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au lieu de ces mots : En qui, in quo, met parce que, quatenus, quia, eò quòd, ou ex eò quòd. C'est celle qui favorise le plus les pélagiens, et qui leur donne lieu de dire : que le péché est entré dans le monde par Adam, à cause seulement que tous ont péché à son exemple, de laquelle explication Pélage est constamment le premier auteur.

La seconde version est celle de toute l'Eglise, selon laquelle il faut lire: Que le péché est entré dans le monde par un seul homme, en qui tous ont péché; ce qui ne laisse aucune ressource à ceux qui nient le péché originel.

C'est un fait constant, dont aussi M. Simon demeure d'accord, que cette dernière version, qui est celle de notre Vulgate, l'est aussi de la Vulgate ancienne, comme il paroît, non-seulement par saint Augustin (1), mais encore par le diacre Hilaire, par saint Ambroise (2), par Pélage même (3), qui lit, comme tous les autres, in quo, dans son Commentaire (4), encore que dans sa note il détourne le sens naturel de ce passage, de la manière qu'on vient de voir.

M. Simon convient aussi que, selon l'explication de saint Chrysostôme, il faut traduire in quo, et on en peut dire autant d'Origène; de sorte que les anciens Grecs ne diffèrent point des Latins. La suite fera paroître quel est parmi eux l'auteur de l'innovation. Quoi qu'il en soit, il est bien certain que depuis le temps de Pélage, tous les docteurs qui

(1) Comm. in Epist. ad Rom. v. — · (2) Ambr. lib. xv. n. 67. in Luc. ·(3) Aug. lib. 1. cont. Jul. c. 111. n. 10. ·(4) Comm. in Epist. ad

Rom. v.

ont disputé contre lui, tous, dis-je, sans exception, lui ont opposé ce passage, et ont suivi en cela saint Jérôme et saint Augustin.

Après un consentement si universel et si manifeste de tout l'Occident à traduire in quo, il n'est pas permis de douter qu'il ne faille tourner ainsi ce célèbre de saint Paul, puisque tous les Latins l'ont pris naturellement de cette sorte. Mais M. Simon, au contraire, s'acharne de telle manière à affoiblir cette version, qu'il y revient, sous divers prétextes, quinze ou seize fois, n'oubliant rien de ce qu'on peut dire pour autoriser, non-seulement la traduction, mais encore les explications qui favorisent Pélage; en quoi il ne fait toujours que combattre directement, sous le nom de saint Augustin, toute l'Eglise dans quatre conciles universellement approuvés.

CHAPITRE XIII.

Quatre conciles universellement approuvés, et entre autres celui de Trente, ont décidé sous peine d'anathéme, que dans le passage de saint Paul, Rom. v. 12, il faut traduire in quo, et non pas quatenus. M. Simon méprise ouvertement l'autorité de ces conciles.

Le premier est celui de Milève, où soixante évêques rapportent ce passage selon la Vulgate, et n'allèguent que celui-là dans leur lettre synodique à saint Innocent, avec un autre de même sens du même saint Paul, ce qui montre qu'ils en faisoient le principal fondement de la condamnation des Pélagiens.

Le second concile est celui de Carthage ou d'Afrique, de deux cent quatorze évêques, qui, dans le chapitre deux, après avoir établi la foi du péché originel sur le baptême des enfans, anathématise les contredisans; à cause, dit-il, qu'il ne faut pas entendre autrement ce que dit l'apôtre : le péché est entré dans le monde par un seul homme.... en qui tous ont péché: IN QUO OMNES PECCAVERUNT, que comme l'Eglise catholique répandue par toute la terre l'a toujours entendu; où le concile, en suivant la version qu'on veut contester, dit deux choses: premièrement, que le sens qu'il donne à ce passage n'est pas seulement le véritable, mais encore celui qui a toujours été reçu dans l'Eglise universelle ; secondement, que pour cela même il n'est pas permis de ne le pas suivre, à moins qu'on ne dise en même temps qu'il est permis de s'opposer à l'intelligence constante et perpétuelle de toute l'Eglise.

Le troisième concile est celui d'Orange II, qui, dans une semblable décision (1), allègue pour tout fondement le même passage entendu de la même sorte, traduit de la même sorte.

Le quatrième, est le concile œcuménique de Trente (2), qui répète de mot à mot les décrets de ces deux derniers conciles, et par deux fois le passage dont il s'agit, comme le fondement de sa décision; en déclarant, dans les mêmes termes du concile d'Afrique, que l'Eglise catholique l'a toujours entendu ainsi, et qu'il ne faut pas, c'est-àdire, qu'il n'est pas permis de l'entendre autrement.

Mais M. Simon ne craint pas d'éluder cette explication, et formellement l'autorité de ces conciles, (1) Cap. 11.- (2) Sess. v. c. II.

sur ces mots EN QUI TOUS ONT PÉCHÉ. Cornélius à Lapide, dit-il (1), traite à fond du péché originel, opposant à ceux qui croient qu'on ne le peut pas prouver efficacement de ce passage, le concile de Mileve et celui de Trente; mais il n'y a pas d'apparence que ces deux conciles aient voulu condam ner les plus doctes Pères qui l'ont entendu autrement. Ainsi l'autorité de ces deux conciles, dont l'un est œcuménique et l'autre de même valeur, et de deux autres qu'on vient de voir, également approuvés, ne fait rien à M. Simon il n'y aura plus qu'à rapporter quelques passages des Pères, pour conclure que les conciles qui auront plus précisément examiné la matière, ne sont rien. On en sera quitte pour dire, qu'il n'y a pas d'apparence qu'on ait voulu condamner les plus doctes Pères. Voilà un beau champ ouvert aux hérétiques, et sur ce pied ils n'auront guère à se mettre en peine des décisions de l'Eglise.

CHAPITRE XIV.

Examen des paroles de M. Simon dans la réponse qu'il fait à l'autorité de ces conciles: qu'elles sont formellement contre la foi, et qu'on ne doit pas les supporter

MAIS pesons encore plus en particulier les paroles de M. Simon: Il n'y a aucune apparence que ces conciles aient voulu condamner les plus doctes Pères, qui ont entendu autrement le passage de saint Paul. Nous verrons bientôt quels sont ces Pères, et si leur autorité est si décisive. En atten

(1) P. 661.

dant, j'avouerai qu'on n'a pas dessein de condamner personnellement les Pères qui auront parlé avec moins de précaution, ou avant les difficultés survenues, ou sans y être attentifs; mais de là s'en suivra t-il qu'il soit permis de suivre les expositions que les conciles auront condamnées, ou qu'il ne faille pas s'attacher à ce qu'on aura décidé de plus correct? Quelle critique seroit celle-là, et quelle porte ouvriroit-elle aux novateurs ?

Les Pères de Trente et de Milève, poursuit le critique, n'ont songé qu'à condamner l'hérésie des pėlagiens. Je vois bien qu'il aura ouï dire, qu'en obligeant à recevoir les définitions des conciles, à peine d'être hérétique, les théologiens n'obligent pas ordinairement, sous la même peine, à recevoir toutes les preuves dont les conciles se servent; mais premièrement, les théologiens qui parlent ainsi, ne permettent pas pour cela d'affoiblir ces preuves. Une si étrange témérité est-elle exempte de censure? en matière de religion ne faut-il craindre précisément que d'être hérétique? n'est-ce rien de favoriser l'hérésie et de désarmer l'Eglise, en lui ôtant ses fondemens principaux? Que deviendra la saine doctrine, s'il est permis d'en renverser les remparts l'un après l'autre ? M. Simon aura détruit celui de saint Paul: un autre attaquera celui de David, où l'on voit l'homme conçu en iniquité. Par ce moyen la place est ouverte, et l'Eglise sans défense. Mais secondement, ce n'est pas le cas où les théologiens excusent ceux qui ne veulent pas recevoir toutes les preuves des conciles. Lorsque les conciles déclarent en termes formels, comme ceux de Trente et de Carthage font iei, que le sens

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