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ques, nous les avons fait difparoître, afin de rendre la narration plus rapide: mais nous avons eu foin de les mettre en notes pour qu'on ne nous accusât pas d'avoir appauvri le fonds fur lequel nous travaillions.

Animés du défir de plaire, & d'être utiles à nos Compatriotes, nous avons fuppléé à l'omiffion des Vies de plufieurs Saints françois cette attention de notre part étoit d'autant plus néceffaire, que nous prenons tous un tres-vif intérêt à la connoiffance des Grands Hommes qui ont illuftré notre patrie. Au refte, l'Auteur, qui a bien voulu lire notre Traduction, a approuvé les libertés que nous nous fommes permises; il nous a auffi communiqué le résultat des recherches qu'il a faites depuis l'impreffion de fon Ouvrage; c'est-àdire, un très-grand nombre d'additions, de changements, & d'améliorations, qui ne peuvent manquer d'ajoûter un nouveau prix à notre travail. Nous faififfons avec empreffement cette occafion de lui donner un témoignage public de notre reconnoif fance,

PRÉFACE.

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PRÉFACE.

il

ON regarde avec raison un dégoût continuel pour la nourriture, comme un présage infaillible du dépériffement du corps; en eft de même par rapport à l'ame. Rien n'annonce plus certainement la proximité de fa perte, qu'un dégoût perfévérant pour les Livres de piété. Qu'espérer en effet d'un homme qui fe ferme volontairement la voie du falut, & qui fe met dans l'impoffibilité d'y parvenir? Or tel eft, felon Saint Chryfoftome (1), celui qui n'a pas foin de fe foutenir par des lectures, ou du moins par des réflexions pieufes.

Semblable à un infecte qui prend la cou leur des plantes ou des feuilles dont il fe nourrit, notre ame prendra, en quelque forte, la teinture des maximes que nous aurons puifées dans nos lectures. De-là vient ceux qui s'occupent à lire des Ouvrages

(1) Hom. 3. de Lazar. T. 1. p. 738. Edit. Ben.

que

frivoles ou Romanefques, contradent infenfiblement le goût de la frivolité & du plaifir. Le propre de ces fortes d'Ouvrages eft d'étouffer dans le cœur les plus beaux fenti ments de vertu, & d'y jetter la femence d'une multitude de vices, qui venant à fe développer peu à peu, en couvre bientôt toute la furface. Combien donc ne devonsnous pas être réservés dans le choix de nos lectures, afin de n'en faire jamais qui ne puiffent tourner au profit de notre ame?

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Mais fi tous les Chrétiens en général font obligés de nourrir leur piété par des lectures fpirituelles, cette obligation devient encore plus étroite pour ceux qui vivent dans le monde. Plongés dans les embarras tumultueux du fiecle, & entierement occupés de leurs affaires temporelles, ils font fans ceffe expofes à la féduction. Or comment milieu du tourbillon rapide qui les entraîne, fe préferveront-ils de cet épuisement intérieur que produit la diffipation infeparable du commerce des hommes ? Comment réfifteront-ils au torrent, & s'entretiendrontils dans la ferveur nécessaire à tout Chrétien, s'ils ne rappellent fouvent leur ame vers Dieu, s'ils n'en purifient & n'en nourriffent les affections par la lecture des bons Livres ? Le Laboureur fufpend de temps en temps fon pénible travail, pour aller réparer fes forces

épuifees. Pourquoi, à fon exemple, l'homme du monde ne chercheroit-il pas à recou vrer cette vigueur de l'ame, qui s'affoiblit & fe perd infenfiblement parmi les agitations du fiecte? Mais de tous les moyens propres à nous faciliter ce recouvrement il n'y en a point de plus efficace que la lecture des Vies des Saints. La raison, l'autorité & l'expérience font ici d'accord.

En effet, à ne confulter que les lumieres de la raifon, n'eft-il pas certain que l'exemple a une vertu toute particuliere pour nous porter au bien ? C'eft de toutes les méthodes qu'on peut employer pour inftruire, la plus courte, la plus facile, la plus appropriée aux circonftances des états, des temps, des lieux. L'orgueil fe révolte contre l'auftérité des préceptes : Lexemple la tempere, cette auftérité ; & parce qu'il agit fans bruit & fans éclat, nous l'aidons, pour ainfi dire, nous-mêmes à tromper notre amour propre. Les paffions ne voyant pas de maître, n'oppofent que peu de réfiftance; le plaifir fe met de la partie pour achever de produire l'effet. La vertu d'ailleurs ne paroît point dans les exemples fombre & décharnée, comme dans les difcours; elle y eft au contraire vivante & animée; & fon pouvoir a d'autant plus d'empire, qu'elle a déjà fu intéreffer le cœur parfes charmes. Enfin l'exemple va au de

vant des prétextes, il diffipe les difficultés, & fait taire les cris de notre délicateffe.

Les Écrivains Sacrés fentoient tellement la force merveilleufe de l'exemple, qu'ils nous ont confervé le détail des actions des Perfonnages illuftres par leur piété. L'Apôtre en faifoit dépendre la fidélité à remplir les devoirs du Chriftianifme. Souvenezvous, difoit-il aux Hébreux, de ceux qui vous ont prêché la parole de Dieu, afin que confidérant quelle a été la fin de leur vie, vous imitiez leur Foi (2), L'Eglife, toujours conduite par l'efprit qui dirigea la plume des Écrivains Sacrés, propofa à fes enfants le même moyen de falut, en inferant dans l'Office de chaque jour un abrégé de l'Hiftoire des Martyrs & des autres Saints (a). Ce fut auffi le zele de la fanctification des ames, qui porta plufieurs Peres

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