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II.

oppose saint

qu'il n'en

Paul ont un rapport manifeste, puisque si l'Apôtre dit ici aux Corinthiens: la lettre tue, et l'esprit nous donne la vie; il avoit aussi dit aux Romains, que nous devions servir Dieu, non point dans la vieillesse de la lettre, mais dans un nouvel esprit, Rom. vii. 6.

Si donc le traducteur avoit conféré ces deux passages, dont la convenance est si sensible, au lieu de se borner, comme il a fait, à la manière dont la lettre tue, en punissant de mort les transgresseurs, il y auroit encore ajouté cette autre manière de donner la mort, en ce que sans secourir notre impuissance, la loi ne fait que nous convaincre de notre péché. C'est sans doute ce que devoit faire notre auteur; et en proposant par ce moyen, le systême entier de saint Paul, il en auroit pu inférer avec saint Augustin et toute la théologie, la nécessité de la grâce.

Il auroit même trouvé ce beau systême dans M. Simon saint Chrysostôme. Il est bien vrai que ce Père, Chrysostome sur cet endroit de la seconde aux Corinthiens (1), la lettre tue, par cette lettre qui tue, entend la tend pas, et loi qui punit les transgresseurs, par où il semble qui dans le fond, con- avoir dicté l'explication du traducteur. Mais il ne vient avec S. falloit que tourner la page pour trouver le reste ; Augustin. car on y lit (2), que la loi n'est qu'une pierre; n'est autre chose que des lettres écrites, qui ne donnent aucun secours, et n'inspirent rien au dedans; et en un mot, quelque chose d'immobile et d'inanimé tout au contraire de l'esprit

(1) Hom. vi. in Epist. n. ad Cor.

(2) Homil. vii.

qui va partout, inspirant à tous les cœurs une grande force; c'est donc par-là qu'il explique qu'on ne peut rien sans la grâce, et que la loi ne peut que tuer; c'est-à-dire, découvrir le mal et le condamner, au lieu que le seul esprit donne la vie.

Il prend soin ailleurs de montrer la liaison des deux passages de saint Paul, et que celui de l'épître aux Corinthiens, où il est dit que la lettre tue, convient à ce que l'Apôtre enseigne aux Romains (1); à cause, dit-il, que la loi ne fait que commander; pendant que la grâce, non contente de pardonner le passé, nous fortifie pour l'avenir.

Il explique (2) sur ce fondement, de quelle sorte, comme dit saint Paul, nous devons vivre, non plus << selon la loi qui vieillissoit, mais selon » le nouvel esprit : à quoi il ajoute, que la loi » n'est autre chose qu'une accusatrice; qu'elle dispose en quelque sorte au péché; qu'elle » ne fait qu'irriter le mal, et animer la cupidité

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par la défense »; et dit enfin, sans rien excepter, tout ce que saint Augustin a si clairement digéré, et si bien tourné contre les pélagiens.

III. L'auteur

resserre trop

On voit maintenant, que le traducteur pour expliquer que la lettre tue, ne se devoit pas renfermer dans les menaces de la loi qui punit le texte de S. de mort les transgresseurs, comme si la loi ne Paul. causoit la mort que par cet endroit, puisqu'il s'agit ici principalement de la mort du péché, comme opposée à la vie que la grâce donne; et

(') Hom. xi. ad Rom. (2) Hom. x11. ad Rom.

IV.

Il continue à vouloir

commettre

si la lettre ne tuoit ici que par la mort du corps, l'esprit ne vivifieroit aussi que par la vie temporelle.

Il paroît encore, que dans un passage si important contre les pélagiens, on ne devoit pas laisser à part saint Augustin, ni se tant éloigner les Pères les de lui, qu'on voulût priver les lecteurs des plus belles interprétations de ce Père, après que toute la théologie en a fait comme un fondement de ses dogmes les plus essentiels.

uns avec les

autres.

On aperçoit aisément que le traducteur a voulu, selon sa coutume, insinuer secrètement de l'opposition, et comme une espèce de guerre entre saint Chrysostôme et saint Augustin, au lieu de montrer, comme nous venons de faire, avec quelle facilité on les concilie, puisqu'il n'y a qu'à tout lire, sans s'arrêter à un seul endroit; ce qui peut aussi servir d'exemple à terminer en interprète catholique de semblables différends, que le traducteur au contraire tâche d'allumer. · ÉPITRE AUX ÉPHÉSIENS.

LVI. PASSAGE, ET REMARQUE.

Au ch. 11. y. 10. de cette épître, le texte dans son entier porte ces mots : Car nous sommes son ouvrage, étant créés en Jésus-Christ dans les bonnes œuvres que Dieu a préparées, afin que nous y marchions. La traduction retranche ces mots, afin que nous y marchions; ce n'est point par inadvertance, puisqu'on trouve ces mêmes mots dans la note. Le traducteur n'en a point

voulu dans le texte, parce que cette version marque peut-être plus expressément qu'il ne vouloit, que par cette création intérieure par laquelle nous sommes créés dans les bonnes œuvres, Dieu prépare nos cœurs à les faire, et y incline au dedans nos volontés. Aussi la note dans le même esprit, ne fait-elle Dieu créateur dans les bonnes œuvres, que par une expression métaphorique, en nous montrant ce que nous devions faire; ce qui réduit la grâce chrétienne à l'opération purement extérieure de la loi, et enseigne directement la doctrine pélagienne.

ÉPITRE AUX COLOSSIENS.

LVII. PASSAGE, ET REMARQUE.

Sur le chap. 1. y. 15. Un fidèle traducteur ne se seroit jamais permis de supprimer dans le texte le terme de premier né, ou l'équivalent, puisqu'il est du grec et de la Vulgate, et qu'il se trouve consacré dans les versions, pour mettre à la place premier seulement, contre la foi des originaux. Le premier objet d'un traducteur, c'est d'être fidèle au texte, sans lui ôter un seul trait, ni la plus petite syllabe. De telles suppressions font imaginer aux ariens qui abusent de ce passage, qu'il est véritablement pour eux, puisqu'on est contraint de le changer: il faut éloigner de telles idées, et ne pas autoriser la coutume de mêler son commentaire à l'ori

I.

Règle pour la traduction

II.

Ce mot de

S. Paul, pre

l'auteur :

quelle en est la force.

Pour expliquer ce mot, premier né, l'auteur a recours à un hébraïsme, et prétend que chez mier né, mal les hébreux, ce terme signifie souvent celui qui expliqué par est éminent au-dessus des autres. C'est peu donner au Fils de Dieu, que de le rendre éminent au-dessus des créatures: le sens de saint Paul est plus profond, et veut dire que celui qui est né, primogenitus, c'est-à-dire, le Fils de Dieu, précède de nécessité, et par sa nature, jusqu'à l'infini, tout ce qui a été fait ; ce que saint Paul exprime en ajoutant, que toutes les créatures qui sont dans le ciel et sur la terre ont été faites par lui, soit visibles, soit invisibles, trónes, dominations, principautés, puissances, tout a été créé par lui et pour lui; en sorte qu'il est avant tous, et qu'il n'y a rien qui ne subsiste par lui: Col. 1. 16, 17.

HI.
Il falloit

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traduire pre

Il ne falloit donc point hésiter à traduire ici tout du long, que Jésus-Christ est le premier mier né tout né, ni appréhender que par ce moyen il se troudu long. vât en quelque sorte rangé avec les créatures qui sont son ouvrage qu'il a tiré du néant par sa puissance; puisqu'après tout, quand S. Paul dit de Jésus-Christ qu'il est l'unique, ou ce qui est la même chose, le premier né, sans second, avant toute créature, il ne fait que répéter ce que Salomon a vu en esprit dans ses Proverbes, que la sagesse éternelle, qui est le Verbe, étoit engendrée, conçue et enfantée (1) au sein de son Père avant tous les temps, lorsqu'il a commencé (1) Prov. VIII. 22. 24.

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