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d'un verre de tisane. Cette scene fort plaisante est interrompue par des cousins de d'Héricourt, et un voisin de campagne, qui ignoraient sa demeure, et l'ont apprise, grâce à l'adresse insérée dans les affiches, par M..... trois étoiles. La conversation du cousin et de sa femme roule, comme on le pense bien, sur des relations de parenté très-fastidieuses pour d'Héricourt. Il a toutes les peines du monde à se débarrasser de ces fâcheux. Enfin ils sortent. D'Héri court donne les ordres les plus séveres de ne plus laisser entrer personne. Le voisin de la maison entre par une porte dérobée, et commence à raconter une anecdote, lorsque survient M. Bourdon, bavard impitoyable, qui ne parle que par digresssion, à propos de Néron, parle de monstres, je dis monstre, car M. de Buffon définit les monstres...... M. de Buffon ce grand écrivain...... Avez-vous été à Montbard....... beau pays...... vin excellent...... la Côte-d'Or, c'est tout simple." On sait qu'il n'y a pas moyen de finir une conversation avec un pareil homme, il faut le mettre à la porte, et c'est à-peuprès ainsi que d'Héricourt en agit avec lui, le plus poliment qu'il lui est possible. Il se désespere d'avoir perdu sa journée avec tant d'importuns, lorsque són oncle qui, avec son air d'embarras, revient lui dire qu'il est sorti pour terminer ses affaires, et que toutes ses démarches ont eu le succès qu'il pouvait désirer.

L'aperçu rapide que nous venons de donner de cette piece, prouve qu'il y a une grande variété dans les personnages mis en scene par M. Picard. Mais la place nous manque pour citer une foule de traits fins, spirituels et comiques qui égayent le dialogue. Le genre épisodique exige de la part des comédiens une grande précision dans les entrées et les sorties, une grande vivacité dans les répliques, enfin un ensemble parfait dans Texécution; c'est ce qui a manqué à cette premiere représentation, et y a jeté

quelque froideur. Nous ne doutons pas que, quand cette piece sera mieux sue, elle ne fasse le plus grand plaisir, et ne ramene au Théâtre de l'Impératrice les amis du naturel et de la gaîté que M. Picard y a fixés long-temps, et qui reprendront cette habitude, si M. Picard ne perd pas celle de leur offrir des pieces telles que le Collatéral, les Marionettes et la Petite Ville.

NÉCROLOGIE.

Jean-Baptisse-Henri Gourgault, plus connu sous le nom de Dugazon, comédien du ThéâtreFrançais, vient de mourir dans les environs d'Orleans, âgé de 65 ans. Il avait débuté à la comédie française le 29 Avril 1771, par les rôles de Crispin dans le Légataire et de lord Houzay dans le Français à Londres. Il fut reçu en 1772 comme sociétaire. Lorsque les comédiens Francais se diviserent au commencement de la révolution, Dugazon, à la tête de quelques-uns de ses camarades, alla se mettre sous la direction de MM. Gaillard et Dorfeuille qui venaient d'élever un théâtre (rue de Richelieu). Cetétablissement prit, quelque temps après, le nom de Théâtre de la République, et porte aujourd-hui celui de Théatre-Français.

Dugazon, comme acteur, sera difficile à remplacer. Certaines gens, qui se disaient de bon ton, lni reprochaient d'être farceur, trivial et bas. On a déjà répondu plusieurs fois à ce reproche outré : "Dugazon avait beaucoup de chaleur et de verve; "il ne savait pas toujours en modérer les élans, "mais il vaut encore mieux pécher par cet excès "C que par l'excès contraire."

Connu par quelques vers de société, Dugazon fut tenté pendant la révolution de se produire aussi comme auteur. Le 11 Octobre, 1792, on

joua sur le théâtre de la rue de Richelieu l'Avénement de Mustapha au trône, ou le Bonnet de Vérité, comédie en un acte et en vers. Cette piece oubliée aujourd'hui, et qui n'a pas été imprimée, était de MM.R**L'Emigrante ou le Pere Jacobin, comédie en trois actes et en vers, l'auteur y jouait le principal rôle. Nous ne croyons pas que cette piece ait été livrée à l'impression. Un an après, il fit jouer le Modéré, comédie en trois actes et en vers.

C'était

encore une piece de circonstance. Elle a été imprimée chez Maradan, in-8°. Les curieux peuvent, sur ces ouvrages, consulter l'Histoire du ThéatreFrançais, par Etienne et Martainville (tome III, page 13 à 20 et 125 à 128.)

Dugazon avait un talent singulier pour raconter des histoires plaisantes. Il prenait tous les tons, imitait toutes les physionomies avec une grande véOn croyait voir entendre les personnages dont il racontait les aventures. Ce talent le faisait rechercher des sociétés où l'on aimait à rire.

rité.

Nous avons encore des éloges à lui donner sur son talent à former des acteurs, même tragiques. Il a été le maître de déclamation de Mlle. Gros, actrice du Théâtre-Français, et de quelques autres.

Angoulême, 20 Octobre.

M. Lefebvre de Villebrune, âgé d'environ 77 ans, est mort récemment en cette ville, où il résidait depuis une dixaine d'années. Il avait été professeur de langues orientales au Collège de France, puis à la bibliotheque nationale successeur de feu Champfort, l'un des 40 de l'Académie française. Une lettre imprimée, dans laquelle il s'expliquait très-franchement sur la nécessité de rétablir la monarchie, le força long-temps à se cacher. Après avoir séjourné dans plusieurs départements, il occupa dans celui de la Charente la chaire d'histoire naturelle, jusqu'à la

elôture de l'école centrale. Ensuite il professa successivement les mathématiques et les humanités au collége de la même ville. C'était un érudit dans la véritable acception du mot. Traducteur infatigable, il a par de nombreux ouvrages connus, et qu'on trouve dans toutes les bibliotheques, prouvé combien il éatit versé dans la connaissance de langues anciennes et modernes.

M. Crapelet, un des plus célebres imprimeurs de Paris, vient de mourir.

Antiquités.

Dernierement Murat et sa femme se sont rendus à Pompeia. Le chevalier Arditi, directeur des musées leur a présenté divers objets trouvés dans une fouille entreprise dernierement. Parmi ces objets étaient plusieurs petits morceaux de poix, un petit vase plein de froment, un morceau de corail, différentes belles peintures, et une anse de lampe en terre cuite, ayant la forme d'une feuille sur laquelle on lisait une inscription latine. Cette anse est revêtue d'un très-beau vernis, ou vétrification, qui la fait paraître comme argentée, et lui donne une couleur vive de perle. Il est donc faux, comme l'ont écrit Georges Vasari, Pomponio, Guarico, beaucoup d'autres, que cette espece de vitrification ait été inventée seulement au 15e siecle par Luc de la Rubbia, sculpteur florentin.

Murat ayant voulu faire exécuter sous ses yeux de légeres fouilles dans trois endroits. a eu la satisfaction de découvrir quelques monnaies de différents coins, une quantité de bronzes, parmi lesquels un beau vase et une urne pour le vin; quelques ouvrages en os, une grande quantité de verres de diverses

dimensions et de toutes les formes, et surtout un grand nombre de ces vases improprement appelés étrusques, sur lesquels on a trouvé quelques inscriptions latines. Dans les mêmes fouilles, on a découvert des marbres, particulierement des masques comiques, de petits autels d'une forme élégante ornés ́de bas-reliefs et des poids marqués de chiffres dans la partie supérieure.

Jusqu'à présent, on n'avait découvert à Pompeïà qu'un seul souterrain, appelé improprement Cantine, et qu'on aurait dû plutôt nommer Cripto-Portique; dans les nouvelles fouilles, on en a découvert un second à plusieurs étages. Celui-ci est remarquable par un tuyau de craie placé dans un angle, et destiné au passage de la fumée. Cette découverte décide la question si long-temps agitée entre les érudits, savoir, si les anciens connaissaient l'usage des cheminées à tuyaux. Dans le souterrain dont nous parlons, on a trouvé, plusieurs morceaux d'albâtre précieux par les bas-reliefs dont ils sont ornés. Murat et sa femme se sont rendus ensuite dans un triclinium, ou salle à manger nouvellement découvertes Les murs de cette magnifique salle sont couverts de peintures du meilleur goût, représentant des poissons, des oiseaux, et du gibier de toute espece. On y voit trois lits en maçonnerie, parfaitement conservés, tels que ceux sur lesquels les anciens se tenaient étendus pendant leur repas. Entre ces

trois lits, il existe encore un pied de marbre qui servait sans doute de support à la table sur laquelle on servait les mêts.

M. de Volney vient de publier un nouvel ouvrage, intitulé Chronologie d'Hérodote.

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