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1858) par le préfet de la Seine. Le début de ce compte rendu rappelait le traité du 18 mars conclu entre l'Etat et la ville, sanctionné le 19 mai par le Corps législatif après de sérieux et instructifs débats, et ayant pour objet l'ouverture de grandes voies publiques à travers Paris. « Ce n'est pas à la légère, disait M. Haussmann, c'est après de mûres et sérieuses réflexions que vous avez adopté un pareil projet. Les motifs très-élevés qui l'ont inspiré à l'Empereur, et qui ont déterminé le vote des grands corps de l'Etat, n'ont pu manquer d'agir sur votre patriotisme. Vous avez accepté avec une résolution aussi ferme qu'éclairée non-seulement la plus grande part de l'entreprise, mais encore le lourd fardeau que la gestion en mettra pendant longtemps à la charge de la ville. »>

Le préfet rappelait ensuite au conseil municipal qu'il était placé comme entre deux périodes financières nettement tranchées : l'une commencée à la fin de 1852 devant s'achever à la fin de 1858, l'autre qui commencerait en 1859. La première, marquée par les entreprises dont l'avénement de l'Empereur avait tout d'abord donné le signal; l'autre, consacrée à l'ensemble des opérations de voirie dont la loi du 19 mai (V. cidessus) avait réglé l'exécution. On pouvait espérer qu'elle saurait se suffire à elle-même, si des nécessités nouvelles ne venaient pas créer à la Ville des devoirs imprévus.

Dans les calculs du préfet, les résultats généraux du compte de 1857 se résumaient, pour les recettes, dans le chiffre de 134,882,406 fr. 61 c. (V. pour les détails: Append.).

De 1852 à 1857, le total des recettes ordinaires s'était élevé de 52,576,631 fr. 82 c. à 72,790,435 fr. 65 c. Ce résultat provenait, en grande partie, de la plus-value du produit des taxes diverses établie par les consommations. Il était dû à d'autres causes purement secondaires que rappelait l'organe de l'administration municipale, en particulier à une répartition plus équitable des dépenses communes à l'Etat et à la Ville.

Dépenses ordinaires. 48,285,600 fr. 40 c. au lieu de 34,959,436 fr. 01.c. chiffre antérieur.

Si de l'accroissement de recettes porté à 20,213,806 fr. 83 c. on déduisait celui des dépenses, on trouvait encore une amé

lioration de ressources ordinaires montant à 6,867,643 fr. 44 c. Exercice 1858. Dans le compte rendu du Préfet, le total général des recettes de cet exercice de

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« La réserve actuelle de la Ville passera donc à l'année 1859, telle qu'elle s'est trouvée après les cinq années écoulées de 1852 à 1857. La phase financière qui se terminera cette année pour laisser s'ouvrir la période de dix ans pendant laquelle la Ville est obligée de mener à fin la grande entreprise consacrée par la loi du 19 mai 1858, lui léguera une situation non moins favorable que celle dont elle-même avait reçu le dépôt. »

Telle était l'importante considération mise en relief par le premier magistrat de la Seine; il en était une autre par laquelle il appelait l'attention du Conseil municipal, c'est que, si l'exercice 1858 ne prélevait rien sur les ressources libres du passé; s'il se suffisait complétement à lui-même pour toutes les dépenses ordinaires et extraordinaires, l'importance des sommes qu'il aurait fournies aux grands travaux de toute nature, sans déshériter aucun service, en les dotant tous, au contraire, d'une manière plus large que par le passé, pourrait certainement être prise pour mesure des ressources que la ville était en état d'affecter, en une seule année, à ces œuvres fécondes. Ces prévisions rassurantes rendaient aisée l'assiette du budget de l'exercice 1859.

Les propositions de dépenses ordinaires inscrites à ce budget, excédaient dans le compte rendu du Préfet de 583,944 fr. 71 c. les allocations accordées au budget de 1858, cet excédaut provenant des engagements pris par la Ville, dans le traité du 18 mars, et sanctionnés par la loi votée par la législature.

On trouvera plus loin (Appendice) les détails et la répartition des autres dépenses de l'exercice 1859, il suffira de rappeler celles qui concernent l'amélioration de la voie publique, et qui à diverses reprises ont excité la sollicitude du Corps législatif. Sans doute, dès le budget de 1860, la situation finan

cière s'améliorerait, d'abord de la progression probable des revenus de la Ville, puis de la réduction de plus d'un million que subirait le crédit nécessaire au service de la dette proprement dite; ensuite de l'allocation supplémentaire d'environ 950,000 fr. promise par l'Etat pour les dépenses de la police municipale, qui désormais seraient partagées par moitié; enfin, des 2 millions dont s'accroîtrait la seconde annuité de la subvention de l'Etat pour l'ouverture des nouvelles voies qui avaient motivé le traité du 18 mars. Mais il n'en était pas moins vrai que la combinaison financière adoptée par l'Etat obligeait à marcher au début avec plus de lenteur, que ne le comporterait la bonne direction de l'entreprise. Or, selon le chef de l'édilité parisienne, et il appelait sur ce point l'examen sérieux du Conseil, il importait aux intérêts de l'Etat comme à ceux de la Ville, que les acquisitions à faire pour les percements projetés pussent être consommées le plus promptement possible : le prix des propriétés que devait atteindre l'expropriation tendant toujours à s'accroître; les quartiers à traverser se peuplant, l'activité industrielle s'y développant, les exigences des propriétaires s'exaltant, « hâter la dépense, c'était donc la diminuer. » On pouvait douter un peu de cette conclusion, les dépenses devant toujours avoir lieu, on ne voyait pas bien comment la propriété serait moins exigeante.

M. le Préfet ajoutait que l'évaluation à 180 millions des frais de ces grandes entreprises de voirie ne représentait que la dépense nette; le débours primitif serait beaucoup plus considérable, et la moyenne de 18 millions ne saurait suffire. La Ville, chargée d'avancer les sommes nécessaires, répugnerait sans doute à se les procurer par voie d'emprunt. Comme il ne s'agissait que d'une simple avance, au lieu d'accroitre sa dette constituée, elle préférerait probablement établir, pour le service de trésorerie de ses grands travaux, une caisse semblable à celle de la Boulangerie, émettant des bons à toute échéance, dans des limites réglées selon les circonstances par le Conseil municipal et par le Gouvernement.

« Quoi que vous en décidiez, disait le Préfet en terminant, la base de toute combinaison à venir, c'est l'œuvre qui nous oc

cupe en ce moment : c'est un budget sagement réglé. Il n'est point de fardeau qu'on ne soulève, point d'obstacle qu'on n'écarte avec un puissant levier de finances bien conduites. Des dépenses sévèrement restreintes dans les limites des besoins, laissent au mécanisme toute sa souplesse et tout son ressort, mais des recettes assurées, progressives, en sont l'indispensable point d'appui. »

Ainsi s'exprimait le premier magistrat de la cité dans ce remarquable mémoire du 12 août, et nul ne saurait méconnaître qu'il avait bien raison.

CHAPITRE V.

FAITS POLITIQUES EXTRA-PARLEMENTAIRES.

Retour à une politique moins rigoureuse.

-

Retraite du général Espi

nasse; son remplacement par M. Delangle, nommé uniquement Ministre de l'intérieur. Cause de ce changement: la circulaire de M. Espinasse au sujet des biens des hôpitaux. Effet produit par ce document.

Les Conseils généraux. Remarquable discours de M. de Persigny. - Le duc de Malakoff à Londres : l'alliance anglaise. - Mémorable voyage de l'Empereur à Cherbourg; la reine Victoria s'y rend de son côté. Remarquables discours de l'Empereur. Son retour. - Politique de la France au dehors. Les derniers travaux de la Conférence de Paris: les Principautés; résolution à ce sujet. Le Montenegro. Note du Moniteur sur cette question; hostilités nouvelles. Les massacres de Djeddah. Détails; résolutions du Gouvernement de concert avec la Grande-Bretagne. — Guerre de Chine: même accord entre les deux Gouvernements. Détails sur le bombardement et la prise de Canton; rapport de M. Rigault de Genouilly. - Prise des forts de Peiho. - Traité de paix conclu avec le Céleste Empire par le baron Gros. Traité conclu par le même avec le Japon. - Europe: Traité avec Bade.

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Les mesures d'une rigueur continue et absolue ne sont pas de nature à être acceptées trop longtemps par les mœurs. Aussi bien la politique introduite par le ministre de l'intérieur et de la sûreté générale tendait-elle sinon à fléchir, du moins à ne plus paraître d'une nécessité évidente aux yeux de tous. Ce n'est pas que le brave général qui avait assumé l'œuvre d'une vigilance quelque peu menaçante, eût par lui-même un goût prononcé pour les actes empreints de ce caractère, mais il avait été appelé en des circonstances exceptionnelles, qui par cela même ne devaient pas donner lieu à une politique persistante. On ne voit pas d'ailleurs que le passage du général Espinasse aux affaires, se soit traduit en des décisions violentes. Le Ministre de la sûreté générale porta ses regards, on ne saurait en douter, sur tous les points d'où le danger contre les institutions actuelles pouvait

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