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d'Espagne, étaient dans une rivalité perpétuelle depuis l'an 1700. L'Autriche, comme maîtresse des Pays-Bas, prétendit seule avoir le droit de donner le collier d'un ordre fondé par les souverains de ces provinces, de la maison de Bourgogne; les Espagnols considéraient ce droit comme inhérent à la couronne d'Espagne. La France, à laquelle la possession du duché de Bourgogne donnait le droit le plus clair, avait été obligée d'y renoncer formellement par ce traité d'Utrecht qui ternit la gloire de Louis XIV. Les chevaliers autrichiens et espagnols se traitaient mutuellement de faux-freres et leurs chapitres de fausse-loge. Cette querelle obligeait les maîtres de cérémonies, dans les diverses cours, d'empêcher que deux chevaliers de la Toison autrichienne et espagnole ne se trouvassent ensemble dans le costume de l'ordre. Aujourd'hui, en réunissant les Trois-Toisons, Buonaparté a mis fin à cette dispute.

Les destinées de la Suede s'accomplissent: à une usurpation exécutée par la trahison; à la déposition de la famille royale commandée par l'influence russe et française, à l'introduction d'un étranger sur un trône illustré par Charles XII, par le Grand Gustave et par cet infortuné Gustave IV, que nous espérons voir un jour reparaître aux yeux de l'univers dans tout l'éclat de son courage et de ses vertus, à toutes ces circonstances sur lesquelles gémissent sans doute tous les vrais Suédois, il faut ajouter une paix déshonorante, qui cede sans compensation une des plus importantes provinces du royaume de Suede, un de ses principaux boulevards. L'article suivant, tiré des journaux suédois, montrera comment on envisage dans le pays même cet événement qui est le présage de la ruine ou de l'abaissement de la Suede,

"La fatale paix de Friedericsham a été signée, de la part de la Suede, par le baron de Stedingk, ministre plénipotentiaire, et par le colonel Skoeldebrand; de la part de la Russie, par le comte de Romanzoff, ministre des affaires étrangeres, et par M. d'Alopeus, ci-devant ministre russe à Stockholm. Les ratifications du traité doiveut être échangées à Pétersbourg, dans quatre semaines après la signature, ou plus tôt, s'il se peut. Jnsqu'à cette époque, le traité ne sera point public. Mais on sait d'une maniere certaine, que les nouvelles frontieres de la Suede seront: Alands-Hoff, le golfe Bothnique, et les fleuves de Torneo et de Urnonio jusqu'aux frontieres de la Norwége. Ainsi, la Suede fait une perte énorme en possessions territoriales, la plus grande perte qu'elle ait jamais faite dans aucun traité de paix depuis Charles XII. Les ports suédois sont fermés et aux vaisseaux de guerre et aux bâtiments de commerce anglais; mais on excepte les bâtiments anglais chargés de sel et de denrées coloniales, dont l'importation en Suede est permise par le

traité."

Détails sur le Successear du Duc de Sudermanie.

Le feld-maréchal prince Christian-Auguste de Sleswick-Augustenbourg, gouverneur général de la Norwége, et héritier éventuel de la couronne de Suede, a fait ses études à l'université de Leipsic. Comme le Dannemarc, qui alors jouissait d'une profonde paix, ne lui offrait aucune occasion de se distinguer dans la carriere militaire, il entra au service de l'Autriche, et après plusieurs campagnes en Italie et sur le Rhin, il avança au grade de major-général. Revenu dans sa patrie, il y obtint le même grade, avec le régiment de Febmarn; il s'occupa exclu

şivement de former ce régiment, et de perfectionner les écoles pour les enfants de soldats, jusqu'à ce que le gouvernement lui confia le commandement en chef de l'armée de la Norwége méridionale. Avec 14 à 15,000 hommes, il repoussa l'attaque d'une armée suédoise de plus de 20,000 hommes. Les Norwégiens, jaloux de leur liberté, mais pleins de confiance dans leur chef, accoururent en foule pour défendre leurs frontieres menacées. Au moment où peut-être la Norwége aurait pu prendre l'offensive à son tour, le Prince Christian-Auguste accorda aux Suédois, occupés d'une révolution intérieure, an armistice, avant-coureur de la paix qu'on peut regarder comme conclue entre les deux pays.

Tandis qu'on déplore en Suede la paix fatale qui vient d'être signée, on la célebre à Pétersbourg comme un événement heureux; on en exagere même les avantages et la gloire au peuple russe, afin de détourner son attention des scenes de dégradation et d'esclavage que produit la connivence de l'Empereur Alexandre avec Buonaparté. On ne pent comparer sans amertume la conduite passée de cé souverain, avec sa soumission actuelle aux caprices d'un tel brigand. C'est ce même prince qui a si généreusement secondé l'Autriche, si vaillamment soutenu la Prusse, qui aujourd'hui concourt avec une fidélité scrupuleuse, avec une constance déplorable à la chute des trônes qu'il a soutenus, à l'abaissement des souverains auxquels il avait juré une amitié éternelle! Réjouissez-vous, prince aveugle! toutes ces salves d'artillerie, ces Te Deum, ces grandes parades, toutes ces démonstrations extérieures d'une joie que vous êtes loin d'éprouver, ne sont que les tristes pronostics de votre ruine prochaine. Les provinces que vous avez conquises, vous seront enlevées; cette couronne à laquelle on yous a promis d'ajouter tant d'éclat, sera brisée sur votre front; et si le barbare qui vous avilit en atten

dant qu'il vous détrône, vous permet ensuite d'exister, ce sera pour vous faire expier dans l'esclavage et dans les remords, les services que vous lui aurez rendus. Eh! n'est-ce pas ainsi qu'il a traité la famille royale d'Espagne!

Le 18 Septembre, après-midi, selon la gazettę de Pétersbourg, M. le Comte de Romanzoff arriva également le 20 à six heures du soir. Quelques heures auparavant, la nouvelle de cette paix glorieuse pour la Russie avait été annoncée aux habitants par de nombreuses salves d'artillerie, tirées de la forteresse de Saint-Pierre et de Saint-Paul.

On a célébré dans l'église de Saint-Isaac une fête religieuse en actions de grâces pour la paix. Vingt-cinq mille hommes, commandés par S. A. I. le Grand-Duc Constantin, étaient réunis sous les armes. L'Empereur se rendit à cheval à l'église, au milieu d'une foule immense qui faisait retentir l'air de ses acclamations. Les deux Impératrices, la famille impériale, les membres du corps diplomatique, assisterent au Te Deum, qui fut chanté au bruit de plusieurs décharges d'artillerie et de mousqueterie Le soir, toute la ville fut illuminée. Le traité será publié avec un manifeste. Il sera aussi chanté un Te Deum dans toutes les églises de l'Empire. M. le Comte de Romanzoff, négociateur et signataire du traité de paix, vient d'être élevé à la dignité de chancelier de l'Empire, premiere dignité civile de l'Etat. Il a le rang d'un feld-maréchal-général.

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Assassinats juridiques commis par les Ordres de Buonaparté.

On a fusillé à Vesel, en vertu d'un jugement rendu par une commission militaire, et devant toute

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la garnison assemblée, onze individus convaincus d'avoir fait partie de la troupe de Schill.

Une commission militaire, réunie à Ancône, a condamné à la peine de mort le pere Bertoncelli, frere servite, convaincu d'entretenir une correspondance criminelle avec les Anglais; et à plusieures années de détention, le chanoine Ricci et la Comtesse Antonelli,

Une commission spéciale, séante à Vienne, et créée en vertu des ordres de S. A. le major-général, a condamné, le 25 Septembre, à la peine de mort, les nommes Frederic Tugend, armurier à Presbourg, et Marcus Obernbreit, juif, négociant à Presbourg, convaincus, ainsi que le porte le jugement, d'avoir recélé des armes pour les faire passer à l'ennemi.

Un nommé Guignard, secrétaire du commandant de Vienne, a éte fusillé par ordre de Buonaparté pour avoir entretenu des correspondances avec l'ennemi; on ne dit pas si c'était avec l'Autriche ou avec l'Angleterre.

Lettre du Ministre des Relations Extérieures à M. le Géné ral Armstrong Ministre Plénipotentiaire des Etats-Unis en France.

Monsieur,

Altenbourg, 22 Août, 1809.

S. M. l'Empereur, instruit que vous devez expédier un bâtiment en Amérique, m'ordonne de vous faire connaitre les principes invariables qui ont réglé et régleront sa conduite sur la grande question des neutres.

La France admet le principe que le pavillon couvre la marchandise. Un bâtiment marchand, naviguant avec les expéditions de son gouvernement, est une colonie flottante. Violer ce bâtiment par des visites, des perquisitions ou autres actes d'une autorité arbitraire, c'est violer le territoire d'une colonie; c'est attenter à l'indépendance de son gouvernement. Les mers n'appartiennent à

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