Camilles et les Césars, ombragée de cent superbes débris, qui attestent la gloire et la magnificence de nos ancêtres,enrichie de tant de monuments modernes des beaux-arts, chefsd'œuvre que la belle Italie, digne émule de l'ancienne Grece, propose pour modeles à toutes les nations, Rome conserve encore le germe de cette grandeur pour laquelle elle est née, et à laquelle elle peut aspirer de nouveau. Votre M. I. et royale a déjà rempli la terre du bruit de son nom; le Pô, le Nil, le Rhin, le Danube, et la Vistule soumis à vos lois, ont plus d'une fois célébré vos étonnantes victoires, et transmettront aux âges futurs le souvenir de vos sublimes vertus. Sire, le Tibre témoin de tant de fameux exploits et de tant d'actions généreuses, releve avec reconnaissance son front devant vous, qui êtes son appui tutélaire. Fier de deux grands siecles si célebres dans l'histoire de l'esprit humain, le Tibre, sous votre empire fortuné, non moins florissant dans les arts de la paix que dans ceux de la guerre, espere voir naître sur ses rives un troisieme siecle égal et même supérieur à ceux d'Auguste et de Léon. Sire, il existe encore ce Capitole où monterent tant d'illustres conquérants; il vous montre le glorieux chemin sur lequel vous pouvez empreindre la trace de vos pas victorieux et graver le souvenir de votre nom immortel. Alors nous verrons refleurir et croître cette couronne de lauriers que Nerva déposa dans le temple de Jupiter. Vous seul, Sire, pouvez la protéger de votre ombre contre toute insulte ennemie, comme l'aigle de Trajan la préserva des inutiles efforts du Germain, du Parthe, de l'Arménien et du Dace. Telles sont les espérances, tels sont le vœux que nous déposons aux piés du Trône de V. M. I. et R., au nom des paisibles et fideles habitants de votre ville libre et impériale. Sa Majesté fit à cette harangue, la réponse que voici: Messieurs les Députés des Départements de Rome, Mon esprit est plein des souvenirs de vos ancêtres. La premiere fois que je passerai les Alpes, je veux demeurer quelque temps dans votre ville. Les Empereurs Français, mes prédécesseurs vous avaient détachés du territoire de l'empire et vous avaient donné comme fief à vos évêques. Mais le bien de mes peuples n'admet plus aucun morcellement. La France et l'Italie toute entiere doivent être dans le même systême. D'ailleurs, vous avez besoin d'une main puissante: j'éprouve une singuliere satisfaction à être votre bienfaiteur. Mais je n'entends pas qu'il soit porté aucun changement à la religion de nos peres. Fils aîné de l'église, je ne veux point sortir de son sein. Jésus-Christ n'a point jugé nécessaire d'établir pour Saint-Pierre une souverainté temporelle. Votre siége, le premier de la Chrétienté, continuera à l'être, votre évêque est le chef spirituel de l'Eglise, comme j'en suis l'Empereur: Je rends à Dieu ce qui est à Dieu, et à César, ce qui est à César. Après les députés Romains, des députés de Toscane furent admis à présenter leurs hommages à l'Empereur et Roi. Le Cardinal Zondadari, président de cette députation, porta la parole. Sa Majesté répondit à sa harangue en ces termes : Messieurs les Députés de la Toscane, J'agrée vos sentiments: vos peuples me sont chers à bien des titres. Désormais réunis dans ma grande famille, ils trouveront en moi l'amour d'un pere. Lorsque ces députations se furent retirées, le Sénat en corps fut présenté par le Prince Vice-GrandElecteur à Sa Majesté, à laquelle le Comte Garnier, président de ce corps, adressa le discours et présenta T'adresse que voici. Sire ! Votre Majesté travaillait à assurer le repos du continent, lorsqu'elle s'est vu forcée de courir à de nouveaux triomphes, et d'ajouter à tant de prodiges passés, qui semblaient avoir épuisé l'admiration, des prodiges encore pluș étonnants. Mais à peine des paroles de conciliation se sont'elles fait entendre, qu'aussitôt vous avez suspendu l'essor de vos aigles victorieuses que votre voix seule pouvait arrêter. Vous avez signé la paix sur le champ même de la victoire, et vous avez voulu que votre heureux retour au milieu de vos peuples fût signalé par ce grand bienfait. Qui de nous, Sire, dans cette circonstance n'a dû se rappeler ces paroles mémorables émanées du trône: Jamais aucun ressentiment n'influera sur mes déterminations?" (1) (1) Discours de l'Empereur, du 16 Aout 1807. Les seuls ennemis dont vous ayiez voulu l'anéantissement, c'est l'anarchie du continent, et le despotisme injurieux qui L'œuvre de votre génie marche à grands pese sur les mers. pas vers son glorieux terme. L'honneur français fait désormais cause commune avec la paix et la liberté du monde, Vos armées toutes de héros sont soutenues par une nation toute de braves ; et, d'un hémisphere à l'autre, les peuples, éclairés enfin sur leur premier intérêt, se pressent d'entrer dans cette ligue sacrée qui a pour but l'affranchissement du commerce et l'indépendance des nations. Le Sénat, Sire, qui sert la patrie et l'humanité en concourant à l'exécution de vos nobles desseins par son zele constant et son inébranlable fidélité, vient apporter, aux pieds du trône le tribut de son admiration et de son amour pour votre personne auguste, et présenter l'adresse qu'il a unanimement votée, en réponse à la derniere communication qui lui a été faite au nom de Votre Majesté. Extrait des Régitres du Sénat-Conservateur, du Vendredi 3 Novembre 1809. Le sénat-conservateur, réuni au nombre de membres prescrit par l'art. XC de l'acte des constitutions du 22 Frimaire an 8, délibérant sur la communication qui lui a été donnée par S. A. S. le Prince Archichancelier de l'empire, en exécution des ordres de S. M. l'Empereur et Roi du traité de paix conclu avec l'Empereur d'Autriche, le 14 Octobre dernier; après avoir entendu le rapport de sa commission spéciale, nommée dans la Séance du 28, où ladite communication a eu lieu; arrête qu'il sera fait à S. M. I. et R., l'adresse dont la teneur suit: Sire! Votre Majesté Impériale et Royale à fait communiquer au sénat, par le Prince Archichancelier de l'empire, le traité de paix signé à Vienne, le 14 Octobre, anniversaire d'un jour si fameux dans nos fastes. Une paix glorieuse termine uue campagne signalée par tant de prodiges; le peuple Français jouit de votre présence, tous ses vœux sont remplis." La postérité, Sire! admirera votre modération, votre sagesse, la profondeur de vos vues. Mais votre gloire répand pour votre siecle, le même éclat que pour les siecles venir. Vos contemporains, Sire! ont pour V. M. I. et R., la même admiration que la postérité; ils éprouvent la même reconnaissance, et ils ressentent de plus cette affection particuliere qu'inspire le bonheur de contempler votre per sonne sacrée. Vous avez couvert l'Europe de trophées. Au sommet de ces monuments, brille aujourdhui la palme de la paix. Elle rassure l'agriculture, console l'industrie, ranime le commerce, vivifie les arts et protégeant le repos du monde, elle est la plus douce récompense des nobles travaux de Vo tre Majesté. L'amour de vos peuples grave au dessous de ce symbole cette expression touchante et solennells de ces sentiments pour vous: Au plus grand des héros, qui n'a voulu commander à la victoire que pour le bonheur de la terre, Le peuple Français reconnaissant. L'assemblée arrête, en outre, que l'adresse ci-dessus sera présentée à S. M. l'Empereur et Roi par le sénat en corps (Signé) Les Président et Secrétaires. G. GARNIER, SEMONVILLE, HERWYN.、 Vu et scellé : (Signé) Le Chancelier du Sénat, Comte LAPLACE. Le monarque répondit au discours du président du sénat et à l'adresse ci-dessus en ces termes. Sénateurs, Je vous remercie des sentiments que vous venez de m'exprimer. Celles de mes journées que je passe loin de la France sont des journées perdues pour mon bonheur. Il n'est pour mon cœur aucune satisfaction loin de ma grande famille. Je le sens profondément, et je veux le dire: mon peuple a eu et aura des princes plus heureux, plus habiles, plus puissants: mais il n'a jamais eu et n'aura jamais de souverain qui porte plus haut, dans son cœur, l'amour de la France. Après ces audiences, Sa Majesté descendit du trône, et reçut dans la salle du trône les hommages et les félicitations du Conseil d'Etat, de la Cour de Cassation, de la Cour des Comptes et du Conseil de l'Université, dont les Présidents prononcerent chacun un discours. Cette audience terminée, l'Empereur se rendit dans la salle de la paix, où il reçut la Cour d'Appel de Paris, le Clergé, la Cour de Justice Criminelle, le Corps Municipal de Paris et l'Etat-Major; les Consistoires Calviniste et Luthérien, ainsi que l'Institut. |