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« que Son Altesse Royale s'était proposé avait été atteint. » L'article 2 portait que les procès encore pendants recevraient une solution conforme aux lois existantes au moment de l'état de siége. Ce document portait la signature du major autrichien Ch. de Widerkem, que l'on regardait comme l'instrument trop dévoué ou peut-être l'instigateur d'une violence qu'un autre Duché, placé cependant dans une position analogue, celui de Parme, était loin d'imiter.

A la fin de l'année, le Duc visita Florence, Rome et Naples. On n'a pu que conjecturer les motifs de cette excursion. Quant aux relations du Duché avec les Etats sardes, elles n'étaient pas absolument amicales, le gouvernement du roi VictorEmmanuel se refusant à exécuter, en ce qui concernait les réfugiés politiques, le traité d'extradition de 1848, qui ne distinguait pas des crimes communs cette catégorie de crimes ou de délits. Modène avait une armée de 14,656 hommes.

CHAPITRE XI.

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ESPAGNE.

Obstacles qui s'opposent à la marche du ministère du 15 octobre. Il est remplacé par le cabinet Isturiz. Esprit et actes de ce Cabinet. Il essaye de fusionner les opinions, et par cela même n'y réussit point. Son candidat pour la présidence du Congrès n'est point nommé; c'est M. Bravo Murillo qui l'emporte. Remarquable discours de ce personnage. Le Cabinet évite les questions irritantes, et se contente de présenter des projets d'utilité publique. Le budget; les biens de main-morte. Projet du ministre des finances, M. Ocana. Les hypothèques; les chemins de fer, le notariat. Projet de loi relatif à la presse. Aucun de ces projets n'aboutit. Scission dans le Cabinet. A quelle occasion M. Posada Herrera devient ministre de l'intérieur. Il fait de la clôture de la session la condition de son acceptation. Voyage de la Reine: elle préside à l'inauguration du chemin de fer de Madrid à Alicante. Détails sur ce voyage. Retour de la Reine. Proposition de M. Posada Herrera et, par suite, nouvelle scission dans le Cabinet. Dissolution du ministère Isturiz. Le comte de Lucena cst chargé de former une autre administration. Caractère de ce Cabinet. Changements qu'il opère dans le personnel des fonctionnaires publics. Ses actes: le Conseil Royal devient le Conseil d'Etat. Décret qui ordonne la rectification des listes électorales. Illégalité de cette mesure. Comment le ministère la justifie.-Dissolution des Chambres. Convocation nouvelle. Circulaire ministérielle à propos des élections. Projets nouveaux les codes, la presse; institution d'une direction des archives. Junte de défense. Crédits supplémentaires: remarquable décret à ce sujet. La police: circulaire ministérielle à cet égard.-Nouveau voyage de la Reine. Ouverture des Cortès: discours royal. Importance de ce document; annonce de projets de loi la presse et le jury; l'amélioration des églises; les travaux publics. Situation extérieure. Retraite du ministre de la marine. A quelle occasion. Proposition de censure du général Sanz contre le Cabinet. Opposition au sein du Congrès. Discussion de l'adresse remarquable discours du chef du Cabinet. Interpellation du général Prim au sujet du Mexique. La question du Maroc; de Rome. Politique du Cabinet. La colonisation des iles de Fernando-Pò.

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L'ajournement de la session législative, motivé par la naissance du prince des Asturies (voir Annuaire, 1857), ne pouvait pas trop se prolonger sans détriment pour les affaires. En attendant, le ministère du 15 octobre prenait certaines mesures

urgentes parmi lesquelles celle que consacrait un décret en date du 18 décembre suivant, aux termes duquel, à partir du 1er janvier 1858, et jusqu'à l'approbation des budgets pour l'année courante, les obligations publiques seraient satisfaites suivant les crédits et services contenus dans les précédents, toutefois elles seraient classées conformément aux budgets qui se trouveraient rédigés pour l'année 1858, et en mesure d'être présentés aux Cortès. Même ordre quant aux recettes. Compte serait rendu aux Cortès de cette disposition pour l'année courante. Autre décision importante adoptée dans les derniers jours (24 décembre) de l'année précédente. Elle émanait du ministre du fomento (M. Pedro Salaverria) et divisait la Péninsule et les iles adjacentes, pour le service général des travaux publics, en autant de démarcations que de provinces constitutives de la division administrative actuelle.

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Enfin, vint l'ouverture de la session (10 janvier). Le discours du Trône passait rapidement en revue la situation quant à l'extérieur. Il insistait surtout sur certains points de la politique intérieure qui devaient dessiner son système de gouvernement, la presse, la réforme électorale, le désamortissement. Quant à la presse, la Reine convenait de ce fait, que la dernière loi n'avait pas atteint son but; quelques modifications devenaient dès lors nécessaires; en ce qui concernait la loi électorale, une loi était également annoncée sur cette matière, qui influait presque autant que la Constitution elle-même sur le maintien des institutions. La Reine annonçait aussi un ensemble de lois à partir des municipalités pour aboutir au Conseil d'Etat. Elle ne pouvait pas oublier non plus ni les finances ni la question de désamortissement. On avait dû suspendre comme insuffisant l'effet de la loi actuelle relatif à l'aliénation de toutes les propriétés territoriales appartenant aux établissements de bienfaisance et d'instruction publique, ou ayant pour objet de subvenir aux besoins des localités. Un nouveau projet allait combler cette lacune sans s'éloigner des principes qui régissent une sage économie politique.

Les intentions du Cabinet étaient assurément excellentes ; mais à peine arrivé au pouvoir, il voyait mettre en question sa

durée. On avait pu croire d'abord qu'il pencherait du côté des conservateurs. C'est le contraire qui arriva; ou du moins ceuxci le jugèrent-ils ainsi, d'après certains actes et quelques choix trop prononcés du ministère; par exemple, des amis du comte de Lucena entraient dans l'administration, ou obtenaient les grades supérieurs de l'armée, tandis que l'on sacrifiait des hommes tels que le conservateur Rivero, à qui l'on ôtait la direction de l'infanterie. De là une opposition nouvelle que soutenait la presse, au moment même où le ministère lui laissait quelque latitude. Dans ces circonstances, il fallait que le Cabinet prononçat la dissolution du Corps législatif ou se retirât. Le premier de ces deux moyens paraissait devoir être agréé par la Reine, à telles enseignes qu'elle serait allée jusqu'à signer le décret de dissolution; mais le Roi et certains personnages attachés à la Cour n'étaient pas favorables au maintien des ministres actuels; le décret de dissolution resta donc en portefeuille, et devant ces intrigues trop fréquentes dans la Péninsule, force leur fut de se retirer. Le choix du Président des Cortès devait être le terrain sur lequel on allait se rencontrer d'abord. Le Cabinet proposait M. Luis Mayans, ancien collègue du duc de Valence, et d'ailleurs modéré. La nouvelle opposition annonçait que son choix se porterait sur M. Bravo Murillo, qui l'emporta à quelques voix de majorité (8 seulement) sur le candidat ministériel. Les vice-présidents furent nommés dans le même sens d'opposition. Enfin, le Sénat donnait sa préférence à un adversaire d'O'Donnell, le général Calonge, appelé au secrétariat. Le jour même (11 janvier), démission du Cabinet Armero-Mon. Toutefois, comprenant que ce n'était pas encore là une opposition bien tranchée que celle dont les choix avaient lieu à une si faible majorité, la Reine ne s'arrêta pas au sens qui semblait attaché à la candidature, fortement appuyée du reste, de M. Bravo Murillo; mais elle appela à présider le nouveau Cabinet l'un des chefs du parti modéré, M. Isturiz, dont les précédents (qualités et défauts) étaient parfaitement connus. Il avait, avec la présidence du Conseil, les affaires étrangères. Ses nouveaux collègues étaient M. de la Hos, appelé à la justice; M. Diaz, puis M. Herrera, à l'intérieur; M. Espeleta, à la guerre;

M. Ocana, aux finances; M. Quesada, à la marine; enfin, M. Ignacio Mencos, comte de Guendelain, au Fomento, tous ayant figuré, à divers titres, dans l'histoire du pays. Le 15 janvier, le nouveau président du Conseil développa en peu de mots son programme au sein du Sénat. Il le qualifiait lui-même de « simple et facile.» « Il se réduit, disait le chef du Cabinet, à la stricte exécution de la Constitution de 1845, et aux principes consignés dans le discours du Trône, sauf les modifications qui seront jugées convenables, et qui seront présentées en temps et lieu. A cela se réduit la pensée politique de la Reine, qui compte sur la bienveillance et la haute sagesse de ce corps co-législateur pour lui donner tout son appui. » Malheureusement cet appui, demandé aux sénateurs et sollicité aussi du Congrès, ne pouvait procéder que d'une majorité patente acquise tout d'abord au ministère; or rien de semblable n'existait. On vient de voir que, pour la présidence, M. Bravo Murillo l'emporta de 8 voix sur son concurrent, et que, jugeant exactement la situation, la Reine composa le Cabinet avec des éléments qui ne s'appuyaient pas sur le Parlement. Et l'un des ministres antérieurs, M. Martinez de la Rosa, put poser aux auteurs de leur chute ce dilemme : « Ou nos doctrines étaient modérées, pourquoi alors nous avoir fait tomber? ou ces doctrines n'avaient pas ce carac tère, et alors vos attaques retombent sur le Cabinet qui continue notre politique. » C'est, en effet, entre les termes de ce dilemme que M. Isturiz se trouvait placé; et quant à la majorité, c'était le moment de s'expliquer sur le sens qu'elle avait entendu attacher à la nomination de M. Bravo Murillo. Elle le fit par l'organe de ce député depuis longtemps silencieux, et à l'occasion de l'adresse (26 janvier). Il prononça ce que jadis l'on eût appelé ailleurs un discours-ministre, dans lequel il passa en revue, et avec une certaine vigueur, la situation. Il déclara d'abord qu'il ne ferait d'opposition à aucun ministère modéré. « Depuis quelque temps, ajoutait-il, il n'est que trop vrai, certaines idées dissolvantes se font jour, de grands périls menacent la société, et les propriétaires feront bien de se préparer à la défense, et l'orateur trouvait qu'ils n'avaient rien de mieux à faire pour cela que de payer des contributions plus fortes. « 11

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