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que la Vulgate, qui traduit sans, sine, mais encore que tous les Pères latins sans exception, que tous les conciles, que tout l'Occident, qui a traduit naturellement de la même sorte, sans que personne se soit avisé de les contredire. Quand on veut mieux dire que toute l'Eglise, on doit être assuré qu'on dira mal: ainsi la première excuse tombe d'elle-même.

II.

Seconde

La seconde n'est pas meilleure : N'être point séparé de Jésus-Christ, n'est autre chose en ce excuse foilieu-ci, que d'étre uni à lui... La comparaison de ble. Ibid. la vigne et de ses branches, appuie mon interprétation: car tant que les branches ne sont point séparées du corps de la vigne, elles en reçoivent

leur nourriture.

Je l'avoue, si par n'être point séparé, on entend ne l'être point dans l'intérieur et non pas ne l'être point extérieurement; ce que l'auteur n'a pas voulu exprimer pour la raison que nous allons voir, et qui achevera de démontrer que la seconde excuse est nulle.

III.

Troisième

dée sur l'autorité de Bé

Mais la troisième est insupportable : C'est, ditil (1), que Béze, un des plus zélés défenseurs de excuse fonla grâce efficace par elle-même, calviniste, et qui par conséquent ne peut être suspect en ce ze. lieu-ci, ne s'est pas contenté de traduire seorsim, etc., il a aussi repris dans sa note la Vulgate qui a traduit: sine me. Voilà sans doute pour un prêtre catholique un bon garant que Béze, un des chefs du calvinisme.

Mais, dit-il, il n'est point suspect, puisqu'il
(1) Remont. p. 13, 14.

IV.

Dessein se

est un des plus zélés défenseurs de la grâce effi-
cace par elle-même; à
elle-même; à quoi il ne craint
il ne craint pas d'a-
jouter, que cette observation vient d'un homme
qui entend la langue grecque, et est exercé dans
les disputes de la grâce.

Il ne sait pas que cet homme si exercé dans cette matière, y est tombé dans une infinité d'erreurs; qu'il n'a soutenu la grâce, que pour l'outrer, jusqu'à nier la coopération de l'homme; et qu'il a détruit le libre arbitre, jusqu'à faire Dieu auteur du péché.

M. Simon, qui ne veut pas qu'il soit suspect, ne sait pas que tout auteur si démesurément outré, est toujours suspect, comme disposé à rejeter le bon sens; et que Béze en particulier est suspect en cette occasion, comme ennemi de l'Eglise, et de la Vulgate qu'il a pris plaisir de reprendre dans sa note, comme notre auteur le remarque. Il ajoute, qu'il y a aussi repris Erasme de la même faute; et on voit que Béze a voulu s'élever au-dessus d'un homme plus sensé que lui, et qui ne savoit pas moins la langue grecque. Voilà les auteurs non suspects, que M. Simon appelle en témoignage contre la Vulgate, et contre toute la tradition.

Mais il nous cache son secret : il a trouvé moins cret de l'au- odieux de citer Béze, quoique calviniste, que teur, de co- Grotius et les sociniens, qui sont ses guides capier Grotius chés. J'ai rapporté (1) l'interprétation d'un soci- · nien, et celle de Grotius, qu'il choisisse entre les deux; le premier réduit la séparation à celle

et les soci

niens.

(1) Ci-dessus Rem. gén. n. 4. Rem. sur Grot. n. 7.

de

de l'apostasie; l'autre la réduit à se séparer des préceptes et des exemples de Jésus-Christ: tous deux la mettent par conséquent dans quelque chose d'extérieur, sans songer à l'influence intérieure de la grâce : voilà toute la finesse de la nouvelle version.

On n'a qu'à lire les paroles d'un socinien (1), et surtout celles de Grotius, comme je les ai rapportées, pour voir d'où la note de M. Simon a été prise. Grotius y est transcrit de mot à mot; et qui saura prendre l'esprit de M. Simon dans tout son livre, ne pourra douter de son dessein.

On peut voir encore ce qu'il cite de Gaigney (2); c'est que celui qui se sépare de Jésus-Christ par T'hérésie et par l'infidélité, comme un sarment inutile, ne peut recevoir le suc de la grace, etc. Voilà donc, encore un coup, à quoi se réduit la séparation d'avec Jésus-Christ; tout se rapporte à l'hérésie et à l'infidélité, comme si le péché mortel n'étoit rien et Gaigney, dit M. Simon, a très-bien exprimé le sens de ce verset de saint Jean dans ses scholies. S'il a bien cité Gaigney, cet auteur se réfute lui-même, et je n'ai point à m'en mettre en peine; puisqu'il est clair, quoi qu'il en soit, que M. Simon a composé, nonseulement sa note, mais encore son texte, des paroles de deux hérétiques qui sont Béze et Grotius.

:

(1) Ci-dessus Rem. gén. n. 4. Rem, sur Grot. n. 7.—(1) Remont. p. 13. Ibid.

BOSSUET. IV.

28

I.

Deux ques

tions sur ce passage.

II. Qu'il y a une altéra

sable dans le

texte de la

Trévoux.

IV. REMARQUE.

Sur ces paroles de saint Paul: J'ai aimé Jacob, et j'ai haï Esau, Rom. 1x. 13.

ON sait assez que M. Simon a mis dans son texte, J'ai plus aimé Jacob qu' Esau, en supprimant hardiment la haine exprimée dans la Vulgate comme dans le grec: on a été étonné de cette hardiesse; la censure l'a sévèrement reprise; j'en ai parlé amplement en deux endroits (1) il reste maintenant à examiner, j'ai prévenu les vaines défaites exposées dans la Remontrance (2).

:

si

Il y a ici deux questions, l'une sur le texte de la traduction, et l'autre sur la note.

Première question sur le texte de la version.

dre,

texte, que

La première question est trop aisée à résoupour mériter un long discours. Il n'y a qu'à tion inexcu- dire en un mot, que c'est une altération du de mettre le commentaire à la place version de du texte même; c'est le principe de l'auteur dans sa préface: or est-il que le même auteur est visiblement tombé dans ce défaut : tomber dans ce défaut, selon lui-même, c'est faire parler l'homme à la place du saint Esprit : il est donc tombé dans le défaut de faire parler l'homme (1) Ci-dess. Rem. gen. n. 6 et 7. · (2) Remont. pag.

et suiv.

14.

à la place du saint Esprit, qui est le plus grand et le plus énorme de tous les attentals.

J'entrerai encore en peu de mots dans une seconde considération. L'explication de saint Augustin, et des saints qui l'ont suivi dans la défense de la grâce contre Pélage, suppose en Dieu une haine véritable contre Esau, comme figure des réprouvés, à cause qu'elle y suppose le péché comme l'objet de cette haine, et du moins le péché originel.

Pour abréger la matière, on voudra bien se contenter d'entendre ici le concile des saints évêques bannis en Sardaigne pour la confession de la foi. Voici comme ils parlent dans leur épître synodique, que saint Fulgence a composée (1) Vous dites, ce sont les paroles de ce saint concile aux catholiques qui les consultoient, que vous assurez qu'avant la naissance d'Esau et de Jacob, Jacob est élu par une miséricorde gratuite, et qu'Esaü est haï par un juste jugement de Dieu, à cause du péché originel.

Voilà donc d'abord l'explication des catholiques bien posée, et la haine de Dieu contre Esaü établie ; c'est pourquoi ces saints confesseurs ajoutent que dans l'élection de Jacob, les dons de Dieu sont aimés; et qu'au contraire, dans Esau la malice de l'iniquité humaine est certainement condamnée. S'il ne falloit que rapporter cinq cents passages de cette force de saint Augustin, et des autres saints, tout le monde sait (1) Cap. vi.

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