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comme un lion, comme un ours, etc. La troisieme preuve, c'est que Moïse a dit en parlant des Gentils : 66 Leur repos et leur abondance les ont aveuglés, ils "sont devenus les ennemis de Dieu par les abomina"tions qu'ils ont commises et par leurs actions hon"teuses." David a parlé comme Moïse, et les prophetes comme David; de sorte que si la religion chrétienne ne fût survenue pour rappeler tous les Gentils dans le sein de l'Eglise, il est à présumer qu'ils se seraient tous corrompus de plus en plus, et que nous serions tombés dans le dernier excès de la barbarie. Mais on objecte à M. Dan... .Del. . . .que les sauvages de l'Amérique ne connaissaient ni les petits-maîtres, ni les gentilshommes; qu'on n'a trouvé ni diplômes, ni écussons, ni armoiries chez les peuplades de la grande mer des Indes, de la Nouvelle-Hollande, de la Nouvelle-Zélande, et de toutes les terres nouvelles qu'ont découvertes nos hardis navigateurs. M. Dan.... Del.... répond que, s'il n'y a plus de gentilshommes dans ces contrées, il y en a eu autrefois; que l'Atlantide ayant été submergée par un affreux tremblement de terre, quelques gentilshommes se sont malheureusement sauvés du naufrage, et ont porté leurs ridicules et leurs vices dans ces pays éloignés; qu'enfin, il n'est pas une nation qui n'ait ses hommes du jour, ses merveilleux, ses petits-maîtres, et que cela suffit pour conduire les hommes à la plus triste dégénération.

Nous ne suivrons pas M. Dan.... Del. . . . dans les développements de ses autres idées; on sent bien qu'il n'a pu concevoir le plan de son ouvrage sans se proposer de combattre J. J. Rousseau. Aussi a-t-il consacré quelques chapitres à cet objet. Il en a consacré d'autres à montrer l'excellence des sciences morales et la futilité des sciences physiques, à combattre le systême solaire et les théories de Copernic et de Newton. Ses arguments ne sont ni moins justes, ni moins profonds, ni moins péremptoires que

ceux que nous venons de rapporter. M. Dan... Del..., paraît avoir étudié avec beaucoup de soin les proverbes de Salomon et les psaumes de David; il s'appuie souvent de leur autorité; l'in exitu et le magnificat lui fournissent des arguments nombreux et des citations très-éloquentes. Ces autorités sont fort respectables, et l'usage judicieux qu'en fait M. Dan... Del.... prouve que s'il a le malheur de loger dans la rue des Mauvaises-Paroles, il connaît au moins les sources précieuses qui produisent les bonnes.

Macédoine,

On fut long-temps parmi les Grecs sans connaître, ou sans remarquer la Macédoine. Ce pays appartenait par son origine à la Grece, et par ses mœurs aux barbares.... Ses rois, avant Philippe, étaient relegués dans les bois et dans les montagnes, Ils prétendaient descendre d'Hercule par Caranus; mais cette descendance qui n'a jamais été prouvée, n'empêcha pas Démosthenes de les traiter de barbares. Cela n'empêcha pas davantage qu'Alexandre, non celui qui conquit l'Asie, mais son bisaïeul, ne fût exclus, comme barbare, des jeux olympiques, où il ne parvint à se faire recevoir, qu'après avoir prouvé qu'il était originaire d'Argos.

ci

Le même Alexandre, lorsqu'il passa du camp des Perses dans celui des Grecs, pour avertir ceuxque Mardonius avait résolu de les surprendre, justifia sa perfidie par son origine, en prouvant qu'il était Grec.... Dolus an virtus quis in hoste requirat, était, comme on sait, une maxime reçue chez les peuples les plus sages et les plus patriotes de l'antiquité.

Ces rois, dont un des descendants conquit l'univers connu, vécurent long-temps ignorés de l'uni

vers entier ; et ne régnerent qu'autant qu'il plaisait aux citoyens d'Athenes, de Sparte ou de Thebes de les protéger. Mais

Chaque peuple à son tour a régné sur la terre,

Quand Philippe eut ajouté aux faibles états qu'il tenait de ses faibles ancêtres, la Thrace et l'Illyrie, il fit trembler à son tour ceux qu'il avait long-temps redoutés. Son royaume s'étendit depuis le fleuve Strymon jusqu'à la mer Adriatique. Les Grecs ne remarquerent sa puissance, que lorsqu'il était déjà trop tard pour s'y soustraire.

Il commença par semer la division chez tous ses voisins, avant de les conquérir; et quand il les eut conquis, il s'occupa à les refondre par de nouvelles institutions, et à les rallier sous des lois com

munes.

Les historiens ont recherché avec raison la cause d'une puissance aussi soudaine et aussi extraordinaire. Les uns l'ont attribuée à sa politique; les autres à son corps d'armée connu sous le nom de

phalange macédonienne. "Tant que ce corps, dit Polybe, conserva son état et son arrangement, c'està-dire tant que les soldats et les rangs demeurerent serrés, comme ils devaient l'être, il ne fut possible ni de les rompre, ni de soutenir leur effort, et ils prouverent par le fait, la vérité de cette ancienne maxime. Vis unita fortior."

Paul-Emile avoua que dans la bataille qu'il livra à Persée, dernier roi de Macédoine, ce rempart d'airain et cette forêt de piques impénétrable à ses légions, l'avaient rempli d'étonnement et de crainte. Il ne se souvenait pas, disait-il, d'avoir jamais vu de spectacle aussi effrayant; et, depuis ce temps là, il n'en parlait jamais qu'avec une sorte de frémisse

ment.

VOL. XXVII. '

4 F

Quel prodigieux changement les temps et les lieux peuvent apporter dans les idées et dans les

mots!

Nous rions depuis long-temps des mots diables et sorciers, qui faisaient trembler nos bons

aïeux.

*

Ce mot de Macédoine, dont le souvenir faisait frissonner Paul-Emile, ne rappelle plus aujourd'hui qu'une idée presque comique, une image sensuelle, une invention de la moderne gourmandise, un plat, enfin, composé de toutes sortes de légumes.

Quelle est l'origine et l'étymologie de ce nom considéré dans le sens des gastronomes? Quel rapport a-t-on pu saisir entre un mets de fantaisie et le pays célebre qui vit naître Philippe et Alexandre ; Nous n'en savons rien, et nous serions tentés d'invoquer à cet égard les lumieres des joyeux convives du Rocher de Cancale.

Mais en attendant leur réponse, voyez comme les abus se suivent et s'enchaînent! Le nom d'un pays guerrier a passé sur nos tables, sans qu'on sache pourquoi; et l'on dit que de nos tables il passera jusque dans nos dictionnaires, pour exprimer un mélange quelconque, sans qu'on en sache mieux la raison; mélange d'états dans un cercle, mélange de fleurs dans un parterre; mélange de qualités dans un caractere, mélange de couleurs dans un tableau, mélange d'articles dans un journal, etc. : tous ces mélanges pourront être désignés sous le nom de Macédoine. Si donc vous voyez des Juifs réunis avec des Arméniens, des Musulmans, des Presbytériens, des Quakers, etc., vous trouverez là dedans une image de l'empire créé par Buonaperté, et vous pourrez dire, c'est une Macédoine. Et si dans un journal vous trouvez ce que les Italiens appellent un pasticio, c'est-à-dire un pêle-mêle d'airs composés par différents maîtres, ou de critiques différentes amalgamées

sous le même titre, vous pourrez dire en français, c'est une Macédoine.

Un paysan a trouvé dernierement, dans un champ de Monterosi, une monnaie qu'on croit la plus ancienne qui existe. On la croit frappée sous Servius Tullius, sixieme roi des Romains, mort l'an 218 de Rome. Elle compte en conséquence 23 siecles d'antiquité. Son poids est de 11 onces 17 deniers, son diametre est de deux pouces dix lignes. Elle a sur un côté la tête de Minerve vue de face avec la casaque (Pallade galeata), et sur l'autre, un boeuf avec une petite ligne I, qui indique le premier des chiffres romains. On lit sur l'exergue, en gros_caracteres Roma. Ce type est celui dont Pline, Plutarque et Varron ont donné la description, et qui est porté par ces auteurs à l'époque de Servius Tullius. Dans la collection des monnaies du cardinal Zelada, il en existe une, dont le type est semblable à celui de la piece qu'on vient de découvrir; mais les antiquaires qui l'ont examinée ont trouvé qu'elle différait du poids que ces monnaies devaient nécessairement avoir.

Celle qu'on vient de découvrir a le poids effectif d'une livre romaine; car la différence de sept deniers doit être attribuée à l'altération causée par le temps. Les caracteres du mot Roma sont de la même forme que ceux de l'Etrurie et du Samnium. Le métal en est très-pur, et a beaucoup d'analogie avec le cuivre égyptien des monnaies des Ptolo

mées.

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