de ses chefs que sur leurs combinaisons, lorsqu'ils étaient le résultat d'un cynisme politique qui avouait que le pillage était son but et l'assassinat son moyen, ceux qu'elle menaçait immédiatement craignirent d'opposer à ses affreux ravages le rétablissement de ce qu'elle avait détruit; à ses maximes anarchiques, à une doctrine imaginée depuis un demi siecle par des rhéteurs et des prolétaires, des principes consacrés par les siecles, fixés par la civilisation, et adoptés par tous les peuples. Ceux qui ont voulu diminuer l'horreur que devaient inspirer les catastrophes produites par la révolution, ont prétendu qu'elle était le résultat du désir de liberté, du besoin d'indépendance qu'éprouvait la nation française. Cette assertion est fausse: la nation française avait autant de liberté qu'on peut en avoir sous une monarchie tempérée, et elle vivait, au moment où ses égarements ont commencé, sous un des meilleurs princes qui aient jamais régné sur elle. Froissée, il est vrai, par quelques abus, elle pouvait en vouloir la réforme; mais qu'il y a loin de ces dispositions à celles qui, résultant des excès du despotisme, produisent une insurrection légitime! Si donc la France ne voulait réellement pas une plus grande liberté que celle dont elle jouissait, et ne pouvait pas même la vouloir, il faut en conclure que le mouvement subit auquel elle a été livrée avait une autre cause que le mécontentement public, que l'explosion spontanée d'un peuple qui veut venger ses souffrances. C'est cette cause qui n'a jamais été bien définie, quoique plusieurs hommes d'état l'aient entrevue, et qu'il aurait fallu bien connaître, afin de ne point se tromper sur les moyens à employer pour la combattre. RÉSUMÉ POLITIQUE. Les rois créés par Buonaparté se rendent tous à Paris; les conjectures varient sur le but qu'il se propose en réunissant autour de lui ses vassaux. Va-t-il leur donner une nouvelle dignité ou un nou veau territoire? Va-t-il recevoir de leur abjecte soumission un titre plus éminent que celui qu'il a porté jusqu'à présent? Quelle nouvelle jonglerie a-t-il préparée pour amuser les Français, étonner l'Europe et insulter les souverains légitimes ? Nous avouerons que la solution de ces questions pent bien amuser la curiosité de quelques oisifs; mais qu'elle nous paraît très - indifférente relativement à la situation actuelle de l'Europe. Que Buonaparté donne le titre d'Empereurs aux Rois de sa création, en seront-ils moins soumis? Qu'il en prenne un pour lui, qui le mette au-dessus de tous les souverains, en sera-t-il plus puissant? Tous ces titres, tous ces changements, toutes ces créations, tendent à détourner un instant l'attention du peuple français des plaies profondes que la guerre lui fait cha que jour et qu'elle lui prépare encore; ils servent comme un intermede qui occupe les esprits, tandis qu'on transporte d'Autriche en Espagne le théâtre de la guerre. Depuis que Napoléon a quitté Fontainebleau, depuis qu'il a échappé aux effets du délire ou aux attaques de l'épilepsie (car ceux qui ont fait des discussions plus profondes sur la nature de sa maladie, que sur celle de ses plans, ne sont pas encore bien d'accord là-dessus), il a reçu les députés de Rome, auxquels il a débité tout ce qu'il dit, depuis plusieurs années, sur le pouvoir du Pape et celui de César; il a visité le Roi de Saxe en ami, et les travaux du Louvre en voisin, c'est-à-dire, sans escorte apparente; il a reçu tous les corps de l'Etat et de l'Eglise, qui l'ont flagorné comme de coutume, et VOL. XXVII. 4 D auxquels il ne paraît pas avoir fait de réponse remarquable, puisque ses journaux ne nous en transmettent pas. Parmi tous ces rois mandés à sa cour, il en est un qui va lui porter les plaintes du peuple qu'il l'a chargé d'opprimer. Tous les Buonaparte ne sont pas nés tyrans, et nous ne serions pas étonnés de voir Louis puni de n'avoir pas voulu en être un, comme Lucien l'a été pour avoir refusé d'être roi. Avant de quitter la Hollande, le corps législatif a adressé à Louis un discours, dans lequel on trouve cette phrase remarquable : "Nous sommes convaincus que, s'il ne dépendait quę de V. M. ce pays jouirait de tous les avantages que sa position semble lui assu rer, et nous déplorons avec V. M. que les malheurs qui ont désolé l'Europe entiere s'étendent jusqu'à ce coin du Continent, qui, ne vivant que par son industrie, et ne pouvant y donner un libre essor qu'en temps de paix, doit par là méme être plus éloigné que tout autre des dissentions étrangeres, dont par une suite nécessaire des circonstances le poids doit toujours retomber en grande partie sur lui." La réponse de Louis a été extrémement modérée; et voici le passage qui répond directement au précédent: "Vous connaissez dans quel, état de gêne nous mettent les circonstances actuelles du commerce et de la navigation; vous connaissez aussi la situation particuliere où la nation est à cet égard, et combien ces sortes d'affaires sont délicates dans votre pays et pénibles à supporter, et dans l'espoir qu'une courte absence sera utile à la nation, nous allons nous rendre avec empressement au désir que l'Empereur, notre frere, nous a témoigné de nous voir. Nous espérons qu'à l'accomplissement de nos vœux les plus doux, et à notre satisfastion particuliere, se joindront d'heureux résultats pour la tranquillité et le bien-être d'un peuple que nous aimons et à la destinée duquel la nôtre est attachée.---Nous partons avec l'espérance que ce voyage sera de quelque utilité pour votre pays." Ce qui ferait croire que Buonaparté se prépare à faire une nouvelle dissection du corps germanique, c'est le soin qu'il a pris d'engager les villes anséatiques à remettre leur sort dans ses mains. Sans doute, qu'en même temps il a engagé son fidele allié le Roi de Dannemarc à lui confier aussi le soin de gouverner le Holstein, de sorte que tout le Nord de l'Allemagne va être sous ses lois jusqu'aux confins de la Russie (car nous ne regardons plus la Prusse comme une puissance, ni son territoire comme une barriere.) Il ne serait pas étonnant que le Colonel Krusemark eût été chargé par Buonaparté d'engager Sa Majesté Prussienne de venir assister au banquet des rois. L'Empereur d'Autriche vient de publier une proclamation que nous avons donnée dans ce Numéro, et qui est loin d'annoncer le découragement que la paix qu'il a conclue doit faire supposer. In ne donne point d'éloges à Buonaparté, et après avoir félicité l'armée autrichienne de sa fidélité et de son courage, il l'engage à maintenir l'esprit d'ordre et l'organisation intérieure qui peuvent senls assurer à l'état une tranquillité durable et le faire respecter par ses voisins. Buonaparte a fait annoncer dans ses journaux, que le Tyrol était soumis; il a publié des lettres de soumission qu'il attribue à Hoffer, que nous avons insérées, tout en révoquant en doute leur authenticité; mais ce qui ajouterait encore aux doutes que nous élevons sur la soumission du Tyrol, c'est l'article suivant, qui prouve, qu'au moment où on le disait entierement soumis, l'insurrection généreuse de ses habitants était encore en pleine activité et se manifestait par une résistance vigoureuse. Extrait d'une Lettre particuliere de Munich, du 10 Novembre. " Sur la nouvelle qu'un certain Zoggerlen s'arrogeant le titre de Commandant, cherchait à soulever de nouveau les habitants du Zallerthal et du Pinzgau, le Général-Major Comte de Minucci reçut Fordre d'entrer dans le Zillerthal avec sa brigade qui venait de Salzbourg. Cet ordre fut exécuté le 6. A un quart de lieue en avant de Zill, les troupes trouverent les insurgés postés des deux côtés de la montagne, et cherchant par un feu vif à empêcher la colonne d'avancer sur la route qui avait été barricadée. Le Se régiment d'infanterie, Duc Charles, emporta avec son impétuosité ordinaire les retranchements, s'empara des hauteurs des deux côtés, et occupa Zill. Les insurgés, quoiqu'au nombre de 4000, prirent la fuite après avoir perdu beaucoup de monde, et se retirerent dans les gorges des environs de Mayrhof. La perte de nos troupes a été de 4 tués et 19 blessés. Le 7, au matin, un détachement de cavalerie entreprit une reconnaissance sur Mayrhof. Mais n'ayant point trouvé d'ennemi, quoiqu'il se fût porté à un quart de lieue au-delà de cet endroit, et les insurgés paraissant s'être retirés dans leurs foyers au-delà des montagnes, il revint, et on prit position à Fugen où la brigade ne fut pas inquiétée. Le Général-Major Comte de Beckers se porta, le 7, avec le 7e régiment d'infanterie, le bataillon d'infanterie légere de la Roche, un escadron de cavalerie et une demi-batterie, sur Steynach. En avant de Matrey, il fut attaqué en front et sur les flancs par les insurgés qui firent un feu très-vif sur la colonne. Les troupes emporterent les hauteurs depuis Matrey jusqu'à Steynach, et les insurgés, au nombre d'environ 1600, se retirerent. Ils parurent vouJoir se rassembler sur le Brenner. L'avant-garde des troupes, sous les ordres de S. A. I. le Vice-Roi d'Italie, a occupé Bruneggen le 2 de ce mois, Si de ces contrées que Buonaparté parviendra peut-être à craser sous le poids de ses vastes armées, mais qu'il ne subjuguera jamais entierement, nous jettons nos regards sur l'Espagne, nous voyons ce pays dans une crise de réorganisation qui pourra lui être salutaire: ses armées sont plus nombreuses, mieux conduites, leurs mouvements ont plus de concert, et déjà l'armée de la Manche, forte de 55,000 hommes, a presque coupé la communication des divers corps français avec Madrid, et a marché sur cette capitale d'où elle n'était plus qu'à deux jour |