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la doctrine étoit avouée et catholique,

que

claré >> RATAM ET CATHOLICAM; en sorte qu'ils ont estimé » que c'étoit un suffisant témoignage de la vérité » d'un dogme, qu'il se trouvât constamment éta» bli et autorisé par saint Augustin ». Nous auróns à considérer dans la suite les conséquences de ces vérités; il suffit à présent de voir que, bien loin de nous renvoyer de saint Augustin aux anciens et aux Grecs, le P. Petau prend un chemin contraire, du commun consentement des théologiens; et il n'y a rien de mieux ordonné que ces degrés où il passe des Grecs aux Latins, et des Latins à saint Augustin, pour arriver au comble de l'intelligence.

Depuis peu le P. Garnier, célèbre parmi les savans, pour avoir enseigné la théologie jusqu'à la mort, avec l'application que tout le monde sait, et qui a laissé dans sa compagnie tant de disciples après lui, a reconnu, comme on a vu (1), saint Augustin, et surtout dans ses derniers livres de la Prédestination et de la Persévérance, comme le guide qui lui est donné par le saint Siége, et comme la source d'où il faut tirer la droite doctrine; et Dieu conserve encore à présent, dans le même ordre, un écrivain aussi renommé dans sa compagnie qu'estimé au dehors (2), qui conclut ainsi ce qu'il a dit sur l'autorité de saint Augustin: « J'augmenterai plutôt que de diminuer les éloges » de ce Père, que je regarde comme le plus grand » de tous les esprits, comme celui où l'on trouve

(1) Ci-dessus l. v. ch. vIII. Garnier, dissert. VII. C. II. — (2) Steph. Deschamps de hær. Jans. l. 1. disp. 1. c. V1. n. n. 15.

» le dernier degré de l'intelligence dont l'humanité » est capable, un miracle de doctrine, celui dont >> la doctrine nous montre les bornes dans lesquelles » se doit renfermer la théologie, l'apôtre de la grâce, » le prédicateur de la prédestination, la bibliothè» que et l'arsenal de l'Eglise, la langue de la vérité, » le foudre des hérésies, le siége de la sagesse, » l'oracle des treize siècles, l'abrégé des anciens >> docteurs et la pépinière où ceux qui ont suivi » se sont formés. Il développe les mystères de la » prédestination et de la grâce, comme s'il les » avoit vus dans l'intelligence et dans la pensée de » Dieu même ». Que voudroient dire ces grandes et magnifiques paroles, s'il se trouvoit que saint Augustin fût un novateur dans les dogmes qu'il se seroit le plus attaché à prouver ?

Il est vrai que ce savant homme apporte deux exceptions à son discours : l'une s'il se trouvoit que saint Augustin eût enseigné des choses contraires aux décisions des conciles ou des papes : l'autre, si tous les Pères ou la partie considérablement la plus grande de ces saints docteurs lui étoient contraires. Je reçois la condition, et j'ajoute seulement avec Suarez (1), qui l'a donnée le premier, que cela se trouvera rarement ou point du tout. Il se trouvera si rarement, que ni Suarez, ni le savant P. Deschamps qui l'a imité, n'en ont marqué aucun exemple; en sorte que de bonne foi il faut réduire ce rarement à point du tout, et reconnoître que ces restrictions (il faut suivre saint Augustin, si l'Eglise ou le commun des Pères ne lui sont pas contraires) (1) De Grat. proleg. vi. n. 17.

sont apposées, non pour montrer que le cas soit arrivé, mais pour expliquer seulement en ce cas, quelle autorité seroit préférable.

J'ajouterai encore avec Vasquez (1), que personne ne doit penser que les papes, et notamment Pie V et Grégoire XIII, dans leur bulle contre Baïus aient condamné le sentiment de saint Augustin, qui a reçu en cette matière (de la grâce) une si merveilleuse recommandation et approbation par le pape Célestin I, et qui a été célébré avec tant d'éloges dans tous les siècles suivans; en sorte, conclut-il (2), qu'il nous faut tâcher d'expliquer la censure de ces papes sainement et d'une manière qui se puisse concilier avec la doctrine de ce Père. J'ajouterai, en dernier lieu, comme un corollaire de tout ce qu'on vient de voir, que si l'on prétendoit, avec M. Simon, que saint Augustin fût contraire à la tradition des saints docteurs, ou aux décrets de l'Eglise dans quelque dogme touchant la grâce qu'il auroit entrepris d'établir comme de foi dans tous ses ouvrages, principalement dans les derniers, qui sont les plus approuvés, tous les éloges que lui ont donnés les siècles suivans, et tous les décrets des papes en sa faveur ne seroient qu'une illusion: saint Augustin ne seroit pas un guide donné par l'Eglise, si on s'égaroit en le suivant : il ne seroit pas la bouche de l'Eglise, s'il avoit soufflé le froid et le chaud, le vrai et le faux, le bien et le mal: le pape saint Célestin ne devoit point avoir si sévèrement réprimé ceux qui disoient que ce Père étoit l'auteur d'une nouvelle doctrine, si en

(1) In 1, 2. D. Thom. disp. 190. cap. XVIII.— (2) Ibid.

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effet il l'étoit, ni ceux qui le reprenoient d'avoir excédé, si en effet il excédoit jusque dans des matières capitales il ne falloit pas, comme a fait le pape Hormisdas, pour trouver le sacré dépôt de la tradition et de la saine doctrine sur la grâce et le libre arbitre, renvoyer aux livres de ce Père, avec un choix si précis de ceux qu'il falloit principalement consulter, si, de ces deux matières dont il s'agissoit, il avoit outré l'une et affoibli l'autre il y eût fallu au contraire distinguer le bon d'avec le mauvais, le douteux ou le suspect d'avec le certain, et non pas y renvoyer indéfiniment; autrement, on égaroit les savans, on tendoit un piége aux simples, et, comme dit Suarez, l'Eglise, ce qu'à Dieu ne plaise, les induisoit en erreur.

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LIVRE SEPTIÈME.

Saint Augustin condamné par M. Simon : erreurs de ce critique sur le péché originel.

CHAPITRE PREMIER.

M. Simon entreprend directement de faire le procès à saint Augustin sur la matière de la grâce: son dessein déclaré dès sa préface.

Il ne faudra plus maintenant que lire, pour , pour ainsi parler, à l'ouverture du livre, l'histoire critique de M. Simon, pour y trouver les marques sensibles d'une doctrine réprouvée. Nous avons déjà remarqué en abrégé pour une autre fin, mais il faut maintenant le voir à fond, qu'il se déclare dès sa préface, où après avoir parlé des gnostiques et avoir mis leur erreur à nier le libre arbitre, il assure (1), que c'est par rapport aux fausses idées de cés hérétiques, que les premiers Pères ont parlé tout autrement que saint Augustin des matières de la grâce, du libre arbitre, de la prédestination et de la réprobation. Voilà donc le fondement de M. Simon, que pour combattre les fausses idées de ceux qui nioient le libre arbitre, il en falloit parler tout autrement que saint Augustin, qui demeure par conséquent ennemi comme eux du libre ar

(1) Præf.

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