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que la délicieuse mélodie de cet ouvrage était encore plus une inspiration, que l'effort d'un travail pénible; et qu'enfin, si un autre avait eu l'avantage de cette création, il n'eût pas manqué de la réclamer, pour le partager avec J. J.; qu'en supposant même qu'il fût mort, sa famille eût élevé quelques prétentions ou du moins révélé quelque chose de ce secret important. Rien de tout cela n'est arrivé. La gloire est restée toute entiere au philosophe genevois. Gardons-nous bien de lui ôter cette couronne. Il n'a pas toujours aussi bien réussi à faire le bonheur de ses semblables.

VOL. XXVI.

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VARIÉTÉS POLITIQUES.

Extraits des Journaux Français.

Le camp que les Français avaient formé sur la rive gauche du Danube, près du pont de Tabor, a disparu, ainsi que les retranchements de Spitz. L'aspect de ce camp était assez remarquable, et assez semiblable à une ville des colonies hollandaises. Les baraques formaient en quelque sorte quatre longues rues tirées au cordeau. Chacune de ses baraques était numérotée, peinte au dehors, et décorée au dedans. Le tout était divisé en différents quartiers, distingués par des couleurs différentes. Le camp était illuminé toutes les nuits. Chaque baraque pouvait contenir 10 à 15 hommes. Il y avait derriere ces baraques des espaces de terrain couverts de verdure et plantés d'arbres, et offrant çà et là des. abris en planche contre le soleil et la pluie. C'est là que les soldats faisaient leurs jeux et leurs exercices gymnastiques. L'aspect que présente la route de Vienne à Munich est bien différent; le voyageur fait des journées entieres sans y rencontrer un seul arbre: ils ont tous été coupés.

Voici un décret de Joseph qui paraît dicté par quelque pressentiment que nous n'avons pas besoin

de caractériser.

"Don Joseph Napoléon, etc., sur le rapport de notre ministre de la justice; ouï notre conseil d'Etat :

"Art. Ier. La peine de la potence est et demeure abolie dans toute l'étendue de nos royaumes.

"II. Cette peine sera remplacée par celle de la

strangulation pour tout condamné à mort, sans aucune distinction de classe, d'état, de qualité, de sexe, ni de délit.

"III. Les condamnés ne pourront prolonger leur station dans la chapelle consacrée à cet objet, au-delà du terme précis de 24 heures.

"IV. Quel que soit le caractere ou la distinction, soit ecclésiastique, soit civile, soit militaire, d'un individu condamné à la peine capitale, il s'en trouvera dégradé par le fait même de la sentence prononcée cotre lui."

Les journaux de France donnent les détails suivants sur les premieres tentatives contre les îles Ioniennes.

Une lettre particuliere de Vonizza, en Epire, du 15 Septembre 1809, contenait ce qui suit :

"Les Anglais viennent de commettre une action qui les a démasqués aux yeux de leurs plus grands zélateurs. Une de leurs gazettes, vraisemblement imprimée pour leurs colonies d'Amérique, ou bien pour les tavernes de Londres, annonce qu'il a éclaté une insurrection à Corfou; qu'il y a eu plusieurs batailles sanglantes livrées entre les Français et les Corfiotes, dans lesquelles la victoire est restée à ces derniers. On aurait dû éviter de nous conter de semblables histoires, étant dans le cas de vérifier jour par jour, la tranquillité des IslesIoniennes."

Ce fut le 2 Juin que la frégate anglaise la Pallas commandée par le capitaine Ferguson, se présenta devant l'île d'Ithaque. S'étant approchée de la côte,

* Cette strangulation, qui s'opere sur l'échafaud au moyen d'une espece de collier de fer, était le supplice réservé aux condamnés appartenant à quelque classe privilégiée sous l'ancien gouvernement.

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elle mit tontes ses chaloupes à la mer, et tenta un débarquement qui avait pour but de répandre dans l'île des proclamations de M. Adair et de M. Leckie, d'exciter une insurrection, et de faire massacrer par les habitants le très-petit nombre de troupes qui formait la garnison de cette île. Une grande partie des insulaires s'était rassemblée ce jour-là au village d'Anoï, pour y célébrer la fête de Saint Constantin, et là se trouvait aussi l'administrateur, M. Marino Veja. Cette réunion avait sans doute paru à l'en

nemi une circonstance favorable au succès de son entreprise; mais elle ne servit qu'à la faire échouer plus complétement. A la nouvelle d'un débarquement des Anglais, l'administrateur harangua cette multitude de villageois rassemblée autour de lui, leur fait prendre les armes et les entraîne sur le rivage. L'ennemi fut repoussé à coups de fusil. II ne perd pas l'espérance; il se présente successivement sur tous les points où il pouvait débarquer; mais l'administrateur l'avait prévenu; tous ces points étaient gardés, et partout il fut accueilli de la même maniere. Dans ces différentes affaires, les Anglais ont eu quelques hommes de tués et un plus grand nombre de blessés. S'imaginant alors que les habitants ne les recevaient ainsi que parce qu'ils prenaient le change sur leurs projets, ils enlevent une barque dont ils emmenent le patron à bord de la frégate. Un Grec (sans doute il n'est pas de ces iles) lui remet de la part du capitaine une lettre dont il lui explique le contenu, en le chargeant de la rendre au commandant du poste le plus voisin, et de rapporter la réponse. Voici la traduction de cette lettre, écrite en italien:

"Si les habitants d'Ithaque veulent jouir de la protection des Anglais, ils n'ont qu'à faire prisonniers le peu de Français qui se trouvent dans l'île, et qu'à arborer le pavillon de la république. Le capitaine de la frégate anglaise est prêt à leur donner tous les

secours nécessaires pour

le succès de cette entre

prise."

(Signé)

George FERGUSON.

Les braves habitants d'Ithaque répondirent à ces provocations, en faisant feu sur l'ennemi partout où il se présenta. Les Anglais s'éloignerent, et renoncerent à leur projet. (Il n'est pas un mot dans cette relation qui ne soit un impudent mensonge. Ithaque a été prise sans résistance.)

On mande de Stockholm que le baron d'Armfeldt, qui était président du collège de guerre, vient

de donner sa démission.

Qu'à commencer du 15 Novembre prochain, tous les ports ont dû être fermés au vaisseaux de guerre et aux bâtiments de commerce anglais.

Enfin que les effets précieux que le duc de Brunswick avait déposés dans la banque, viennent d'être envoyés à Londres.

Les journaux allemands publient le pardon général, publié le 10 Octobre à Pest, au nom de l'Empereur d'Autriche, " pour tous ceux qui, refusant d'entrer dans la landwehr, se sont rendus coupables de parjuré et ont mérité toutes les peines prononcées par le Code militaire contre les déserteurs."

Napoléon a fait remettre, par Duroc, 300 napoléons d'or à M. Charles Schenk, médecin de Bade, en reconnaissance des soins qu'il a pris des blessés français.

La forteresse de Spielberg, a éprouvé le même sort que la citadelle de Gratz, et l'on travaille à sa démolition. Cette montagne était fameuse autrefois chez les Esclavons par un temple consacré à l'idole Peho, qu'ils adoraient comme la divinité du tonnerre. Les jeux que l'on y célébrait dans ses fêtes sont l'origine du nom que porte cette montagne.

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