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contre le commerce de ce pays-ci, qui pénetre malgré lui dans toutes les criques, veines et pores dé l'Europe, de même que les rayons du soleil pénetrent et vivifient toutes les parties du globe habitable; c'est, disons-nous, un fait curieux, que la France éprouve aujourd'hui le besoin le plus urgent des divers articles du produit des parties du Continent, sur lesquelles Buonaparté exerce son empire ou son influence. Il manque des articles de Russie, et ce maître puissant du Continent ne peut pas s'en procurer, parce que la maîtresse des mers le lui défend; cette Grande-Bretagne, cet Empire mis en interdit, cette nation mise au ban du Continent, ce peuple qui, à la voix de Buonaparté, devait être exclus de toute communication avec le reste de l'Europe, reste isolé au milieu de l'Atlantique, exemple et monument terrible de la vengeance de cé héros paeificateur! Cette Angleterre, cette petite île, si chétive, si l'on se contente de comparer sa grandeur avec les territoires qu'il possede, l'exclut des troisquarts du globe, et posant le pié sur son rivage, lui dit comme Canut à la mer, " Tu n'iras pas plus loin." Nous disons plus; elle le prive même des denrées de son propre Continent, et s'il veut du chanvre, de la filasse, du suif, qu'il ne peut se procurer sans notre permission, il faut qu'il vienne à

nous.

On s'est adressé ici au Bureau du Commerce pour obtenir des licences afin de pouvoir exporter du chanvre et des filasses, en raison de l'immense quantité qui en est arrivée dernierement de Russie en trois convois successifs qui viennent d'entrer, au nombre de près de 3000 navires. Nous possédons aujourd'hui pour plusieurs années de notre cousommation de tous ces objets, et le chanvre est en ce moment moins cher à Londres qu'à Riga.

Lettre de Buonaparté à l'Empereur de Russie.

Monsieur mon Frere,

Le Duc de Vicence m'informe que Votre Majesté Impériale a voulu la paix avec la Suede, et que vous avez obtenu les avantages que vous désiriez. Que Votre Majesté me permette de vous féliciter de cet événement!

Les négociations d'Altembourg ont été portées à Vienne. Le Prince Jean de Lichtenstein les suit avec M. de Champagny, et je m'attends à pouvoir bientôt apprendre à Votre Majesté qué la paix est conclue avec l'Autriche. Vous verrez par le traité que, conformément à vos désirs, la plus grande partie de la Galicie ne changera pas de maître; et que j'ai ménagé vos intérêts comme vous l'auriez fait vousmême, conciliant tout avec ce que l'honneur exigeait de moi. Il est essentiel pour la prospérité et le bien-être du Duché de Varsovie qu'il jouisse de la bienveillance de Votre Majesté, et les sujets de Votre Majesté peuvent être assurés que, dans aucun cas, et dans aucunes circonstances, ils n'ont aucune protection à attendre de ma part.

J'ai donné à l'Autriche la paix la plus avantageuse qu'elle pouvait espérer. Elle ne perd que Saltzbourg et une bagatelle du côté de l'Inn. Elle ne cede rien en Bohême. Du côté de l'Italie, elle ne cede que ce qui est indispensable pour mes communications avec la Dalmatie. La Monarchie Autrichienne reste donc entiere. conde expérience que j'ai bien voulu faire. elle d'nne modération à laquelle elle n'avait

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C'est une seJ'ai usé envers

aucun droit de

s'attendre. Je me flatte que j'ai fait en cela une chose agréable à Votre Majesté.

J'envoie à Votre Majesté les derniers journaux anglais. Vous y verrez que les Ministres Anglais se battent les uns contre les autres, qu'il y a une révolution dans le ministere, et que tout est complétement en anarchie. L'absurdité et la folie de ce Cabinet sont au delà de tout ce qu'on peut dire. Ils viennent de faire périr de 25 à 30,000 hommes dans le plus horrible pays du monde. Autant aurait valu les jeter dans la mer, tant les marais de Walcheren sont pestilentiels. Ils ont perdu en Espagne un nombre d'hommes considérable. Le Général Wellesley a eu l'extrême imprudence de s'exposer dans le cœur de l'Espagne ayec 30,000 hommes, ayant sur ses flancs trois armées consistant en 90 bataillons et de 10 à 50 escadrons, tandis qu'il avait en front l'armée commandée par le Roi, qui était de la ́ même force. On ne peut concevoir une semblable présomtion. Il reste maintenant à voir qui succédera au dernier ministere.

Les Etats-Unis sont dans les plus mauvais termes avec l'Angleterre, et paraissent sincérement et sérieusement disposés à se rapprocher de notre systême.

Je prie Dieu, Monsieur mon frere, qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.

NAPOLEON.

Schoenbrunn, le 10 Octobre, 1809.

La vérité de cette lettre est garantie par l'édi

teur du papier le Times.

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VARIÉTÉS POLITIQUES.

Voici l'extrait de quelques-uns des discours prononcés par les esclaves de Buonaparté; c'est de la flatterie grossiere et ridicule, telle qu'il la faut à un parvenu.

On lit dans celui de M. Séguier, premier président de la Cour d'Appel, que le nouveau traité dẹ paix repose sur le besoin que l'Allemagne a de repos, sur la chute des remparts qui pourraient encore inspirer quelque confiance aux ennemis; sur l'irrésistible ascendant du génie de l'Empereur, et sur sa volonté réitérée de planter l'olivier où tant de lauriers ont été cueillis.

Le discours de M. Lejeas, premier vicaire-gé néral de l'Archevêché de Paris, est assez court pour étre transcrit en entier. "Sire, a t-il dit, l'Europe admire la rapidité de vos conquêtes et la gloire de vos armes. Le clergé, en rendant au Seigneur de solennelles actions de grâces pour les nouveaux triomphes qu'il a accordés à V. M., remercie la divine providence d'avoir donné à la France un prince dont la modération, dans la victoire, sait tendre la main à son ennemi vaincu et lui donner la paix. C'est cette magnanimité, Sire, ce besoin de votre cœur que le clergé admire en vous, et qu'il se plaît à faire admirer à vos peuples." M. Lejeas ne parle ni du Pape ni de la religion.

M. Hemart, premier président de la Cour Criminelle, retrace en peu de mots l'histoire de la derniere campagne, parle de la reconnaissance que les sciences et les arts doivent à celui qui les protége si efficacement, et arrivant à la législation criminelle VOL. XXVII.

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dont le perfectionnement occupe depuis si long-temps la pensée de S. M., il a dit:" Persuadé qu'il importe plus à la sûreté générale de prévenir les crimes que de les punir, vous, avez, Sire, épuré les mœurs par l'instruction publique, fait surveiller les malintentionnés par une police active, et fourni des moyens de travail aux indigents."

M. Frochot, préfet de la Seine, au nom du Corps Municipal, a parlé de la joie publique au bruit des triomphes des armées, et de la joie plus grande encore qui s'est manifestée parmi les habitants de cette grande ville, lorsqu'ils ont appris le retour de Napoléon et la faveur singuliere qu'il avait résolu de leur accorder.

M. Marron, président du Consistoire Calviniste, a commenté, en peu de mots, ces paroles des livres saints; Comment ne bénirais-je pas celui qui est béni de Dieu ?

M. Boissard, président du Consistoire Luthérien, s'est félicité de ce que la premiere fois que les protestants de la confession d'Augsbourg étaient admis au pied du trône, se trouvait être l'époque où Fallégresse publique l'environnait, et où la capitale célébrait l'heureux retour de S. M.

M. Boissy-d'Anglas, au nom de l'Institut, a parlé longuement de l'encouragement que S. M. accorde aux sciences, aux lettres et aux arts. Il a dit que la poésie pour célébrer les merveilles du regne de Napoléon n'aurait qu'à parler le langage de l'histoire, mais que l'histoire et la poésie étaient assurées de l'immortalité en s'attachant à ce grand nom, et en célébrant le génie, le caractere, les vertus guerrieres et les hauts faits du plus grand homme des temps modernes, dont le coeur pour la premiere fois, a-t-il ajouté, n'aura point été affligé par l'ingratitude de ses contemporains.!!!"

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