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glace "étoit diftinguee en diveries íuríaces polies, on y verroit antant de Chardelles ; & s'ily en avoit une units, or y verroit une infinité de chandenes, mait tellement confules qu'on ne les diugueroit pas, de forte que l'on s nagineroit voir quelque autre chofe que i chandelle, quoique l'on ne vit nea er effet. Ceft proprement ce qui arrive, lorsque l'on fait des tales fur un miroir, car par ces raies on fait une infinite de furfaces, lefquelles ne reprefentant qu'inparfaitement la chandelie, font voir aux yeux une blancheur qui n'eft en effet que l'image confufe de la chandelle. Si on rayoit partout le miroir, on verroit partout cette blancheur qu'on's imagineroit être dans le miroir, & qui n'y feroit en effet non plus que l'image d'une chandelle.

Tous les objets du monde font des miroirs, parceque nous ne les voyons qu'en tant qu'ils nous renvoyent la lumiere, mais ce sont des miroirs confus & rayés, d'eft-à-dire qu'ils ont une infinité de furfaces: ce quifqu'ils ne nous reprefentem imr

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fufes du corps lumineux,dont la lumiere' étant réflechie par les autres corps privés de lumière, nous découvre leur figure dans cette image confufe du luminaire qu'elle forme, & il arrive de-là néanmoins que les hommes attribuant aux corps opaques ce qu'ils voyent, s'y attachent, comme fi cette beauté leur appartenoit, au lieu qu'elle n'eft proprement que dans le Soleil, dont ils réflechiffent les rayons

Ceft une excellente figure de ce qui arrive dans le monde. Toute la beauté des créatures vient de Dieu. Toute verité eft un rayon de la verité éternelle. C'eftpourquoi Dieu fit voir à fainte Therefe dans une vifion admirable, que la verité fouveraine comprenoit toute verité, & il dit dans l'Ecriture que tout ce qui eft manifefté eft litmiere: Omne quod Ephef. s. manifeftatur lumen eft. C'est dans ce même Retract. fens que faint Auguftin enfeigne que 41.c.12. nous n'apprenons rien que de Dieu, c'està-dire de la verité.

13.

C'est donc la verité éternelle qui nous découvre toutes les créatures. Tout ce que nous y voyons de beauté, n'eft qu'une image, & pour le dire ain, qu'une reflexion de la lumiere incréée. L'être imparfait des créatures ou leur malice volontaire défigure cette image, & ne

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permet pas que nous difcernions que c'eft celle de Dieu même. C'est ce qui fait que nous nous y attachons, & que negligeant la fource de la verité, & de la lumiere, nous ne regardons que ces images confuses que les créatures nous reprefentent.

L

Efprits de mouche.

Il y a des gens qui ne font qu'effleu rer les matieres, & qui s'y promenent comme des mouches; ils n'approfondiffent rien d'autres au-contraire laiffent des traces, & cavent ce qu'ils ma

nient.

LL..
Fauffe eloquence.

L'éloquence ne doit pas feulement caufer un sentiment de plaifir, mais elle doit laiffer le dard dans le cœur.

Cest un mauvais difcours que celui dont on ne retient rien.

LIL

Manieres des femmes mondaines forméespar le diable.

L'habit, les geftes, les paroles d'une femme mondaine ont été formés par le diable, parcequ'elles ont pour but de nourrir la concupifcence

Les femmes de pieté en retiennent encore beaucoup, & fans qu'elles y prennent gardent, elles fuivent prefque dans tons leurs geftes ces manieres diaboli

ques.

LII

Sentiment, Fantaisie, Rainement, Raifonnaillerie.

La fantaisie est semblable au fentiment dans la voie des jugemens, parce que l'une & l'autre juge d'une feule vûe.

Et la raifonnaillerie, fi on peut ufer de ce terme, eft femblable au raifonne

ment.

La fantaisie dit au fentiment qu'il fe trompe, & le fentiment le dit à la fantaifie.La fantaisie prétend pafler pour fentiment, & faire paffer le fentiment pour fantaisie. Le fentiment prétend le con traire. Leurs difcours font tout femblables, & ils ne font diftingués que parceque les uns font vrais & les autres faux.

S'il fe trouve plufieurs perfonnes qui tombent dans l'erreur par des raifonnailleries, il s'en trouve encore plus qui y font engagées par des fantaisies. C'est la fource ordinaire des égaremens des hommes. Peu de perfonnes raifonnent; mais la plupart embraЛlent leurs opinions par

la pente de leur cœur, & par une vûe confuse, qui eft ce qu'on appelle fantaille.

-Si le fentiment querelle la fantaisie la fantaifie querelle le fentiment. Si le fentiment veut user de force, la fantaisie en usera auffi, & elle se trouvera la plus forte.

C'est ce qui oblige le sentiment d'éviter les voies qui peuvent lui être communes avec la fantaifie; & d'en chercher d'autres qui le diftinguent.

Cette voie ne peut être que celle du raifonnement, qui fe diftingue mieux de la raifonnaillerie, que le fentiment ne fe diftingue de la fantaisie. La fantaisie de fon côté fe fert de la raifonnaillerie, pour fe défendre, & pour combattre les fenti

mens.

De-là il eft vifible que ce n'eft pas une preuve qu'une perfonne ne fe conduife pas par fentiment de ce qu'il raifonne, puifque le raifonnement eft la voie unique que le fentiment ait pour réduire la fantaisie à la raison. Je fuis perfuadé d'une chofe, un autre l'eft d'une autre. Je veux le détromper, je ne le puis faire qu'en raifonnant. Si je raisonne mal, il a raifon de me reprendre,mais il ne peut pas m'accufer en general de raifonner, car je n'ai pas d'autre voie pour lui faire connoi

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