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Réincorporation de la

dominicaine

même année par la paix de Zurich (1). Cette guerre a été en outre le motif accidentel de l'annexion du comté de Nice et de la Savoie à l'empire français *.

Depuis sa découverte par Christophe Colomb, l'île de Saint-Dorépublique minique appartint à l'Espagne jusqu'en 1697, où le traité de à l'Espagne. Ryswick en attribua une partie à la France, qui fut mise en possession de l'île entière par le traité de Bâle en 1795. Les traités de 1814 et de 1815 rendirent à l'Espaghe la portion qu'elle avait perdue, tandis que l'ancienne partie française fut constituée en État indépendant sous le nom de république d'Haïti. En 1822, la colonie espagnole, qui l'année précédente s'était affranchie du joug de l'Espagne vint se joindre à la république haïtienne, à laquelle elle resta annexée pendant vingt-deux ans, au bout desquels elle s'en détacha, en 1844, pour former séparément la république dominicaine. Cette nouvelle république conserva son indépendance jusqu'au 19 mai 1861, époque à laquelle son président, le général Santana, la remit sous l'autorité de l'Espagne.

Ligue latinoaméricaine, 1856-1864.

Cette réincorporation parut aux États de l'Amérique du Sud comme une menace contre leur propre existence, et le gouvernement du Pérou en fit l'objet d'une circulaire qu'il adressa, le 26 août 1861, aux autres gouvernements américains, en leur proposant de s'unir pour s'opposer à l'esprit envahisseur dont semblait dominée l'ancienne métropole, et pour repousser toute immixtion étrangère dans les affaires du nouveau monde.

L'Espagne ne devait pas jouir longtemps de sa nouvelle acquisition; les populations dominicaines protestèrent par l'insurrection contre l'acte du dictateur et forcèrent l'Espagne à renoncer à la possession de leur territoire; et, par suite du décret du 5 mai 1865, la république dominicaine était reconstituée comme avant celui du 19 mai 1861 (2).

Le 15 septembre 1856, les plénipotentiaires du Chili, de l'Équateur et du Pérou signèrent à Santiago un traité, connu sous le nom de Traité continental, qui fut soumis à l'acceptation des autres répu

(1) De Clercq. t. VII, pp. 643 et seq.; Martens-Samwer, t. III, pte. 2, pp. 516, 5.5, 531; Savoie, t. VIII, pp. 690, 697, 703; Archives dipl., 1861, t. I, pp. 5, 12, 18; Angeberg, Le congrès, pp. 1838, 1845; Ann. des Deux Mondes, 1858-1859, pp. 992, 995, 998.

*

De Bazancourt, La Campagne d'Italie; Ann. des Deux Mondes, 1858-1859, pp. 67 et seq., 190 et seq. 659 et seq.; Debrauz, La paix de Villafranca.

(2) Ann. des Deux Mondes, 1860, p. 715; Mémorial dipl., 1865; Lawrence, Com., t. II, p. 388.

bliques latino-américaines; celles-ci, sans souscrire explicitement à toutes les stipulations du traité, adhérèrent à l'idée essentielle qui en était la base: elles se déclarèrent toutes disposées à entrer dans une

ligue permanente.

Enfin, à la suite d'une circulaire du gouvernement péruvien, en date du 11 janvier 1864, près de trois mois avant l'occupation des îles Clinchas par l'escadre espagnole, - le 28 octobre suivant, jour anniversaire de la naissance de Bolivar, un congrès se réunit à Lima, au sein duquel étaient représentés la république Argentine, la Bolivie, le Chili, l'Equateur, les États-Unis de Colombie, le Guatemala, le Pérou et le Venezuela. Cette réunion des plénipotentiaires des républiques hispano-américaines,-excepté le Mexique, le Paraguay et l'Uruguay, qu'un état de guerre empêcha sans doute d'y envoyer les leurs, -a eu pour résultat la conclusion d'un traité d'aliance, qui doit toutefois être considéré plutôt comme la proclamation d'un principe que comme une ligue effective.

La guerre civile qui, en 1860 à 1865, a déchiré les États-Unis (1), l'intervention française au Mexique (2), la lutte désastreuse entre l'Espagne, le Chili et le Pérou (3), enfin la longue guerre soutenue de concert par la république Argentine, la république de l'Uruguay et l'empire du Brésil (4) contre le gouvernement du Paraguay constituent d'autres faits non moins importants, qui ont exercé et exercent encore une grande influence sur la situation générale des États américains et leurs relations internationales *.

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Guerre

aux Indes, en

Maroc.

Nous n'avons pas à nous occuper de la révolte des Indes orientales contre la domination britannique, ni de l'expédition espagnole Chine et au au Maroc, ni des guerres faites en commun par la Grande-Bretagne et la France au Céleste Empire et au Japon; les deux premiers

(1) Voir le livre II.

(2) Voir L'intervention française au Mexique, livre III.

(3) Voir Prétextes de guerre, pte. 2; Mémorial dipl., 1865, pp. 755, 780, 803; 1856, p. 138.

(4) Papers presented to Parliament on the 30th June 1865; Correspondance respecting hostilities in the River Plate. Voir L'ennemi et ses alliés, pte. 2.

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Cauchy, t. II, pp. 433 et seq.; Bigelow, Les États-Unis; Cortambert et Tranaltos, Hist.; Lawrence, Com., t. II, pp. 142 et seq.; Ann. des Deux Mondes, 1861, pp. 579 et seq.; 1862-1863. pp. 704 et seq.; 18641865, pp. 646 et seq.; Payno, Mexico and her financial questions; Payno, Cuentas, gastos, acreedores y otros asuntos; Church, Mexico; de Kératry, L'élévation et lu chute de l'empereur Maximilien; Mexican affairs, Messages of the United States, 1864-1867; Mémorial dipl., 1867, pp. 594-687; Nuñez Ortega, Tratados y convenciones, Mexico, 1878; Torres Caicedo, Mis ideas, t. II, p. 223; t. III. pp. 51-69.

La paix de
Prague.

faits n'ont pas, en effet, une importance réelle au point de vue international: quant au dernier, il a abouti à assurer définitivement l'ouverture des ports de l'extrême Orient au commerce de toutes les nations chrétiennes *.

Mais l'attention doit s'arrêter, en Europe, sur les complications qui succèdent à la courte période de calme marquée par la paix de Zurich et par la transformation de toute la péninsule italienne en une scule et vaste monarchie, ayant Florence pour capitale.

C'est d'abord l'Allemagne qui, portant sur le terrain des faits la question des nationalités et du groupement des peuples en raison de leur communauté d'origine, déclare la guerre au Danemark pour lui arracher deux provinces dans lesquelles l'élément germanique domine plus ou moins exclusivement. Peu après, les deux conquérants des duchés danois de Schleswig-Holstein, la Prusse et l'Autriche, entrent directement en lutte l'un contre l'autre; ils se disputent les fruits de leur victoire et la suprématie sur les États secondaires de l'Allemagne, qui voient bientôt s'effondrer au milieu d'eux cette œuvre informe à laquelle le congrès de Vienne avait donné le nom pompeux de Confédération germanique. L'intervention opportune de l'Italie, alliée à la Prusse, accélère le dénoùment de la guerre dans les plaines de Sadowa et la conclusion de la paix dans la ville de Prague (1).

Le traité de paix du 22 août 1866 est un des plus grands événements de l'époque actuelle, en raison de l'influence directe ou indirecte qu'il a eue sur la situation générale de l'Europe. Abandon par l'Autriche de la portion de l'ancien royaume Lombard-Vénitien que le traité de Zurich avait laissée entre ses mains, exclusion de ce même empire de toute participation au règlement des affaires allemandes, enfin rétablissement de l'autonomie constitutionnelle et administrative de la Hongrie (2), et inauguration pour l'ensemble de la monarchie austro-hongroise d'institutions représentatives reposant sur les bases les plus libérales: telles ont été pour l'une des parties qui y avaient été engagées les conséquences médiates ou immédiates de la guerre de 1866. Pour l'autre partic, c'est-à-dire la Prusse, les résultats de la paix de Prague ont été bien autrement considé

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Cauchy, t. II, pp. 451 et seq.; Ann. des Deux Mondes, 1857-1858, pp. 45 et seq., 426 et seq., 890 et seq.; 1858-1859, pp. 330 et seq., 945 et seq. 1860, pp. xxix et seq., 209 et seq., 332, 333; 1861, pp. 48 et seq. (1) P. Leroy-Beaulieu, Recherches économiques, historiques et statistiques sur les guerres contemporaines, 1869; Archives dipl., 1866, t. III, pp. 197, 200; Moniteur univ., 1866, pp. 1084, 1086.

(2) Voir Union réelle sous un même souverain, livre II,

rables: ils se traduisaient en un vaste accroissement de territoire par l'incorporation du Hanovre, de la Hesse électorale, puis des duchés de Nassau, de Lauenbourg et de Schleswig-Holstein (1), et en l'ac

(1) En vertu de l'article 5 de la paix de Prague, l'Autriche cédait à la Prusse tous ses droits, acquis par la paix de Vienne du 30 octobre 1864, sur les duchés de Holstein et de Schleswig, sous la réserve suivante :

« Si les populations des districts septentrionaux du Schleswig font connaître, par un libre vote, leur désir d'être réunies au Danemark, ces districts devront être retranchés du Schleswig pour faire retour à l'État danois.» (Les discours de M. le prince de Bismarck, traduction française, t. II, p. 29).

Dans la séance du Reichstag du 18 mars 1867, M. Krüger, député de ces districts ayant demandé que le Schleswig-Nord demeurât en dehors de la Confédération du Nord, le comte de Bismarck fit la déclaration suivante :

« La seconde assertion (du préopinant), que je conteste comme inexacte en fait, consiste à prétendre que tout habitant du Schleswig pourrait, sur le traité conclu entre la Prusse et l'Autriche, fonder un droit à réclamer le vote des populations. S. M. l'empereur d'Autriche a seule le droit de réclamer de nous l'exécution du traité de Prague. Dans quelle mesure ? C'est là un point que l'instrument même du traité laisse indéfini, donnant ainsi au gouvernement prussien une latitude, et lui permettant d'en user d'après ce qu'il croit lui-même équitable et conforme aux propres intérêts de l'État prussien. (Ibid p. 179).

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Après avoir fait observer que le traité de Prague ne précise pas l'expression de « districts septentrionaux », qu'il n'est nulle part question de Schleswig-Nord » et qu'à la demande de l'Autriche, le gouvernement prussien est prêt à entamer des négociations avec le gouvernement danois, pour savoir s'il veut accepter la rétrocession, dans quelles limites il l'accepte et à quelles conditions, le chancelier ajouta :

« Supposé que, dans les districts à rétrocéder, il se trouve des habitants allemands qui déclarent hautement vouloir rester Allemands,nous ne pourrions, je pense, faire autrement que d'assurer le sort de ceux-ci, soit en nous réservont des enclaves, soit en concluant avec le Danemark un traité international, pour la scrupuleuse observation duquel nous devrions demander d'autres garanties que celles qui ne protégeaient qu'imparfaitement jadis les Allemands du Schleswig. » (Ibid. p. 111.) » Revenant sur ce sujet, dans la séance du Reichstag du 24 septembre 1867, le comte de Bismarck s'est exprimé en ces termes :

«La difficulté ne consiste pas pour nous à céder au Danemark les Danois du Schleswig septentrional qui veulent être Danois; elle ne vient pas de ce que nous refusions de céder au Danemark ce qui est danois; mais ce qui constitue pour nous cette difficulté, c'est le mélange des populations, et de ne pouvoir rendre des Danois au Danemark sans lui céder avec eux des Allemands..... Si les Danois résidaient tous ensemble dans une partie du pays limitrophe de la frontière danoise, et tous les Allemards en deçà, je considérais comme une fausse politique de ne pas terminer d'un trait de plume et d'hésiter de rendre au Danemark le district purement danois. » (Ibid p. 147.)

L'Autriche n'ayant pas réclamé l'exécution de l'article V et le Danemark n'ayant pu fournir les garanties dont le chancelier fit mention le 18 mars 1867, cet article n'a jamais été exécuté.

Constitution de l'Empire

1870.

quisition d'une influence prépondérante dans l'Europe centrale, grâce à la solide constitution donnée à la nouvelle Confédération de l'Allemagne du Nord (1).

Comme conséquence indirecte, on peut rattacher aux évènements que nous venons de mentionner la revendication par la Confédération de l'Allemagne du Nord, en 1867, du droit de garnison dans l'ancienne forteresse fédérale de Luxembourg. La conférence réunic à Londres pour prévenir le conflit que cette affaire menaçait de faire éclater résolut la question en ordonnant la démolition de la forteresse et en attribuant au grand-duché de Luxembourg tout entier, sous la souveraineté de la maison d'Orange, une neutralité perpétuelle (2) *.

Des traités offensifs et défensifs (août et septembre 1866) eurent allemand, bientôt relié à la Confédération de l'Allemagne du Nord ce qui, en dehors de l'Autriche, restait encore dans l'Allemagne du sud de l'ancienne Confédération Germanique: c'était un pas immense fait vers cette unité nationale à laquelle les populations allemandes aspiraient depuis de longues années, et dont les victoires remportées sur la France par les armées allemandes ont hâté la réalisation. Sur l'initiative du roi de Bavière, presque aussitôt suivie de l'adhésion du Wurtemberg et des grands-duchés de Bade et de Hesse, la diète de la Confédération de l'Allemagne, le 9 décembre 1870, consacra l'accession des États du Sud de l'Allemagne à l'Union fédérale fondée par les États du Nord et décida que les mots de Confédération allemande seraient remplacés par ceux d'Empire d'Allemagne : ainsi a été constitué ce nouvel et puissant empire, dont la création a déplacé, on peut le dire, l'axe politique de l'Europe.

Guerre entre la France

gne, 18701871.

La guerre de 1870-71 entre l'Allemagne et la France a eu pour et l'Allema- dénoùment le traité de paix conclu à Francfort le 10 mai 1871 (3), aux termes duquel la France fut contrainte de céder à l'Allemagne, l'Alsace et une partie de la Lorraine. Depuis lors ces deux provinces réunies forment un pays d'empire, appelé l'Alsace-Lorraine et placé directement sous l'autorité de l'empereur d'Allemagne

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(1) Voir la Confédération de l'Allemagne du Nord, livre II.

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(2) De Clercq, t. IX, pp. 710 et seq.; Archives dipl., 1867, t. II, p. 770. Mémorial dip., 1866; Ann. des Deux Mondes, 1886-1867, pp. 4 et seq., 324 et seq., 428 et seq.

(3) De Clercq, t. XII.

J. Favre, Gouvernement de la Défense nationale, 1871; J. Valfrey, Histoire de la diplomatie du gouvernement de la Défense nationale, 1872; Histoire du traité de Francfort et de la libération du territoire français, 1874; Albert Sorel, Histoire diplomatique de la guerre franco-allemande, 1875; on peut

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