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rection de deffein. Quelle comparaifon de cette écume avec tout un deffein d'histoire suivie, où l'imagination la plus feconde & le génie le plus hardi, étant foutenu par la fcience des regles, fuffisent à peine pour éxécuter ce qui compofe un tableau excellent? Je ne puis me refoudre à quitter ces exemples, fans prier le lecteur de remarquer que les hommes les plus fenfez ont naturellement une peine extrême à croi. re que les bêtes n'aient aucune connoiffance, & qu'elles foient pures machines. D'où vient cette répugnance invincible en tant de bons efprits ? C'est qu'ils fuppofent avec raifon que des mouvemens fi juftes, & d'une fi parfaite méchanique, ne peu vent fe faire fans aucune induftrie, & que la matiere seule

de

B

fans art, ne peut faire ce qui marque tant de connoiffance. On voit par là que la raifon la plus droite conclut naturellement que la matiere feule ne peut, ni par les loix fimples du mouvement ni , par les coups capricieux du hazard, faire des animaux qui ne foient que de pures machines. Les Philofophes même qui n'attribuent aucune connoiffance aux animaux, ne peuvent éviter de reconnoître, que ce qu'ils fuppofent aveugle & fans art dans ces machines, eft plein de fagesse & d'art dans le premier moteur qui en a fait les refforts, & qui en a réglé les mouvemens. Ainfi les Philofophes les plus oppofez reconnoiffent également que la matiere & le hazard ne peuvent produire fans art tout ce qu'on voit dans les animaux.

IX.

Examen particulier de la
Nature.

Après ces comparaifons, fur lefquelles je prie le lecteur de fe confulter fimplement foimême, fans raisonner, je crois qu'il eft temps d'entrer dans le détail de la Nature. Je ne pretends pas la pénétrer toute entiere. Qui le pourroit ? Je nepretends même entrer dans aucune difcuffion de phyfique. Ces difcuffions fuppoferoient certaines connoiffances approfondies, que beaucoup de d'efprit n'ont jamais acquifes : & je ne veux leur proposer que le fimple coup d'œil de la face de la Nature. Je ne veux leur parler que de ce que tout le monde fçait, & qui ne de

gens

admirabi

terreftriu.

mande qu'un peu d'attention tranquille & férieuse.

X.

De la ftructure générale de l'Univers.

Arrêtons-nous d'abord au grand objet, qui attire nos premiers regards; je veux dire la ftructure générale de l'Univers.

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Quanta fit Jettons les yeux fur cette terre litas cæle- qui nous porte. Regardons cette ftium re- voûte immenfe des cieux qui rum, atque nous couvre, ces abîmes d'air & d'eau qui nous environnent & ces aftres qui nous éclairent. Un homme qui vit fans réflexion, ne penfe qu'aux efpaces qui font auprès de lui, ou qui ont quelque rapport à fes befoins. Il ne regarde la terre que comme le plancher de fa chambre & le foleil qui l'é

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que

claire pendant le jour comme la bougie qui l'éclaire pendant la nuit. Ses pensées fe renferment dans le lieu étroit qu'il habite. Au contraire l'homme accoûtumé à faire des réflexions étend fes regards plus loin, & confidere avec curiofité les abîmes prefque infinis dont il eft environné de toutes parts. Un vafte roïaume ne lui paroît alors qu'un petit coin de la terre; la terre elle-même n'eft à fes yeux qu'un point dans la maffe de l'Univers, & il admire de s'y voir placé, fans fçavoir comment il y a été mis.

XI.

De la Terre.

Qui eft-ce qui a fufpendu ce globe de la terre, qui eft immobile ? Qui eft-ce qui en a

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