Images de page
PDF
ePub

curité, il faudrait oublier que l'Autriche avait, nagueres sur pied 700,000 hommes, et que pour faire cet effort gigantesque, cette puissance n'avait pas craint d'exposer sa population à un anéantissement presque total, et d'attaquer les bases de sa propriété. Il faudrait oublier également que l'Angleterre a pris part à la guerre continentale en se présentant au même instant avec trois armées différentes sur les côtes de Naples, sur celles de la Hollande et en Portugal.

L'agitation des hommes jaloux de la France a redoublé parcequ'ils sentent que ce moment a fixé sa grandeur. Leurs efforts seront impuissants puisque la France a pu arriver au comble des succès et de la gloire sans faire aucun de ces ruineux sacrifices qui ruinent ses ennemis. En effet, malgré les appels successifs faits jusqu'à ce jour aux diverses classes de conscrits, à peine un quart de ces hommes qui en faisaient partie a-t-il marché.

En considérant la situation des armées de V. M. et les résultats des expéditions anglaises, peut-on voir, sans une sorte de satisfaction l'Angletere faire à l'exemple de l'Autriche des efforts hors de proportion avec ses moyens et avec les besoins de sa marine? Que peut-elle attendre de cette lutte sur terre, et corps avec la France, qui ne tourne à son propre désavantage et à sa à corps, honte ?

Sire, le peuple Français devra à V. M., le bien inexprimable et la gloire de la paix conquise sans expéditions maritimes, sur un ennemi qui, par sa situation, se croyait hors de toute atteinte. Chaque tentative sérieuse de la part des Anglais sur le continent est un acheminement vers la paix générale.

Les ministres anglais qui ont précédé les membres du gouvernement actuel, plus habiles que ceux-ci, étaient bien convaincus de cette vérité, ils s'étaient bien gardés de s'engager dans une lutteЛnégale; ils ne perdirent pas de vue que pour faire une longue guerre, il fallait qu'elle pesât peu sur le peuple qui devait la soutenir.

Depuis un an, la guerre a coûté à l'Angleterre plus de sang qu'elle ne lui en avait coûté depuis qu'elle a rompu la paix d'Amiens. Engagée dans les combats de l'Espagne et du Portugal, où son devoir et son intérêt lui défendent de reculer, elle verra ces contrées devenir le tombeau de ses plus braves guerriers. La douleur de leur perte fera naitre enfin dans l'esprit du peuple anglais une juste horreur pour les hommes cruels dont l'ambition et la haine délirante ont osé prononcer le mot de guerre éternelle. Elle amenéra chez ce peuple le desir de la paix générale que tout homme de bon sens peut prédire comme prochaine, si les anglais s'obstinent à s'engager dans une lutte sur le Continent.

Je suis avec respect, etc. etc.

Le ministre de la guerre
COMTE D'HUNNEBOURG,

Exposé des Motifs du Projet de Sénatus-Consulte relatif à une Levée de 36,000 Conscrits sur les Classes de 1806, 1807, 1808, 1809 et 1810, par M. le Comte de Cessac, Orateur du Conseil d'Etat.

Monseigneur,
Sénateurs,

Je vais avoir l'honneur de vous donner communication du projet de Sénatus Consulte dont S. A. S. le Prince Archichancelier et S. Exc. le ministre de la Guerre vous ont fait connaître les principales dispositions.

Si S. A. S. le prince archichancelier et S. Exc. le ministre de la guerre n'avrient pas développé devant vous, avec la dignité de l'éloquence et la force de la raison, les motifs qui ont décidé Sa Majesté l'Empereur et Roi à faire un appel de 36,000 conscrits, je devrais, sénateurs, vous montrer qu'une prévoyance fille du génie et d'une haute sagesse, qu'un amour ardent, mais raisonné de la paix, ont seuls dicté les résolutions de S. M. I. et R. En effet, tout autre prince que Napoléon-le-Grand qui aurait laissé dans les Espagnes des forces aussi capables que les s iennes de combattre et de vaincre les Anglais; qui se fût trouvé à la tête d'une armée la plus belle que le Danube ait vu sur ses bords; qui eût été maître de la capitale de l'ennemi ; et de plus de moitié de ses plus belles provinces ; qui aurait remporté une foule de victoires éclatantes, même quand cette armée était à peine réunie dans ses premiers éléments; qui aurait vu ses peuples se lever presque en masse, mais avec ordre, ma's avec calme, pour repousser pendant son absence, un ennemi qui avait osé menacer le territoire de son Empire tout autre Prince, dis-je, ne vous eût pas demandé de mettre de nouvelles forces à sa disposition, et le premier capitaine du Monde, le plus grand homme de son siecle, vous le demande! . . . Mais comme vous connaissez, ainsi que lui, la haine invétérée et implacable de l'un de nos ennemis, comme vous n'ignorez pas que l'autre a souvent consulté plutôt ses passions que ses véritables intérêts, comme vous savez que le caractere de notre Empereur est la prévoyance; comme vous l'avez vu faire fortifier les bords du Rhin, lorsqu'il se trouvait sur ceux du Niémen, vous penserez avec lui qu'il importe de faire une nouvelle levée, et vous vous empresserez de mettre à sa disposition les conscrits qu'il réclame.

S'il pouvait être parmi vous, Sénateurs, quelqu'un qui eût be soin de motifs étrangers à ceux qui vous ont déjà été exposés, je lui montrerais que cette levée n'imposera aux classes de 1806, 1807, 1808, 1809 et 1810 qu'un fardeau qu'elles peuvent porter avec facilité, et qu'elles porteront avec empressement.

Les ennemis de la France voyant que nous avons levé les classes de 1809 et 1810, avant l'époque où elles devaient être appelées, ont imaginé sans doute que nous recourions à ce moyen parce qu'il ne nous restait plus de ressources sur les années antérieures... Quelle était leur erreur! Si le Gouvernement Français a pris ce parti, c'est qu'il ne pouvait ni ne devait entrer dans l'ordre des pensées, ni dans le cœur de S. M. que le Gouvernement Anglais eût l'intention de faire une guerre perpétuelle à la France

c'est qu'il ne devait entrer ni dans l'ordre des pensées, ni dans le cœur de S. M. que le Gouvernement Autrichien à qui la paix était si importante, si nécessaire; que ce gouvernement, à qui il avait accordé une paix si libérale, si inespérée, avait le droit se mesurer de nouveau avec les armées Françaisés, dirigées par Napoléon-leGrand, électrisées par sa présence.

Notre Empereur, calculant donc sur une paix prochaine et longue, avait voulu diviser le poids de la guerre sur plusieurs classes, afin qu'il fût moins sensible pour chacune d'elles. Il avait voulu aussi que les Français qui composent ces deux classes, et qui, d'après ces calculs, auraient pu être privés de leur portion de gloire militaire, trouvassent l'occasion d'en acquérir.

Trompé dans sa juste attente, l'Empereur a dû recourir à ce trésor d'hommes qu'il avait, par prudence, laissé en réserve. Deux fois il lui a demandé des secours, et deux fois les contingents qu'il avait jugés nécessaires ont été fournis avec rapidité.

Notre modération avait dissimulé nos forces: notre modération veut aujourd'hui que nous les fassions connaître ! Dissipons une erreur fatale à nos ennemis, et qui pourrait leur devenir plus funeste encore. Quand ils connaîtront bien nos ressources, sans doute ils seront convaincus qu'une paix franche et solide est le seul port, le seul poste où ils puissent trouver leur salut.

C'est aux gouvernements faibles à chercher leur sûreté dans la dissimulation de leur faiblesse, ou dans l'exagération de leurs forces. La France doit et peut faire connaître à ses amis et à ses ennemis sa véritable situation. Cette situation est bien faite pour donner aux premiers plus d'énergie, et pour apprendre aux autres qu'en recourant aux armes ils courent à une perte certaine. Voici, Sénateurs, l'état au vrai de la force conscriptionnelle de la France; j'ose vous en garantir l'exactitude.

La classe de 1806 a fait entrer dans les cadres de la conscription 423,000 hommes.

Cette classe se composait de 15 mois, ci 423,000
Celles de 1807 a fourni

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]
[ocr errors]

352,000

[merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Sur ces classes on a levé jusqu'à ce jour 520,000 hommes:

SAVOIR:

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

Il reste dans leurs foyers sur ces cinq classes 1,347,000. Sa Majesté demande aujourd'hui que ces mêmes classes fournissent un contingent de 360,000 hommes; ainsi, après cette levée

qui doit-être, et sera la derniere, il restera encore à ces cinq classes 1,200,000 hommes environ. Sur ce nombre, je dois le dire, il en est à qui la nature a refusé la taille ou la force nécessaires pour la guerre; sur ce nombre, il en est que des réglements d'administration publique, ont pour l'intérêt des sciences, de l'agriculture, des arts, du culte, du commerce et des manufactures, exemptés du service; il en est que des Sénatus-Consultes ont libérés: "tels sont tous ceux qui s'étaient mariés avant la promulgation du décret qui les appelait.

Mais, toute défalcation faite, nos régistres sont encore chargés de 466,000 noms de conscrits qui doivent concourir à former le contingent que S. M. demande; sur ce nombre, il se trouvera encore quelques hommes à qui des exemptious seront dues. Ce nombre sera infiniment petit, vu les réformes qui déjà ont été prononcées et les exemptions accordées.

Vous venez de voir, Sénateurs, que les classes de 1806, 1807, 1808, 1809 et 1810 fourniront avec facilité le contingent qui leur est demandé. Il ne me reste donc plus qu'à vous montrer qu'elles le fourniront avec empressement. J'en ai pour garant l'exemple récent et si mémorable d'Anvers.

Vous avez été les témoins de l'ardeur avec laquelle les Français ont volé au devant de l'armée anglaise, vous avez vu combien ceux qui n'avaient pas été appelés, ont témoigné de regrets!....

Dans d'autres pays, les administrateurs ont été forcés d'exciter le zele; ici, ils ont été obligés de le modérer; tous voulaient marcher pour aller combattre ces implacables ennemis de la France.... Mais ils nous ont refusé la gloire de les vaincre.

Des considérations d'un ordre différent contribueront aussi à rendre cette levée prompte et facile.

On croira avec raison que si cette levée ne dispense pas les classes de 1811 et 1812 de fournir des contingents, ces contingents seront probablement affaiblis, et ne seront réquis qu'à des époques éloignées.

La libération absolue des classes antérieures frappera d'autres esprits; d'autres seront touchés de la bonté paternelle avec laquelle S. M. confirme les réformes légalement faites, et resserre, s'il est possible, les nœuds qui unissent de jeunes époux.

Mais ce qui frappera le plus et le plus vivement, c'est l'espoir fondé que cette levée forcera les négociateurs autrichiens à signer la paix qu'on leur propose. C'est encore l'espérance de voir les Anglais humiliés à Anvers, vaincus en Espagne, affaiblis par les maladies, épuisés par leurs efforts, divisés dans leurs opinions, bien instruits de notre unanimité de sentiments et de vœux, demander enfin à traiter d'une paix qui nous est sans doute nécessaire,, mais qui leur est indispensable, parce que leur existence y est peutêtre attachée.

Tous ces motifs n'existassent-ils point, cette levée se ferait encore avec rapidité, et avec empressement. Toutes les fois que le Sénat ouvrira aux Français la carriere de la gloire, toutes les fois qu'il les appellera à défendre la patrie, toutes les fois qu'il les invitera à suivre Napoléon-le-Grand, c'est-à-dire, à marcher à la victoire, on les verra exécuter vos décrets avec cet élan et cette rapidité que les Français seuls savent donner à leur obéissance. (La Suite au Numéro prochain.)

On souscrit chez M. PELTIER, 7, Duke Street, Portland Place, l'Imprimerie de Vogel et Schulze, 13, Poland Street, Londres.

L'Ambigu,

ου

VARIÉTÉS LITTÉRAIRES ET POLITIQUES.

No. CCXXXVIII.-Le 10 Novembre, 1809.

POÉSIE.

L'ESTIME PUBLIQUE.

Discours en Vers aux Eleves de Soreze, avant la Distribution des Prix, de l'An 1809.

Par M, FERLUS,

Quand, pour encourager vos savantes conquêtes,

Les spectateurs en foule accourent à nos fêtes,
0 que j'aime vous voir, dans vos jeunes élans
Le visage animé, les yeux étincelans,
Ivres d'espoir, heureux de la joie unanime,
Recueillir le tribut de la publique estime!

Conservez à jamais ce sentiment profond,
Ce respect du public, en vertu si fécond,
Et qui, des vertus même égalant la puissance,
Dans nos cœurs aggrandis, supplée à leur absence.
VOL. XXVII.

2 I

« PrécédentContinuer »