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"Harvard College Library.

Mar 4 1924

Jowell

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L'Ambigu,

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VARIÉTÉS LITTERAIRES ET POLITIQUES.

No. CCXXXV-Le 10 Octobre, 1809.

VOYAGES

Dans l'Inde, à l'Isle de Ceylan, la Mer Rouge, dans l'Abyssinie et l'Egypte, pendant les Années 1802, 1803, 1804, 1805 et 1806. Par George Vicomte Valentia, Londres, 3 vol. in-4to.

(Deuxieme Extrait.)

Le 5 Juin 1802, Lord Valentia s'embarqua à bord de la Minerva, vaisseau de la compagnie des Indes Orientales, pour commencer le long voyage dont nous donnons ici l'extrait. Le 29, il arriva en vue de Madere, et fut frappé de la nudité des pêcheurs, et de la nonchalance avec laquelle les femmes les regardaient de leurs fenêtres sans paraître les remar❤ quer. L'indolence nationale des natifs les empêche de jouir de tous les avantages que leur offrent le beau climat et la terre féconde de leur île, dont à peine la moitié est cultivée. Ils sement un peu de grain où la vigne ne veut pas croître, mais ils ne labourent point le terrain. Ils n'ont jamais essayé la culture du coton, ni du café qui réussiraient très-bien; ils n'ont

pas même songé à planter des oliviers. M. Murdoch, négociant anglais, a introduit dans l'île plusieurs plantes utiles, et, par ses soins, le bambou remplacera bientôt, pour servir d'appui à la vigne, l'arundo donax qui ne dure que deux ans, et occupe beaucoup plus d'espace que le bois qu'on veut y substituer. On récolte annuellement à Madere 30,000 pipes de vin dont 16,000 sont exportées; les femmes portent l'habillement portugais, le bas peuple y est ignorant, superstitieux, oisif et mal

propre.

Le 20 Août, Lord Valentia arriva à Ste. Hélene, après une traversée de deux mois, quiest la plus courte dont on se souvienne depuis onze ans. Cette île fut d'abord habitée par Lopez, un des rénégats qui, ayant abandonné Albuquerque, allait tomber entre ses mains après la prise de Benastarim, lorsque le commandant Maure lui fournit les moyens de se soustraire à la punition qu'éprouverent ses camarades, à qui le général Portugais fit couper la main droite, le pouce de la main gauche, les oreilles et le nez. Après la mort d'Albuquerque, Lopez s'embarqua pour le Portugal, et le vaisseau ayant touché à Ste. Hélene qui alors était inhabitée, il se détermina à rester dans cette île, avec un vieux negre pour toute compagnie. Il bâtit une hutte et une chapelle, planta des arbres à fruit, cultiva des végétaux, et éleva de la volaille, des cochons et des chevres. Au bout de quelques années, il s'embarqua pour le Portugal, se rendit à Rome pour s'y réconcilier avec l'Eglise, et revint dans son île où il mourut à un âge très-avancé. Cette île manque de bestiaux, les habitants y vivent une partie de l'année de viande salée qui leur est fournie par la Compagnie des Indes, avec une perte annuelle de 6,000 liv. ster. On n'y peut cultiver le grain, à raison de l'immense quantité de rats dont l'île est infestée. "Je ne puis me refuser," dit Lord Valentia, "à l'envie de donner le prix de quelques

comestibles: une dinde coûte deux guinées, une oie, une guinée, un petit canard huit shellings, une poule cinq; un chou dix-huit pences et une pomme une demi-couronne. Les fermiers se coalisent pour maintenir ces hauts prix, et ils aiment mieux laisser gâter les fruits et les légumes, que de rien diminuer du taux qu'ils ont eux-mêmes établi.

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Lord Valentia arriva, le 20 Octobre au Cap de Bonne Espérance, et se trouvant obligé d'y rester une quinzaine de jours, il employa son temps à un voyage dans l'intérieur des terres. Il dépendait, lui et sa suite, entiérement de l'hospitalité des colons dont il devait rencontrer les habitations sur sa route. Cette hospitalité lui était quelquefois accordée de mauvaise grâce, et entr'autres dans l'habitation de Nicolas Bestern, il trouva un vieillard qui était sourd et de mauvaise humeur et qui le gronda beaucoup de voyager si tard. Chez un autre il fut obligé d'insister pour être admis, et il fait à ce sujet l'observation que quoique les Hollandais s'estiment très-heureux de recevoir un étranger, dans ces contrées où leur hospitalité doit suppléer au manque d'auberges, ils sont très-mécontents si on arrive chez eux trop avant dans la nuit. Il rencontra sur la route plusieurs villages très-beaux dont les maisons blanches, entourées d'orangers faisaient le plus joli effet au milieu d'un paysage d'autant plus agréable à l'œil qu'il contrastait avec les déserts qu'il avait fallu traverser pour y arriver. Lord Valentia eut le plaisir de visiter la ferme de M. Dunkett qui a introduit avec le plus grand succès dans ce pays, la culture anglaise, et qui, ridiculisé par les colons hollandais, a fini par les voir imiter son exemple et solliciter ses conseils. Près de Stillenbosch, petite ville très-agréable dont les rues sont bordées de chênes de la plus belle venue, Lord Valentia alla visiter la superbe cascade de French-Hoek, qui lui offrit une scene de la plus grande magnificence. L'eau s'échappe des anfrac

tuosités d'un énorme rocher, et tombe perpendiculairement d'une hauteur de 170 pieds.

Lord Valentia confirme ce que M. Barrow a dit des Hottentots qui sont attachés aux Anglais par l'intérêt et la reconnaissance, et qui depuis qu'ils ont été enrégimentés et exercés à l'européenne, se sont montrés également actifs, fideles et braves. Il n'y a pas de pays plus propre que le Cap, à la culture du grain; la vigne y réussit parfaitement, mais on ne la cultive pas avec assez de soin; et l'habitude qu'on a de couper la branche avec le fruit, et de les mettre ensemble sous le pressoir, communique au vin une âcreté qu'il n'aurait pas sans ce procédé. Lord Valentia arriva le 26 Janvier à Calcutta, dans une barge que lui avait envoyée Lord Wellesley, et qui ressemblait aux descriptions qu'il avait lues dans les contes de fées. Vingt rameurs revêtus d'habits écarlate et coëffés de turbans couleur de rose, la faisaient voguer avec la plus grande vélocité. Les natifs du pays voyant Lord Valentia traité avec des honneurs presqu'égaux à ceux qu'on rendait à Lord Wellesley, l'appelaient le petit-fils de Madame Compagnie, dont ils croient que le gouverneur-général est le fils. Cette erreur vient de ce qu'ils conşiderent la Compagnie des Indes comme une vieille dame dont les gouverneurs sont les enfants. Lord Wellesley donnait le jour de l'arrivée de Lord Valentia, une fête en l'honneur de la paix, à laquelle S. S. assista. Dans un vaste sallon, et sur un tapis écarlate et or qui avait autrefois orné la salle du trône de Tippoo-Saïb était le siége de Lord Wellesley, et plus bas de chaque côté ceux des membres du conseil et des juges; près de la porte, étaient des chaises pour les Dames dont la préséance était réglée par l'ancienneté des services de leurs époux. Vers dix heures du soir, Lord Wellesley arriva entouré d'un cortége nombreux d'aides-de-camp, et après avoir reçu les compliments des Princes du pays, il vint oc

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