pas ce qu'il y a de si fin à dire que dans de jeunes amants, Espoir, chagrin, plaisir, tout va : Tout va l'un portant l'autre, Rien n'est plus commun, rien n'est plus vieux; c'est l'histoire de tous les amants et de tous les hommes ; il n'y a de plaisant que le refrain l'un portant l'autre. Le même refrain, dont les auteurs ont usé jusqu'à la satiété, me paraît bien plus mal appliqué aux hommes, qui sortant de la vie comme d'un festin, s'en vont l'un portant l'autre. Peut-on dire que les hommes meurent l'un portant l'autre ? Enfin, quel jeu de mots que celui de cette vieille amoureuse qui donnerait Trente ans de la bergere Pour l'heure du berger! Par GEOFFRoi. TESTAMENT BIZARRE. Louis-François Bréchart d'Achun avait vu avec regret la révolution détruire les titres et les priviléges de la noblesse. Ses armes, dont il parle avec emphase dans son testament; un vif désir de perpétuer à jamais le nom des Bréchart; différentes pieces relatives à la révolution, qu'il copie dans son testament; un legs qu'il fait à M. de B...., en raison de son honorable émigration; tout prouve son attachement à l'ancien ordre de choses et le regret qu'il éprouvait de le voir renversé. Bientôt la superstition s'empara de lui; et ne croyant pas qu'une piété modeste et simple suffit pour lui mériter le pardon de ses fautes, il se livra tout entier aux pratiques les plus, minutieuses de la religion, faisait des chapelles comme en ferait un enfant, ne rêvait qu'enfer et purgatoire, et se persuada enfin, comme il le dit lui-même dans son testament, que le don de tous ses biens, à charge de prieres pour les saints les plus influents, pourraît seul lui mériter le pardon de ses offenses multipliées. C'est dans ce déplorable état, disent les auteurs du mémoire, que M. de Bréchart se crut capable de faire un testament de 36 pages in-folio, et s'imagina qu'il y allait du salut de son âme de donner, en vue du ciel et en haine de ses parents, une fortune de 300 mille livres à des dévots, à des servantes et à des enfants trouvés. Voici quelques-unes des dispositions les plus bizarres de ce testament. La rédaction en est à chaque instant coupée et interrompue par des croix et par des prieres. Il veut d'abord que quiconque sera présent à l'ouverture de son testament se mette incontinent á réciter un de profondis, un pater et un ave. Il recommande son âme aux trônes et aux dominations, ainsi qu'aux ámes du purgatoire. Il indique les cérémonies de son convoi et la maniere de construire son cercueil; il veut que son corps soit conduit par huit boeufs, quatre d'Achun et quatre de Bussy; et que l'on inscrive sur sa tombe: Ci git François de Bréchart dont le nom ne peut périr, etc. On voit que, frappé de l'idée de sa mort, tourmenté de la crainte de l'enfer et du purgatoire, il fait une grande quantité de legs, sous la seule condition de dire des prieres et des neuvaines pour le repos de son âme. Il legue 600 liv. aux filles qui auraient eu le malheur de cesser d'étre, moyennant une neuvaine par an, qu'elles diront à la chapelle du Coudray, le pour repos de son âme. Il legue à deux ex-religieux chacun 500 liv., avec cette singuliere clause: " A la charge par chacun d'eux de faire autant de neuvaines, en l'honneur de la Saint-Quentin, de Saint-Laurent et de Saint-Norbert, pour le repos de mon âme, qu'il y a d'écus de six liv. dans la somme que jo leur legue.' Il legue encore des biens rapportant 15,700 liv. de rente, à trois hospices d'orphelins: il veut que 'les trois plus jeunes des enfants déposés dans ces hospices prennent et portent son nom, eux et leurs successeurs à perpétuité, et qu'ils jouissent de la moitié des revenus desdits biens, sous la modique redevance de cinq pater et cinq ave par jour. Enfin, à l'imitation d'Omar, qui fit mettre le feu à la bibliotheque d'Alexandrie, sous prétexte que toute la science était renfermée dans l'Alcoran, M. de Bréchart ordonne qu'on brûle tous les livres de sa bihliotheque, à l'exception des ouvrages de piété, An Exposition of the Conduct of France towards Americà, etc. Exposé de la Conduite de la France envers l'Amérique, prouvée par plusieurs Cas décidés au Conseil des Prises à Paris, par Lewis Goldsmith, avec cette Epigraphe : son. Semperque recentes Convectare juvat pradas et vivere rapto. Un vol. in-8vo. de 130 pages, chez Richard Dans un avertissement qui précede cet ouvrage, l'auteur informe le public qu'une résidence de huit années dans la capitale de l'empire de Napoléon, une connaissance intime avec quelques-uns des personnages les plus marquants de ce pays, et les différentes situations dans lesquelles il s'est trouvé, (ce qui signifie à-peu-près les fonctions qu'il a remplies) lui ont fourni des occasions que peu de personnes ont eues, de recueillir en dernier lieu des matériaux sur l'état de la société à Paris et sur la politique suivie par le gouvernement Français et par ses agents. Il ajoute qu'il a pris la résolution de communiquer au public toutes ses notes à mesure qu'il aura le temps de les préparer pour l'impression. Et pour commencer, il choisit la Conduite de la France vis-à-vis les Etats-Unis de l'Amérique, sujet sur lequel, d'après ce qu'il a lu et entendu depuis son retour de France, il lui paraît que l'on a de bien fausses notions dans ce pays-ci. Certes, il est peu d'écrivains qui puissent offrir des notes aussi intéressantes sur ce qui se passe auVOL. XXVII. 3 L jourd'hui en France, que ce M. Goldsmith, longtemps rédacteur du journal l'Argus, traducteur de l'ouvrage de M. d' Hauterive qui fit tant de bruit, sur l'Etat de la France à la fin du Dix-huitieme Siecle, ayant vécu dans l'intimité avec ce diplomate, et ayant été employé successivement dans les bureaux de Fouché, de Talleyrand, de la Marine, etc. Si M. Goldsmith est véritablement jaloux de réparer les torts qu'il a envers son pays, et si ce n'est pas un nouveau Méhée de la Touche, il a maintenant une belle occasion de se rendre utile: accueillons donc ses premieres révélations, sans rien préjuger sur sa personne et sur sa conversion. Personne n'ignore qu'il existe en Angleterre un parti puissant qui a pour systême de croire à l'infaillibilité du gouvernement Américain avec autant d'opiniâtreté que M. Milner croit à l'infaillibilité du Pape qui l'a fait évêque de Castabala pour avoir soutenu et admiré le concordat que le St. Pere condamne aujourd'hui de toute son âme. Aux yeux de ce parti, M. Jefferson, M. Maddison sont des especes de demi-dieux politiques, devant lesquels les Solon, les Lycurgue, les sept sages de la Grece doivent incliner leur tête humiliée. Ces admirables personnages ne peuvent commettre aucune faute; ils tiennent une balance exacte entre l'Angleterre et la France; la Grande-Bretagne est la seule puissance qui s'obstine à avoir des torts envers eux!! Encouragé, animé par ces fideles chargé d'affaires d'Amérique à Londres, voyez comme M. Jefferson traite son grand ami de Paris! il est en adoration devant lui; il reçoit ses vaisseaux dans les mêmes baies d'où il repousse les frégates anglaises; il souffre toute sorte d'avanies de sa part sans examen, sans récrimination; et tandis qu'il laisse soustraire impunément aux vaisseaux d'Angleterre leurs meilleurs matelots, tandis qu'il refuse à nos équipages le pain et l'eau, il trouve |