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approuvé cette explication, qui alloit jusqu'au principe de la mission de Jésus-Christ, et si sans se mettre en peine qu'il soit ou Dieu ou un pur homme, il ne veut regarder en lui dans tous ces passages que le simple titre d'envoyé, qui lui est commun avec Moïse et tous les prophètes, il est aisé de comprendre le dessein d'un tel discours. C'est que son auteur ne veut qu'embrouiller la divinité de JésusChrist; et en un mot la différence qu'il y a entre les Pères et lui, c'est que les Pères se mettoient en peine de distinguer Jésus-Christ des autres envoyés qui ne sont pas Dieu, et qu'au contraire M. Simon ne s'en soucie pas.

Ainsi, quand ce censeur téméraire s'élève audessus des Pères, quand il dit avec son audace ordinaire, ils disent bien, ils disent mal, ou qu'il faut aller plus avant qu'eux, et que leur explication n'est pas suffisante, ou qu'elle est forcée et subtile, ou que ce n'est, comme il dit ici, qu'un raisonnement humain, il ne faut pas regarder dans ces superbes manières un orgueil commun; mais apprendre à y remarquer un dessein secret de sapper le fondement de la foi.

Lors aussi que le même auteur donne de beaux titres aux Pères, ou qu'il semble louer leur théologie, il ne faut pas oublier que les louanges sont l'introduction de quelque attaque ou cachée ou à découvert, et que ce mot de théologie a dans sa bouche une autre signification que dans la nôtre. C'est une secrète intelligence et un chiffre, pour ainsi dire, de notre auteur avec les sociniens, qui, sous le nom d'interprétations théologiques, leur fait

entendre un raisonnement de pure subtilité, qui n'a point de fondement sur le texte.

CHAPITRE XVI.

Que les interprétations à la socinienne sont celles que M. Simon autorise, et que celles qu'il bláme comme théologiques sont celles où l'on trouve la foi de la

Trinité.

Il ne sert de rien d'objecter que M. Simon nous avoit donné d'abord et dans sa préface d'autres idées de la théologie et des explications théologiques. Je ne m'en étonne pas. Il falloit bien trouver un moyen d'introduire ses nouveautés par des manières spécieuses; mais il change bientôt de langage, et dans toute la suite de son livre, le nom de théologien devient un nom de mépris; témoin ce qu'il dit de Titelman, savant cordelier du siècle passé, dont les Paraphrases sur saint Paul et sur les Epîtres canoniques sont estimées de tout le monde. Cependant M. Simon lui lance ce trait (1) Comme il étoit théologien de profession, il substitue souvent les préjugés de sa théologie en la place des paroles de saint Paul; c'est-à-dire, à le bien entendre, que les théologiens sont des entêtés, qui attribuent à saint Paul leurs sentimens, leurs préjugés, leur théologie. C'est déjà un trait assez piquant contre les théologiens; mais entrons un peu dans le fond: voyons quels sont ces préjugés de Titelman, et quelle est la théologie qu'y blâme notre critique. C'est en

(1) P. 564.

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tre autres choses qu'en expliquant ces paroles de saint Jean, ET HI TRES UNUM SUNT, ces trois ne sont qu'un (1), il y fait voir l'unité parfaite des trois Personnes divines, tant en substance, que dans leur concours à témoigner que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. Tout catholique doit approuver cette explication; mais M. Simon la critique. Selon lui, ce mot de substance est de trop dans la paraphrase de Titelman: il falloit laisser indécis si les trois Personnes divines ont la même essence. Voilà le crime de ce savant religieux, et c'est pourquoi on le traite de théologien, qui substitue sa théologie ét ses préjugés à la place des paroles de l'Ecriture.

Ce passage de M. Simon, qui découvre si bien son fond, mérite d'être transcrit tout au long. Après avoir rapporté (2) la paraphrase de ces paroles, NON ÉST VOLENTIS, etc. qui lui paroît plutôt d'un théologien que d'un paraphraste, qui ne doit point s'éloigner de la lettre de son texte, ce critique continue en cette manière : Il a suivi la même méthode sur les Epitres canoniques, qu'il explique à la vérité clairement et en peu de mots; mais il ne satisfair point les personnes qui cherchent des interprétations purement littérales et sans aucune restriction. Nous allons voir qui sont ces personnes que M. Simon veut qu'on satisfasse. Il ne pouvoit par exemple, poursuit-il, exposer avec plus de netteté ce passage de l'épitre de saint Jean, chap. 3, . 7, CES TROIS y. NE SONT QU'UN, que par cette autre expression, et ces trois Personnes ne sont qu'une même chose, tant dans leur substance que dans le témoignage

(1) I. Joan. v. 7. — (1) P. 564 et 565.

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qu'elles rendent unanimement à Jésus-Christ, qu'il· est le vrai Fils de Dieu. Cette paraphrase est donc nette il se faut bien garder d'en blâmer le fond; car ce seroit se déclarer trop; mais voici le mal: Titelman donne cependant occasion aux anti-trinitaires de dire qu'il a trop limité le sens de ce passage dans l'idée qu'il s'est proposée de ne donner que de simples éclaircissemens. Sans doute les antitrinitaires trouvent très-mauvais, et M. Simon avec eux, que Titelman ait interprété un en substance. Il se falloit bien garder de trouver cette unité dans ce passage. M. Simon veut qu'on satisfasse ces judicieux interprètes les sociniens, et que jamais on ne trouve le mystère de la Trinité dans l'Ecriture. Y trouver l'unité de substance, c'est faire le théologien, et cela n'est pas littéral. On dira que je lui impose, et qu'il rapporte seulement le goût des sociniens sans l'approuver. Achevons donc la lecture de notre passage, qu'il finit ainsi : Mais il est difficile de trouver des paraphrastes qui ne soient point tombés dans CE DÉFAUT, dont les anti-trinitaires même, qui veulent passer pour exacts, ne sont pas exempts. Laissons à part la louange qu'il veut donner en passant à ses anti-trinitaires, et concluons que, selon lui, c'est un défaut à Titelman d'avoir expliqué un en substance. Cela n'est pas de son texte. Dorénavant on ne pourra pas en interprétant la lettre de l'Ecriture y trouver la foi de l'Eglise ; ce sera un défaut en interprétant : Moi et mon Père nous ne sommes qu'un (1), de dire que cette vérité est dans l'essence: il sera aussi peu permis,

(1) Joan. x. 30.

en interprétant cet autre passage: Baptisez au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, d'exposer qu'on est baptisé au nom de ces trois Personnes comme étant égales, encore moins en interprétant: le Verbe étoit Dieu, d'ajouter qu'il l'est proprement et par nature tout cela doit être banni; il faut satisfaire ceux qui cherchent les interprétations littérales et sans restriction. Ainsi, la véritable méthode est de laisser tout en l'air, et de permettre aux sociniens leurs faux - fuyans aussi absurdes qu'impies, à peine d'être déclaré théologien de profession, attaché à ses préjugés, et incapable d'expositions littérales. En un mot, les théologiens sont trop entêtés; ils veulent trouver leur théologie, c'est-à-dire, la foi de l'Eglise et la doctrine des Pères, dans l'Ecriture: ce sont de mauvais commentateurs il faut remettre l'intelligence du texte sacré entre les mains des critiques, à qui tout est indifférent, et c'est à eux qu'on doit laisser ce sacré dépôt.

CHAPITRE XVII.

Mépris de l'auteur pour saint Thomas, pour la théologie scolastique, et sous ce nom pour celle des Pères.

ON sera bien aise de voir ce que notre auteur a pensé de saint Thomas; mais il se garde bien de se déclarer d'abord, et on croiroit qu'il lui veut donner les louanges qui lui sont dues. On attribue, dit-il (1), à ce saint un autre ouvrage sur le nou¬

(1) P. 473.

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