aucune nation; elles sont le bien commun des peuples et le do maine de tous. Les bâtiments de commerce ennemis, appartenant à des particuliers, doivent être respectés. Les individus qui ne combattent pas, ne doivent pas être prisonniers de guerre. Dans toutes ses conquêtes, la France a respecté les propriétés particulieres. Les magasins et les boutiques sont restés à leurs propriétaires; ils ont pu disposer à leur gré de leurs marchandises; et dans ce moment, des convois de voitures chargées principalement de coton, traversent les armées françaises, l'Autriche et l'Allemagne pour se rendre là où le commerce les envoie. Si la France avait adopté les usages de la guerre de mer, toutes les marchandises du continent eussent été accumulées en France, et seraient souvent devenues la source 'd'une immense richesse. Telles eussent été sans doute les prétentions des Anglais, s'ils avaient sur terre la supériorité qu'ils ont sur les mers. Comme aux temps de la barbaţie, on aurait vu les vaincus vendus comme esclaves, et leurs terres partagées. L'avidité mercantile aurait tout envahi, et le retour à des usages barbares eût été l'ouvrage du gouvernement d'une nation éclairée, et qui a perfectionné les arts de la civilisation. Ce gouvernement ne méconnaît pas l'injustice de son code maritime; mais que lui importe ce qui est juste? II ne considere que ce qui lui est utile. Lorsque la France aura acquis une marine proportionnée à l'étendue de ses côtes et à sa population, l'Empereur mettra de plus en plus ces maximes en pratique, et fera ses efforts pour en rendre l'adoption générale. Le droit ou plutôt la prétention de bloquer, par une proclamation, des rivieres et des côtes, est aussi révoltante qu'elle est absurde. Un droit ne peut dériver d'une volonté ou d'un caprice d'une des parties intéressées; il doit dériver de la nature même des choses. Une place n'est véritablement bloquée que lorsqu'elle est investie par terre et par mer. On la bloque pour l'empêcher de recevoir des secours, qui pourraient retarder sa reddition; on a seulement alors le droit d'empêcher les bâtiments neutres de s'y introduire; car cette place, ainsi attaquéc, est en danger d'être prise; et sa domination est vacillante et contestée entre le maître de la ville et celui qui la bloque ou -l'assiége. De là le droit d'en ôter l'accès aux neutres mêmes. La souveraineté et l'indépendance du pavillon sont comme la souveraineté et l'indépendance du territoire, la propriété de tous les neutres. Un état peut se donner à un autre, briser l'acte de son indépendance, changer de souverain; mais les droits de la souveraineté sont indivisibles et inaliénables; personne ne peut en rien céder. L'Angleterre a mis la France en état de blocus; l'Empereur a, par son décret de Berlin, déclaré les îles britanniques, en état de blocus. La premiere mesure éloignait les bâtiments neutres de la France; la seconde leur interdisait l'Angleterre. Par ses ordres du conseil, du 11 Novembre 1807, l'Angleterre a mis un octroi sur les bâtiments neutres, et les a assujettis à passer dans ses ports avant que de se rendre à leur destination. Par son décret du 17 Décembre de la même année, l'Empereur a déclaré dénationalisés les bâtiments dont le pavillon aurait été violé, dégradé, foulé aux pieds. Pour se dérober aux actes de violence dont cet état de choses menaçait son commerce, l'Amérique a mis un embargo dans ses ports; et quoique la France, qui n'avait fait qu'user de représailles, vit ses intérêts et les intérêt, de ses colonies blessés par cette mesure, cependant l'Empereur appa udit à cette détermination généreuse de renoncer à tout commerce plutôt que de reconnaitre la domination des tyrans des mers. L'embargo a été levé. On y a substitué un système d'exclusion. Les puissances continentales liguées contre l'Angleterre font cause commune; elles visent au même but; elles doivent recueillir les mêmes avantages; elles doivent aussi courir les mêmes chances : les ports de la Hollande, de l'Elbe, du Weser, de l'Italie et de l'Espagne ne jouiront d'aucun avantage dont ceux de France seraient privés. Les uns et les autres seront en même temps ouverts ou fermés au commerce dont ils peuvent être l'objet. Ainsi, Monsieur, la France reconnait en principe la liberté du commerce des neutres et l'indépendance des puissances maritimes, elle les a respectées jusqu'au moment où la tyrannie maritime de l'Angleterre, qui ne respectait rien, et les actes arbitraires de son gouvernement l'ont forcée à des mesures dé représailles, qu'elle n'a prises qu'à regret. Que l'Angleterre rapporte sa déclaration de blocus de la France, la France rapportera son décret de blocus. de l'Angleterre; que l'Angleterre rapporte ses ordres du conseil, du 11 Novembre 1907, le décret de Milan toinbera de lui-même; le commerce américain aura repris toute sa liberté, et il sera sûr de trouver faveur et protection dans les ports de France. Mais c'est aux Etats-Unis à amener par leur fermeté ces heureux résultats. Une nation qui veut rester libre et souveraine, peut-elle mettre en balance quelques intérêts du moment avec le grand intérêt de son indépendance, et le maintien de son honneur, de sa souveraineté et de sa dignité? Agréez, je vous prie, Monsieur, etc. etc. Le Comte CHAMPAGNY, Voici quelques détails sur la tournée que Napoléon a faite en Hongrie. Il partit de Schænbrunn le 16 à deux heures du matin, et arriva de trèsbonne heure à Presbourg, dont il observa les environs pendant l'espace de trois heures; il alla déjeûner à Rittsee, et se rendit ensuite à Altenbourg, où les plénipotentiaires chargés de négocier la paix l'attendaient; d'Altenbourg il partit pour Raab, y passa la revue des troupes et donna des ordres pour améliorer les fortifications qu'on y a élevées. Le lendemain, à son retour à Schoenbrunn, il employa plusieurs heures à l'inspection des troupes stationnées à Haimbourg et aux environs; et revint à Schænbrunn à trois heures de l'après-midi. Le sénat de Hambourg, a publié l'ordre envoyé au douaniers de saisir non-seulement les marchandises de contrebande, mais encore les voitures et chevaux qui servent à les transporter. Parmi les der*nieres saisies faites à Bremelehe, on remarque 1200 sacs de café et des objets de manufactures estimés à 10,000 liv. ster. RÉSUMÉ POLITIQUE. La nouvelle de la conclusion de la paix entre Buonaparté et l'Autriche repose encore sur des rumeurs, et il est impossible d'après la variété des dates qui sont citées de donner sur cet événement une opinion positive. On a successivement annoncé qu'il avait eu lieu le 27 Septembre, le 3 Octobre, le 13, le 14: enfin aujourd'hui on annonce sur la foi d'une lettre de Berlin que c'est le 5 que les ratifications ont été échangées entre M. de Champagny et le Prince de Lichtenstein. Ceux qui veulent expliquer pourquoi les journaux français ne contiennent rien d'officiel à cet égard, prétendent que Buonaparté est lui-même porteur du traité, et que ce n'est qu'à son arrivée à Paris qu'il en fera connaître les clauses. Mais en supposant que cette version fût vraie, il serait toujours étonnant que dès le moment de la signature de la paix, cette nouvelle n'eût pas été transmise à la capitale par le Télégraphe, et que les journaux de France n'en fissent mention que sur la foi des gazettes d'Allemagne. On répete depuis quelques jours que Buonaparté est décidément fou; mais en remontant à l'origine de ce bruit, on trouvera qu'il est accrédité par un de ces journaux naissants qui n'ont d'autre moyen de faire connaître leur existence, que la singularité ou l'extravagance de leurs nouvelles, ou commenté dans ces gazettes obscures qui ne se soutiennent que par des hypotheses absurdes, qu'elles présentent comme des renseignements authentiques. On prétend que par ce traité de paix, l'Empereur François cede à la France toute la Gallicie dont une faible portion sera abandonnée à la Russie; l'archevêché de Salzbourg qui sera donné au Roi de Baviere pour l'indemniser de l'injuste aggression dirigée contre ses états, et enfin tout le littoral avec les villes de Trieste et Fiume. Vienne resterait, dit-on, entre les mains de Buonaparté, jusqu'à l'entier payement des contributions qu'il exige des Etats Autrichiens. Mais les immenses fortifications qu'il a fait élever autour de cette ville, la ligne télégraphique qu'il y a établie et qui en part, pour communiquer avec Strasbourg et Francfort, ses ménagements pour les habitants de cette capitale, tout prouve qu'il prétend la conserver, et même qu'il n'en stipulera pas la reddition dans un traité de paix. Nous ne discuterons pas ici la probabilité d'un si fatal événement; mais quel que soit le résultat des conférences d'Altenbourg, tous les bons esprits seront obligés de convenir que l'Autriche a déployé dans cette derniere guerre un courage, une énergie, une fermeté qui ont jeté un grand éclat jusques sur ses revers; elle a vaincu l'invincible, et pendant ce grand conflit elle a vu la bravoure et les talents de Tillustre Archiduc Charles étonner ces bandes qui marchaient à la conquête du monde, et ce soldat farouche à qui l'impétuosité de ses mouvements tient lieu de tactique, et qui doit en partie ses succès à son mépris pour la vie de ses soldats. Et en supposant que cette paix désastreuse eut été conclue, faudrait-il pour cela désespérer du salut de l'Europe ? Non; c'est d'un point inapperçu, c'est de quelque peuplade indépendante et indomptée, que peut venir sa délivrance; c'est des rochers du Tyrol que peut jaillir la source de la régénération Si l'on en croit les rapports des délégués que ce pays a envoyés au gouvernement anglais, les braves Tyroliens ont déjà tué dix-huit mille hommes à l'armée qui a été envoyée contre eux. C'est principalement contre les officiers que sont dirigées leurs infaillibles carabines ; ils laissent avancer les troupes ennemies, essuyent leur premier feu, se précipitent |