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tion, puisqu'il n'enseignoit autre chose que ce qu'il avoit reçu de celui par qui il avoit été baptisé, qui d'ailleurs étoit reconnu pour un homme si éloigné de toute innovation, que Pélage même avoit reconnu que c'étoit principalement dans ses écrits que reluisoit la foi romaine; c'étoit-à-dire, celle de toute l'Eglise que ce saint évêque étoit la fleur des écrivains latins, dont, continuoit Pélage, ses ennemis mêmes n'avoient jamais osé reprendre la foi ni le sens très-pur qu'il donnoit à l'Ecriture. Saint Augustin ne dédaigne pas de rapporter en plusieurs endroits ces paroles de Pélage (1), pour confirmer que ses témoins étoient sans reproche, de l'aveu de ses adversaires, et il ferme sa preuve pour l'Occident par le témoignage du pape saint Innocent et de la chaire de saint Pierre, qui n'auroit pas confirmé si facilement et si authentiquement les sentimens de l'Afrique, déclarés en plusieurs conciles, sur le péché originel, et ne se seroit pas lui-même si clairement expliqué sur cette matière, si ce n'étoit, dit saint Augustin (2), qu'il n'en pouvoit dire autre chose, que ce qu'avoit préché de tout temps le Siége apostolique et l'Eglise romaine avec toutes les autres Eglises.

Par ces moyens, la preuve de saint Augustin étoit complète pour l'Occident, et il n'y manquoit ni l'antiquité, puisqu'il remontoit jusqu'aux temps les plus proches des apôtres, ni l'autorité, tant celle qui venoit du caractère, puisque tous ceux qu'il alléguoit étoient des évêques, qui encore avoient à

(1) De nupt. et conc. l. 1. cap. ult. cont. Jul. l. 11. c. 1x. n. 32. — (2) Cont. Jul. l. 1. c. iv. n. 13.

leur

leur tête l'évêque du Siége apostolique, que celle qui venoit de la réputation de sainteté et de doctrine, puisque tout le monde confessoit que l'Eglise n'avoit rien de plus éclairé ni de plus saint.

CHAPITRE XX.

Témoignages de l'Orient rapportés par saint Augustin; celui de saint Jérôme et celui de saint Irénée pouvoient valoir pour les deux Eglises, aussi bien que celui de saint Hilaire et de saint Ambroise, ά cause de leur célébrité.

SUR ce fondement, nous avons vu qu'il ne pouvoit y avoir aucune difficulté pour l'Orient; et néanmoins saint Augustin en produisoit les deux lumières (1), saint Grégoire de Nazianze et saint Basile, pour en venir à saint Chrysostôme; mais après avoir fait voir auparavant que la foi de l'Orient étoit invinciblement et plus que suffisamment établie par les deux premiers.

Saint Augustin place en ce lieu l'autorité de saint Jérôme (2), qui étoit comme le lien de l'Orient et de l'Occident, à cause, dit-il, qu'étant célèbre par la connoissance, non-seulement de la langue latine, mais encore de la langue grecque, et même de l'hébraïque, il avoit passé de l'Eglise occidentale dans l'orientale pour y mourir à un áge décrépit dans les lieux saints et dans l'étude perpétuelle des livres sacrés. Il ajoutoit, qu'il avoit lu tous ou presque tous les auteurs ecclésiastiques, afin qu'on remar(1) Cont. Jul. lib. 1. c. v. n. 15, 16. (2) Ibid. c. vi. n. 34. BOSSUET. V.

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quât ce que pensoit un homme qui, ayant tout lu, ramassoit, pour ainsi dire, en lui seul le témoignage de tous les autres et celui de la tradition universelle.

C'est pourquoi il citoit souvent ce saint prêtre, et toujours avec le titre d'homme très-savant, qui avoit lu tant d'auteurs ecclésiastiques, tant d'expositeurs de l'Ecriture, tant de célèbres docteurs qui avoient traité toutes les questions de la religion chrétienne (1), pour appuyer par son témoignage le consentement des anciens avec les nouveaux, et celui de toutes les langues.

Pour confirmer l'unanimité de l'Orient et de l'Occident, il montroit que les Pères de l'Occident qu'il produisoit, comme saint Hilaire et saint Ambroise, étoient connus de toute la terre. Voici, dit-il (2), une autorité qui vous peut encore plus émouvoir. Qui ne connoît ce très-vigoureux et très-zélé défenseur de la foi catholique contre les hérétiques, le vénérable Hilaire, évéque des Gaules? L'Orient certainement le connoissoit bien, puisqu'il y avoit été relégué pour la foi, et qu'il s'y étoit rendu très - célèbre. C'est pourquoi saint Augustin ajoute : Osez accuser un homme d'une si grande réputation parmi les évêques catholiques (3); et pour ce qui est de saint Ambroise C'est un homme, disoit-il (4), renommé par sa foi, par son courage, par ses travaux, par ses périls, par ses œuvres et par sa doctrine dans tout l'empire romain; c'étoit dire dans l'Eglise grecque autant que dans la latine. Il pouvoit encore

:

(1) De peccat. merit. et remiss. lib. 1. cap. VI, VII. (2) Cont. Jul. 1. 1. c. III. n. 9.- (3) Ibid. n. 10.— (4) Lib. 1. c. 111.

nommer comme un lien de l'Orient et de l'Occident saint Irénée, qui, venu de l'Orient, nous avoit apporté ce qu'il y avoit appris aux pieds de saint Polycarpe, dont il étoit le disciple; d'autant plus que ce saint martyr, je veux dire saint Irénée, étant, comme on sait, parmi les anciens le plus grand prédicateur de la tradition, on ne pouvoit pas le soupçonner d'avoir voulu innover, ou enseigner autre chose que ce qu'il avoit reçu presque des mains des apôtres.

CHAPITRE XXI.

Parfaite conformité des idées de ces Pères sur le péché originel, avec celles de saint Augustin.

VOILA pour ce qui regarde l'universalité et l'autorité des témoins de saint Augustin: mais pour y ajouter l'uniformité, il n'y a aucune partie de la doctrine de ce Père qu'on ne trouve dans leurs témoignages. Faut-il appeler le péché originel un véritable péché? Qu'on lise dans saint Augustin (1) le témoignage de saint Cyprien, de Rétice, d'Olympius, de saint Hilaire, de saint Ambroise, on l'y trouvera. Saint Cyprien dit en termes formels, que c'est un péché si véritable, qu'il ne faut rien moins aux petits enfans que le baptême pour le remettre (2) Réticius, de peur qu'on ne croie que la peine seule passe en nous, inculque avec une force invincible le poids de l'ancien crime, les anciens

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crimes, les crimes nés avec nous (1): Olympius établit par la mortelle transgression du premier homme, le vice dans le germe d'où nous avons été formés, et le péché né avec l'homme (2). S'il faut forcer tous ces passages, pour dire que par le péché on en doit entendre la peine, il n'y a plus rien dans l'Eglise qu'il faille prendre à la lettre, ni aucun acte pour établir la tradition, qui ne puisse être éludé: les principaux passages de l'Ecriture dont saint Augustin se servoit, étoient pour l'ancien Testament celui de David Ecce in iniquitatibus, et pour le nouveau celui de saint Paul: Per unum hominem, etc. depuis le . 12 jusqu'au ỳ. 20 du chap. v de l'épître aux Romains.

Sur le premier passage, saint Augustin produisoit le témoignage de saint Hilaire, de saint Grégoire de Nazianze et de saint Ambroise; et sur le second, il alléguoit outre saint Ambroise, qui traduisoit et expliquoit expressément comme lui ce fameux in quo, tous les Pères qui reconnoissoient qu'en effet nous avions tous péché en Adam.

CHAPITRE XXII.

Les Pères cités par saint Augustin ont la méme idée que lui de la concupiscence, et la regardent comme le moyen de la transmission du péché : fausses idées sur ce point de Théodore de Mopsueste excusé par M. Simon.

UNE des parties les plus essentielles de la doctrine de saint Augustin sur le péché originel, c'est (1) Lib. 1. c. 111. n. 7. — (2) Ibid. n. 8.

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