voir, et en vengeant tant et de si graves injures faites à Dien et à sa Sainte Eglise, nous nous proposons par-dessus tout, que ceux qui nous tourmentent maintenant, se convertissent, et de méme soient tourmentés avec nous (S. Aug. in Ps. 54, v. 1.) si heureusement Dieu leur accorde la pénitence afin de connaître la vérité (11 ad Tim cap. 11, v. 25).

C'est pourquoi, levant nos mains au ciel dans l'humilité de notre cœur, tandis que Nous remettons et récommandons à Dieu la juste cause que Nous défendons, qui est plutôt la sienne que la nôtre, et tandis que Nous confessons qu'avec le secours de sa grâce Nous sommes prêts à boire jusqu'à la lie, pour la cause de son Eglise, le calice qu'il a daigné boire le premier pour elle, Nous le prions et le conjurous par les entrailles de sa miséricorde de ne point mépriser ni rejetter les oraisons et les prieres que Nous faisons jour et nuit pour leur repentir et leur salut. Il ne luira jamais pour Nous de jour plus beau et plus agréable que celui où Nous verrons par la grâce de la miséricorde divine, nos fils qui-Nous don

* Ce membre de la phrase se trouve dans la traduction italienne, mais ne se lit point dans l'original latin.

nent aujourd'hui tant de doulenr et de sujets de tribulations, se réfugier dans notre sein et s'empresser de revenir au bercail.

Décrétant que les présentes Lettres, et tontes les choses y contenues, ne pourront, en aucun temps, (mêmę sous le prétexte que les personnes ci-dessus mentionnées, et tontes autres quelconques y interessées, de quelque maniere que ce soit, de quelque état, grade, ordre, prééminence et dignité qu'elles puissent être, ou qu'elles soient dignes d'ailleurs d'une mention ou d'une dénomination spécifique et individuelle, n'y auraient pas consenti; ou qu'ayant été appelées, citées et entendues, elles n'auraient pas été suffişamment convaincues de la vérité et de la justice de la cause pour laquelle les présentes ont été rendues; ou pour toute autre cause, couleur ou prétexte quelconque (ne pourront, d sonsnous, en aucun temps, être entachées de subreption,d'obreption, de nullité, de défaut d'intention de notre part ou de défaut de consentement des personnes à ce intéressées, ni de tout autre défaut quelconque; et que sous ce prétexte elles ne pourront être attaquées, annullées, retractées, mises en controverse ou réduites aux termes de droit; et que l'on ne pourra intenter ni obtenir contre elles aucun remede d'ouverture de bouche, de restitution en entier, ni tout autre remede de droit, de fait, ou de grâce; ou que ce remede après avoir 'été sollicité, ayant été accordé, ou étant émané de notre propre mouvement, science et pleine puissance, il ne puisse servir d'aucune maniere à qui que ce soit en jugement ou hors de jugement:-Mais décrétons, que ces présentes lettres doivent toujours demeurer fermes, valides et efficaces, sortir leur plein et entier effet, et être inviolablement et inébranlablement observées par tous ceux qu'elles concernent et pendant tout le temps qu'elles les concerneront: et qu'elles doivent être ainsi et non autrement jugées et définies par tous les juges ordinaires et délégués, même par les auditeurs des causes du Palais Apostolique et les Cardinaux de la Sainte Eglise Romaine, même les Légats a latere et les Nonces du Saint Siége, et tous autres quelconques qui jouissent et jouiront de quelque prééminence et puissance que ce soit, leur ôtant à eux, et à chacun d'eux, la faculté et l'autorité de les juger et de les interpréter; déclarant finalement nul et non avenu tout ce qui pourrait être fait et tenté contre elles, sciemment ou par ignorance, par quelque autorité que ce soit.

Et ce nonobstant ce que dessus; et, en tant que de besoin,

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