Mora et de Tembleque; mais sur aucune de ces directions, ils ne purent se procurer de nouvelles d'aucun corps de quelque importance. Il y a lieu de présumer qu'à sa cavalerie près, Venegas, après cette bataille, n'aura pu pendant la nuit rassembler plus de mille hommes. "La victoire, due entiérement au comte Sébastiani et à son corps, qui était seul, a livré entre les mains des Français trente-cinq pieces d'artillerie, qui composaient probablement presque tout le train de campagne de l'ennemi, ses munitions et ses équipages. On ne peut fixer le nombre de prisonniers : leur nombre, déjà considérable, s'augmente de jour en jour. "Je me suis plu à questionner quelques-uns de ces prisonniers. Ces Français sont des diables, me disait ingénûment l'un d'eux; leurs colonnes, au milieu du feu de notre infanterie, gravissaient, Parme au bras, et sans tirer un seul coup, des hauteurs que nous croyions inaccessibles! Rien ne les arrête. "On peut dire sans exagération, que peu de campagnes ont été aussi rapides, et pourtant aussi complettes que celle que vient de terminer le roi, après avoir battu ou détruit les trois armées qui avaient si audacieusement pris l'offensive contre l'armée sous ses ordres.". Sur les Pieces publiées par Buonaparté au sujet de Expédition contre Flessingue. ainsi Nous donnons ci-après un article du Moniteur concernant les opérations militaires sur l'Escaut, que la proclamation de Bernadotte et la lettre de Buonaparté sur la reddition de Flessingue: toutes ces pieces servent à prouver ce que nous avons déjà avancé, que Buonaparté vent persuader aux Français qu'il n'avait pas laissé Flessingue et Anvers sans défense, et à l'Europe qu'il a trouvé dans le dévouement de ce qu'il ose appeler son peuple, des moyens immenses pour repousser toute attaque qui serait dirigée contre les côtes de France. La reddition de Flessingue lui a sans doute causé la mortification la plus sensible, et pour satisfaire son ressentiment ou pour déguiser les effets de son imprévoyance, il veut accuser de lachété le militaire qui a bravement défendu cette place. C'est ainsi que quand on sert un usurpateur et un tyran, on doit s'attendre à être traité par lui non pas selon la bonne conduite qu'on a tenue, la bravoure ou la fermeté qu'on a montrée, mais selon que son intérêt ou son caprice l'engage à envisager les services qu'on a voulu lui rendre, et les événements auxquels on a pris part. Buonaparté veut en outre prouver que d'après la maniere dont Flessingue a été defendue, la prise de cette ville a coûté peu de chose aux Anglais et qu'ils n'ont dû ce succès qu'à la faible résistance qui leur a été opposée. Il ne peut supporter l'idée d'avoir été attaqué chez lui, d'avoir vu ses arsenaux et ses chantiers menacés, au moment où il croyait dicter la loi à Vienne, et faire trembler l'univers. C'est dans cette attaque imprévue de la part de l'Angleterre, c'est dans les inquiétudes qu'elle lui a causé, dans les efforts qu'il a été obligé de faire pour en arrêter les suites ou pour prouver qu'il n'a pas été trouvé en défaut, qu'il a dû voir que sa fortune peut quelquefois l'abandonner et que les revers qui détruiront un jour sa puissance seront produits par une cause faible en apparence et dont il n'aura pas lui-même supporté l'existence. Le tableau que ses agents ont tracé des moyens de défense qu'ils avaient eu d'abord sous la main et de ceux qu'ils ont depuis rassemblés, prouve par son exagération combien il a besoin de montrer aux Français qu'il n'a pas laissé leur territoire sans défense, pour aller faire des conquêtes lointaines, et aux Anglais qu'ils ne pouvaient trouver dans les pays qui lui obéissent, aucun point vulnérable. Maintenant qu'il regarde le péril comme passé, il employe tous les soins à prouver qu'il n'a jamais existé ou qu'il avait des moyens surabondants pour y échapper. Il saisit cette circonstance pour annoncer à l'Europe, que les autorités et les habi tants des pays menacés, ont déployé dans cette occasion un même zele et une même volonté. Mais l'Europe sait déjà que la plupart des autorités qui ne sont pas immédiatement attachées au gouvernement de l'usurpateur, par les traitements ou les distinctions qu'elles en reçoivent, que les maires, les officiers municipaux, etc. etc., des communes plus immédiatement menacées avaient pris la fuite, ou bien se préparaient à se soumettre aux Anglais. La terreur qui, depuis, a été répandue dans ces pays pour les punir de l'insouciance de leurs administrateurs ou des vœux secrets de leurs habitants, les renforts qu'on y fait venir encore malgré que les Anglais aient cessé leurs démonstrations hostiles, démentent suffisamment ce qu'il dit, à ce sujet. Buonaparté a profité de cette tentative pour organiser dans toute la France les gardes nationales, et si l'on en croit ses journaux, l'enthousiasme, la loyanté animent tous les individus qui sont requis pour ce service. Il fau drait ignorer les résistances qui, partout, arrêtent les progrès de la conscription, la lassitude que partout on éprouve en France, après tant d'années de guerre, pour penser qu'il y a quelque chose de vrai dans ces assertions. Eh! quoi, lorsque les fils sont recherchés partout comme des malfaiteurs, lorsqu'ils sont poursuivis dans les forêts comme des bêtes fauves, lorsqu'on les conduit enchaînés aux armées, nous persuadera-t-on que les habitants paisibles que leur âge ou leur situation exemptaient de cette horrible mesure qui dévore les générations à mesure qu'elles s'élevent, se sont enrôlés avec empressement, pour aller combattre les ennemis que l'imprévoyance de l'usurpateur a encouragés à menacer la France, tandis que les troupes régulieres sont employées à conquérir des appanages pour sa famille? Mais en supposant que l'enthousiasme dont parlent les agents de Buonaparté existe réellement, il faudrait l'attribuer à une cause tout-à-fait différente de celles qu'ils ont l'effronterie d'y assigner. Il est possible que comptés depuis si long-temps pour peu de chose, qu'assevris sous un joug militaire, les Français qui ne sont pas appelés dans les armées de l'usurpateur, aient vu dans l'organisation des gardes nationales une circonstance qui les sortait de l'état d'abaissement où les retenait la tyrannie, et qui leur offrait les moyens de contrebalancer un jour et peutêtre détruire l'influence de l'armée et des généraux. Mais qu'ils se soient levés à la voix d'un brigand qu'ils haïssent, qu'ils aient voulu protéger son usurpation, contre laquelle seule ils savent bien que l'Angleterre est armée, c'est ce que nous ne croirons jamais. Après avoir donné cette impulsion, après avoir armé dans l'intérieur une population guerriere, et qui en saisissant les armes qu'on lui a présentées a peut-être senti se réveiller en elle non les vœux d'une égalité chimérique, mais un besoin d'indépendance et de liberté, il serait très-possible que Buonaparté eût manqué de cette adresse et de cette prévoyance qui, en général, ont caractérisé sa politique. En vain, dira-t-on, que ces gardes nationales sont commandées par des officiers qui lui sont dévoués, qu'elles seront surveillées par une police active, assujetties à une discipline sévere, il n'en est pas moins vrai que leur organisation est une chose nouvelle dans le systême actuel, qu'elle n'a été différée que parce qu'on ne croyait pas qu'il serait sitôt nécessaire d'y avoir recours, qu'elle produira inévitablement une secousse dans l'opinion, et que le citoyen qui est armé et enrégimenté ne sera pas soumis comme un esclave sans volonté et sans moyen de résistance. Nous donnons à la fin de ces pieces le décret par lequel Buonaparté a ordonné qu'il fût élevé en son nom une colonne triomphale en l'honneur de la nation française. Nous ne savons pas comment la grande nation envisagera cette marque prétendue de reconnaissance, qui ne sera au milieu d'elle qu'un monument de son esclavage, et de l'insolence de son tyran; mais nous ne voyons dans cet acte qu'une innovation absurde bien digne de la folie dont Buonaparté est atteint. L'histoire ne nous dit pas qu'aucun conquérant ait imaginé d'élever une colonne en l'honneur d'une nation, dans le pays même que cette nation habite. Cette idée n'a pu naître que dans l'esprit d'un homme que l'orgueil égare, et qui accoutumé à faire exécuter tout ce qu'il veut, quelqu'extravagant qu'il soit, ne refléchit jamais à ce que sa capricieuse imagination lui a suggéré. |