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qu'ils donnent à un passage est celui que l'Eglise catholique, répandue par toute la terre, a toujours reçu, et qu'il n'est pas permis d'en suivre un autre, l'Eglise veut astreindre les fidèles à la preuve comme au dogme, et n'écoute plus ceux qui la rejettent.

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CHAPITRE XV.

Suite de l'examen des paroles de l'auteur sur la traduction in quo. Il se sert de l'autorité de ceux de Genève, de Calvin et de Pélage, contre celle de saint Augustin et de toute l'Eglise catholique, et il avoue que la traduction quatenus renverse le fort de sa preuve.

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Il n'en faudroit pas davantage pour confondre M. Simon, et je ne m'attacherois pas à peser ses autres paroles, s'il n'étoit bon de montrer avec quel entêtement et par quelles vues il s'opiniâtre à détruire les sens de l'Ecriture, et même la traduction que les conciles proposent.

Premièrement (1), sur la traduction qui met parce que, QUATENUS, QUIA, qui est celle qui favorise les pélagiens, au lieu d'en qui, IN QUO, qui est celle de l'Eglise catholique, l'auteur cite les docteurs de Genève, qui ne peuvent pas être suspects en cette matière. Ils ne peuvent pas être suspects : comme si pour ne l'être pas sur le pélagianisme, ils l'en étoient moins sur le sujet de la Vulgate, qu'ils sont bien aises de reprendre, et avec elle l'Eglise, qu'ils ne cessent de chicaner sur cette matière.

En un autre endroit (2), pour excuser le sens de (1) P. 171.) P. 241.

Pélage,

Pélage, il allègue encore l'autorité de Calvin, à cause qu'il n'est pas pélagien, et de quelques autres calvinistes. Ils ne sont pas non plus ariens; et cependant combien de passages ont-ils affaiblis en faveur de l'arianisme? M. Simon ne l'ignoroit pas, et il n'emploieroit pas si souvent l'autorité de ces critiques novateurs, qui font les savans, en cherchant les sens détournés et particuliers, si ce n'étoit qu'il a pris lui-même cet esprit.

:

Dans la suite il reprend saint Augustin (1) pour avoir dit de ce passage de saint Paul, qu'il est clair, qu'il est précis, et excluoit toute ambiguité (2); mais M. Simon répond pour Pélage, que ce passage et les autres ne sont pas si clairs que saint Augustin se l'imaginoit on les pouvoit interpréter de différentes manières, même selon le sens grammatical. Pélage et ses sectateurs ont prétendu que IN QUO étoit en ce lieu-là pour QUATENUS. A cause que Pélage l'a prétendu, saint Augustin aura tort d'avoir trouvé le passage clair, et les doutes des hérétiques feront la loi à l'Eglise. Mais M. Simon croit tout sauver en ajoutant que cette interprétation a été suivie par quelques orthodoxes; c'est-à-dire, par un ou deux qui n'y pensoient pas, et qui n'étoient point attentifs à l'hérésie de Pélage. M. Simon veut nous obliger à les égaler aux Pères et aux conciles, même œcuméniques, dont les disputes émues ont tourné l'attention de ce côté-là. N'est-ce pas là une solide critique, et bien propre à établir les preuves de la tradition? Mais voici où le critique en vouloit venir: Les pélagiens affoiblissoient par ce moyen le

(1) P. 286. — (2) Aug. de pecc. mer, et rem. c. x. n. 11. p. 7.

BOSSUET. v.

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plus fort de la preuve de saint Augustin, qui consistoit en ce mot IN QUO (1). C'est donc là le fruit de la critique, de trouver le moyen d'affoiblir le fort de la preuve de saint Augustin; ajoutons qui étoit aussi le fort de la preuve de quatre conciles, dont l'autorité est œcuménique. C'en est trop, et il n'y eut jamais dans toute l'Eglise d'exemple d'une pareille témérité.

CHAPITRE XVI.

Suite de l'examen des paroles de l'auteur : il affoiblit l'autorité de saint Augustin et de l'Eglise catholique par celle de Théodoret, de Grotius et d'Erasme si c'est une bonne réponse en cette occasion, de dire que saint Augustin n'est pas la règle de la foi.

IL continue cependant (2): Théodoret n'a fait en ce lieu (sur le passage de saint Paul dont il s'agit) aucune mention du péché originel. Au contraire, l'auteur tâche de faire paroître qu'il y étoit opposé, de quoi nous parlerons ailleurs. Le patriarche Photius en use de même que Théodoret (3) : voilà donc ces orthodoxes de M. Simon réduits au seul Théodoret ; si ce n'est qu'on veuille mettre Photius, le patriarche du schisme, au nombre des orthodoxes. En général, continue-t-il, la plupart des commentateurs grecs n'ont fait aucune mention du péché originel sur ce passage de saint Paul. C'est ce que je nie, et je n'en crois pas M. Simon sur sa parole. Quoi qu'il en soit, c'est à l'occasion de Théodoret, (1) P. 286.- (2) P. 321. (3) P. 463,

de Photius et de quelques Grecs, qu'il a prononcé cette sentence: qu'on ne doit pas croire que les conciles aient voulu condamner les plus doctes Pères (1); ce qu'il conclut par ces paroles : Ce n'est pas être pélagien que d'interpréter & où il y a dans la Vulgate IN QUO par QUATENUS OU EO QUOD avec Théodoret et Erasme. Voilà deux autorités bien assorties: et il ajoute : Le sentiment de saint Augustin, qui traite cette interprétation de NouVELLE et de FAUSSE, n'est pas une décision de foi; et à cause de cela, il sera permis de lui égaler Théodoret et Erasme : comme si c'étoit ôter toute autorité à saint Augustin, que de ne lui pas donner celle d'être la règle de la foi, à quoi personne ne pense. Voilà comment raisonne un esprit outré. Qu'il apprenne donc que sans prétendre en aucune sorte que les sentimens de saint Augustin soient une décision de foi, on peut bien dire que l'interprétation qu'il a rejetée, celle qui met quatenus pour in quo étoit nouvelle et fausse : nouvelle parce qu'elle étoit contraire à toutes les versions dont l'Eglise se servoit nouvelle encore, parce que tous les Pères latins, qui sont les seuls qu'il faut consulter sur une version latine, avoient constamment traduit in quo, comme tout le monde en est d'accord; mais fausse de plus, parce que sans parler encore de la suite du discours de l'apôtre, qui détermine manifestement à l'explication de saint Augustin, il est certain, de l'aveu de M. Simon (2), qu'elle étoit à la preuve de l'Eglise contre les pélagiens ce qu'elle avoit de plus fort et de principal;

(1) P. 661. (2) P. 286.

quoique d'ailleurs cette preuve soit celle de quatre conciles d'une autorité infaillible.

Quand le sentiment de saint Augustin est soutenu de cette sorte, sans en faire la règle de la foi, on peut bien dire qu'il n'y a que les hérétiques ou leurs adhérens qui s'y opposent; et ainsi quand avec Erasme M. Simon aura mis encore Calvin et les calvinistes, ce traducteur ne seroit pas excusable d'avoir changé la version que saint Augustin a suivie, puisqu'elle a toujours été, et qu'elle est encore celle de toute l'Eglise d'Occident.

CHAPITRE XVII.

Réflexion particulière sur l'allégation de Théodoret : autre réflexion importante sur l'allégation des Grecs dans la matière du péché originel, et de la grâce en général.

POUR ce qui regarde Théodoret, que notre auteur apparie avec Erasme, afin que le nom de l'un couvre la foiblesse de l'autre, son autorité est détruite par M. Simon, en deux endroits : le premier (1) est celui où il convient que le commentaire de saint Chrysostôme, dont l'autorité l'emporte de beaucoup sur celle des autres Grecs, induit à traduire IN QUO, en qui, et non pas quia, parce que. Le second est dans un passage que nous avons marqué ailleurs, mais qu'il faut ici rapporter tout du long (2) Ce n'est pas ici le lieu d'examiner si cette pensée de Théodoret (sur le passage de saint (1) P. 171. — (2) P. 321.

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