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la contestation étoit formée sur ces livres, comme on a vu, l'autre, comme on a vu semblablement que les autres livres de saint Augustin ne différoient en rien de ceux-ci : saint Hormisdas ôta tout prétexte à cette distinction des livres de saint Augustin, en désignant expressément les derniers comme les plus corrects, et en leur donnant une approbation si authentique. Il 'accompagne cette approbation d'une expresse déclaration, que les Pères ont fixé la doctrine; que leur doctrine montre le chemin que tous les fidèles doivent suivre; par où il montre qu'en approuvant la doctrine de saint Augustin, il ne fait que suivre les Pères, et par conséquent qu'il n'y a rien de plus insensé que d'accuser saint Augustin d'être novateur.

Le troisième et le quatrième papes sont Félix IV et Boniface II (1), dont le premier a envoyé les chapitres dont a été composé le second concile d'Orange, et le second a confirmé le même concile, où la doctrine de saint Augustin a reçu une approbation qu'on verra bientôt.

CHAPITRE XVII.

Des quatre conciles qui ont prononcé en faveur de la doctrine de saint Augustin, on rapporte les trois premiers, et notamment celui d'Orange.

Pour les conciles, le premier est celui des soixantedix évêques, tenu à Rome par le pape saint Gelase, (1) Vid. ibid. p. 157, et seq.

en 494, où saint Augustin et saint Prosper sont mis au rang des orthodoxes: au contraire, les livres de Cassien, le plus grand adversaire de saint Augustin, sont réprouvés; et Fauste, son autre adversaire est rangé avec Pélage, Julien et les autres qui sont rejetés par les anathémes de l'Eglise romaine, catholique et apostolique.

Le second concile est celui des saints évêques d'Afrique, bannis dans l'île de Sardaigne, pour avoir confessé la foi de la Trinité (1). La lettre synodique de ces saints confesseurs porte une expresse condamnation de la doctrine de Fauste, et déclare que pour savoir ce qu'il faut croire, on doit s'instruire, avant toutes choses, des livres de saint Augustin à Prosper et à Hilaire (2), en faveur desquels ils citent le témoignage de saint Hormisdas qu'on vient de voir.

Le troisième concile tenu sur cette affaire, fut celui d'Orange II, le plus authentique de tous (5). Je passe sur ces matières le plus légèrement qu'il m'est possible, à cause qu'elles sont connues; et selon la même méthode, je n'observerai que cinq ou six choses sur le concile d'Orange.

(1) In ead. append. p. 152. — (2) Cap. XVII.- — (3) Ib. p. 157.

CHAPITRE XVIII.

Huit circonstances de l'Histoire du concile d'Orange, qui font voir que saint Augustin étoit regardé par les papes et par toute l'Eglise comme le défenseur de la foi ancienne. Quatrième concile en confirmation de la doctrine de ce Père.

La première observation est que ce concile assemblé, principalement de la province d'Arles et des lieux où les écrits de Fauste avoient réveillé les restes des pélagiens qui y étoient demeurés cachés depuis trente ans, traita les matières de la grâce par l'autorité et par un avertissement particulier du saint Siége: SECUNDUM AUCTORITATEM ET ADMONITIONEM SEDIS APOSTOLICE (1).

Secondement, le saint Siége et le pape Félix IV, qui y présidoit, non contens d'exciter la diligence de saint Césaire, archevêque d'Arles, et de ses collègues, leur avoient envoyé quelques chapitres tirés des saints Pères pour l'explication des saintes Ecritures (2), ce qui montre en tout et partout le désir de conserver l'ancienne doctrine.

Troisièmement, le pape Hormisdas avoit déjà parlé dans la querelle de Fauste de ces chapitres conservés dans les archives de l'Eglise (3), qu'il offrit même d'envoyer à un évêque d'Afrique, qui sembloit favoriser les écrits de Fauste.

Quatrièmement, on voit par-là qu'outre les décisions des conciles, où l'on exprimoit les principes

(1) Præf. (2) Ibid.

· (3) Epist. ad Possess. sup. citat.

les plus généraux pour la condamnation de l'erreur, le saint Siége conservoit des instructions plus particulières tirées des écrits des Pères, pour les faire servir dans le besoin à un plus grand éclaircissement de la vérité; et ce furent apparemment ces mêmes chapitres que Félix IV envoya à saint Césaire pour étre souscrits de tous (1), ainsi qu'il est marqué dans la préface du concile d'Orange.

Cinquièmement, il est bien constant que ces cha pitres du concile d'Orange contiennent le pur esprit de la doctrine de saint Augustin, et pour la plupart sont extraits de mot à mot de ses écrits, ainsi que l'ont remarqué le P. Sirmond, dans ses notes sur ce concile, et tous les savans.

C'est aussi pour cette raison, et c'est la sixième observation, que le pape saint Boniface II, qui dans ce temps succéda à Félix IV, fait une expresse mention dans la confirmation de ce concile, des écrits des Pères, principalement de ceux de saint Augustin et des décrets du saint Siége (2), pour marquer les sources d'où la doctrine de ce concile étoit tirée.

En septième lieu, on trouve dans ce concile tous les principes dont le même saint Augustin s'est servi pour établir la doctrine de la prédestination et de la grâce, comme la suite le fera paroître.

En huitième et dernier lieu, loin qu'on soupçonnât ce Père d'avoir innové, c'étoient ses écrits qu'on employoit à combattre les nouveautés, et c'étoit lui qu'on citoit, lorsqu'il s'agissoit de soutenir la tradition des saints Pères, et on croyoit la doctrine ren(1) Conc. Araus. Præf. (3) Epist. ad Cæsar. ib. p. 161.

fermée

fermée et recueillie dans ses ouvrages, ce qui est quant à présent tout ce que je prétends prouver.

Il est encore à remarquer que le concile d'Orange fut confirmé par un concile de Valence, où saint Césaire ne put assister à cause de son indisposition (1), mais où il envoya seulement des évêques (de la province) avec des prêtres et des diacres; et ce fut de là qu'on envoya demander la confirmation au pape saint Boniface; ce qui nous fait voir encore un quatrième concile pour saint Augustin et contre Fauste, après quoi les semi-pélagiens ne furent plus ni écoutés ni soufferts.

Il faut remarquer que dans l'ancien manuscrit d'où le P. Sirmond a tiré la lettre qu'on vient de voir de Boniface II, ces mots étoient à la tête : On trouve dans ce volume le concile d'Orange que, le pape saint Boniface a confirmé par son autorité; et ainsi quiconque croit autrement de la grâce et du libre arbitre que ne l'exprime cette autorité (cette confirmation authentique du concile d'Orange), ou qu'il n'a été décidé dans ce concile, qu'il sache qu'il est contraire au saint Siége apostolique et à l'Eglise universelle répandue par tout l'univers (2). En effet, personne ne doute que ce concile ne soit universellement reçu, et par conséquent n'ait la force d'un concile œcuménique.

(1) Cypr. in vit. Cæsar. Arel. n. 35. vid. in append. jam cit, p. 162.—(2) Apud Aug. t. x. app. p. 161.

BOSSUET. V.

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