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PROCÈS-VERBAL

DES EXPÉRIENCES FAITES SUR LES MOTEURS A GAZ DE M. LENOIR.

Par M. TRESCA, ingénieur,

sous-directeur du conservatoire des arts et métiers.

(Extrait des Annales du conservatoire des arts et métiers, no 4, avril 1861.)

La machine Lenoir fonctionne déjà dans plusieurs ateliers, l'attention publique est plus que jamais fixée sur elle, et l'on nous saura gré de faire connaître les résultats que nous avons constatés sur deux de ces machines, qui ont été successivement mises à notre dispasition et dont nous avons pu étudier la marche avec soin.

Nos expériences datent des 7 et 8 janvier 1861; elles ont été faites sur une machine construite par M. Marinoni, et dont les dimensions étaient les suivantes (Pl. IX, fig. 1 à 6): course, o",10; diamètre, o",18. D'après ces éléments, la section du cylindre était de 0,0255 mètre carré, et le volume développé par chaque course du piston de 2,55 litres.

On sait que, dans les machines de ce système, une partie de la course du piston est employée à faire entrer par aspiration, dans le cylindre, de l'air atmosphėrique et du gaz d'éclairage, en proportions déterminées, par les ouvertures de certains orifices du tiroir. Au moment où ces orifices se ferment, par suite du déplacement de cet organe principal, une étincelle d'induction enflamme le mélange; une élévation de température plus ou moins considérable est le résultat de

cette inflammation et des combinaisons qui en résultent; les gaz chauffés acquièrent une pression plus considérable, en vertu de laquelle ils pressent sur le piston jusqu'à la fin de sa course. Lorsque le piston revient sur lui-même, les gaz produits s'échappent dans l'atmosphère, et les mêmes effets que nous venons de décrire se passent successivement de l'autre côté du piston, la machine étant à double effet et l'inflammation s'effectuant tantôt dans l'une des chambres du cylindre, tantôt dans l'autre.

Afin que l'inflammation soit complète, les nouveaux tiroirs de M. Marinoni sont formés d'une plaque à faces parallèles qui glissent entre deux plans bien dressés, l'un appartenant au cylindre de la machine, l'autre à la boîte dans laquelle s'effectue l'arrivée du gaz. Cette plaque présente deux séries d'orifices qui correspondent respectivement aux deux ouvertures d'admission, placées vers les deux extrémités du cylindre. Les orifices d'introduction du gaz d'éclairage sont formés par des tubes rapportés laissant entre eux autant d'intervalles qui communiquent avec l'air extérieur par l'épaisseur même du tiroir; l'air et le gaz arrivent ainsi par filets parallèles et se mélangent régulièrement.

L'échappement se fait aussi par un tiroir distinct, qui fonctionne de l'autre côté du cylindre et qui offre issue aux gaz brûlés par deux orifices séparés, correspondant aux deux chambres du cylindre. A part le fractionnement des orifices, cette disposition rappelle celle qui a été employée dans certaines machines de bateaux, dans lesquelles l'échappement avait lieu par des orifices spéciaux.

La chaleur dégagée par la combustion amènerait bientôt le cylindre à une température trop élevée si on ne le refroidissait par un courant d'eau continu,

qui, après avoir circulé autour des orifices de distribution, entoure le cylindre et s'écoule par un tube adapté en son milieu, à côté du robinet de graissage. Bien que l'eau qui a servi au refroidissement retourne habituellement, en vertu de la différence des températures, dans le réservoir même d'où elle est sortie, il nous a paru intéressant de la recueillir à part et de déterminer le nombre de calories que cette eau enlève au cylindre, en service courant.

L'inflammation des gaz se fait au moyen d'un appareil d'induction mis en action par deux éléments de Bunsen. La bobine est mise en communication par un de ses pôles avec un conducteur isolé dont la communication avec deux bandes de cuivre s'établit aux instants convenables, au moyen d'une languette de même métal, qui frotte constamment sur ce conducteur; cette languette et le galet qui la porte obéissent d'ailleurs au mouvement de la tige du piston, avec laquelle ils sont en quelque sorte solidaires. Quant aux deux bandes de cuivre, elles communiquent respectivement avec deux fils aboutissant chacun à l'un des inflammateurs.

Ces inflammateurs sont formés d'un fil de platine, isolé dans l'axe d'un boulon au moyen d'un tube de porcelaine, et d'un autre fil de même métal en communication par le boulon avec le métal même du cylindre. Celui-ci forme un des pôles du circuit, tandis que Pautre aboutit au fil isolé. Aussitôt que le contact est établi par la languette avec la bande de cuivre correspondante, l'étincelle jaillit entre les deux fils et enflamme le mélange explosible; les choses sont ainsi disposées que l'inflammation a lieu un peu après que le piston a parcouru la moitié de sa course.

Il nous a paru nécessaire de déterminer la pression

à laquelle s'élevait à chaque fois le gaz après cette inflammation.

Dans les expériences faites sur cette première machine, le gaz était mesuré par un compteur ordinaire estampillé, mais non vérifié spécialement, en vue de ces expériences de consommation.

Un frein a d'ailleurs été établi sur la machine pour apprécier sa puissance, et le nombre de tours a été compté de 5 en 5 minutes, à l'aide d'une montre à pointage.

Le samedi 5 janvier, quelques constatations prélimi naires nous ayant fait voir que la machine ne fournissait pas intégralement la force motrice pour laquelle elle avait été livrée, nous avons demandé que le constructeur fût appelé pour mettre tous les organes dans le meilleur état de fonctionnement, et nos expériences définitives n'ont été commencées que le 7, en présence de l'ingénieur de M. Marinoni, et sur sa déclaration que toutes les réparations avaient été faites; il a luimême réglé le frein à la charge qu'il a considérée comme la plus avantageuse, au point de vue de la meilleure utilisation du combustible.

C'est dans ces circonstances qu'ont été relevées les différentes indications qui suivent et qui se rapportent à une expérience prolongée depuis 1 heure jusqu'à 4 heures 44 minutes.

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La machine a généralement bien marché, bien que l'absence d'une seule inflammation fût suffisante pour l'arrêter; on voit que cette circonstance ne s'est présentée que deux fois pendant toute la durée d'une expérience de 3 h. 32 m., déduction faite de tous les temps d'arrêt. La vitesse a toutefois présenté des irrégularités notables, si ce n'est pendant la dernière période, de 3 h. 46 m. à 4 h. 44, qui comprend 11 8', et qui devra être, par suite de cette régularité, considérée comme la plus convenable pour la détermination de la consommation.

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