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SUR LES PASSAGES PARTICULIERS

DU TRADUCTEUR.

SUR LE PREMIER TOME,

QUI CONTIENT S. MATTHIEU, S. MARC ET S. LUC.

I.er ET II."

PASSAGES.

Saint Matthieu et saint Luc ensemble.

De laquelle est né Jésus, qu'on appelle Christ, Matt. 1. 16. la note porte: Est appelé; c'est-àdire, qui est Christ; car être appelé est souvent dans l'Ecriture la même chose que être.

On trouve la même note sur ces paroles: Sera appelé le Fils du Très-Haut, Luc, 1. 32. c'est-àdire, il sera; car être appelé, et être dans l'hébreu, sont souvent la même chose; ce qui doit s'étendre au y. 35. du même chapitre: sera appelé Fils de Dieu.

REMARQUE.

Le défaut de cette note est dans le terme souvent, que l'auteur affecte. Un simple lecteur qui voit l'Evangile répéter une et deux fois, que Jésus-Christ est appelé Fils de Dieu, est tenté de croire qu'il ne l'est que par une pure dénomi

pas

nation (1); d'autant plus que l'idée que donne l'auteur de Jésus-Christ fils de Dieu, sans être Dieu ni proprement fils, puisqu'il n'est pas de même nature que son père, induit à croire qu'il n'est donc fils que par une façon de parler en quelque sorte figurée. L'auteur ne remédie pas à ce doute en disant, qu'être appelé, veut souvent dire étre en effet. Car le lecteur qui entend que cette explication n'est pas certaine ni universelle, ne sait si c'est ici le cas de s'en servir; et on ne lui en donne aucune marque, ni aucune certitude. Ainsi pour lui lever tout scrupule, il falloit lui prononcer décisivement, qu'en cet endroit, étre appelé, c'est non-seulement étre en effet, mais encore être déclaré, être reconnu pour Christ; d'autant plus que le terme Christ fait ici partie du nom propre de Jésus-Christ, comme il paroît par ces mots: Généalogie de Jésus-Christ, et par tout ailleurs; ce qui est un dénoûment manifeste des locutions semblables qui se trouveront dans les évangiles, comme dans saint Luc, 1. 32 et 35. Il sera appelé Fils du Très-Haut; il sera appelé Fils de Dieu : il falloit donc établir positivement qu'ici étre appelé Fils de Dieu, c'est incontestablement l'être en effet ; et sans trop s'embarrasser dans l'hébreu, on avoit au même chapitre de saint Luc et dans les mêmes paroles de l'ange à la sainte Vierge, un passage exprès; lorsqu'il est dit de sainte Elisabeth : Celle qu'on nomme stérile est dans son sixième mois, Luc, 1.

(1) Voy. 1. Inst. Remarque sur la Pref. I. pass.

36. ce qui exprimoit non-seulement qu'en effet elle étoit stérile, mais encore qu'elle étoit reconnue pour telle. En marquant ce passage décisif, on auroit fait entendre d'abord, que le terme être appelé, loin d'être diminutif, étoit emphatique et confirmatif; d'autant plus que dans tout le reste de l'évangile, Fils de Dieu, au singulier et par excellence, vouloit toujours dire un fils unique, c'est-à-dire, un fils proprement et naturellement appelé tel : c'eût été là en comparant les passages, une critique utile et édifiante : il n'eût coûté à la proposer que cinq ou six lignes qui eussent ôté entièrement la difficulté que le terme de souvent laisse indécise.

Un autre auroit encore ajouté, que si JésusChrist étoit appelé et reconnu fils de Dieu, c'étoit par son propre père qui prononçoit du haut du ciel Celui-ci est mon fils bien aimé, Matt. 11. 17. c'est-à-dire, mon fils unique et seul véritable, comme tout le monde l'entend, et cette déclaration marquée en un mot, eût tenu son rang parmi les remarques littérales que l'auteur avoit promises.

III. PASSAGE, ET REMARQUE.

C'est ici que devroit venir la note sur le mot de juste appliqué à saint Joseph, Matt. 1. 19. pour laquelle je renverrai le lecteur aux remarques sur la préface (1).

Je ne releverai plus les passages qui auront (1) Voy. I. Instr. Pass. 12. de la Pref.

I.

Passage

tion des Ma

été suffisamment examinés; et c'est ici une observation générale pour éviter les redites.

IV. PASSAGE, ET REMARQUE.

Par cette même raison, je renverrois encore d'Origene aux remarques sur la préface, et aux additions sur l'adora- sur la Remontrance (1), ce qui regarde l'adoration des Mages, que notre auteur continue à rendre douteuse, Matt. 1. 2 et 11. si je ne trouvois à propos de fortifier la tradition de JésusChrist adoré comme Dieu, par deux autorités célèbres.

ges.

La première est celle d'Origène, qui a écrit au troisième siècle, durant les persécutions, et qui par son antiquité méritoit d'être joint à saint Irénée. Voici donc ce que nous lisons dans le livre contre Celse, qui est sans doute le plus exact et le plus savant de tous ses ouvrages. Les Mages, dit-il, vinrent en Judée, bien instruits qu'il étoit né un certain roi, mais au reste ne sachant point dans quel royaume il devoit régner, ni le lieu où il devoit naître et comme il étoit composé, pour ainsi dire, de Dieu et de l'homme mortel (c'est-à-dire, des deux natures, humaine et divine), ils lui offrirent de l'or en signe de sa puissance royale; de la myrrhe, comme à celui qui devoit mourir, et de l'encens, comme étant Dieu.

On voit donc la signification des trois présens bien connue dès l'origine du christianisme, (1) I. Inst. II. Pass. Addit. 1. Remarque.

et continuée sans interruption jusqu'à nos jours. C'étoit là une vérité que l'Eglise prêchoit aux gentils, dès le temps des persécutions, comme reçue de tous les fidèles : voilà ce qu'elle opposoit à la calomnie de ceux qui blasphemoient avec Celse contre l'Evangile.

Pour se soutenir partout, Origène assure que les Mages furent éclairés et attirés par l'ame de Jésus et par la divinité qui étoit en elle; et il conclut en disant : Qu'à cause que celui qui étoit venu pour sauver le genre humain, étoil Dieu, et plus puissant que les anges, l'ange récompensa la piété des Mages qui étoient venus adorer Jésus, les avertissant par un oracle de retourner à leur pays par une autre vòie, sans revenir à Hérode. Voilà donc partout la divinité de Jésus-Christ; c'est elle qui attire les Mages des extrémités de l'Orient, c'est elle qu'ils reconnoissent en lui présentant de l'encens, c'est elle qui les récompense en les sauvant des mains d'Hérode.

II. J'ajouterai à ce témoignage celui de saint GréPassage de goire de Nazianze, que l'Orient appelle son théo- s. Grégoire logien par excellence, et dont voici les paroles de Nazianze. dans l'admirable discours sur la nativité de JésusChrist (1): Marchez avec l'étoile; offrez vos présens avec les Mages, de l'or, de l'encens et de la myrrhe, comme à un roi, comme à un Dieu, comme à un homme qui est mort pour vous deux grands hommes méritoient sans doute de

ces

(1) Orat. XXXVI. p. 627.

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