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X.

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comme dit le même auteur (1) : « Dieu hait les pé» cheurs comme pécheurs, conformément à cette parole, que Dieu hait l'impie et son impiété : ce » qu'il étend dans le même lieu au péché origi» nel, qui rend tout homme pécheur par lui» même, et naturellement enfant de colère, >> c'est-à-dire, ennemi capital de Dieu ».

Il suit du même principe, et selon le même auteur (2), que les vaisseaux de colère dont parle saint Paul, sont regardés par cet apôtre comme étant dans le péché, à cause que la colère est la volonté d'en exiger la juste vengeance.

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Le même Salmeron prouve encore que l'endurcissement est la punition des péchés précédens, en sorte, dit-il (3), que la dernière ( et complète) réprobation présuppose les démérites, et par conséquent une véritable haine, ce qui est précisément notre explication.

Cessons donc de disputer des mots, et pour abréger toute la doctrine précédente, disons-en une parole; qu'unir ensemble le moins aimer avec le haïr dans la totale réprobation, c'est un sentiment catholique: mais que réduire la réprobation à un simple moins aimer sans haine, c'est un sentiment hérétique et pélagien; puisque c'est nier la réprobation pour le seul péché originel.

Personne sans doute ne niera jamais que la haine Remarque de son père, de sa mère, et celle de sa propre ge de S. Luc, vie ou de sa propre personne, ne soit figurée: mais

sur le passa

XIV. 29.

(1) Tom. XIII. disp. 3. p. 76. —(2) Ibid. disp. 4.— (3) Ibid. 18, 28. p. 614, 615.

si c'est une raison suffisante de la changer, comme a fait l'auteur dans le texte d'une version, il en faudra retrancher beaucoup d'autres choses: il faudra effacer le feu que Jésus-Christ est venu allumer sur la terre, la croix qu'il nous ordonne de porter tous les jours, et enfin tant d'autres passages, qu'il ne resteroit rien d'entier dans l'Evangile: mais au contraire, plus ces figures sont fortes et expressives, plus il les faut conserver comme un monument précieux des sentimens de JésusChrist. Ce n'est pas assez de les retenir dans le texte, il faut que les explications se ressentent de la force des paroles, c'est-à-dire, qu'il ne faut pas se contenter de donner à Jésus-Christ une simple préférence sur ses parens, et sur soimême, il faut que le chrétien entende qu'il doit ici employer une espèce de violence, pour détruire à fond tout ce qui s'oppose à notre salut, en quelque endroit qu'il se trouve, fût-ce dans nous-mêmes. S. Augustin nous en a donné l'exemple dans sa belle épître à Létus (1). C'est ainsi que s'accomplit le précepte de l'Evangile, le royaume des cieux se prend par force, et les violens l'emportent toute courte qu'est cette réflexion, elle convaincra le traducteur de l'attentat qu'il a commis, non-seulement en changeant le texte, mais encore en affoiblissant le sens de l'Evangile, comme je l'ai remarqué (2).

(1) Epist. 35. — (2) Rem. sur l'ouv. en gén. n. 7.

V. REMARQUE.

SUR LE LATIN DE LA VULGATE.

Préface de la version, p. 18.

LA censure a repris l'auteur de ses paroles inconsidérées sur ce sujet (1); j'en ai parlé dans les remarques sur la préface (2). L'auteur se défend contre la censure dans la Remontrance (3), et prétend qu'on lui fait accuser la Vulgate dans un endroit où il la justifie: mais s'il ne vouloit que justifier la Vulgate, pourquoi se servir de ces paroles (4) Le latin de notre Vulgate a jeté dans l'erreur, non-seulement quelques-uns de nos traducteurs, mais encore quelques protestans? Est-il permis de rejeter sur la Vulgate l'erreur de ceux qui la prennent mal par ignorance ou par malice, et n'est-ce pas délibérément vouloir faire soupçonner qu'elle est en faute? Qu'il apprenne donc à parler respectueusement d'une version si vénérable et si authentique, et qu'il cesse de la rendre suspecte par des expressions ambiguës.

(1) Cens. p. 7. — (2) Rem. sur la préf, IV. pass. →→ (3) Remont. p. 4, 6. — (4) Préf. p. 18, 19.

VI.

VI. ET DERNIÈRE REMARQUE.

Sur trois erreurs de M. Simon dans ses justifications; première erreur : se croire à couvert de toute censure, lorsqu'il ne s'agit pas de la foi et des mœurs.

I.

Sentiment

Nous avons déjà relevé le passage de la Remontrance, où l'auteur avoue qu'il se donne de l'auteur la liberté (1), lorsqu'il ne s'agit ni de la foi, ni et sa plainte des mœurs, d'interpréter l'Ecriture d'une autre trop décisif. manière que les Pères.

Et parce qu'il présuppose en un autre endroit de la Remontrance (2), que l'Eglise n'a rien décidé sur le point de l'adoration des Mages, il conclut qu'il en peut dire tout ce qu'il lui plaît.

Je ne répéterai pas ce qui a été dit sur ce sujet; c'est qu'il y a une tradition qui doit précéder les décisions de l'Eglise, et qui fait la loi aux interprètes. Nous avons encore prouvé, qu'outre ce qui est directement hérétique ou erroné, ou contre la foi, il y a ce qui l'obscurcit, ce qui l'affoiblit dans ses preuves, ce qui la blesse dans ses conséquences, et tout cela est matière de censure. M. Simon ne veut pas entendre une vérité si constante et si nécessaire, il s'en tient rigoureusement à la foi et aux décisions; et plût

(1) Remont. p. 8. Ci-dessus Addit. I. Rem. n. 7 et 9. (2) Ibid. p. 21.

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II.

Deux pro

défauts,

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à Dieu du moins qu'il n'y donnât aucune atteinte.

Il se plaint (1) que, je ne sais qui, qu'il a en vue, paroît souvent trop décisif en matière de religion. Il devoit donc expliquer ce que c'est d'être trop décisif: mais il jette ce mot en l'air, sans s'expliquer, pour insinuer qu'en matière de religion, les sentimens les plus libres sont en même temps les plus favorables: c'est ce qui lui a fait mépriser tant de traditions authentiques; on est, dit-il, trop décisif: il oublie que c'est un autre défaut de ne l'être pas assez, et d'être un observateur peu exact de la tradition des

Pères.

Passons outre ; et sans parler davantage de ce positions, où qui regarde précisément la foi et les mœurs, sont expli- montrons à M. Simon qu'il s'égare visiblement qués deux dans les deux cas que je vais marquer en deux qu'on peut propositions : la première, que sans attaquer la foi et les mœurs, on est condamnable dans la et explica- version et explication de l'Eeriture, lorsqu'on y affecte des nouveautés et des singularités. Je dépendam- comprends sous ces paroles des curiosités vaines ment de la et des hardiesses à introduire ses propres penfoi: premiesées, ou dans l'explication, ou même dans la re proposition. version de l'Ecriture; car c'est là précisément se donner un air de savant aux dépens de l'Evangile, et vouloir se faire un nom dans l'Eglise, plutôt en contentant les curieux, qu'en édifiant les

criture, in

fidèles.

La suite de ces instructions fera paroître que (1) Remont. p. 21.

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