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leurs dimensions de manière à ce qu'ils fissent équilibre à la corde dans toutes ses positions, ou, pour mieux dire, de manière à ce qu'ils rendissent constant l'effort à faire par la machine, et nous espérons avoir prochainement à décrire ici une invention qui atteint complétement ce but; on obtiendrait déjà ainsi d'immenses avantages, mais on ne remédierait pas complétement aux chocs qui se produisent sur le câble au départ. On a été conduit depuis longtemps à donner plus d'épaisseur à la corde à son extrémité inférieure, et l'on en est arrivé, en suivant cette idée, à composer chaque câble d'extraction de quatre ou cinq tronçons de câble, d'une centaine de mètres chacun, et dont les dimensions augmentent à mesure qu'on se rapproche du point d'attache de la charge. Mais cette disposition, outre qu'elle complique beaucoup la fabrication des cordes, soit en chanvre, soit en fil de fer, ne résout que bien incomplétement le problème. Depuis longtemps également les exploitants anglais, pour atténuer les effets destructifs des chocs sur le câble, placent un ressort à sa partie inférieure, entre lui et la charge à soulever. Mais, par ce moyen, l'inertie du câble n'est pas détruite, et les chocs se produisent encore. Il restait donc à faire agir le ressort à la partie supérieure de la corde, et c'est M. Guibal, de Mons, qui en a trouvé le moyen par une disposition ingénieuse et pratique, et qui est d'autant meilleure que loin d'exclure l'emploi des autres pefectionnements, elle peut se combiner avec eux. Les ressorts sont placés sous les paliers supportant les axes des poulies d'extraction ou molettes, c'est-à-dire en haut du puits, et presque à l'origine du câble. Lorsque la machine a un effort à faire au départ, c'est sur les poulies d'extraction qu'il vient se transformer; la force, au lieu de rencontrer là

la résistance absolue d'une poulie rigide qui l'oblige à se jeter tout entière sur le câble déroulé, rencontre une résistance qui cède graduellement en emmagasinant une partie de la puissance, qu'elle restitue plus tard. Il est évident que le choc produit sur le câble est ainsi considérablement atténué. La flexibilité du ressort peut se régler à volonté au moyen de vis de support; on n'a donc pas à craindre qu'une différence d'élasticité dans les deux ressorts qui supportent le même axe ne les fasse travailler irrégulièrement; au reste, la perfection à laquelle on est arrivé aujourd'hui dans le travail de l'acier et dans la fabrication des ressorts, permettrait aisément d'échapper à cet inconvénient.

Plusieurs appareils de ce genre ont été installés en Belgique; en France, la compagnie des mines d'Anzin en a fait également placer un à la fosse Chaufour, la plus profonde peut-être du continent, puisque l'extraction s'y fait à 620 mètres. Les ressorts y sont composés de seize lames d'acier superposées; leur épaisseur totale au milieu est de o", 18, leur longueur de 1.30, et leur largeur de 0,09 (fig. 4). La corde pèse 6 kil. par mètre courant, et la charge de charbon extraite à chaque voyage pèse 2.000 kil., ce qui donne au départ un poids total de 5.180 kil. à enlever. Dans ces circonstances, les ressorts se courbent rapidement au départ, et prennent une flèche de 8 à 10 centimètres; aucun inconvénient ne s'est révélé dans la pratique ; loin de là, la machine, qui n'a que 25 chevaux de force, a acquis, grâce à ce perfectionnement et grâce au tiroir Hanrez qui a été appliqué à sa distribution, une marche plus facile et plus régulière.

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EMPLOI DE LA CHALEUR

ET DE LA DÉCRÉPITATION QU'ELLE PEUT PRODUIRE POUR LE PERCEMENT DE CERTAINES ROCHES TRÈS-DURES, ET NOTAMMENT DES QUARTZITES.

Par M. DAUBRÉE.

Les arts arrivent facilement à entailler et à façonner les bois, les métaux et les pierres tendres; mais ils sont beaucoup plus limités dans leurs moyens, quand ils s'attaquent aux roches dures. Il peut donc être utile d'ajouter un procédé à ceux dont ils disposent dans ce dernier cas, sauf à l'expérience à apprendre ultérieurement si l'industrie pourra jamais en tirer parti.

C'est à ce titre, et sans y attacher plus d'importance que le fait lui-même ne le mérite, que je citerai une expérience que j'ai faite sur les quartzites.

On connaît la dureté de cette espèce de roche, et avec quelle difficulté l'acier l'entame. Or si l'on applique une chaleur brusque et intense sur une partie circonscrite de cette roche, en dirigeant, par exemple, sur un point l'extrémité de la flamme d'un chalumeau à gaz oxygène et hydrogène, il se détache instantanément de la surface de nombreuses esquilles qui sont projetées jusqu'à plusieurs décimètres de distance, avec un petillement prononcé. Le quartz se comporte alors comme certaines variétés de charbon de bois, dès qu'on en soumet un morceau au dard du chalumeau. Ces esquilles plates, tranchantes, souvent de plusieurs millimètres de largeur, se séparent par une sorte d'ex

foliation de la roche. En dirigeant convenablement le dard de la flamme, j'ai pu creuser ainsi dans un échantillon de quartzite des Alpes, de la variété la plus dure, un trou cylindrique de 6 centimètres de profondeur, et de forme assez régulière pour qu'il paraisse avoir été foré par un fleuret; il a suffi pour cela de moins de cinq minutes. Une action analogue se manifeste aussi quand c'est l'air atmosphérique qui sert à la combustion de l'hydrogène alimentant le chalumeau; mais l'effet est beaucoup plus faible que dans le premier cas. Il faut donc non-seulement que la température s'élève brusquement, mais aussi qu'elle soit extrêmement haute, pour que la dilatation subite qui en est la conséquence produise une décrépitation rapide.

Les couches de quarzite, très-développées dans le massif du mont Cenis, sont redoutées comme l'une des principales difficultés du percement du grand tunnel des Alpes, que les ingénieurs italiens ont entrepris, au moyen de procédés aussi ingénieux que gigantesques. Le fleuret le mieux aciéré ne peut en effet y creuser les trous, destinés à recevoir la poudre qui doit faire éclater la roche, sans s'émousser rapidement. Peut-être un procédé du genre de celui qui vient d'être signalé serait-il susceptible de devenir applicable aux opérations de ce genre. Mais il faudrait préalablement multiplier les essais en variant le mode d'application de la chaleur, ainsi que la forme à donner au bec du chalumeau, de manière à le porter jusqu'au fond du trou. Ce serait comme une extension du travail par le feu employé depuis des siècles dans la mine du Rammelsberg au Hartz (1).

(1) On facilite l'abatage de la roche qui est d'une ténacité exceptionnelle, en allumant des feux de bois le long de ses parois.

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