attendre comme ennemis. Il est à remarquer toutefois que la paix n'a pas fait remonter à Vienne le cours des effets publics et celui du papier-monnaie. La retraite d'une armée nombreuse, qui faisait une immense consommation et répandait beaucoup d'argent, va d'abord laisser cette capitale dans un état de stagnation toujours défavorable au papier-monnaie, et l'achevement du payement des contributions par le gouvernement qui va être rétabli, doit rendre le numéraire plus rare et le papiermonnaie plus nombreux; sa baisse est donc le résultat nécessaire de la paix et la source d'embarras inévitables pour l'Autriche au moment où elle rentre dans ses domaines: c'est un des résultats du traité funeste pour elle qu'il faut ajouter à ceux qui ont été stipulés. Dans ces circonstances, on conçoit ce qu'a dû souffrir l'Impératrice, dont la santé était si altétérée. Le séjour momentané de Cohorn lui a été funeste; on a annoncé sa mort: il paraît seulement qu'on désespere de la vie de cette princesse, qui rendrait l'Empereur, son époux, veuf pour la troisieme fois. L'Archiduc Charles est toujours dans la retraite: on renouvelle le bruit que sa santé a été la cause de sa démission; il demeure toujours certain que cette cause est la mésintelligence, l'inimitié, les prétentions réciproques qui ont ôté tout ensemble, et par conséquent toute énergie aux forces de la monarchie autrichienne. : On ne sait pas encore quel effet a produit à Londres le traité de Vienne *. La Hollande ayant publié prématurément la signature de la paix, les Anglais n'ont eu que la connaissance du fait: ils ville pour en faire sauter les remparts; d'avoir tué ses habitants, de les avoir soumis à une police inquiete et tyrannique, enfin de lui laisser des cadavres et des ruines en compensation des sacrifices qu'on a exigés d'elle pour l'entretien des troupes françaises. * Il y a produit de la douleur sans étonnement: l'armistice avait fait prévoir le traité. On plaint l'Empereur: connaissaient cependant la nature des cessions sur l'Adriatique ou les prévoyaient; car déjà ils s'indignent en pensant que l'Empereur en est désormais le maître, et que la navigation de cette mer est, ainsi que ses ports, son domaine et sa propriété. Quant au traité avec la Suede, les Anglais le connaissent mieux, en ce qui est relatif à la Russie, dont ils nomment l'Empereur leur ancien allié magnanime; mais ils ignorent et redoutent les conséquences de ce traité quand l'Empereur des Français aura fait connaître ses intentions. La possession de l'île d'Aland, accordée à la Russie, leur paraît laisser à la Suede peu de sécurité militaire, et aux Anglais peu de sécurité commerciale.. Du reste, les Anglais ne parlent plus guere de l'Espagne, et n'osent plus parler de Flessingue, où il ne meurt plus, disent-ils encore, que trois cents hommes par semaine. Il paraît qu'on cherche à s'étourdir à Londres sur cette douloureuse situation, et que les scenes du théâtre de Covent-Garden sont une distraction qu'on croit devoir laisser prendre å John Bull. On ignore les résultats de ces bur lesques démonstrations de liberté civile, et ces parades grossieres d'un esprit national qui met tout en fen pour savoir si Mme. Catalani obtiendra, pour chanter, le prix qui lui convient; si le théâtre sera ouvert ou fermé, si M. Kemble et sa famille seront ou non ruinés: c'est pour cette belle querelle que force horions se distribuent au parterre, et que des nobles lords s'y font reconnaître au milieu des champions des deux partis. ón redoute, on déplore l'anéantissement prochain de cette illustre maison d'Autriche, qui n'a jamais déployé plus de ressources, de grandeur et de puissance que dans la guerre qui vient de finir si malheureusement pour elle. On admire la fidélité de ses peuples, et on dit qu'une puissance qui inspire un tel dévouement à ceux qu'elle a gouvernés depuis tant de siecles, a dû administrer avec autant de fermeté que de douceur. 1 T VARIÉTÉS POLITIQUES. Le traité de paix publié à Vienne, en allemand et en français, a été lu avec d'autant plus d'avidité qu'on l'a tenu secret pendant neuf jours. Il est jugé diversement: les vrais patriotes génissent des sacrifices plus grands encore, et surtout bien plus im•portants que ceux qui avaient été imposé à l'Autriche par les traités de Campo-Formio, de Luneville et de Presbourg. Tous les hommes instruits, et ceux surtout qui connaissent à fond les ressources de la monarchie autrichienne, regardent comme des pertes irréparables celle de ses communications avec la mer, la privation des riches mines de vif argent d'Idria, des salines du pays de Saltzbourg, de la moitié de celles de Wieliczka et des fabriques lucratives de fer et d'acier de la Haute-Carinthie. Il n'y a aucune des provinces, excepté la Moravie, qui n'ait quelque perte à déplorer....... Macdonald exerce toujours les fonctions de gouverneur de la Styrie. On assure que cette belle province ne sera remise aux troupes autrichiennes que vers la fin de l'année. La plus grande partie de l'armée française doit rester en Allemagne. Le commandement en chef est remis, comme avant la campagne, à ce que Buonaparté appelle Prince d'Ekmuhl. Il paraît qu'après l'évacuation des états autrichiens, le grand quartier-général sera établi à Passau. On compte généralement qu'il n'y aura plus à Vienne aucun militaire français le 20 Novembre. Les principaux fonctionnaires français sont encore à Vienne, d'où ils comptent partir dans la pre VOL. XXVI. . 30 1 miere quinzaine du mois de Novembre. Un arrangement particulier a été conclu entre le gouverneurgénéral Andréossy et le commissaire aulique le Comte de Wrbna, relativement à l'évacuation de cette capitale. On croit qu'après la rentrée des troupes autrichiennes, l'Empereur d'Autriche s'y rendra, mais seulement pour quelques jours, et il est douteux que S. M. y réside dorénavant. Une lettre de Vienne porte la valeur des marchandises anglaises et des denrées coloniales, qui ont été confisquées à Trieste, à la somme de dix millions de florins. Toutes ces denrées et marchandises doivent être transportées à Venise, jusqu'à ce qu'il ait été décidé quelle sera leur destination ultérieure. On avait d'abord commencé à effectuer ce transport sur le golphe Adriatique; mais quelques barques ayant été enlevées par des corsaires anglais, on a pris le parti d'expédier tous ces objets par terre à Venise, ce qui augmentera de beaucoup le frais. Amusements de Napoléon à Fontainebleau. L'Empereur a chassé aux filets, il y a quelques jours, dans la plaine de Cermaise. S. M. a chassé au tiré Jeudi dernier; elle a chassé à courre pendant cinq heures et demie, et a fait plus de vingt lieues à cheval. Avant-hier, on a joué sur le théâtre de la cour, la comédie intitulée, le Secret du Ménage. Les artistes de l'Opéra-Buffa ont ensuite exécuté un acte de la Serva inamorata. M. Reinhard, ministre plénipotentiaire de Napoléon près la cour de Jérôme, fait en ce moment une tournée dans les villes anséatiques. Il a déjà paru à Bremen et à Hambourg. Il est chargé d'annoncer aux sénats de ces villes, qu'elles vont faire partie du royaume de Westphalie. Le rabbin Ascher Leow, de Wallerstein, qui avait été appelé à la place de premier rabbin à Metz, et ensuite à celle de grand rabbin du consistoire central de la religion juive à Paris, vient d'être invité, par S. A. R. le grand-duc de Bade, à se rendre à Carlsruhe pour y régénérer les Juifs des Etats de Bade, ainsi que s'exprime la lettre du gouvernement badois au ministre des cultes à Paris. Si l'on en croit un ordre du jour du Général Suchet, daté de Saragosse le 18 Octobre, les diverses opérations militaires exécutées dans les seize premiers jours de ce mois, ont toutes réussi complétement. Les résultats de ces opérations dans lesquelles les chefs, officiers et soldats ont également bien répondu à l'attente du général en chef, ont été le désarmement complet et la soumission des vallées du HautArragon, la rentrée des contributions et l'exécution des décrets de Joseph dans des contrées jusqu'alors mal soumises; la destruction des partis armés qui parcouraient les montagnes de Castille, de Navarre et d'Arragon; enfin, l'établissement des communications entre les troupes françaises qui occupent Tudela, en Navarre, et celles de la ville et province de Soria, en Castille. (Des avis d'Espagne, d'une date plus fraîche, annoncent tout le contraire.) On croit à présent plus certain que jamais le retour de S. M. le Roi de Prusse dans sa capitale. On va jusqu'à fixer au 20 Novembre l'arrivée de ce monarque. Il circule des bruits vagues sur quelques échanges de territoire entre la Prusse et deux autres puissances. On dit que, dans un certain cas, la ville de Memel pourrait être cédée à la Russie, qui par là obtiendrait le fleuve Niemen pour frontiere. On voit qu'Alexandre consentira à recevoir les dépouilles de celui à qui il avait juré une amitié éternelle sur le *tombeau de Frédéric II. |