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capitale; il connaît le point d'honneur que l'on attache à une possession semblable. Il sait aussi, par expérience, combien peu d'obstacles cette capitale a apportés à ses opérations militaires. Dans sa guerre contre la Prusse, la capitale ne l'arrêta pas un seul instant. Jamais aussi la capitale ne retarda sa marche dans ses deux dernieres guerres avec l'Autriche. En rendant la capitale, il ne donne que ce qu'il est assuré de faire tomber devant lui dès qu'il parviendra au pié de ses murs, et c'est pour cela qu'il ne s'est soucié ní de demander Berlin dans ses négociations avec la Prusse, ni Vienne dans ses négociations avec l'Autriche. Mais, nous dit-on, il a conclu un traité avec l'Empereur comme Empereur d'Autriche: il lui a encore laissé la dignité impériale. Par le grand intérêt que l'on met à ce titre, on serait tenté de croire qu'il y a des personnes qui se sont imaginées que de le conserver serait un équivalent raisonnable pour de grandes cessions de territoire. Si le fait est ainsi, ce que nous ne pouvons croire, la mauvaise politique des personnes qur auraient conseillé cette mesure, mériterait les reproches -Jes plus amers. La simple possession du titre ne réconquérerait pas les territoires qu'on aurait cédés pour elle, tandis que la possession des territoires aurait pu regagner un jour le titre qu'on aurait préféré sacrifier plutôt que de faire des cessions territoriales.

Certes, nous regardons le titre d'Empereur d'Autriche comme bien cherement acheté par l'abandon du Tyrol, ou la cession de Salzbourg, Berchtolsgaden, et une partie de la Haute-Autriche. Cependant, il est très-possible que Buonaparté n'ait aucunement insisté sur ce point. Le titre d'Empereur d'Autriche n'indique pas autre chose que l'autorité souveraine sur un territoire dans la possession actuelle de l'Empereur. Mais il en était bien autrement pour le titre d'Empereur d'Allemagne. Ce titre signifiait que le possesseur était le chef suprême du Corps Germanique. Aussi, Buonaparte insista-t-il pour qu'il fût abandonné, parce que s'étant mis à la tête des Membres de la Confédération du Rhin, sous le nom de leur Protecteur, il avait dans le fait pris la place de la Maison de Lorraine, et montrait par-là qu'il voulait être considéré comme l'Empereur d'Allemagne, combinant sous ce titre tous ses anciens priviléges avec l'énergie d'un gouvernement révolutionnaire nouvellement formé.

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L'Autriche a certainement été obligée de faire d grands sacrifices par la paix de Vienne. Elle a perdu tous ses rapports maritimes et tout point de contact avec la mer pour ses correspondances, et elle se trouve serrée de plus près par trois pouvoirs qui sont entierement aux ordres de la France. La perte de Salzbourg, d'une partie de la Carinthie et de la Carniole lui ôte absolument tout point de contact avec l'Italie, et la cession de Trieste et de Fiume en fait une puissance de terre hors d'état d'expédier ses produits par mer sans le consentement de la France ou des puissances dépendantes de la France. Il est cependant permis de douter encore si la Paix relativement aux cessions territoriales, est aussi mauvaise que nous avions raison de l'attendre après la maniere dont l'Autriche avait mis toutes ses places fortes et sés positions importantes dans les mains de la France, après l'armistice de Znaym. Par cet armistice, elle s'était privée absolument de toute communication libre entre une partie de ses provinces et l'autre. Par l'interposition d'une force française en Moravie, la Bohême ne pouvait presque plus avoir de correspondance avec la Hongrie. Les Français avaient la clef de la Hongrie, ils avaient Gratz, ils étaient à Brunn, ils étaient en possession de Willach, de Vienne, ils commandaient le cours du Danube depuis sa source jusqu'à Presbourg, celui de la Muhr, de la Drave et de la Save; enfin -Prague et Comorn étaient presque les deux seules places un peu fortes qui restassent aux Autrichiens.

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D'après un armistice qui abandonnait ainsi à la France les clefs et les défenses de l'Empire, nous étions autorisés à penser que Buonaparté aurait fait à l'Autriche des conditions encore plus dures; qu'il aurait demandé à l'Empereur la cession de la Bohême et d'une des deux Autriches. Mais, peut-être, qu'après une plus mûre réflexion, nos lecteurs penseront avec nous qu'il n'est pas encore de l'intérêt de Buonaparté d'anéantir entierement la Maison de Hapsbourg; qu'il est de sa politique de conserver au moins pour quelque temps une espece de balance entre les différents pouvoirs de tenir la Russie en échec par quelque endroit, et de les faire servir ainsi à son plaisir, à ses projets. Nous venons de voir comment il a plié la Russie à ses vues contre l'Autriche. Si la Russie montrait maintenant la moindre disposition réfractiare, il exciterait et soutiendrait l'Autriche contre VOL. XXVII.

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elle. C'est pour cela qu'il a conservé l'Autriche assez forte pour tenir la Russie en échec, et qu'il a aggrandi la Saxe pour balancer la Prusse, tandis que lui, avec ses satellites, la Baviere, la Westphalie, le Wirtemberg et les autres Princes allemands, il maintient une position et une attitude qui les intimide et les menace tous à la fois.

L'Autriche conserve certainement encore un grand grand territoire et une grande puissance. Elle a la Bohême, la Moravie, la Hongrie, et presque toutes les Autriches. Ses moyens contre la Russie sont formidables; mais contre la France absolument nuls. Ainsi, Buonaparté n'ayant aucune opposition sérieuse à craindre de sa part, s'est contenté de la laisser, quant à présent, en possession d'une étendue de territoire beaucoup plus considérable qu'on ne le supposait disposé à lui restituer. En effet, s'il avait insisté sur de plus grandes cessions, s'il avait demandé la Bohême, s'il avait voulu avoir la Haute et la Basse Autriche, il eût été dans la nécessité d'y maintenir une très-grande force militaire, et cela aurait détourné en partie son attention et ses moyens du Midi et de l'Ouest de l'Europe, du Portugal, de l'Espagne, et finalement de la Grande-Bretagne. Le premier vœu de son cœur, son désir le plus ardent, est de faire sentir à la Grande-Bretagne le poids de sa vengeance. Il y pense le jour, il y rêve la nuit, c'est là toute sa vie. Il nous haït d'une haine qui n'est plus susceptible d'accroissement ni de diminution, et il ne renoncera jamais au dessein de nous soumettre à sa volonté. Il ne regarde la possession de l'Espagne et du Portugal que comme un moyen de faciliter l'exécution de son projet favori. Il espere que, par la possession de la péninsule, par la population considérable qu'il aurait alors à sa dispositiou, par la longue étendue de côtes qu'il commanderait en ayant ainsi une ligne non-interrompue depuis la Baltique jusqu'à la Méditerranée, il pourrait jeter sur nous une masse de forces qui nous écraserait. C'est pour suivre ce projet, auquel la possession de l'Espagne et du Portugal est nécessaire, qu'il a accordé à l'Empereur d'Autriche de meilleures conditions qu'il ne lui aurait accordé sans cela, et nous ne faisons pas le moindre doute que l'Empereur ne doive la conservation au moins des deux Autriches, au consentement qu'il a donné de reconnaître tout ce qui avait été ou serait fait, soit en Italie, soit en Portugal, soit en Espagne.

Peut-être, dira-t-on, l'Empereur d'Autriche ne pouvait pas empêcher l'exécution des projets de Buonaparté contre ces pays. Très-vrai; mais il n'était pas nécessaire, à cause de cette impossibilité, de se jeter dans une reconnaissance et dans une sanction illimitée de ce système d'usurpation et d'oppression dont l'Autriche, au commencement des hostilités, avait fait dans ses proclamations et ses manifestes, un motif du renouvellement de la guerre. Cette concession morale, cet abandon de caractere, nous paraît infiniment plus désastreux et plus funeste dans ses conséquences que les cessions de territoire auxquelles on a souscrit. Cela donne le coup mortel à l'esprit de loyauté, de fidélité, de patriotisme; cela détruit jusque dans ses racines l'autorité légitime. Cela a plus abaissé la maison d'Autriche que la perte d'un royaume. (The Courier.)

LES TYROLIENS.

Détails sur l'Expédition du Maréchal Le Febvre dans le Tyrol, au Mois d'Août dernier; commиniqués par un Major Saxon, qui échappa à la Destruction de ces terribles Journées.

"Nous avions pénétré jusqu'à Inspruck, sans éprouver beaucoup de résistance, et quoiqu'on parlât de tous côtés des Tyroliens qui étaient postés sur et autour du Brenner, nous y ajoutions peu de foi, pensant que les rebelles avaient été dispersés par une canonade, et nous regardant comme vainqueurs... Notre entrée dans les défilés du Brenner n'éprouva d'opposition que de la part d'un petit corps qui continua à se replier après une défense assez vive. J'aperçus entr'autres un vieillard de 80 ans, posté le long d'un rocher, qui envoyait la mort dans nos rangs à chaque coup qu'il tirait. Les Bavarois, descendant par derriere pour le faire prisonnier, il s'écria hourra, tua le premier qui se présenta, et prenant le second au collet, le précipita avec Iui dans l'abyme en criant: au nom de Dieu!

"Marchant en avant, nous entendîmes retentir du sommet d'un rocher élevé: Etienne, est-il temps de couper? à quoi, un non bien articulé se fit entendre distinctement du côté opposé. On vint en rendre compte au Duc de Dantzig qui, malgré cela, nous ordonna d'avancer; mais en même temps il seretira par prudence du centre à l'arriere-garde. L'avantgarde, consistant en 4000 Bavarois, venait d'escalader un ravin assez profond, lorsque nous entendîmes encore crier au-dessus de nos têtes: Au nom de la Sainte Trinité! Notre terreur fut au comble, lorsque nous ouîmes repliquer sur-le-champ; Enfants, au nom de la Sainte Trinité, láchez tout làhaut. Il ne s'était pas écoulé une minute que des milliers de mes freres d'armes étaient déjà écrasés, enterrrés, engloutis sous un amas incroyable de fragments de rochers, de pierres, et d'arbres lancés du haut des montagnes sur nous. Nous étions tous pétrifiés. Se sauvait qui pouvait; mais en ce moment une grêle de balles que firent pleuvoir de tous côtés sur nous les Tyroliens, qui descendirent alors des montagnes, en nombre immense et parmi lesquels nous observâmes plusieurs enfants et petites filles de 10 à 12 ans, tuerent et blesserent un grand nombre de ce qui restait. Ce ne fut que lorsque nous fûmes à six lieues de ces montagnes que le Duc nous réunit, et que nous joignant au reste de la troupe, il nous fit avancer sur six colonnes. Peu après, parurent les Tyroliens, commandés pár HoFer l'aubergiste. Après une courte harangue de leur chef, ils firent une décharge générale, après quoi mettant de côté leurs carabines, ils se jeterent sur nos baïonnettes les poings fermés. Rien ne put résis

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