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thode différente de celle qui a prévalu jusqu'à ce jour. Notre ouvrage se divise en quatre parties dont la première concerne l'état de paix; la seconde, l'état de guerre; la troisième, l'état de neutralité; et la quatrième, la fin de la guerre, les traités de paix et le droit de postliminie, comprenant dans son application le cas de reprise.

«Enfin, pour que ce livre soit un véritable répertoire que puissent consulter avec fruit le publiciste et le diplomate, nous y avons ajouté un grand nombre de notes, de citations et de tables, propres, par leur clarté et leur précision, à faciliter les recherches et l'étude approfondie des questions internationales.

« La première édition de notre traité a paru à Paris en 1868 en langue espagnole. Encouragé par l'accueil empressé qu'elle a reçu, et cédant aux conseils d'amis et de critiques animés d'un égal sentiment de bienveillance, nous nous sommes lécidé à en publier en français une deuxième édition.

« Sous le rapport du plan et de la division des matières, le livre est resté le même; mais, en produisant nos opinions dans la langue diplomatique par excellence, il nous a fallu parfois modifier l'expression première des idées, condenser certains détails; puis nous avons profité de l'occasion pour combler quelques lacunes qui nous avaient échappé, et pour utiliser des matériaux, des informations ou des faits parvenus trop tard à notre connaissance. >>

Cette seconde édition est épuisée depuis 1876.

Nous croyons done utile d'en entreprendre une nouvelle, que justifie amplement l'accueil fait aux précédentes, et que rendent d'ailleurs nécessaire les développements que le droit international a reçus dans ces dernières années.

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Dans l'intervalle qui s'était écoulé entre la publication du premier volume de notre seconde édition et celle du second, deux grands faits, entre autres, étaient survenus, la guerre de la France avec l'Allemagne, l'arbitrage de Genève entre les Etats-Unis et l'Angleterre, qui ont créé d'importants précédents pour la pratique du droit et apporté à la science de précieux enseignements; or, tandis qu'il nous a été permis d'augmenter de ces informations, alors toutes récentes, le cadre des trois dernières parties de notre ouvrage, il ne nous était plus possible d'appliquer aux diverses matières traitées dans la première partie, des données qui s'y rattachaient plus directement. De là, un vide qu'il nous importe de remplir, d'autant plus que

depuis cette époque, certaines branches du droit des gens, qui avaient été jusqu'ici en quelque sorte négligées, paraissent être devenues l'objet principal des préoccupations des peuples: nous voulons parler de cette portion du droit public qui régit les relations des nations entre elles, leurs intérêts mutuels ou communs dans le domaine social, législatif et économique.

Les conférences ou congrès internationaux qui ont eu lieu, notamment à l'occasion des expositions universelles, les unions que les divers Etats ont formées entre eux dans le but de réglementer leurs rapports commerciaux, leurs correspondances, d'uniformiser leurs systèmes de monnaie, de poids et de mesures, etc., de mettre autant que possible en harmonie les différentes législations nationales, d'en prévenir ou d'en régler les conflits, ont considérablement accru les conquêtes de la jurisprudence internationale sur le terrain pacifique. Des accords, des transactions sont intervenus sur des points laissés auparavant en dehors de la sphère des traités, et ont étendu les garanties publiques aux intérêts particuliers des individus. en quelque lieu qu'ils se trouvent, donnant ainsi naissance à cette jurisprudence toute moderne qui, sous la dénomination. de droit international privé, acquiert chaque jour une portée plus large et plus efficace.

Enfin, de même qu'au moment où s'achevait l'impression de notre seconde édition, l'Europe sort à peine d'une grande guerre, celle entre la Russie et la Turquie, qui a eu pour dénouement un de ces traités qui font événement dans l'histoire : comme les anciens traités de Westphalie et d'Utrecht, le traité de Berlin, qui n'a pas encore produit tous ses résultats, a modifié profondément la situation politique de la partie orientale du continent, changé les délimitations territoriales, créé de nouveaux Etats indépendants, et, par suite, substitué des rapports et des droits nouveaux à ceux qui existaient il y a quelques années

encore.

L'influence de ces évolutions sur le développement du droit international est incontestable; aussi avons-nous tenu à en marquer les traces partout où nous avons été à même de les suivre ; nous nous sommes attaché à mettre notre livre au courant des événements les plus récents, des faits et des actes acquis dans ces derniers temps à la pratique du droit des gens, des enseignements que la science y a recueillis.

On comprendra l'importance de ce travail lorsque nous dirons

en terminant que, ainsi complétée, notre œuvre formera quatre volumes, presque aussi compacts que les deux des éditions.

antérieures.

Paris, le 25 mai 1880

Depuis l'année 1880, l'Europe n'a été agitée par aucune de ces crises violentes dont, à partir de 1866, nous avons eu à exposer les effets dans les éditions successives de cet ouvrage. Mais pour avoir été plus pacifiques, les sept années qui viennent de s'écouler n'en sont pas moins fécondes en événements politiques aptes à modifier ou à étendre la science du droit des gens.

Souvent, il est vrai, des menaces d'orage ont obscurci l'horizon politique, de graves conflits internationaux ont surgi, mais ce n'est pas à la guerre qu'il a été départi de trancher les difficultés qui divisaient les peuples. La diplomatie a interposé son action conciliatrice et d'actives négociations ont assuré, momentanément du moins, la paix à l'Europe.

De plus, un nouveau continent, l'Afrique, par le seul fait de négociations pacifiques, est entré dans la communauté internationale. La Conférence de Berlin, en proclamant la suppression de la traite et de l'esclavage, en réglementant les intérêts politiques et sociaux de plus de cinquante millions d'hommes, en instituant la liberté de navigation et de commerce dans le vaste bassin de deux grands fleuves, en garantissant aux Etats la paisible possession de leurs domaines dans ces contrées lointaines, mais surtout en entraînant les nations dans un accord unanime vers un but élevé et généreux, a rempli la plus haute mission que puisse se proposer un congrès diplomatique.

De pareils résultats n'ont pas été acquis sans nécessiter l'application de principes nouveaux, ou l'intervention de faits créant, pour la jurisprudence, d'importants précédents. Nous les avons consignés soigneusement les uns et les autres, et nous nous sommes efforc d'en dégager les enseignements et de montrer en quelle mesure ils ont fait avancer la science du droit des gens.

En outre, nous avons développé considérablement certaines parties les adjonctions portent principalement sur le droit de

la guerre, le droit maritime, les règlements internationaux et le droit international privé, que nous avons mis d'accord avec les idées libérales prédominantes. A ce propos, nous avons fait une étude très complète de la législation moderne des Etats de l'Europe et de l'Amérique.

Tout cela fait de cette nouvelle édition, qui comprend cinq volumes, un travail plus étendu et entièrement nouveau sur bien des sujets. Cependant, le même plan a été strictement suivi, et nous nous sommes attaché à respecter fidèlement les principes juridiques que nous avons professés jusqu'ici.

La publication de la première édition du Droit international théorique et pratique remonte à 1868; la deuxième a paru de 1870 à 1872; la troisième enfin, épuisée depuis trois ans, date de 1880 à 1881: elle s'est donc écoulée plus rapidement encore que les précédentes. La faveur toujours croissante avec laquelle le public a accueilli nos travaux nous donne le ferme espoir que cette progression ne s'arrêtera pas, et qu'il nous sera permis de faire succéder de nouvelles éditions à celle que nous publions actuellement.

Berlin, le 20 octobre 1887.

PRÉFACE

DE LA CINQUIÈME ÉDITION

La quatrième édition du Droit international, dont le premier volume parut en 1887, étant épuisée, nous nous sommes demandé s'il serait préférable de la refondre entièrement ou de la réimprimer textuellement en la complétant par un sixième volume formant supplément. C'est à ce second parti que nous nous sommes arrêté. En voici la raison : La refonte eùt pris au moins deux années; ce n'est qu'après ce délai qu'aurait pu commencer le travail, très considérable, de l'édition, et l'ouvrage eût manqué pendant fort longtemps. La réimpression pure et simple était au contraire chose relativement aisée. Nous en dirons autant de l'impression du supplément ou sixième volume qui paraîtra en même temps que les autres volumes de la cinquième Edition.

Nous avons aussi cru devoir obéir à une considération d'intérêt, en faveur des acquéreurs de la quatrième édition; le système que nous avons adopté leur permettra d'utiliser encore notre ouvrage en le complétant par le supplément, il en eût été tout autrement si notre cinquième édition se fùt présentée sous la forme d'une refonte générale.

Qu'on nous permette de saisir l'occasion de répondre à une question qui nous a été posée maintes fois. Pourquoi, renonçant à la langue espagnole qui est celle de la première édition de ce traité, avons-nous donné la préférence à la langue diploma

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