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ter à leur impétuosité. Ils se lançaient entre nos jambes, nous renversaient, nous arrachaient nos armes des mains, nous étranglaient avec les poignets, et comme des lions enragés tuerent tout, Français, Bavarois, Saxons, tous ceux qui ne demanderent pas quartier. Ce fut ainsi que je fus sauvé et mis en liberté avec 300 seulement de mes camarades.

"Lorsque nous fûmes ainsi entourés de morts, et que la victoire fut complete, les Tyroliens, par un mouvement unanime, tomberent à genoux, et se mirent à adresser au Ciel leurs ferventes prieres, en plein air; scene si solennelle et si imposante qu'elle ne sortira jamais de mon souvenir. Je ne pus m'empêcher de me joindre à eux dans cet acte de dévotion, et je crois que je n'ai jamais prié d'aussi bon

cœur.

Lorsque Buonaparte croit, par la coopération forcée de l'Autriche à ses mesures, accélérer la paix maritime, il ne sera pas médiocrement surpris et affecté d'apprendre que depuis un an les recettes des donanes dans la Grande-Bretagne ont surpassé celles de l'année derniere d'un million six cents mille livres sterling; environ 40 millions de francs !!

Au dîner annuel pour l'installation du nouveau Lord Maire de la Cité de Londres, qui a lieu tous les ans le 9 Novembre, on porta hier, entre autres santés loyales et patriotiques, celles de ce brave Sir Sidney Smith, qui vient d'arriver du Brésil, et qui à son retour a mêlé les roses de l'hymen aux lauriers de la gloire, en s'unissant à l'aimable veuve d'une. victime de Buonaparté, Lady Rumbold. Sir Sidney et Lady Smith était présents à la fête, et dûrent être aussi réjouis que flattés de la maniere gaie et originale dont la santé fut portée:" Au héros qui a défendu un acre contre l'Empereur du Continent." Cette santé rappelera à Napoléon un souvenir bien acre.

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Qui croirait qu'il s'est trouvé en Angleterre des journalistes assez déhontés pour publier que c'étaient les propriétaires du nouveau Théâtre qui soudoyaient ainsi eux-mêmes des attroupements pour venir insulter leurs maisons, afin d'inspirer de l'intérêt pour leurs malheurs, et faire sévir le gouvernement contre le public? Cette circonstance nous a rappelé involontairement la funeste époque de la découverte faite autrefois par Gorsas et Brissot, que c'étaient les aristocrates qui brûlaient eux-mêmes leurs châteaux, afin de faire calomnier le bon peuple! Mais comme il faut que les mêmes principes ramenent toujours les mêmes conséquences, ce même journaliste invoquant un jour l'inviolabilité des maisons, n'a pas manqué de trouver, sur son chemin, un homme d'état de ses confreres, moins riche, mais plus b..... rûlamment patriote que lui, qui l'a vertement relevé de cet acte de modérantisme, et notre Feuillant a été obligé de s'incliner humblement dès le lendemain, sous la verge du Jacobin. Nous nous arrêtons ici; nous avons brisé nos anciens pinceaux : il nous en coûterait trop d'avoir à retracer à Londres les luttes des factions dont nous avons malheureusement été si long-temps les témoins et les victimes en France; d'évoquer pour l'instruction des Anglais, les ombres des Gorsas et des Danton; et de remontrer au bout de 20 ans dans une nouvelle lanterne magique

La Discorde, encor toute noire de crimes,
Sortant des Cordeliers pour aller aux Minimes.

On souscrit chez M. PELTIER, 7, Duke Street, Portland Place De l'Imprimerie de Vogel et Schulze, 18, Poland Street, Londres.

L'Ambigu,

OU

VARIÉTÉS LITTÉRAIRES ET POLITIQUES.

No. CCXXXIX.-Le 20 Novembre, 1809.

AFFAIRE NAVALE DE L'ISLE D'AIX.

La conduite de Buonaparté offre une foule de réminiscences historiques, qui, sans doute, ne lui appartiennent pas, mais qui indiquent que parmi ses conseillers intimes, il en est un qui cherche toujours à calquer les actes qu'il lui suggere sur quelque fait de l'histoire ancienne ou moderne. La similitude des circonstances frappe la foule qui ne peut s'empêcher d'y voir quelque prédestination, et de penser qu'un homme qui renouvelle les temps écoulés, est réellement l'envoyé de la Providence. On pourrait, en suivant cette indication, prouver que, depuis son avénement au pouvoir, Buonaparté n'a été que le servile imitateur d'une politique développée long-temps avant lui: mais il nous suffira ici de montrer l'analogie de ce qui s'est passé autrefois en AnVOL. XXVII. 2T

gleterre avec ce qu'il vient d'exécuter en France, pour inspirer à ses marins, par la frayeur du supplice, un courage et un dévouement qu'ils ne peuvent éprouver pour le service d'un usurpateur et d'un ty

ran.

Buonaparté a lu l'histoire de la fin tragique de l'amiral Byng, c'est ce qui lui a donné l'idée de faire fusiller le capitaine Laffon. Nous n'examinerons pas ici jusqu'à quel point cet infortuné a pu mériter son triste sort, ni si cette nouvelle victime n'a pas été sacrifiée pour satisfaire la brutale violence de cet homme à qui il faut du sang, toujours du sang; mais nous observerons que ce n'est pas à l'homme qui ne doit le rang qu'il occupe qu'à sa fuite honteuse d'Egypte, à punir de mort un capitaine qui n'a quitté son vaisseau que quaud il était prouvé qu'on ne pouvait plus le défendre. Buonaparté à quitté lâchement son armée, il l'a, en quelque sorte, livrée aux ennemis qui venaient la combattre, et il s'est rendu coupable de cette action vile, de cette trahison bien digne d'un Corse, lorsqu'il avait les plus grands moyens de défense, et même la supériorité du nombre.

Lorsqu'un homme a dans sa conduite un trait aussi infâme, il doit unir l'effronterie à la cruauté, s'il ose punir du dernier supplice un brave militaire qui a fait son devoir jusqu'au moment où, par une erreur de jugement peut-être, il a cru toute résistance ultérieure inutile.

Nous donnons ici le rapport qui contient tous les détails de cette procédure.

Rapport du Contre-Amiral L'Hermitte, Rapporteur et Procureur Impérial, près le Conseil de Guerre convoqué à Rochefort, en Exécution du Décret Impérial du 2 Juin 1809.

Messieurs,

En vertu du rapport fait à l'Empereur, le 24 Mai dernier, par S. Exc. le ministre de la marine et des colonies, S. M., de son camp d'Ebersdorff, a décrété, le 2 Juin, qu'un conseil de guerre serait sans délai convoqué à Rochefort pour juger la conduite des capitaines Clément de la Ronciere, commandant le vaisseau le Tonnerre; Lafon, commandant le Calcutta; Proteau, commandant la frégate l'Indienne, et Lacaille, commandant le vaisseau le Tourville, sur les événements qui font le sujet de la plainte déposée sur le

bureau.

Pour remplir les devoirs de mon ministere, je dois, avant d'émettre mon opinion sur l'affaire importante soumise à votre jugement, fixer votre attention sur les événements et les causes qui ont entraîné la destruction de trois bâtiments de S. M. Je dois aussi m'exprimer sur la conduite du capitaine de vaisseau Lacaille, relativement à l'abandon du Tourville dans la nuit du 12 au 13 Avril dernier.

Vous avez entendu, Messieurs, les différentes dispositions écrites, ainsi que l'interrogatoire subi par chacun des prévenus, et les déclarations orales des témoins cités à la requête des accusés.

Il n'aura pas échappé au conseil, qu'en conséquence du décret de S. M., je n'ai pas dû séparer les causes des capitaines en jugement, attendu que par ce décret ils sont traduits au même conseil de guerre; mais je classerai séparément tout ce qui est relatif à l'un ou à l'autre des prévenus, et ces détails seront soumis au conseil suivant l'ordre établi par le décret impérial.

Le Tonnerre et le Calcutta, commandés, le premier par le capitaine Clément de la Ronciere, le second par le capitaine Lafon, ont été détruits par le feu le 12 Avril dernier, sur la rade de l'île d'Aix, échoués l'un et l'autre sur les Palles.

La frégate l'Indienne, sous le commandement de M.

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