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jugé à propos de l'instituer, et que c'était à son parlement à lui demander dans sa sagesse les renseignements nécessaires ou à prendre les mesures qu'il croira les plus propres au bien public."

L'île de Walcheren a été évacuée

Tous les ministres de S. M. sont allés le 13, en grand costume, faire visite à l'Ambassadeur du Roi de Perse. Suivant l'étiquette de la cour de Téhéran, cet ambassadeur n'avait pas dû se montrer hors de chez lui avant d'avoir remis ses lettres de créance.

Une foule immense s'était assemblée pour voir passer S. Exc. qui devait, disait-on, déployer dans sa présentation tout le faste oriental; mais les curieux furent trompés dans leur attente. S. Ex. a été flattée de l'accueil que lui a fait le public, elle portait ellemême ses lettres de créance renfermées dans une cassette d'or.

Le nouveau roi de Suede a eu deux attaques d'apoplexie qui sans doute ajouteront à cette sagesse dont Buonaparté l'a doué dans son discours. Gustave IV a été tranféré de sa prison à Carlscrone pour être de là conduit à Baden. (Nos lecteurs se rappellent l'affreux événement qui eut lieu il y a quelques années dans les Etats de l'Electeur de Bade.)

L'esclave de Buonaparté, le Roi de Dannemarc vient non-seulement d'exclure de ses possessions continentales les denrées coloniales et les marchandises anglaises, mais il a encore défendu l'exportation de celles qui y sont actuellement.

THEATRE DE COVENT GARDEN.

La tempête qui s'était élevée à ce théâtre, et qu'on avait toujours vu se ranimer avec une nouvelle fureur, chaque fois qu'on la croyait affaiblie ou appaisée, a enfin cédé à la circonstance même qui semblait avoir été préparée pour lui donner une nouvelle force. Ainsi les sables du rivage voient mourir sur leur mouvante surface les flots courroucés.

Depuis plusieurs jours on avait annoncé un dîner qui devait réunir dans l'immense salle de la Taverne de Crown and Anchor, tous les partisans des anciens prix du Théâtre, tous les moralistes séveres qui voyaient dans les loges particulieres (private boxes) une atteinte aux mœurs, tous les patriotes inflexibles qui y trouvaient une violation des droits du peuple, tous les amateurs des anciennes coutumes qui voulaient qu'au milieu de l'augmentation graduelle du prix de tous les objets de luxe et de premiere nécessité, celui des théâtres restât le même qu'il existait il y a un demi-siecle, les orateurs populaires qui s'étaient fait une réputation en attaquant celle des autres.-les homines du demi-prix (half-price Men.) qui réclamaient avec fureur l'ancien prix, après l'avoir payé pour entrer au théâtre, enfin tous ceux qui luttent avantageusement avec les orateurs favoris imitaient les cris des animaux, agitaient des sonnettes et cet instrument qui dans les mains des Watchmen de Londres annonce la fuite de quelque homime poursuivi par la police.

Environ 500 personnes prirent part au banquet. Après qu'on eût enlevé la nappe, et que la santé du Roi eût été portée, M. Clifford annonça qu'en conséquence d'un message reçu de M. Kemble, il avait

eu avec lui une entrevue, dans laquelle celui-ci avait exprimé son vif désir de mettre fin à l'opposition qui existait entre le public et les Directeurs du théâtre, et d'être admis pour cet objet au sein de la réunion actuelle des partisans des prix anciens. Ces paroles ayant produit dans l'assemblée les plus heureuses dispositions, M. Kemble fut admis; de nombreux applaudissements l'accueillirent dès qu'il parut; il y répondit en saluant à gauche et à droite. Le comité qui avait été chargé de la direction du dîner et qui était le même, dit M. Clifford, que celui qui avait conduit la derniere élection pour Westminster, après s'être retiré pendant quelques instants, remit bientôt entre les mains du président un projet de résolution dont voici les articles.

Le comité pense que le public sera satisfait si les conditions suivantes sont remplies: 1°. Les loges particulieres seront réduites au même nombre et arrangées selon le même plan qu'en 1802, époque à laquelle M. Kemble devint un des propriétaires et le directeur du Théâtre de Covent-Garden.

2o. Le prix d'admission pour le parterre sera réduit à 3s. 6d. et pour les loges porté à 7s. 3°. Les Directeurs feront au public des excuses convenables, et renverront M, Brandon à raison de la maniere dont il s'est conduit depuis les troubles du Théâtre, 4°. Toutes les poursuites et actions instituées de part et d'autre seront discontinuées.

Ces diverses résolutions furent accueillies à l'unanimité, excepté celle qui est relative à l'augmentation du prix des loges qui éprouva une résistance à laquelle la satisfaction des habitués du parterre mit bientôt une fin. M. Kemble ne souscrivit point au renvoi de M. Brandon, sur lequel il promit de consulter ses co-Directeurs, mais il accepta toutes les autres conditions. Lorsqu'il se

fut retiré, sa santé fut proposée et portée avec des acclamations de joie.

Ce qui venait de se passer à la Taverne de Crown and Anchor fut bientôt connu au Théâtre, et M. Kemble appelé de toutes parts vint annoncer la transaction qui avait été conclue; mais comme il évitait de s'expliquer relativement au renvoi de M. Brandon, le bruit recommença, et ce ne fut que le lendemain, après qu'il eût annoncé que ce fidele serviteur du Théâtre s'était retiré, que l'harmonie fut rétablie.

M. Kemble prononça ensuite le discours dont voici la substance:

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J'apprends que votre mécontentement vient de ce que je n'ai pas prié le public d'excuser les motifs qui ont fait admettre dans ce Théâtre des personnes dont la conduite lui a déplu. Veuillez pardonner le retard que j'ai mis à vous adresser ces excuses, et je vous les fais non-seulement en mon nom, mais encore de la part des autres propriétaires; nous regrettons vivement ce qui s'est passé, et nous osons vous promettre que, par devoir autant que par inclination, nous ferons consister notre orgueil à prévenir le retour des griefs que vous avez cru avoir contre nous."

Ce discours a rétabli l'harmonie. Ainsi s'est terminée par des concessions mutuelles, cette lutte qui avait donné des inquiétudes sérieuses à ceux qui prétendaient qu'elle avait un autre but que celui qui était annoncé ouvertement.

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On souscrit chez M. PELTIER, 7, Duke Street, Portland Place.
De l'Imprimerie de Vogel et Schulze, 13, Poland Street, Londres,

L'Ambigu,

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VARIÉTÉS LITTÉRAIRES ET POLITIQUES.

No. CCXLIII.-Le 30 Décembre, 1809.

PRIX DÉCENNAUX.

Lettres Champenoises, ou Observations critiques sur quelques Tragédies et Comédies modernes.

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Un événement tel qu'il ne s'en est point encore rencontré dans les fastes de la littérature se prépare aujourd'hui : la distribution des grands prix décennaux approche. La Grece, dans ses jours les plus brillants, n'aura point vu de solennité aussi grande et aussi pompeuse. Quelle belle perspective pour tous ceux qui peuvent avoir quelques espérances! Quoi de plus propre à enflammer le génie, à exciter l'émulation de tous ceux qui cultivent les sciences, les arts et les lettres! Quelle plus digne récompense de leurs travaux que ces palmes accordées par la main même du souverain! Mais ce jour, qui sera si beau et si heureux pour quelques-uns, sera un VOL. XXVII. 4 P

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