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villes et 36 villages florissants sont réduits en cendres, sans parler de la destruction de nombreuses chaumieres détachées. Ces calamités sont encore plus sensibles sous un climat qui est loin d'être tempéré. Depuis le commencement d'Octobre, les montagnes dú Tyrol et du Vorarlberg sont couvertes de neige et de glace. Les habitants, quoique habitués à la vie la plus dure, peuvent à peine, après tant de dégâts, de pillages, d'incendies et de ravages de toute espece, se procurer de quoi satisfaire aux besoins de la nature. Dans ce moment, un grand nombre d'entre eux s'estiment heureux si on leur accorde un petit coin dans une grange, une étable, où une cabane encombrée.

Malgré toutes ces souffrances, ils sont fermement résolus de ne jamais se prêter à aucun accommodement avec Buonaparté, ni de consentir à être dé nouveau sous le sceptre de fer de la Baviere. Cette détermination, quoiqu'elle puisse paraître téméraire, est pleinement justifiée par les cruautés, exactions et persécutions cidessus mentionnées. Habitués tous à manier la carabine; endurcis aux rigueurs des saisons; protégés par des montagnes arides, qui ne sont accessibles que pour eux; environnés de tous côtés par des montagnards leurs alliés, qui sont animés du même amour de l'indépendance; élevés et heureux dans la pauvreté; religieux, vertueux par habitude, entierement étrangers au luxe; préférant leurs montagnes incultes au sol le plus fertile ;---et par-dessus tout se rappelant les horribles outrages commis par ordre de Buonaparté, à qui ils ont à opposer cent cinquante mille chasseurs, dans un pays où les armées régulieres ne peuvent pas agir, et où eux seuls connaissent les passages par lesquels ils peuvent se procurer ce dont ils ont besoin, pourou qu'ils aient les moyens de l'acheter ;---des hommes d'une race aussi robuste, aussi inflexible, et aussi athlétique, sont des ennemis formidables. Ils se sont montrés tels envers la France, et aucune paix que leur Prince bien-aimé ait pu être obligé dè signer, ne les engagera à y souscrire.

Ils sont fermement déterminés à vaincre ou à mourir.

(Signé)

MULLER, Major.

Londres, le 18 Novembre 1809.

SCHOENGHER.

VARIÉTÉS POLITIQUES.

Aperçus des Résultats Géographiques du Traité de

Vienne.

Il y a trois ans que le traité de Presbourg réduisit la puissance autrichienne de plus de 25,000,000 de, sujets à 22,300,000. L'accroissement annuel de la population l'avait fait remonter à 22,600,000, d'après les calculs les plus modérés; les résultats du traité de Vienne, autant qu'on peut les apprécier dans le premier moment, la font tomber à 19,000,000 d'habitants.

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La Gallicie nouvelle, à l'époque où elle devint une province autrichienne, ne fut évaluée qu'à ̧ 1,100,000 âmes; cette évaluation était dictée par la politique; en 1803, on reconnut officiellement que, cette contrée comptait 1,281,037 habitants. Avec l'arrondissement qui doit couvrir la ville de Cracovie, et avec le cercle de Zamosc, démembré de l'ancienne Gallicie, et peuplé de près de 200,000 âmes, on peut estimer à 1,500,000 sujets les acquisitions que fait le duché de Varsovie. Elles répondent à-peu-près à l'ancienne Haute-Pologne, nommée aussi Petite-Pologne. Les salines de Wieliczka, les diverses mines d'argent, de fer et de plomb, aux environs d'Olkusz et de Konskie, l'excellent seigle des plaines de Lublin, le froment des champs voisins de Sendomir, l'antique gloire de la ville de Cracovie, descendue de 80,000 habitants à 24,000, la barriere formée par la Vistule; tout enfin rend cette acquisition intéressante pour le duché de Varsovie, qui désormais compte de, 3,800,000 à 4,000,000 d'habitants.

La riviere de Bug sépare cette nouvelle partie du duché de Varsovie d'avec l'empire de Russie; ce.

qui est conforme au principe énoncé dans le traité de Tilsit; savoir, "que les frontieres entre ces deux "états seront marquées, autant que possible, par le

❝cours des rivieres."

L'Autriche doit encore céder à l'Empereur de Russie un territoire peuplé de 400,000 âmes, qui sera pris sur la Gallicie-Orientale, et dans lequel la ville de Brody ne pourra être comprise. Ces trois conditions font présumer que cette cession pourra comprendre les cercles de Czernovitz ou de Bukowine, de Zaleszyk et de Tarnopol.

La Gallicie ou Pologne autrichienne avait, selon le dernier dénombrement officiel, 4,900,000 habitants. Elle se trouve, par le traité, réduite à

3,000,000.

Nous allons examiner les changements qui résultent du traité à l'égard des frontieres occidentales et méridionales des états autrichiens.

La partie de la Haute-Autriche située à l'Ouest d'une ligne tirée du lac d'Alter au village de Strass sur le Danube, comprend toute l'Inn-Viertel, enlevée à la Baviere en 1779, et une partie de l'HausruckViertel; la population doit s'élever à 210 ou 220,000 âmes. Les forteresses de Passau et de Braunau deviennent les remparts de l'Allemagne confédérée, et, en particulier, de la Baviere. Le pays de Saltzbourg, avec Berchtolsgaden, compte 214,000 habitants. Ces deux cessions faites à la Conféderation du Rhin, forment un total de 430,000 âmes.

Les Provinces-Illyriennes, indiquées plus en détail dans le traité que dans le décret d'organisation, offrent une population plus considérable qu'on ne l'avait jugé au premier aperçu.

La Haute-Carinthie ou le cercle de Villach, pays très-intéressant par ses fameuses mines de plomb, de cuivre, de fer, de calamine, et ses carrieres de marbre, lumachelle, comptait, il y a peu de temps, 117,815 habitants. Ce district couvre désormais

les défilés des Alpes qui conduisent dans le Tyrol, le Saltzbourg et le Frioul. La Carniole, où les merveilles trop vantées du lac de Cirknitz, les cavernes d'Adelsberg et beaucoup d'autres curiosités appellent

les

voyageurs-naturalistes, possede encore les mines de vif-argent d'Idria; mines dont les produits sont nécessaires pour exploiter les trésors du Pérou et du Mexique. Un traité entre l'Espagne et l'Autriche assurait à la premiere puissance la faculté d'exporter tous les ans 6,000 quintaux de vif argent. Ainsi l'Europe renferme en même temps et le principe physique et le principe moral qui vivifient la nature brute dans le Nouveau-Monde. La Carniole compte 433,000 habitants, y compris l'Istrie autrichienne; le Frioul autrichien, avec Montefalcone, peut en avoir 60,000; le territoire de Trieste en a 33,000. Il est difficile d'évaluer au juste la population de la partie cédée de la Croatie, attendu que le comté d'Agram n'est pas cédé en entier. Les deux districts, nommés le généralat de Carlstadt et les confins bannatiques, comptaient en 1799, le premier, 172,642 habitants; le second, 83,605. Le Littoral de Croatie avec Fiume, renferme 20,000 âmes. En supposant que la partie cédée du comté d'Agram est penplée dans la même proportion que le reste de la partie civile de la Croatie, on y trouverait environ 170,000 habitants. On peut donc évaluer toute la population de la Croatie, cédée par le traité, à 450,000 individus. La Croatie, pépiniere de bonnes troupes légeres, possede de beaux bois de construction.

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forteresses de ce pays formaient une frontiere militaire contre la Turquie. Toutes les Provinces-Illyriennes, sans la Dalmatie et ses dépendances, ont une population de 1,100,000 âmes; et avec cette province, cédée par le traité de Presbourg,

1,400,000.

Le total des cessions déterminées ou indiquées par le traité de Vienne, s'éleve à 3,430,000 sujets. VOL. XXVII.

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Il est inutile d'ajouter que dans ces sortes de calculs tout est incertain et variable; les guerres, les levées de troupes, les émigrations des Polonais de la Gallicie, permises par l'Article X du traité, ont dû ou doivent faire changer l'état de la population. On ne le connaîtra que lorsque les provinces cédées auront été distribuées entre les souverains qui doivent les posséder, organisées et soumises à de nouveaux

recensements.

Anecdote Turco-Française.

Les journaux Français contiennent l'anecdote suivante, qui n'a sans doute été recueillie que pour prouver que Buonaparté traite mieux les Musulmanes que les françaises.

Une jeune musulmane, enlevée dès l'âge de neuf ans à une famille opulente et considérée de Constantinople, fut vendue par ses ravisseurs à Brousse en Bithynie, et tomba entre les mains d'un maître très-sévere. Occupée un jour à arroser des fleurs dans le jardin de son patron, elle fut aperçue par un européen qui devint subitement épris de ses grâces et de sa beauté. Jeune, riche et intelligent, il parvint à soustraire cette enfant aux ennuis de sa captivité, et la conduisit furtivement à Kutahié. En s'occupant de son éducation, il s'attacha de plus en plus à elle, et résolut d'en faire son épouse. Ce n'était encore qu'un projet ; l'européen avait besoin de la permission de son gouvernement, du consentement de sa famille, et son éleve n'avait que dix ans. Il la conduisit à Constantinople, dans la maison d'un évêque grec, auquel il la confia pour en faire une bonne chrétienne, et revint dans sa patrie pour obtenir les permissions dont il avait besoin.

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